Certaines boulangeries parisiennes ont une vraie histoire, elles ont appartenu par le passé à des propriétaires relativement marquants, qui ont imprimé un certain « style », aussi bien aux produits qu’aux murs. J’aime m’y rendre par curiosité afin de voir si des éléments demeurent de façon visible.

C’était l’objet de ma visite au sein de la boulangerie située au 10 place d’Italie. En effet, celle-ci était auparavant la propriété de Jean-Paul Mathon, maintenant installé avenue Gambetta. Elle a été reprise par Benoît Huré depuis quelques années. Ce boulanger, qui se décrit comme un « créateur de plaisir », est également présent rue Rambuteau, où il propose la même gamme de produits.

L’endroit n’est pas très grand, et une queue se forme rapidement sur le trottoir au déjeuner, les travailleurs et habitants du quartier ayant pris pour habitude de se ravitailler ici. Sandwiches, tartes, quiches, salades, les classiques salés répondent à l’appel avec fraîcheur et choix, dans des prix corrects. Cependant, ce n’est pas là la signature de la boulangerie. Le plus remarquable est sans doute le large choix de petits pains fourrés, « héritage » de l’époque Mathon. Aussi bien en salé qu’en sucré (chocolat, fruits, fromages, viandes, tout y passe !), les saveurs proposées sont nombreuses et séduisent les clients, car ces produits partent… comme des petits pains. Il faut dire que cela représente une gourmandise simple, peu coûteuse et surtout terriblement tentante. De plus, cela évite l’habituelle lourdeur du feuilletage des viennoiseries.
Ces dernières se situent dans une moyenne honorable, pas de surprise de ce côté là, même Il en est de même pour les pâtisseries, à la réalisation assez soignée et aux tarifs raisonnables, même si leurs couleurs sont parfois un peu trop tapageuses.

Intéressons-nous au pain : chez Huré, les plaisirs se déclinent au travers de larges gammes, à tous les niveaux, et le pain n’y fait pas exception. Pains aux diverses céréales, au maïs, aux fruits secs (dont le « Pain Acajou », à la mie sombre et riche en ingrédients variés), baguette au miel … la liste est longue et permet de varier les goûts sans difficulté. Certains sont vendus au poids, un choix appréciable pour éviter d’acheter des quantités trop importantes. Là encore, les tarifs des pains spéciaux restent assez sages et il est possible de se faire plaisir sans se ruiner.
Ce qui est plus regrettable, ce sont les cuissons, peu marquées et limitant de fait le développement des arômes des pains. Leur conservation est correcte sans être exceptionnelle.
L’accueil est chaleureux, efficace et professionnel. Il ne cherche pas à trop en faire ou à instaurer une atmosphère guindée, tout cela fonctionne à la façon d’une boulangerie de quartier et c’est bien agréable. C’est d’ailleurs le cas pour ses deux adresses, signe que la maison ne porte pas des prétentions qui seraient peu en phase avec ses prestations.
Infos pratiques
10 place d’Italie – 75013 Paris (métro Place d’Italie, lignes 5, 6 et 7) / tél : 01 43 31 33 93
18 rue Rambuteau – 75003 Paris (métro Rambuteau, ligne 11) – tél : 01 42 72 32 18
Avis résumé
Pain ? La gamme est large, la réalisation honorable et les saveurs également, même si les cuissons mériteraient d’être plus poussées, ce qui aurait d’ailleurs un impact positif sur la conservation. On appréciera cependant les prix assez doux ainsi que le fait que beaucoup de pains spéciaux soient vendus au poids, ce qui permet de choisir ses quantités librement. Des pains tels que l' »Acajou » ou la baguette au miel ne manquent pas de surprendre et égayeront les petits-déjeuners gourmands.
Accueil ? Dynamique, chaleureux et souriant. Il participe à créer une ambiance sympathique au sein des deux boulangeries et c’est l’un des éléments qui, à mon sens, font le succès des ateliers Huré, qui accueillent une clientèle nombreuse à toute heure de la journée.
Le reste ? La signature des lieux est sans conteste la large gamme de petits pains, certainement l’une des plus étendues qu’il m’ait été donné de voir dans la capitale. Ce petit encas sucré ou salé séduit tout particulièrement les parisiens, il faut dire que ce n’est pas cher et que c’est plutôt agréable. Pour le reste, la gamme salée est bien ficelée, l’ensemble des essentiels sont présents, de même pour le sucré. Pas de fausse note particulière à signaler.
Faut-il y aller ? Benoît Huré propose des produits honnêtes, ses boulangeries sont agréables, il n’y a pas grand chose à redire. Ce n’est pas pour autant qu’il faut y chercher des pains ou douceurs d’exception, même si leur réalisation fait preuve de sérieux, tout cela pour des tarifs raisonnables. En bref, de bonnes adresses de quartier, qui méritent tout à fait que l’on s’y arrête à l’occasion.