J’aime quand des personnes parviennent à insuffler à un lieu que je connaissais précédemment une nouvelle vie, une nouvelle identité, complètement différente de la précédente. Autant il peut être relativement facile d’arriver, de s’installer et de continuer ce qui avait été entrepris précédemment (quoique, ça n’a rien de vraiment simple non plus), autant tout réinventer dans les mêmes murs nécessite une certaine dose d’imagination.

Ce restaurant de la rue des Mathurins, je l’ai connu lorsqu’il s’appelait Quinoé, une table dont le concept était de ne proposer que des produits certifiés équitable ou agriculture biologique, dans un cadre « respectueux des hommes et de l’environnement ». Les jeunes entrepreneuses Marion Streiff et Mélissa Sanchot s’étaient pour cela entourées de chefs compétents et pointus, tels que Jean-Sébastien Bompoil, Chef fondateur de L’atelier des Chefs. Cependant, dans un quartier où la concurrence sur le créneau de la restauration rapide est particulièrement rude, l’adresse n’avait -semble-t-il- pas réussi à trouver son public et a « rendu son tablier » fin juin 2011.

Depuis, le lieu a complètement changé de visage sous l’impulsion de Claire Menini, une jeune restauratrice. A présent, plus rien à voir avec les habituelles « cantines de cadres » que l’on peut trouver dans le quartier : le décor est très cosy, plus ou moins directement d’adresses londoniennes, avec un choix sans cesse renouvelé de plats, salades et desserts.
Pas de barquettes en plastique, les propositions du jour sont disposées derrière un grand comptoir où le service composera vos plats en fonction de vos envies. Pas de produits congelés non plus, tout est frais du jour, et de fait, de saison.

Dans ce « lieu de vie et de convivialité », on peut ainsi déguster les plats concoctés par Thomas Simon, le chef chez Twenty Peas. Tartes aux légumes divers (butternut, légumes du soleil, patate douce …), salades gourmandes (fenouil cru, fêta et sumac, aubergines rôties et grenade, …), cakes variés, soupes, viandes et poissons, les becs salés trouveront de quoi se nourrir de façon gourmande, simple et saine. Même constat du côté des desserts, où l’on se régale du teacake, de muffins, de tartes aux fruits, d’un carrot cake et bien plus encore…
Nous sommes bien loin des recettes toujours plus compliquées que l’on retrouve dans nombre de concepts de restauration « à la mode » dans les alentours. Cette authenticité et cette simplicité en deviennent presque dépaysants et permettent de faire une vraie pause en plein milieu d’une journée dans ce quartier strict et stressant qu’est celui de la Madeleine.

Au delà de l’aspect purement conceptuel du lieu, le choix a été fait de faire appel à des fournisseurs réputés pour certains produits : le vin provient du caviste « La Contre Etiquette », les thés de chez l’Autre Thé, les fromages sont sélectionnés par Neal’s Yard, une adresse bio londonienne… et pour le brunch du dimanche, le pain et les viennoiseries descendent de chez Gontran Cherrier. Voilà qui aura de quoi assurer aux painrisiens que nous sommes le bon goût de ces restaurateurs.

On appréciera aussi le fait que l’adresse multiplie les services pratiques et bien vus : vente à emporter, service traiteur et cocktail, on peut ainsi aisément emporter un peu de cette douceur chez soi ou la faire partager lors d’événements. Au delà de ça, la consommation sur place peut tout aussi bien se faire au petit déjeuner, au déjeuner qu’au goûter, grâce à des horaires d’ouverture étendus (du lundi au vendredi de 9h à 19h, ainsi que le brunch de 11h à 15h30 le dimanche) et à la diversité de la gamme.

Tout cela ne serait rien sans un service aussi charmant et disponible que celui que l’on trouve ici, bien différent des standards que l’on peut trouver dans le quartier : à l’image du décor, les humains sont tout aussi authentiques, un peu « rock n’roll ». Je ne vous cache pas que ce type d’endroit tient presque pour moi de l’oasis de fraicheur indispensable dans des zones telles que celles-ci. D’ailleurs, c’est ce qui fait sa force et explique très certainement son succès : pour exister, soyez remarquables ! Même si votre clientèle a une fâcheuse tendance au classicisme…

Infos pratiques

59 rue des Mathurins – 75008 Paris (métro Saint-Augustin, lignes 9 & 14) / tél : 01 42 66 26 13
ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h et le dimanche (brunch) de 11h à 15h30.

Faut-il y aller ? Que ce soit pour le petit-déjeuner, le déjeuner, un tea-time gourmand ou même un brunch (avec des produits de Gontran, ça ne se rate pas !), bien sûr. Twenty Peas offre l’opportunité d’une vraie pause authentique et savoureuse en plein coeur du quartier de la madeleine. Les produits sont frais, sains et sélectionnés avec soin, en plus d’être renouvelés de façon régulière ce qui permet d’éviter toute lassitude. De plus, le décor est vraiment soigné et réussi, accompagné d’un service charmant et bien à l’image de l’endroit. Un ensemble cohérent comme on les aime.

Paris est une ville aussi fascinante qu’usante, fatigante et prompte à imposer ses règles du jeu, ses contraintes quotidiennes. A commencer par le prix des loyers, qui rend obligatoire une forte rentabilité, un chiffre d’affaire toujours plus important et donc de se tourner vers un certain type d’activité. Pour les boulangers, ce sera la restauration rapide, au travers des sandwiches et salades que l’on retrouve la plupart du temps dans leurs vitrines. Cela se fait au détriment du reste des gammes qu’ils pourraient développer, et souvent de leur vie de famille, la charge de travail étant importante.

Ces raisons ont poussé le couple Pottier, installé précédemment au 231, rue de Vaugirard, dans le 15è arrondissement, à quitter le « bruit » de la capitale pour la banlieue, et plus précisément à Poissy, dans les Yvelines. Quand on arrive dans cette ville d’environ 35000 habitants, on sent tout de suite que la qualité de vie n’est pas la même, le rythme également. Cela permet au couple de souffler beaucoup plus, de mieux s’occuper de leur famille et de proposer un large choix de produits à la clientèle locale.

En effet, Fabrice Pottier ne se contente pas de briller dans le domaine de la boulangerie, en ayant notamment obtenu le 2è prix de la Meilleure Baguette de la Ville de Paris en 2008, mais également en pâtisserie et en chocolaterie. En entrant dans cette petite boutique d’angle, tout particulièrement à l’approche de Pâques, on comprend en effet que l’artisan prend un plaisir tout particulier à développer des gammes variées et poussées. Pour valoriser son savoir-faire mais aussi celui de son équipe, il participe fréquemment à des concours professionnels, à l’image de celui de la meilleure pâtisserie francilienne, qui s’est tenu il y a un peu plus d’une semaine. Au terme de celui-ci, une de ses salariées a été classée 3è, et lui 7è en tant que chef d’entreprise. Je trouve qu’il y a là la preuve d’un bel état d’esprit, d’une volonté de partage et d’aller au delà du simple fait de vivre sa passion, mais bien de la faire vivre aux autres – autant à ses clients qu’à son équipe. Certains artisans ne souhaitent plus former leur personnel et recrutent uniquement des ouvriers ayant une forte expérience. A terme, cette absence de transmission pourrait bien aboutir à la disparition de tout un pan de notre savoir-faire artisanal, car au delà de la théorie enseignée par les organismes de formation, la pratique apporte beaucoup.

En bon painrisiens, commençons tout d’abord par nous intéresser au pain proposé ici. Bien sûr, on retrouve la fameuse baguette de tradition, primée à Paris. Impossible de pouvoir prétendre réaliser exactement la même à Poissy, puisque le matériel sera forcément différent, le personnel également, cependant elle parvient à se défendre plus qu’honorablement. Réalisée à partir d’une farine Reine des Blés des Moulins Bourgeois, cette baguette offre un parfum de beurre bien présent, une mie bien alvéolée et d’une croûte craquante. On pourra cependant regretter le caractère assez aléatoire des cuissons – pour répondre à la demande d’un pain toujours moins cuit – et des façonnages, parfois un peu « bruts ».
Le reste de la gamme est de bonne facture, même si l’on évitera soigneusement la baguette « ordinaire », cuite dans un four à chaleur rotative. Tournons-nous plutôt vers la Paume, ce pain au Levain développé en collaboration avec Alain Passard, et que Fabrice Pottier continue à produire malgré son déménagement. Le boulanger – ex-fournisseur de l’Arpège à une époque – nous propose une Paume au caractère plutôt marqué, à l’inverse de plusieurs que j’ai eu l’occasion de déguster. Un parfum de levain assez présent, une mie moelleuse et une bonne conservation constituent les caractéristiques de ce pain, dont la croûte demeure malheureusement un peu fine.
Pour le reste, on remarquera surtout les pains spéciaux vendus à la coupe, tels qu’un pain aux noix ou une création autour de divers fruits secs.

Rentrons dans l’univers du sucré, où la maison propose une offre assez pléthorique. A commencer par les viennoiseries, avec des croissants malheureusement un peu aléatoires, parfois assez peu développés, des pains au chocolat garnis de barres Valrhona ou encore la « Puravita », composée de fruits secs et d’un mélange de céréales. Les pâtisseries rendent honneur au classement récemment obtenu : entre classiques non revisités (éclairs, Opéra…) et créations issues de l’imagination – visiblement débordante – de M. Pottier (entremets, tartes aux fruits gourmandes…), il y a de quoi trouver son bonheur, pour des prix forcément accessibles : nous ne sommes plus à Paris, et pourtant ces produits tiendraient bien la comparaison face à de nombreuses maisons parisiennes. A noter le fait que la gamme est beaucoup plus étendue le week-end, avec plus de 20 propositions le samedi. Forcément, la demande est plus importante, et cela permet de limiter « la casse ». On apprécie la bonne maîtrise des textures, les dosages en sucre modérés et la qualité des bases (fonds de tarte, pâtes à choux…).
Le chocolat est également un secteur dans lequel cet artisan développe ses talents, cela passe par une large gamme de bonbons de chocolat, de tablette, et, en cette période, de sujets de Pâques dont certains sont particulièrement réussis (je pense notamment aux « M&M’s gourmands » et à la série des Barbapapa, originaux et colorés). Des couvertures de chez Valrhona sont utilisées pour la réalisation des produits, gage de qualité et de saveur.

Chocolats de Pâques

Une gamme traiteur est également développée, assez simple et sans relief particulier. Quiches, sandwiches, rien de particulier à signaler, sinon que le tout est proposé avec honnêteté.

Des sujets de Pâques gourmands et souriants

L’accueil est sincère, pas forcément aussi passionné – sauf si bien sûr on est servi par l’artisan ou son épouse – qu’on pourrait l’attendre, mais la clientèle est connue et reconnue, on sent que la maison est parvenue à s’intégrer dans son quartier et sa ville. Ce n’est d’ailleurs pas une chose facile, puisque Poissy, bien que de taille modeste, compte plus de 10 artisans boulangers-pâtissiers. Dès lors, il n’aura certainement pas été facile de se créer une place dans le paysage, mais Fabrice et Audrey Pottier ne manquent pas d’arguments qualitatifs pour y parvenir.

Infos pratiques

2 boulevard Louis Lemelle – 78300 Poissy (RER A – Ligne J Transilien, gare de Poissy) / tél : 01 39 65 05 46
ouvert du mardi au samedi de 7h à 14h30 et de 15h30 à 20h00, le dimanche de 7h à 13h30.

Avis résumé

Pain ? La baguette de tradition, réalisée à partir d’une farine Reine des Blés Label Rouge des moulins Bourgeois, est sans doute la star de l’endroit, avec son agréable goût de beurre, sa mie bien alvéolée et sa croûte fine et craquante. On notera également la présence d’une Paume exprimant un certain caractère, au travers d’un parfum de levain assez présent. Quelques pains sont proposés au poids, et une grande partie de la gamme Bourgeois est reprise (Charpentier, Reine des prés…). On regrettera les cuissons un peu courtes, et les façonnages parfois assez aléatoires.
Accueil ? On attendrait plus de passion, plus d’envie, même si la clientèle est servie efficacement et qu’elle est bien connue et reconnue. Bien entendu, la chose est différente lorqu’on a affaire à Fabrice ou Audrey Pottier, pleinement intégrés dans cette sympathique ville qu’est Poissy.
Le reste ? Le sucré est sans conteste le point fort de cette boulangerie-pâtisserie. Les viennoiseries sont correctes, même si relativement aléatoires, mais c’est du côté des pâtisseries que s’exprime l’univers de notre artisan : classiques soignés et créations originales, l’ensemble affiche une belle fraicheur, des saveurs marquées et un caractère globalement équilibré en terme de sucre. Ne pas rater également la gamme de chocolats, et tout particulièrement en cette période de Pâques. Les prix sont aussi doux que les saveurs, signe d’un chocolat de qualité, peu sucré tout en évitant l’écueil de l’amertume.

Faut-il y aller ? Pour découvrir les douceurs développées par Fabrice Pottier, sans aucun doute ! Pâtisseries et chocolats expriment un beau savoir-faire, une passion et une envie de partage. Au delà des concours, où ce professionnel parvient à se distinguer régulièrement, le quotidien est dans la même lignée, tenu avec rigueur et saveur. Tout n’est pas parfait, à l’image des viennoiseries ou des façonnages de pains que l’on aimerait parfois plus soignés, mais la maison propose un rapport qualité/prix remarquable, d’autant plus en banlieue où les artisans manquent parfois de goût. On pourrait dire, si l’on aimait les jeux de mots faciles, que les Pottier ont un sacré tour de main…

Vous arrive-t-il souvent de vous perdre dans Paris ? En réalité, c’est assez compliqué puisque les indications sont partout, entre plans, panneaux, écriteaux divers… De plus, avec les nouvelles technologies, telles que le GPS présent sur la plupart des téléphones « modernes », on peut sans difficulté savoir précisément où l’on se trouve et calculer le meilleur itinéraire pour se rendre à sa destination. Reste la possibilité de se perdre volontairement, de chercher à ne plus avoir de repères, simplement flâner et se laisser aller au gré des découvertes. Une ville telle que Paris est justement le lieu rêvé pour ce type de « fuite », d’évasion.

Si je vous dis tout ça, c’est qu’au hasard d’une de mes promenades painrisiennes, je me suis littéralement… pommé. Non, pas paumé, pommé. En effet, dans le 8è arrondissement, plus précisément au 109 boulevard Haussmann, se trouve un lieu entier dédié à… la pomme. Il fallait y penser, mais en réalité, les possibilités d’utilisation et les variantes de ce fruit sont si diverses que l’on peinerait presque à tout faire rentrer dans cet espace.
Quoi de plus naturel que de croquer dans une pomme ? Tout d’abord, il convient de distinguer les différentes variétés existantes : plus ou moins sucrées ou acidulées, à robe verte, rouge ou jaune… Granny Smith, Golden, Fuji, Gala, Pink Lady, autant de noms qui doivent forcément vous dire quelque chose si vous avez déjà eu l’occasion – et j’ose espérer que c’est le cas – d’aller sur un marché ou même dans une grande surface pour acheter quelques fruits. Ces dernières années, on peut assister à un retour vers les variétés anciennes comme la Patte de Loup, avec des caractères plus ou moins rustiques.

Bien sûr, on peut la déguster tout simplement au couteau, mais la pomme se prête également à de multiples usages, qui sont déclinés chez Pomze. Tout d’abord, en cuisine, dans des recettes aussi bien salées que sucrées. Ainsi, elles accompagneront très bien le foie gras ou les noix de Saint-Jacques. En chutney, agrémentées d’épices, elles relèveront avec élégance des fromages, par exemple. Au dessert, cela paraît beaucoup plus évident, mais il s’agit d’être inventif : au delà de la classique tarte, on peut l’intégrer de façon très savoureuse à des créations, en jouant sur le caractère doux ou à l’inverse acide de certaines variétés. Le chef Ryuji Teshima renouvelle sa carte au fil des saisons, en gardant le fruit comme fil conducteur, tout en gardant à l’esprit que son utilisation doit rester pertinente et non anecdotique. La carte propose ainsi des tarifs assez modérés et des plats aux associations créatives et savoureuses.

Une large sélection d'alcools côté boutique,

Qui dit pomme dit également… cidre. Cet alcool léger se décline là encore en de multiples variantes, selon les régions productrices. Pommeaux et autres calvados en sont issus. L’espace boutique Pomze vous les présente avec une grande minutie, puisque chaque bouteille est proposée avec une fiche de dégustation. Dans cette même zone, vous retrouverez également des pommes à l’état brut, l’accent étant mis sur les variétés anciennes, issues des meilleurs terroirs, ainsi que diverses confitures plus ou moins originales : gelée de cidre, confiture au thym, chutneys variés… Les plus gourmands trouveront sans difficulté leur bonheur dans ces étagères.

Confitures et jus variés

A l’heure du thé, il est bien entendu possible de s’asseoir pour déguster une douceur créée par le chef pâtissier de la maison. Certaines de celles-ci sont d’ailleurs disponibles à emporter, à l’image du cheese-cake au fruits rouges et pommes caramélisées. On apprécie particulièrement le charme et la chaleur des différents espaces de ce lieu, du rez-de-chaussée où le bar nous accueille, à l’étage, avec la salle de restaurant aménagée dans un ancien appartement, ou encore au sous-sol, avec un coin lounge.

La vocation de Pomze était, pour ses fondateurs, de partager la passion de la pomme au travers de toute sa diversité. Elle nous paraît aujourd’hui si commune, si simple, mais elle présente une histoire complexe. Les Vergers d’Anjou, un gros producteur, ont été associés à ce projet, une occasion pour eux de mieux informer le consommateur de façon directe, car ce dernier a souvent tendance à utiliser le prix comme facteur de différenciation, en l’absence de connaissance ou de communication plus approfondie. L’initiative, venant d’une telle entreprise, est tout à fait intéressante et est remplie de sens : le grand public manque trop souvent de points de repères pour l’aider à consommer « mieux ».

Ajoutons à tout cela un accueil sympathique et bien renseigné, cela fait de Pomze un agréable restaurant-boutique-salon de thé-… Bien loin d’être un lieu paumé, même si complètement pommé !

Infos pratiques

109 boulevard Haussmann – 75008 Paris (métro Saint-Augustin, lignes 9 et 14) / tél : 01 42 65 65 83
ouvert du lundi au vendredi de 8h à 23h et le samedi à partir de 15h.

Les marchés et moi, c’est une grande histoire d’amour. Du mardi au dimanche, comme un rituel, je commence ma journée par une petite visite dans un des marchés près de chez moi. Comme je me lève tôt, je suis généralement l’un des premiers clients… En même temps que la ville, le marché s’éveille, je le saisis avant qu’il devienne animé, quelques heures plus tard. Premières paroles, premiers sourires, premières pièces de monnaie qui tintent… J’aime ces moments.

A Paris, les quartiers sont parsemés de marchés, avec leurs histoires, leurs couleurs… et leurs commerçants, puisque c’est ce que l’on vient chercher. J’avais déjà eu l’occasion de vous parler du marché des Enfants Rouges à plusieurs reprises, et notamment de Carole, la tenancière de la magnifique Petite Fabrique (de retour depuis le week-end dernier, d’ailleurs, j’en profite pour vous conseiller une nouvelle fois d’y faire un tour !).
Aujourd’hui, c’est Alain, le fameux crêpier-boulanger du marché que je vous présente.

Sur son stand, ce personnage au caractère bien marqué et ne pouvant laisser indifférent propose un large éventail de produits aux gourmands. Commençons par les pains, présentés sur la partie droite du stand. On trouve des baguettes, des pains au levain, des petits pains variés, des pains typés germaniques (mies sombres et serrées) et depuis quelques temps une sélection de pains biologiques. J’avoue ne pas être un grand adepte du pain vendu sur un marché, celui-ci étant soumis pendant de longues heures aux aléas de la météo, même si dans le cas présent le lieu est relativement couvert. Dans tous les cas, on préférera les propositions les plus originales, telles qu’un pain à l’épeautre et aux graines, façonné en rond, comme une brioche. D’autres pains, ainsi que des viennoiseries très honorables sont également proposés, et permettront aux gourmands du dimanche matin de trouver leur bonheur sans trop courir.

Le plus grand intérêt de ce stand, ce sont certainement les fabrications maison, tels que les blinis ou les crêpes. Ces fameuses galettes sont vendues aussi bien nature – pour les blinis – que garnies de multiples ingrédients : salade, oignons, tomates, jambon, boeuf, saumon… Le choix est vaste et il appartient au client de faire le sien pour composer sa galette. Il est possible de composer un ensemble complètement végétarien, qui sera relevé de citron, graines de sésame ou encore de ciboulette. Pâte à blinis ou galette de sarrasin, le choix de la base est là encore laissé au goût de chacun, c’est bien vu. Si l’on est avide de découvertes, on se laissera sans doute tenter par une Socca, une spécialité niçoise peu commune par ici. Réalisée à partir de farine de pois-chiche, il faut la déguster chaude, c’est ainsi que l’on profite au mieux de son caractère moelleux et tendre. Pas besoin de couvert pour tout cela : voici un parfait exemple de la « street-food » défendue par certains chefs, tels que Thierry Marx. A l’inverse de ce dernier, Alain nous la fait partager en toute simplicité, sans concept ou artifice inutile.

Le succès accompagne notre crêpier, puisqu’il faut souvent s’armer de patience pour déguster ses créations. 20 minutes de queue, rien d’étonnant, les habitués vous le confirmeront mais en profiteront également pour vous rappeler que le jeu en vaut la chandelle. En effet, on devient vite accro à ce snacking sain et savoureux, mais cela ne serait rien sans le supplément d’âme apporté par Alain, son bob quasi-légendaire et sa verve. Plus qu’ailleurs, c’est l’homme qui donne toute sa dimension au produit et on vient tout autant pour l’un que pour l’autre.
En parlant d’humain, n’oublions pas de citer ses charmantes vendeuses qui l’accompagnent le week-end et servent les divers pains et viennoiseries avec sourire et douceur. La maison n’est d’ailleurs pas avare de petits cadeaux et attentions pour les fidèles, fait suffisamment rare pour être signalé.

Infos pratiques

Sur le marché des Enfants Rouges, 39 rue de Bretagne – 75003 Paris (métro Filles du Calvaire, ligne 8 ou Oberkampf, ligne 9).
ouvert mercredi, jeudi et vendredi de 9h à 15h, le samedi de 9h à 20h et le dimanche de 8h30 à 14h.

Faut-il y aller ? Bien sûr, autant pour le personnage (et ses charmantes vendeuses) que pour les produits. Les pains ne sont certes pas parfaits, mais quelques unes des spécialités ne sont pas dénuées d’intérêt, comme le pain d’épeautre aux graines ou le pain Germain. Les blinis maison sont tendres et savoureux, comme les galettes préparées à la minute, aux yeux du client. Voilà de la « street-food » saine et accessible.

Certaines personnes pourraient presque être qualifiées de « machines à concept » tant on les retrouve derrière de nombreuses entreprises développant un esprit particulier, tant elles expriment une hyperactivité et un idéal fort. Je dois dire que j’ai un profond respect pour ces hommes et femmes qui vivent leurs rêves au quotidien et les font vivre à leurs collaborateurs autant qu’à leur clientèle. C’est certainement de cette façon que l’on peut être le plus utile à la société, en créant et en inspirant les autres. Ecrire de belles histoires, vivre et changer le monde.

Cyril Aouizerate est un de ces hommes. Utopiste urbain, philosophe, politicien et businessman à ses heures, on le retrouve notamment impliqué dans le développement de l’hôtel Mama Shelter, de la Flèche d’Or, ou encore d’Urbantech. Cet agitateur a lancé en septembre dernier le concept MOB – acronyme de Maïmonide Of Brooklyn – au travers d’une première implantation en plein coeur du quartier de Brooklyn. Son inspiration pour ce projet est reprise dans le nom : le fameux Maïmonide était un philosophe et médecin juif du Moyen Age qui prônait une alimentation saine. Ce qui n’a pas manqué de donner envie à notre entrepreneur de faire pareil à son tour.

La devanture sur la rue Charlot

Au delà du concept, il a bien fallu trouver des hommes compétents dans le domaine pour réaliser cet idéal. Le choix fut vite fait, c’est un peu « on prend les mêmes et on recommence », puisqu’Alain Senderens a été appelé en cuisine, tout comme chez Mama Shelter. Un siège – le seul du restaurant – lui a été dédié… Tout un symbole. Son sous-chef Stéphane Pitre est également de la partie. Après Brooklyn, c’est en plein coeur du Marais que l’aventure s’est exportée, en lieu et place de Cococook.

Quelques gourmandises dont ces fameux saucissons, accrochés au plafond "comme les vrais"

Tout cela est bien beau, mais passons à table. Ici, on mange des MOB, sorte de tables à repasser garnies de légumes, fruits et autres condiments – car tous les produits proposés à la carte sont végétariens. On trouve aussi des burgers, des frites au manioc, des nuggets aux protéines de soja ou encore des saucissons – véritables barres énergétiques réalisées à partir de figues, dattes, noisettes et amandes suspendus au plafond. Le cadre est à l’image des produits – surprenant, soigné et atypique. Il abrite également quelques gourmandises diverses, en provenance directe de la grosse pomme : chocolats ou sodas Fizzy Lizzy aux parfums de fruits multiples.
Côté dessert, des cheesecakes, inévitablement, mais aussi des donuts ou encore des cupcakes.

La maison exprime bien son esprit au travers de notes souriantes

On profite bien entendu des produits, frais, accessibles, plutôt sains et savoureux, mais aussi du décor : d’ailleurs, c’est la seule distraction, puisque le Wi-Fi n’est pas proposé par l’établissement, volontairement. Question de cohérence, et d’ailleurs on ne s’en plaindra pas : cela représente une opportunité bienvenue de « pause » dans ce monde bruyant et en perpétuel mouvement. On profite ainsi beaucoup mieux de la chaleur de l’accueil et de son repas – même si cela se fait debout, au comptoir.

La BD racontant l'histoire du lieu

La maison n’est pas avare en détails amusants, comme avec cette bande dessinée présentant leurs aventures et racontant de manière légèrement romancée ce qui s’est passé pour en arriver jusque là, dans cet étonnant restaurant. Cyril Aouizerate et toute sa bande parviennent ainsi à nourrir notre corps, mais aussi notre esprit. Cela devrait être le cas plus souvent, car manger ne doit pas se limiter à un acte anodin, automatique. Nos sens doivent être éveillés, surpris, et susciter des émotions, des réflexions. Une adresse atypique, à garder dans un coin de sa tête.

Infos pratiques

30 rue Charlot – 75003 Paris (métro Filles du Calvaire, ligne 8 ou Oberkampf, ligne 9)
ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h.
Les prix ? Compter 7 euros pour une MOB, environ 3-4 euros pour un dessert et 3 euros pour un soda Fizzy Lizzy. En bref, repas complet pour moins de 15 euros.

Les grandes maisons parisiennes ont toutes leur réputation, plus ou moins glorieuse. Certaines ont conservé leur image dorée, à l’inverse d’autres ont connu un certain désamour de la part de la population parisienne, et continuent à vivre de leur prestige auprès de la clientèle internationale, au travers notamment de leur présence dans ce nombreux guides. C’est assez dommage, car cela ne contribue pas à donner une bonne image de notre gastronomie, pourtant si vantée à l’international.

Tout cela n’est pas une fatalité, et certaines marques tentent de prendre les choses en main pour redonner à leur enseigne ses marques de noblesse et reconquérir cette clientèle perdue. C’est notamment le cas de Fauchon, qui a entrepris ces derniers mois d’importants chantiers visant à relever le niveau de qualité des produits vendus au sein de leurs boutiques de la place de la Madeleine. Il faut dire qu’il y avait du travail… à commencer par l’épicerie fine, où les chocolats affichaient des tarifs peu en adéquation avec le niveau du produit. En prenant une participation dans l’entreprise du chocolatier Pascal Caffet et en lui confiant la réalisation de ses gammes, la marque est parvenue à revenir sur des standards de qualité bien plus acceptables. Il reste du chemin à parcourir sur nombre de références, qui semblent issues de la grande distribution, juste « rebrandées » Fauchon.

Traversons la rue, intéressons-nous au 24/26 place de la Madeleine et plus particulièrement à l’offre sucrée ainsi qu’à la boulangerie. Jusqu’à l’an dernier, c’était le fameux Christophe Adam qui officiait ici et dirigeait la création de la maison. Certes, ses pâtisseries affichaient un visuel attirant, mais elles décevaient énormément au goût, ce qui avait fini par lasser les gourmands… Quant à la boulangerie, le pain n’est certainement pas le plus mauvais de la place parisienne, mais son prix est peu en rapport avec sa fraicheur, puisque les dernières cuissons sont achevées en fin de matinée.

Cette douce routine, cette pente descendante qui aurait bien fini par devenir savonneuse, a été enrayée par l’arrivée d’un nouveau chef, Fabien Rouillard. La maison ne lui était pas tout à fait inconnue, puisqu’il y avait déjà oeuvré plus tôt dans son parcours professionnel. Sa feuille de route ? Redonner du goût, apporter un nouveau souffle à l’offre « fraiche » de Fauchon.

L'opérette, un opéra... à la plage : Biscuit moelleux vanille, ganache crémeuse amande douce et amère, purée de pêche blanche fraîche, coque chocolat blanc argenté.

Au fil des mois, de nouvelles créations sont ainsi apparues dans les vitrines sucrées du traiteur parisien, et la transformation va continuer, voire s’accentuer, avec l’arrivée de la « collection » de pâtisseries Printemps / Eté. Nommée « Fauchon les Bains », elle a été présentée aujourd’hui aux blogueurs dont il faut croire que je fais partie, puisque j’étais convié à l’événement.

Eclairs Fraise Amande (le Deauville), éclairs Fraise des bois Citron Vert (le Cap Ferret) & éclairs Vanille Bourbon de Madagascar (les Sables) - 7€ l'unité

Après des mois passés entre chocolat, caramel, café et autres saveurs pouvant traverser l’hiver, cela apporte fraicheur, couleur et légèreté aux douceurs de la maison. L’éclair demeure la signature Fauchon, avec des déclinaisons autour des fruits rouges et jaunes. Ceux-ci seront d’ailleurs les premiers à arriver, puisque réalisés à partir de purées de fruit. Rendez-vous d’ici une quinzaine de jours pour les accueillir.
Viendront ensuite les premières tartes aux fruits, avec les fruits rouges qui feront leur apparition courant Avril. Le reste de la gamme se dévoilera au fil des mois d’été, entre juin et août, avant de s’achever avec les derniers fruits jaunes.

Justement, c’est là que se situe le point le plus intéressant de la démarche développée par Fauchon : le respect de la saisonnalité des fruits, et la priorité donnée à l’approvisionnement local de ceux-ci. Cela avait déjà été débuté avec le « Carré aux pommes » proposé cet hiver : sa fabrication mettait en oeuvre des pommes produites en Ile-de-France, avec diverses variétés au fil de la saison (vitelotte, granny ou encore patte de loup ces derniers temps… avant de s’achever dans les prochains jours). A chaque fois, il faut adapter le produit et les recettes, mais c’est ainsi que les choses doivent se faire : la nature a ses règles, qui ont à être respectées. Le résultat n’en est que de toute façon plus beau et plus savoureux.

Les éclairs et entremets Printemps / Eté chez Fauchon... Une liste gourmande !

Au cours des mois ensoleillés à venir, c’est un producteur de Gagny qui fournira le laboratoire de Courbevoie en fruits rouges variés. Gariguette tout d’abord, Mara des Bois ensuite… Chaque variété est plus ou moins précoce. Cette démarche est rendue possible par le fait que Fauchon ne possède qu’une seule boutique, et donc des volumes plus réduits (environ 500 clients par jour). On notera l’organisation de 4 week-ends « Fraises » où des tartes mettant à l’honneur ce fabuleux fruit seront réalisées devant les yeux des clients, comme l’an passé. Là encore, cet artisan maraîcher sera associé à l’opération.
Les entremets vont également revêtir leurs habits colorés et revisiter les grands classiques de la pâtisserie française : Opéra tout en fraicheur, fraisier bousculé, rien ne résiste à la créativité de Fabien Rouillard. Au programme, des visuels toujours soignés, assez simples mais élégants, et des associations de saveurs pertinentes.

Parmi les autres chantiers à mener pour le chef, la boulangerie, et c’est ce sur quoi je n’ai pas manqué de le questionner. Difficile d’avoir beaucoup d’informations à ce sujet, mais les effets devraient commencer à se faire sentir en mai, avec notamment la mise en place de 3 cuissons par jour. Cela permettra de proposer du pain bien plus frais en fin de journée, car jusqu’à présent les baguettes sont assez… fatiguées à 20h30, heure à laquelle le traiteur Fauchon ferme. D’autres points devraient également changer, mais rien n’a filtré.
Un travail sera également réalisé sur la gamme de glaces, qui en a bien besoin, ainsi que sur le développement d’une offre de biscuits secs « frais », à l’inverse de ceux proposés juste à côté à l’épicerie. Autant de sujets sur lesquels il faudra garder un oeil gourmand dans les prochains mois…

Le Biarritz, sorte de Fraisier revisité par Fabien Rouillard : biscuit léger, gelée de fraise et framboise acidulée, chantilly au chocolat blanc et vanille Bourbon de Madagascar, fraises fraîches Mara des bois, le tout enveloppé de pâte d'amande.

Dans tous les cas, j’ai beaucoup apprécié le fait qu’une vraie dynamique se dégage chez Fauchon, qui paraissait être une belle endormie. Autant M. Rouillard que les autres personnels de l’entreprise exprimaient une véritable volonté d’aller sur le terrain de la qualité et de la saveur. A voir si cela tiendra sur la durée, et surtout portera ses fruits. Resteront les prix qui demeurent très élevés, beaucoup trop pour rendre ces plaisirs potentiels accessibles au plus grand nombre.

Les douceurs et l’univers du sucré font souvent remonter à l’enfance, aux souvenirs de goûters partagés en famille ou entre camarades. Nous en avons plus ou moins partagé, selon nos parcours personnels, mais cela demeure malgré les années et le fait que nous devenions « adultes ». Le goût est une éducation qui débute dès l’enfance, et je pense d’ailleurs que cela devrait être mieux pris en charge dans l’enseignement donné au sein du système scolaire, mais c’est un autre débat.

Dans le 17è arrondissement, c’est une sympathique boutique qui est dédiée aux enfants que nous avons, que nous sommes, ou que nous espérons rester. Du moins, son nom indique cette vocation : « Les Enfants Gâtés », installée au 7 rue Cardinet, dans le 17è arrondissement, propose aux gourmands des gammes qui ne manqueront pas de les faire retourner en enfance, vers ces fameuses saveurs qu’ils gardent précieusement en souvenir.
Gâté, il y a de quoi l’être ou gâter son entourage. Cela peut bien commencer sur place, si l’on se laisse tenter par déguster les douceurs proposées sur place, car l’endroit abrite un espace salon de thé très élégant. On sent une belle volonté de rendre le lieu agréable et propice à la dégustation. En effet, on profite tellement mieux des produits lorsque l’on se sent bien.

On vient surtout ici pour le choix de pâtisseries, assez large en plus d’être bien réalisé. Des grands classiques, telle que la tarte au citron meringuée, à la création « maison » comme le Shuss (biscuit sablé, marmelade d’orange et mousseux au fromage blanc), l’ensemble affiche un visuel soigné et propose des saveurs agréables. Les tartes aux fruits sont de très bonne facture, avec des fonds bien croquants, et certaines d’entre elles sont assez créatives, à l’image de la tartelette poire-griotte. Il y en a pour tous les goûts, et vous trouverez sans aucun doute votre bonheur.
Si l’on s’intéresse au reste des gourmandises, les macarons ne sont pas exceptionnels, en plus de contenir des… fautes d’orthographe dans leurs intitulés. Même constat du côté des viennoiseries, qui sont plutôt médiocres. Les quelques moelleux chocolat-pistache s’en sortent beaucoup mieux, de même que les financiers aux multiples saveurs. Les quelques brioches – feuilletées ou non – se défendent tout aussi honorablement.

La maison a fait le choix de proposer également un choix de pain, certes restreint. Cela tient à peine du service de dépannage, car leur réalisation est plus que moyenne. La baguette de tradition est façonnée de manière plutôt aléatoire, sa cuisson est menée sans grande réussite et les croûtes demeurent désespérément blanches. Malheureusement, les pains spéciaux sont aussi atteints par ce mal et s’avèrent peu séduisants. Je me demande parfois pourquoi s’entêter à proposer ces produits, alors que de toute évidence cela n’est pas leur point fort, et les pains proposés à la clientèle ne seront pas à la hauteur du reste des gammes de la maison. Encore une fois, il faut savoir ce sur quoi on est le plus à même d’apporter quelque chose, une véritable valeur ajoutée. Ne pas trop en faire, car c’est toujours au détriment de la qualité globale des produits : le temps n’est pas extensible.

Pour accompagner ces douceurs, le service est tout aussi agréable et souriant que les photographies d’enfants représentées aux murs. Le personnel est accueillant et souriant, il connaît bien les produits et apporte un conseil avisé à leur sujet. Si l’on fait le choix de déguster sur place, ce fameux service se paie, puisque les produits sont                                                                                                          légèrement plus onéreux, même si l’écart de prix demeure assez raisonnable avec la vente à emporter.

Infos pratiques

7 rue Cardinet – 75017 Paris (métro Courcelles, ligne 2 ou Wagram, ligne 3) / tél : 01 47 63 55 70
ouvert du mardi au samedi de 8h à 19h30, le dimanche de 8h à 13h30.

Faut-il y aller ? Les Enfants Gâtés est un sympathique salon de thé, proposant une belle gamme de pâtisseries, jouant aussi bien sur les registres classiques (tartes aux fruits, entremets traditionnels tel que le Royal ou Mont-Blanc) en y apportant une touche de modernité que dans le domaine de la création avec des associations de saveurs et textures bien trouvées, tout en offrant un niveau de sucre mesuré. Les prix sont plutôt doux et se placent dans une bonne moyenne parisienne.
Les viennoiseries sont beaucoup plus décevantes, leur façonnage est plutôt hasardeux et seules les brioches s’en sortent un peu mieux. On préférera se tourner vers les quelques gourmandises simples qui les accompagnent, tels que des financiers aux multiples parfums ou des moelleux chocolat-pistache. Le pain fait plutôt de la figuration, offrant juste un service de dépannage. Mieux vaut s’adresser à un artisan boulanger dont c’est la spécialité.
L’accueil et le service sont, quant à eux, de très bon niveau et rendent l’expérience agréable, et renforcent la tentation de s’arrêter quelques instants dans l’espace salon de thé – aménagé avec goût et élégance – pour déguster une douceur. Voici donc une boutique complètement gâteau… et des pâtisseries qui vous gâteront à coup sûr.

Paris manque souvent de verdure, de rêve, de lieux de détente. Certes, on compte quelques parcs, de tailles diverses, mais cela demeure quelques îlots de paix dans un monde de bruit, de mouvement perpétuel. Difficile de s’échapper du quotidien et de ce marasme qui peut finir par nous broyer si on y accorde trop d’importance. Pour les parisiens, dont je ne suis pas et dont j’aurais du mal à être, il est essentiel de trouver des moyens de couper un peu avec tout cela.

Cela peut passer par des choses toutes simples. Un peu de shopping, un peu de rêverie, se laisser aller. Pour cela, le quartier des Abbesses est certainement l’un des mieux indiqués, avec son caractère encore un peu villageois. De plus, on parvient encore à y trouver des adresses authentiques, proposant de beaux et bons produits. Parmi elles, l’épicerie Lion, « depuis 1895 » dans le 12è arrondissement et à présent sur la place des Abbesses. Lorsqu’arrivent les beaux jours, la lumière remplit cette superbe boutique d’angle et éclaire les plantes qui nous accueillent dès notre entrée. En effet, cette boutique n’est pas seulement une épicerie traditionnelle : elle propose également des graines et plantes. Fleurs, herbes aromatiques, légumes, … Tout y passe. Autant d’occasions de remplir un appartement ou une maison de verdure et ainsi échapper un peu au gris parisien. Parmi les semences proposées, les graines anciennes de l’association Kokopelli, une belle initiative car cette association a bien besoin de soutiens, au vu des problèmes qu’elle rencontre avec la justice (même si une issue favorable pourrait se dessiner à terme).

Ici, on a en effet le souci du beau, mais aussi du bon. Les produits sont sélectionnés avec le plus grand soin, une part belle est faite aux plus naturels d’entre eux (biologiques, notamment, mais également d’autres filières respectueuses de l’environnement et du vivant). On retrouve ainsi des produits créés par des marques reconnues, telles que les pâtes Cornand, des épices de chez Olivier Roellinger, des infusions et thés du Palais des thés… mais aussi beaucoup de mélanges et sélections maison, tels que des kits à riz au lait, crèmes parfumées ou autres éclats de biscuits divers. Les créateurs du lieu, Sophie et Philippe, ont beaucoup travaillé sur leurs gammes de produits et cela se sent. Pour ces entrepreneurs issus de parcours en reconversion professionnel, l’essentiel était de partager leur gourmandise avec la clientèle et ainsi redonner vie à ce lieu chargé d’histoire, puisque l’on se trouve bien dans une épicerie abandonnée à laquelle les deux compères sont parvenus à insuffler un vrai souffle de vie, tout en gardant un superbe charme un peu désuet, que l’on retrouve au travers de ces pots remplis de fruits confits, bonbons et autres douceurs.

On notera également les très beaux objets de décoration dont recèle la boutique, comme ces bols peints qui parsèment les étagères du lieu. Tout cela est très coloré, varié et qualitatif. La gourmandise est de mise, avec notamment une sélection de cakes, dont certains proviennent directement de chez Gontran Cherrier, dont la boulangerie se situe à quelques centaines de mètres. C’est bien vu, car cela montre une volonté de s’intégrer dans une communauté locale et de ne pas chercher des produits à l’autre bout de la planète si l’on en dispose à portée de main.

Pour ne rien gâcher, notre visite est accompagnée par des conseils avisés et un personnel bien formé sur les produits vendus au sein de la boutique, ce qui est d’autant plus important compte tenu du choix proposé en ces murs.

Infos pratiques

7 rue des Abbesses – 75018 Paris (métro Abbesses, ligne 12) / tél : 01 46 06 64 71
ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 20h, le dimanche de 11h à 19h.

Faut-il y aller ? Pour se distraire, découvrir, faire germer des idées de décoration et d’aménagement, faire le plein de produits gourmands et que sais-je encore… Oui, bien sûr ! Cette épicerie-graineterie regorge d’idées bien pensées et de produits de première qualité qui pourront satisfaire tous les besoins. Bien entendu, comme souvent, le revers de la médaille se situe du côté des prix, qui demeurent relativement élevés.

BOUTIQUE FERMEE

Chaque secteur d’activité développe ses tendances, ses modes. Elles prennent plus ou moins d’ampleur en fonction de la facilité qu’on les gens à se les approprier, et des déclinaisons qu’elles peuvent comporter. Autre facteur potentiel de succès, le fait que le mouvement soit « importé » de contrées plus ou moins éloignées…

En pâtisserie, une déferlante a frappé nos côtes depuis quelques mois voire années à présent, celle des douceurs américaines, et plus particulièrement des cupcakes. Vous savez, ces petits gâteaux cuits dans un moule en forme de tasse ou dans une caissette en papier, et recouverts d’un glaçage ou nappage généralement assez riche (chantilly, crème au beurre, philadelphia cream-cheese…). Ils rivalisent de volutes et divers décors pour attirer l’oeil des gourmands et susciter l’envie. L’avantage, c’est qu’ils ne sont pas bien compliqués à réaliser, que l’on peut en faire chez soi et que chacun peut y apporter sa note toute personnelle.

C’est ainsi que les cupcakes ont pu se développer de cette façon en France et qu’ils sont devenus un véritable phénomène de mode. On en retrouve un peu partout, et même dans des boulangeries. J’ai ainsi pu en voir au Moulin de la Vierge, qui entretiendrait plutôt une image « traditionnelle » dans ses gammes de produits. Malheureusement, je ne suis pas certain que l’ensemble des artisans qui en proposent fabriquent réellement ces pâtisseries, et nos amis industriels ont depuis longtemps flairé le filon, puisque ces gourmandises figurent à leur catalogue en de nombreuses déclinaisons. A côté de cela, il existe des boutiques « spécialisées », monoproduit, qui créent des cupcakes tous plus originaux les uns que les autres. Parmi les plus reconnues, on peut bien entendu citer Chloé S. dans le 9è arrondissement, Berko rue Rambuteau & rue Lepic ou encore Miss Cupcake (Paris 18è) et Synie’s Cupcakes (Paris 6è). Autant dire que le marché est presque saturé, et qu’il est difficile de s’implanter sur ce secteur aujourd’hui.

A côté de cela, il reste bien entendu possible de réaliser ces pâtisseries à la maison, et c’est bien toute la force de cette pâtisserie : dès lors qu’on a un peu d’envie, de créativité, quelques accessoires, de la farine, du beurre, du sucre et divers ingrédients au coût relativement limité, il est tout à fait possible de se lancer. L’ensemble des enseignes de loisirs créatifs proposent des outils et guides pour accompagner cet envol créatif. Cependant, dès lors que l’on veut se perfectionner ou aller un peu plus loin, le choix devient plus limité et on regrette de ne pouvoir aller au fond des choses.
Heureusement, certains entrepreneurs ont bien compris qu’ils pouvaient oeuvrer sur ce créneau et nous proposent de quoi réaliser des gâteaux américains au top de leur forme, et bien plus encore. C’est le cas de Cake & Bake Accessories, une charmante petite boutique installée au 5 rue de Lancry dans le 10è arrondissement, et inaugurée le mois dernier.

Dès que l’on franchit la porte de l’échoppe, c’est un peu comme si l’on traversait l’Atlantique, pas à la rame mais au fouet et au nécessaire à pâtisserie. Un voyage tout en douceur(s). Livres, moules, colorants, ustensiles, pâtes de sucre multicolores, … rien ne manque pour satisfaire vos envies gourmandes et surprendre vos invités lors de goûters ou événements divers. La plupart des produits sont directement importés de l’étranger, certains quasi-introuvables ailleurs. Difficile de faire plus complet !
De plus, du fait de la spécialisation de la boutique, on bénéficie d’un conseil particulièrement pointu sur le sujet, servi de plus avec un charmant accent qui prolonge le « voyage » et achève de nous dépayser complètement. Ici, l’équipe est vraiment passionnée par cet univers et a à coeur de le partager, tout en prenant part à la vie de cette « communauté » organisée autour de ces pâtisseries américaines – cupcakes, mais également birthday cakes, cookies, scones et autres…
Dans ce petit espace de la rue de Lancry, on trouve un univers particulièrement attachant et singulier, assez différent de celui développé dans la culture du sucré français. Certes, on pourra reprocher à ces pâtisseries de ne pas toujours être très fines, mais leur décor l’est et cela possède un charme et un caractère qui ne manquent pas d’être attachants.

Infos pratiques

5 rue de Lancry – 75010 Paris (métro Jacques Bonsergent, ligne 5 ou République, lignes 3, 5, 8, 9 et 11)
BOUTIQUE FERMEE DEFINITIVEMENT

Faut-il y aller ? Si vous voulez vous lancer dans la création de cupcakes et autres douceurs très américaines, bien sûr, vous trouverez ici tout ce dont vous avez besoin, avec le conseil de connaisseurs, ce qui n’est pas négligeable ! Une adresse toute jeune et bien sympathique, qui ne demande qu’à grandir.

Parmi toutes mes visites, il y a forcément des lieux qui me marquent plus que d’autres et dans lesquels je prends plaisir à revenir de façon répétée, car j’y trouve autant des produits qu’un état d’esprit intéressants. Dans certains cas c’est un peu plus compliqué, du fait de la localisation géographique de l’endroit, mais cela ne m’empêche pas de faire le voyage pour mon propre plaisir.

Le lieu est rempli par une belle lumière naturelle

C’est pour cette raison qu’il était tout naturel pour moi de retourner chez Nicolas Bernardé à La Garenne Colombes, afin de découvrir un peu plus son univers gourmand. Dans cette paisible ville de banlieue, ce Meilleur Ouvrier de France a élu domicile au sein de cette élégante boutique, donnant directement sur la place de l’église et du marché. Un emplacement stratégique pour cet artisan chez qui la fraicheur et les produits de saison tiennent une place importante.
En effet, il propose depuis quelques semaines une pâtisserie « unique » le samedi, créée selon l’inspiration et les produits sélectionnés le mercredi sur le marché de la place de la Liberté. Cette semaine, la création tournera donc autour de l’orange, en plus d’une fournée de confitures à base de mangues, elles aussi achetées sur ce même marché. C’est ainsi que devrait toujours être conçue la pâtisserie et en règle générale la gourmandise : de façon vivante, au jour le jour, sans s’imposer des collections ou des concepts qui l’éloignent peu à peu des vraies saveurs qu’elle doit développer.

Le fameux mur de confitures

Je reste toujours aussi admiratif devant le travail effectué sur l’aménagement de ce lieu qui était auparavant un restaurant, dans lequel les habitants du secteur possèdent nombre de souvenirs. Sobriété, élégance, fonctionnalité et surtout excellente mise en avant des produits, tout est réuni pour créer un endroit où l’on se sent bien et où nos sens sont pleinement éveillés pour découvrir les gammes sucrées et salées déclinées ici. Vinaigres insolites, sels et sucres parfumés aux épices et autres douceurs… Nicolas Bernardé travaille les produits qu’il aime et cela se sent. Ce fameux mur de confitures en est un exemple frappant : il met bien en avant la façon singulière de traiter les fruits que développe cet artisan. Ici, pas de produits fortement gélifiés, remplis de pectine pour obtenir un résultat compact. Au contraire, les confitures sont soyeuses, on y retrouve de nombreux morceaux de fruit et même si cela passe un peu au travers quand on les étale sur nos tranches de pain très painrisiennes, cela ne gâche en rien notre plaisir… ce serait même plutôt l’inverse ! De plus, impossible de tricher avec de tels partis pris : les matières premières mises en oeuvre doivent être de première qualité.
Quant aux taux de sucre et aux dates limites de conservation non indiquées sur les pots, l’artisan m’a indiqué que les étiquettes étaient en cours de réimpression. En effet, Nicolas Bernardé prend plaisir à venir à la rencontre de sa clientèle, pour la conseiller et partager sa passion au quotidien. Son épouse est également une excellente ambassadrice de cet univers gourmand.

Vinaigres parfumés, confitures, huiles, sucres et sels... De quoi faire bouger sa cuisine !

Ce choix d’implantation plutôt audacieux et inattendu de la part d’un homme au parcours si étoilé permet de développer autour de cette boutique une vraie proximité et un lien fort qui ne serait pas aussi développé dans une ville telle que Paris. En effet, beaucoup de clients viennent et reviennent, partagent leurs expériences avec les différents produits et donnent de nouvelles idées, qui ne manquent pas d’être intégrées dans les conseils donnés par la suite. Un véritable réseau d’échanges !

Les cakes affichent un visuel très abouti

Impossible de repartir en faisant l’impasse sur ces cakes à la finition minutieuse, tellement appliquée que l’on voudrait préserver son intégrité et ne pas entamer ce concentré de gourmandise. Marrons, chocolat, pistache… Autant de déclinaisons qui ne peuvent qu’attirer l’attention. Même constat du côté des caramels, dont les parfums de tarte au citron, de pignon ou encore de framboise ne manquent pas d’intriguer.

Un océan de caramels...

Le plus beau dans tout cela est certainement la simplicité et l’amour du métier que l’on retrouve à La Belle Epoque. Tandis que certains chefs s’inscrivent dans une quête effrénée de reconnaissance et de gloire, Nicolas Bernardé et son équipe cherchent simplement à partager, à créer du plaisir. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans leurs cours, accessibles à tous et permettant à chacun d’accroitre son savoir pour à son tour partager cet univers gourmand. Le programme est disponible sur le site internet de l’artisan.

Je ne suis pas reparti les mains vides : 3 pots de confiture et un « Sel de la Terre » ont fait mon bonheur du jour… avant une prochaine visite.

Infos pratiques

2 place de la Liberté – 92250 La Garenne-Colombes (Transilien Ligne L, gare de La Garenne-Colombes) / tél : 01 41 19 02 74
ouvert les mardi, jeudi et vendredi de 10h à 19h30 et les mercredi et samedi de 9h30 à 19h30.
Site internet : http://www.nicolas-bernarde.com