Cette boulangerie est l’un de mes coups de coeur de ces derniers mois. Ouverte en décembre dernier, je suis rapidement devenu un habitué. Plusieurs raisons à cela : la qualité des produits, le quartier bien sympathique, l’accueil jeune et souriant… mais aussi la boutique en elle même.

Commençons par en parler, de cette fameuse boutique. Une boulangerie d’angle, à Montmartre, rue Caulaincourt. On arrive et on commence par souffler – déjà parce qu’il faut y monter, mais aussi parce qu’ici on vit plus Paris qu’on ne le subit… Des arbres, de l’air, des pavés !
Le lieu a été aménagé avec goût, d’une façon assez moderne, carreaux biseautés style métro aux murs, de grandes baies vitrées, des mange-debout donnant sur la rue. C’est lumineux, et ça respire la vie. C’est ce que j’aime et ce que j’aimerais retrouver dans plus de boulangeries : on retrouve vraiment l’esprit de partage et de convivialité du pain, quelque chose de simple mais d’indispensable. La vie, juste la vie.

C’est ce que je viens chercher ici, également : l’ambiance, car j’aime ce quartier : animé, cosmopolite. La boulangerie de Gontran Cherrier s’est imprégnée de cet esprit. Au service, des jeunes au sourire sincère, issus pour beaucoup de pays anglo-saxons. Je ne sais pas bien si c’est un choix ou la résultante d’opportunités mais je ne peux pas dire que cela soit déplaisant, leur charmant accent contribue à rendre l’ensemble encore plus attachant. Quand on y vient régulièrement, on a un peu l’impression de rendre visite à une bande d’amis chez qui l’on aurait l’habitude de venir chercher quelques victuailles…

Avant de parler de ces fameux produits, revenons un peu sur le boulanger. Gontran Cherrier est un de ces boulangers médiatiques et cathodiques, à qui l’on reproche presque de montrer plus sa tête que son pain. Pâtissier puis boulanger, passé chez Alain Senderens et Alain Passard… Voyages à l’Est, en Roumanie et Pologne, et plus tard de la télévision sur Canal+ ou encore Cuisine TV. En parallèle, il réalise des prestations de conseil et rédige des ouvrages tels que « Pain », « Gontran fait son pain », « A croquer »… Le jeune homme est décidément un hyper-actif ! Il mettra également au point des pains pour des clients tels que Colette (pour leur burger) ou Cococook (dont je viens par ailleurs d’apprendre la fermeture, ce qui m’attriste réellement).

Nous y voici : le pain. Après toutes ces expériences et ces missions de conseil, le boulanger voulait se confronter directement à la clientèle et proposer ses produits tout en ayant un retour immédiat sur l’avis des clients finaux, ce qui n’était pas possible auparavant. En tout cas, pour moi, le résultat est très convaincant. La gamme de produits est large : cela va de la baguette au pain abricot-fenouil, en passant par des buns (pains burger) multicolores très attirants. Farine de blé noir, de pois chiche, de seigle (avec du miso, bien sûr !)… Les inspirations viennent d’un peu partout, le pain devient une invitation au voyage. Des accords mets-pains sont proposés, et au delà de ça, des créations salées (buns garnis, sandwichs, tartes « au mètre »…) complètent l’offre. C’est frais, contemporain.
Je suis un grand adepte de son pain curry-céréales, décliné en baguette, bâtard et petits pains. Les buns au paprika ou les bagels au sésame ne sont pas en reste pour autant.

Côté sucré, le garçon a aussi quelques mots à dire. Quels mots, d’ailleurs, mais toujours en simplicité : tartes fines au mètre, tarte façon cheese-cake au pain noir et mandarine, chaussons aux pommes citronnés, … et une tartine à l’heure du goûter. L’offre change chaque jour – ici, pas de surgelé, uniquement des produits frais cuisinés sur place. Pas de pâtisseries, c’est une boulangerie, rien d’autre. J’aime.

Les prix sont assez élevés, oui, sans doute. Cela passe bien pour moi, tant l’ensemble fait preuve d’une belle cohérence. Le concept a été pensé et il fonctionne. Je pense que c’est aussi ça la boulangerie moderne : savoir créer de nouvelles façons de manger du pain, lui donner des formes adaptées au style de vie urbain tout en gardant un pied dans la tradition, comme ici avec ces grandes miches découpées selon l’envie du client et vendues au poids.

Infos pratiques

22 rue Caulaincourt – 75018 Paris (métro Abbesses, ligne 12) / tél : 01 46 06 82 66
ouvert tous les jours sauf le mercredi de 7h30 à 20h30 (19h30 le dimanche).

Avis résumé

Pain ? Très bien réalisé. Baguette de tradition de très bonne facture, avec des notes de céréales torréfiées, de noisette, un levain peut-être un peu trop présent toutefois. Délicieux pain de campagne tradition vendu au poids, avec un peu de farine de blé noir. Ne pas manquer le pain curry-céréales, les buns (paprika, curry-céréales, encre de seiche, jus de roquette) ou encore le pain de seigle au miso.
Accueil ? Charmant, jeune, tout ce que l’on peut souhaiter. On notera juste la forte représentation anglophone, un peu surprenante de prime abord. Passée la surprise, cela donne plutôt le sourire, en fait.
Le reste ? Toujours très appétissant, aussi bien côté sucré que salé. Cela change tous les jours, c’est bien agréable pour varier les plaisirs au fil des saisons. Au moins, tout est frais et dans l’air du temps. Vivant, c’est bien le mot d’ordre dans cette boulangerie.

Faut-il y aller ? Absolument. Toute jeune et à mon sens déjà incontournable. Du choix, de l’audace, de la qualité, un accueil agréable. Rien à redire, mis à part un peu d’inconstance parfois sur les cuissons et l’hydratation du pain.

5 réflexions au sujet de « Boulangerie Gontran Cherrier »

  1. Ping : Pain du jour : Pain à la farine de Pois chiche et au citron, Gontran Cherrier (Paris 18è) | painrisien

  2. Ping : Pâtisserie du jour : Tarte au cassis meringuée, Gontran Cherrier (Paris 18è) | painrisien

  3. Depuis le temps que je veux y aller! voilà c’est fait, j’ai sauté dans le rer et je suis partie acheter mon pain.
    Mon choix : une baguette céréale et un pain pignon-romarin!

    Quel régal! un mariage des saveurs pignon-romarin, très agréable… mais je regrette peut être le manque de cuisson pour la baguette (le pain pignon-romarin ressemblant à la fougasse mérite son moelleux sans croûte)

    • Moi aussi, j’ai pris mon pain pignon-romarin aujourd’hui… Je suis complètement fan !
      Pour la baguette, il est vrai que les cuissons sont parfois un peu aléatoires et trop courtes. Il ne faut pas hésiter à demander s’ils n’auraient pas plus cuit, même si ce n’est pas toujours le cas.

  4. Ping : Janvier, un mois royal ? | painrisien

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