Débroussailler, éclairer, chercher l’authentique et le réellement savoureux derrière les apparences, voilà une grande part du travail painrisien auquel vous pouvez prendre part quotidiennement ici-même. C’est un engagement, un mode de pensée, et même si cela n’est pas toujours facile à faire ni à défendre, l’important est de rester convaincus de l’intérêt de cette « tâche » qui ne manque pas d’ampleur… car en la matière, Paris concentre les lieux tendance, plus concentrés sur l’apparence et le concept que sur la qualité des prestations. Pour cela, il savent s’accompagner de charmantes agences de relations publiques, qui distillent la bonne parole auprès des personnes potentiellement « influentes »… Plus le temps passe et plus tout cela me fatigue. Il faut croire que j’ai besoin de vacances.

Malgré tout, on peut parfois se tromper, se laisser aveugler et écouter un peu trop les belles histoires que l’on nous raconte. Cela m’est arrivé dans le cas de Popelini. En effet, j’avais écrit un article plutôt enthousiaste au sujet de ce concept dédié aux choux à la crème, il y a un peu moins d’un an. J’ai parfois un peu trop tendance à vouloir encourager les jeunes entreprises et les personnes qui oeuvrent derrière, car l’entrepreneuriat n’est pas une chose aisée… Forcément, la conséquence peut être d’en oublier l’essentiel, en l’occurrence… le goût et la qualité.

Popelini, rue Debelleyme

C’est en effet sur ce point que le bât blesse dans ces charmantes boutiques du 3è et depuis quelques jours du 9è arrondissement. Visuellement, ces petits choux biens dodus ont pourtant tout pour plaire : présentés dans un écrin soigné, mis en avant dans des présentations variées, déclinés en de nombreuses saveurs dont certaines sont périodiques ou même « du jour », plutôt élégants avec leurs couleurs vives, emballés avec de biens jolies boîtes que l’on peut presque amener en cadeau à des amis lors d’un repas… Seulement, il ne s’agit là que de visuel, d’apparence. Cela semble être le cheval de bataille de Lauren Koumetz et son équipe. Il faut dire que la jeune entrepreneuse a été à bonne école : conseillée et accompagnée par Christophe Michalak, tout comme l’ont été ses parents dans le développement de leur marque ‘lette macarons à Los Angeles, elle a sans doute reçu le goût du visuel poussé à l’extrême du très réputé chef pâtissier.

Lorsque l’on passe à la dégustation, après un passage dans la nouvelle boutique de la rue des Martyrs, c’est là que l’on se rend compte du problème : la pâte à choux, certes légèrement craquante sur le dessus, est sèche, elle manque singulièrement du moelleux que l’on aimerait y trouver, mais ce n’est pas le seul reproche à adresser au sujet de ces pâtisseries. Certains parfums se défendent honorablement, à l’image du citron, bien parfumé, ou du praliné. D’autres ne parviennent pas à convaincre : entre un café plutôt amer, un pistache-griotte, un chocolat au lait-fruit de la passion aux confits de fruit quasi-absents ou encore un rose-framboise mal équilibré, il y a de quoi être déçu. La déception est d’autant plus importante que l’épaisse couche de fondant surmontant le chou est très sucrée et écrase le parfum de la crème.
Bref, vous l’aurez compris, la qualité de réalisation ne m’a pas convaincu, d’autant que le tarif unitaire est assez élevé.

Dès lors, il me paraît un peu déplacé d’ouvrir une seconde boutique, même si je peux comprendre qu’il faille développer la marque et suivre le plan de marche sur lequel les investisseurs impliqués dans ce projet ne doivent pas manquer de pousser. Bref, pas vraiment le temps pour le ou la chef pâtissier (mise à jour 01/05/2012 : Alice Barday, la chef d’origine, a quitté l’entreprise en janvier 2012) de travailler sur la qualité des produits… il faut faire du volume, d’autant que la demande est importante : il n’est pas rare de trouver porte close avant l’heure officielle de fermeture, pour raison d’absence de marchandise à proposer. Comme quoi, l’effet « tendance » bat son plein, comme un pied de nez au macaron. A Paris, l’important est d’être « à la pointe » de la mode. D’ailleurs, Arnaud Delmontel, le nouveau voisin de Popelini dans le 9è arrondissement, l’a bien compris : l’artisan a intégré dans sa nouvelle « collection » une gamme… de choux ! A défaut d’avoir de la créativité, il faut bien avoir du culot.

Dans tous les cas, gardons toujours la tête froide et concentrons-nous sur l’essentiel. C’est de cette façon que l’on parvient à trouver des produits savoureux, au delà de tout effet de masse.

Popelini, 29 rue Debelleyme – 75003 Paris (métro Saint Sébastien Froissart, ligne 8) / tél : 01 44 61 31 44
et, depuis le 5 avril : 44 rue des Martyrs – 75009 Paris (métro Notre-Dame de Lorette, ligne 12)
site web : http://www.popelini.com

10 réflexions au sujet de « Popelini, quand la tendance nous aveugle »

  1. Oh ben mince alors, moi la fois où j’ai testé, j’avais vraiment beaucoup aimé! J’y retournerai, histoire de, je ne savais pas qu’il y avait une boutique dans le9eme, maintenant!
    (et sinon, détrompe toi : le nouveau macaron, c’est pas le chou, c’est LE SCONE!)

  2. (Il y a des scones de très très grande qualité chez L’Autre Boulange… quand ils se décident à en faire, du moins. Généreusement beurrés, parfumés à la cannelle pour certains, croquants et pourtant bien sablés, comme jamais un scone ne l’a été… un régal !).

    Sinon, je n’ai pas succombé à l’appel de Popelini, et les Lette macarons font vraiment peur.

    Mais j’ai succombé à la pique sur Demontel :’-D

  3. Bonjour Rémi !

    Merci pour ce billet ! J’ai en effet écrit un article pas très enthousiaste sur Popelini (http://moutardemacaron.canalblog.com/archives/2012/01/05/23143056.html) et pour l’instant je me trouvais un peu seule au milieu du concert de louanges …

    Sinon ça fait longtemps que je n’étais pas allée chez Du Pain et des Idées car tes derniers posts n’étaient pas très positifs, je vais donc aller tester le moutarde, miel, noix !

    Bonne fin de journée,

    Camille

  4. Je découvre depuis peu… A vrai dire, je ne vois pas trop l’intérêt d’une boutique exclusivement consacrée à des petits choux… Et si la qualité de l’essentiel laisse à désirer…

  5. Bien content de lire cette article (donc je ne rêve pas!) ,j’ai u le plaisirs de gouter ses choux il y plus un ans il faut dire qu’ils était délicieux, magique… « malheureusement » c’est triste a dire mais sa n’est plus sa du tout!! maintenant on peut vraiment dire que le rapport qualité prix n’est plus JUSTIFIER DU TOUT le gout est fade, très sucré (alors qu’ils était juste sucrée et très parfumer!),le glaçage n’a plus qu’un seul intérêts sucré encore!, pour le choux vanille, c’est la catastrophe! la vanille est éteinte ecce encore de la gousse? et le parfum café ou est passer le craquant des graine de café dans la ganache? les choux on perdu tout leurs croquant!. Quel dommage, est on obliger de perde la qualité quand la quantité s’en mêle?

  6. Je passe devant la boutique du 9ème tous les jours et je me complais à chaque fois à regarder la vitrine. C’est tout simplement immonde, la graisse des choux bave sur les présentoirs, le glaçage a partiellement changé de couleur, quand ce n’est pas un chou qui s’est renversé.
    Bref je ne suis même pas d’accord avec le « tout sur l’apparence ». Chaque passage devant cette boutique me donne la nausée.
    En tout cas ça a l’air de faire rêver les quelques touristes naïfs qui passent et les bobos du coin.
    Il faut vraiment que j’aille demander aux vendeuses pourquoi la vitrine n’est changée qu’une fois par mois. Mais j’ai peur de leur donner de trop bons conseils, je préférerais plutôt qu’ils quittent rapidement la rue pour renouveler les boutiques débiles de cette rue (référence à la boutique à Cookies juste en face).

  7. Un mélange de méchanceté gratuite et une pointe de jalousie je pense dans tout ça…

    Surtout dans ce dernier commentaire, c’est beau !

    Vous avez raison mangez vos macaron chez picard laissez les choux popelini pour les amateurs de bonnes choses.

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