Mardi j’allais acheter du pain comme d’habitude chez Gontran Cherrier, un petit bun aux graines de lin, d’ailleurs. Avant de partir, je regarde les tartes et mon regard rencontre cette jolie demoiselle. « Bonjour, vous habitez chez vos parents ? » – oh, oui, elle y habitait encore… pour quelques minutes encore. Le déménagement n’aura pas duré longtemps, le temps de s’affranchir des formalités d’usage lors de ce type de rencontre (oui oui, il faut bien payer avant de consommer le fruit de cet amour éphémère !). Nous avons ensuite pu consommer notre mariage gourmand.

C’est ainsi que je conçois la gourmandise et la façon dont on doit la vivre : dans l’envie de l’instant, avec des produits qui ne cherchent pas à trop en faire, à prouver quelque chose, pour au final parvenir à un résultat très plat et décevant. Ici, cette mignonne tarte est un modèle d’authenticité tout en offrant quelques surprises. Composée d’une crème d’amande parfumée au géranium, de cassis et d’une meringue moelleuse au poivre du sichuan, elle dépasse bien la simple tartelette à laquelle on pourrait s’attendre.

A la dégustation, c’est un aller-retour entre la douceur florale de la crème d’amande, l’acidulé du cassis et le moelleux de la meringue légèrement parfumée. L’ensemble est très frais, à peine sucré, et pourrait s’apprécier sans difficulté après un repas.
L’idée d’associer le géranium avec le cassis est intéressante, les fleurs parviennent à sublimer ce fruit (on l’associe souvent avec la violette, d’ailleurs, comme le fait Pierre Hermé avec son Envie) et à créer une balance avec sa force. Quant à l’utilisation du poivre du sichuan – très doux par ailleurs -, cela apporte une touche d’exotisme et d’originalité.

L’ensemble est donc très réussi, inventif, avec des saveurs marquées – sans que l’on s’y perde (au delà de trois, c’est souvent le cas). J’aime beaucoup le fait que cette pâtisserie ne soit pas le fruit d’une quelconque « collection », c’était simplement une proposition du jour, réalisée avec des produits frais selon l’inspiration du moment. En suivant ce principe, le choix varie beaucoup plus souvent et c’est agréable pour la clientèle, qui prend plaisir à voir la boutique vivre, tout en découvrant en permanence de nouvelles associations, de nouvelles saveurs. Si en plus c’est accessible, comme c’est le cas ici, que peut-on demander d’autre ? Que plus de monde fasse pareil !

Tarte Cassis meringuée, proposée le 26 juillet 2011 pour 4,20€ (la reverra-t-on ? mystère !), Boulangerie Gontran Cherrier, Paris 18è.

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