Vous l’aurez certainement remarqué, mais j’ai une fâcheuse tendance à accorder une importance toute particulière à l’aspect des gourmandises que je déguste. Pour moi, le goût en serait parfois presque secondaire, je veux que le pâtissier me fasse rêver, me donne envie de rentrer dans son univers. Ainsi je passe sûrement à côté de beaucoup d’excellents pâtissiers, simplement parce que leur style ne me plaît pas. Tant pis pour moi, mais d’un côté, cela me permet de vous montrer de bien jolis gâteaux.

Hier, une petite ballade dans le quartier des Batignolles avant de passer chez Gontran Cherrier, et un détour par chez Acide Macaron. J’aime y passer car justement, le visuel est toujours très soigné, mignon et sobre. Autant pour les macarons, certains sont poudrés d’argent, d’autres affichent de bien vives couleurs… que pour les pâtisseries. Jonathan Blot travaille autour de la « bouchée », donnant aux plaisirs sucrés proposés dans sa boutique une petite taille et un aspect très éphémère. Rien de complexant ou de lourd, une façon très painrisienne de voir la gourmandise : dans l’instant, sans penser à l’instant suivant !

Pour les pâtisseries, la gamme est très courte, maximum 3 à 4 variétés. Cela permet d’assurer une grande fraicheur des produits et une finition soignée pour chacun d’eux, les pâtissiers n’ayant pas à produire à la chaîne. Egalement, seuls des fruits de saison sont travaillés, en plus du chocolat ou du caramel.
M. Blot porte visiblement un grand amour pour la fraise, et je garde un très bon souvenir d’une fraisier parfumé à la verveine dégusté plus tôt dans la saison. Ce samedi, les Mara des bois – ma variété préférée – étaient à l’honneur au travers d’une charmante tarte, où elles étaient associées avec une crème pistache, une crème à la vanille ainsi qu’un délicat confit de fraise et un fond de pâte sablée.

En pâtisserie, le plaisir tient à peu de choses, et notamment à la fraicheur. Mon expérience chez Un Dimanche à Paris un peu plus tôt dans la semaine le prouve : trop de temps au réfrigérateur et l’effet est gâché, même si la création n’est pas dénuée d’intérêt. Ici, ce n’est pas le cas : le fond de pâte était bien beurré, croquant, si bien que l’on prendrait plaisir à le déguster seul. Cependant, ce serait se priver du plaisir de l’associer avec ces petites fraises bien mures et parfumées, qui se marient si agréablement avec le goût du beurre.

Les crèmes étaient légères, bien parfumées et assez peu sucrées. Elles cachaient de plus d’agréables inserts de confit de fraise, qui renforçaient la saveur des fruits frais. Au final, l’ensemble est cohérent, agréable et frais. De la douceur, du croquant, de l’onctueux, voici une sympathique pâtisserie de saison, qui pourrait paraître trop petite de prime abord, mais qui peut ainsi terminer un repas en l’absence de toute lourdeur inutile.
Ajoutez à tout cela un service toujours souriant et agréable, un prix assez raisonnable, que pourrait-on demander de plus ? Peut-être que la boutique ne soit pas si perdue dans Paris, mais dans un sens, j’aime bien fuir cette concentration de pâtisseries dans des quartiers tels que Saint-Germain-des-Prés. Non seulement les tarifs augmentent, mais cela finit par perdre toute authenticité… Tout l’inverse d’Acide.

Tarte Fraise Mara des Bois – Pistache, Acide Macaron – Paris 17è. Proposé en portion individuelle, 3,90 euros.

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