Il y a des institutions parisiennes qui semblent faire partie du paysage, sans qu’on puisse bien concevoir la capitale sans elles. J’imagine que Fauchon en fait partie. A tort ou à raison ?

Malheureusement, je serais tenté de dire « à tort ». Fondée en 1886 par Auguste Fauchon, la société qui existe aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle de l’époque. Son histoire tient d’ailleurs du véritable feuilleton. Entre gloire et décadence… Notamment à l’époque du couple Prémat, dans les années 80-90, qui développe la marque sur l’île de Saint-Martin de façon très arrosée, tout en développant la marque dans la grande distribution. Un choix qui coûtera cher à l’enseigne, brouillant son caractère luxueux. Ce ne sera pas vraiment mieux suite à la reprise opérée par Laurent Adamowicz, qui aura certes parvenu à redonner du prestige à Fauchon mais aura également réalisé un développement très onéreux (rachats, présences nombreuses à l’international…), lequel ne résistera pas à l’année 2003.
Aujourd’hui, l’entreprise appartient à l’homme d’affaires Michel Ducros, et est dirigée par Isabelle Capron. Au vu des pertes colossales engendrées par le groupe, une stratégie de re-concentration au sein des boutiques historiques place de la Madeleine a été menée. Exit le « Fauchon partout », il ne reste donc que quelques points de vente choisis et/ou pilotés par la marque elle-même.

A Paris, c’est donc le 24/26 place de la Madeleine – le traiteur, la pâtisserie, la boulangerie et le « Madeleine Bar », ainsi que le 30 – l’épicerie/cave et le restaurant à l’étage. Au sein de ces « temples » du « luxe alimentaire contemporain » se pressent habitués, touristes, hommes et femmes d’affaires pressés… Tout ce qui fait la vie sur cette place marquée de l’atmosphère du 8è, chic et affairée.

Côté épicerie, les chocolats de Pascal Caffet – Fauchon a pris une participation importante dans cette entreprise troyenne, dirigée par le chocolatier MOF du même nom – ont grandement amélioré la qualité de l’offre, plus que médiocre jusqu’alors. Un très impressionnant et original comptoir présente les différentes créations et permet de composer son propre assortiment à l’aide du personnel de la confiserie.


Pour le reste, les confitures sont très médiocres, réalisées par des sous-traitants oeuvrant également pour la grande distribution, les épices, huiles et vinaigres hors de prix, les thés et cafés juste corrects mais souffrant eux aussi d’une tarification peu en adéquation avec ce qu’ils sont. En réalité, aujourd’hui, on paie surtout le design et la marque. Le restaurant à l’étage est géré par une société indépendante en franchise. Le service y est parfois… original, dirons nous.

Traversons la rue pour rejoindre les produits frais… Là encore, le constat n’est pas franchement à l’honneur de la marque. Des pâtisseries très design mais aux saveurs absentes (Christophe Adam, le chef exécutif de la maison, tient plus du designer que du pâtissier !), des produits traiteur sur-tarifés, pas de quoi donner envie. Vous aurez noté que je n’ai pas encore parlé du pain. Je souhaitais y accorder une importance plus particulière.

Fauchon « la boulangerie », c’est la baguette de tradition à 1 euro 50. Les pains individuels à 1 euro 10. Je pourrais citer beaucoup d’exemples de ce type. Le pain devient alors un produit de luxe. Cela est-il justifié par une qualité exceptionnelle ? Même pas. La baguette est relativement insipide, sa conservation est plus que moyenne et elle vous est souvent vendue déjà molle. Le pain de campagne embaume le levain, beaucoup trop à mon goût. Seul le pain Germain est relativement intéressant, avec son mélange de farines et de graines, mais il ne vaut définitivement pas son prix.

Un dernier mot sur la partie « Madeleine Bar ». C’est l’occasion unique de consommer des produits en boite, vendus en self-service comme dans toutes les enseignes de snacking… toujours à des prix affolants. En terrasse, sur une place bruyante et polluée, ça c’est la vie à la française ! Oui, je peux paraître un peu fixé sur les tarifs mais cela me choque, tant l’écart entre ce que l’on serait en droit d’attendre et ce que l’on obtient est grande.

Une seule chose positive à mon sens, l’accueil est généralement agréable, et les conseils plutôt avisés côté épicerie.

Infos pratiques

24/26 et 30 place de la Madeleine – 75008 Paris (métro Madeleine, lignes 8, 12 et 14) / tél : 01 70 39 38 00
Boulangerie ouverte de 8h à 20h30, pâtisserie-traiteur de 9h à 20h30 et épicerie de 9h à 20h, du lundi au samedi.

Avis résumé

Pain ? Choix varié mais qualité médiocre. La baguette de tradition est relativement insipide, sa conservation très moyenne. Les pains spéciaux ne font pas mieux, avec un pain de campagne au goût de levain trop prononcé. Le Germain n’est pas inintéressant, néanmoins. Prix en dehors du raisonnable.
Accueil ? Professionnel et agréable. Généralement de bon conseil, c’est plaisant.
Le reste ? De bien jolies pâtisseries mais des saveurs perdues, des produits d’épicerie moyens, du chocolat plutôt réussi néanmoins… pas grand chose qui relève le tableau.

Faut-il y aller ? Si on a de l’argent à perdre ou alors qu’on aime particulièrement le rose et le noir. Pour profiter du spectacle ahurissant de ces touristes à qui l’on raconte de belles histoires, aussi. Sinon, passez votre chemin…

5 réflexions au sujet de « Fauchon : entre bling-bling et réalité »

  1. Ping : Pâtisserie du jour : Carrémenfraise, Fauchon (Paris 8è) | painrisien

  2. Ping : Un week-end lumineux chez Fauchon, place de la Madeleine | painrisien

  3. J’ai travaillé dans cette très belle maison à l’époque de 67 à 81. Là oui maison prestigieuse et de très haute qualité. Vous ne parlez pas de Mr Edmond Bory grand monsieur avec Mr ‘pilosoff
    Quant on rentrait dans cette belle maison il y avait un géant respect pour les clients
    Maintenant grande surface de luxe en libre service. Le rose est horrible la qualité idem ne parlons pas des employés à l’allure de garçon de café aucune élégance dans leur tenue vraiment moche
    Je me rappelle de Mr Bonte chef pâtissier Mr Hue chef de la gastronomie Mr Suggéré chef cuisinier Mr Jacques Melon chef épicier Mr Jacques Roche directeur commercial et j’en passe..
    Ne parlez plus de Fauchon comme belle maison. Maison à fric uniquement…les belles années sont moins derrière bien loins. Malheureusement. Grand respect à tous ces gens avec qui j’ai travaillé du plus petit au plus grand.

  4. Bien d accord avec les commentaires !!!!J étais cliente et je n y vais plus!!!!Les produits ne sont pas bon ils n ont plus.aucun goût.Tres sofistique on trouve la même chose en grande surface et quelquefois meilleur !!!!Reprenez vous donnez nous des bons produits et remettez de vrai stands de charcuterie à la française des gâteaux qui auront l l l air de bon gâteaux . En ce les éclairs au chocolat sont noirs ils sont affreux et ne donne pas envie sauf peut être aux chinois !!!!!!!!!!

  5. Moi aussi j’ai travaillé chez Fauchon de 1962 a 1976 comme portier chauffeur, j’ai beaucoup d’histoires a raconter, aillant connue les grandes personnalités du monde entier.
    Vous pouvez retrouver sur google l’attaque de Fauchon le 8 mai 1971 par des étudiants bourgeois.
    J’étais aux première loge.

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