25
Août
2013
La Fille du Boulanger, Paris 17è, quand une fille roule son père dans la farine
27 commentairesLes relations entre générations sont en pleine mutation, dans une société en pleine recherche de repères. Les traditionnels rapports d’autorité, de respect et de transmission à sens unique ont tendance à être fortement revus au profit de schémas plus équilibrés, où l’échange finit par trouver sa place quand cela a lieu d’être… Même si certains abandonnent complètement la partie et laissent évoluer leur progéniture selon ses propres règles, ce qui est loin d’aboutir à des résultats probants. Bref, tout cela pour dire que si l’on connaissait des familles de boulanger, le mouvement pourrait bien passer de descendant à ascendant, les enfants tentant d’impliquer leurs parents dans leurs projets panifiés.
C’est précisément le cas ici, dans le 17è arrondissement. En effet, au 38 rue des Batignolles, une boulangerie moderne, aux nuances grises et rosées, vient de prendre la suite des époux Connan, installés depuis 25 ans dans le quartier. Son nom ? La Fille du Boulanger. Un choix qui ne tient pas du hasard, mais bien d’un parcours atypique, et de l’histoire d’une famille pour qui le pain et la farine tiennent du mode de vie.
Anaïs Ramond est née dans cet univers bien particulier, et a ainsi grandi au milieu des salons biologiques où son père vendait des pains. Il faut dire que l’homme est un des pionniers dans le secteur, et a longtemps œuvré en tant que Commercial pour les farines Lemaire – groupe Axiane – ou Decollogne. De nombreux artisans gardent aujourd’hui avec Francis Ramond de véritables rapports affectifs, preuve -s’il en fallait une- de son engagement.
Seulement voilà. La mouche de la boulangerie avait piqué la jeune femme, et c’est après un cursus commercial – un diplôme de l’ESSEC en poche, plus précisément – qu’elle a voulu concrétiser son projet. Plutôt que de se lancer seule, elle a tenté de convaincre son père, initialement peu enclin à passer de la farine au pain… et pourtant. Un CAP de Boulanger en poche, fraichement obtenu à l’EBP suite à une formation en reconversion professionnelle, on le retrouve à présent au sein du fournil de cette affaire entièrement rénovée.
Rénovée, je devrais plutôt dire transformée. L’endroit n’a plus grand chose à voir avec ce qu’il pouvait être avant : on passe d’une boutique sombre et étriquée à un espace de vente agréable, moderne et sobre. Côté produits, là aussi, la transformation est importante. Fidèle à ses convictions, Francis Ramond a souhaité développer une gamme Biologique, en plus des pains de Tradition. Pour cela, il a voulu s’entourer d’une autre famille, en l’occurrence les Bourgeois, qui livrent les farines.
Châtaigne, seigle, noix, raisins, … la gamme est large et chacun peut prendre plaisir à la découvrir grâce au « bar à pains », un élément cher à notre « jeune » artisan : en effet, tous les jours, l’ensemble de la gamme de pains spéciaux sera proposée à la dégustation. Une excellente façon d’inciter le consommateur à découvrir les spécialités de la maison.
Bien sûr, les fondamentaux sont là, à l’image d’une baguette de Tradition à la mie sauvage et aux délicates notes de céréales torréfiées. Autant croustillante qu’élégante -un poil sèche pour moi, cependant, amateur de mies hydratées que je suis-, je ne doute pas qu’elle saura se faire une place dans le paysage boulanger local.
Bonne nouvelle également pour les intolérants au gluten, puisqu’une gamme de pains sans blé est proposée. Réalisée dans un laboratoire dédié et à l’abri de potentielles « contaminations », ils répondent aux exigences nécessaires pour les intolérances marquées.
Il faudra sans doute attendre un peu afin que l’ensemble des gammes soient rodées : les sandwiches seront ainsi préparés à la demande au sein même de la boutique, devant les yeux des clients, et les pâtisseries trouveront certainement leur rythme de croisière. Rien à redire par contre du côté des viennoiseries, ces dernières offrant dès à présent un superbe feuilletage.
Les habitués des lieux apprécieront sans doute le fait qu’une des vendeuses déjà en place continue l’aventure, rejointe par des apprenties dynamiques… et la Fille du Boulanger, bien sûr, puisque Anaïs Ramond assurera le service. Cette nouvelle équipe recevra sans aucun doute un accueil favorable de la clientèle, grâce à sa volonté de renouveler l’offre locale, aussi bien sur le plan qualitatif qu’en terme de variété. Pour l’hygiène, les gants magnétiques Scaritech font merveille : j’aimerais voir ce genre de produit se répandre dans les boulangeries, car leur caractère pratique rend l’hygiène « facile ». La vision « neuve », issue de la meunerie pour l’un, d’une école de commerce pour l’autre, ne peut que contribuer à dynamiser l’affaire. Un exemple parmi d’autres : le système de carte de fidélité, qui permettra aux clients d’obtenir des produits gratuits, et au commerçant de les tenir informés de l’actualité de la boutique. Un vrai système de Gestion de la Relation Client, bien rare en boulangerie artisanale. Comme quoi, quand des enfants roulent leurs parents dans la farine, cela peut aussi donner des résultats intéressants…!
Infos pratiques
38 rue des Batignolles – 75017 Paris (métro Rome, ligne 2 ou Place de Clichy, lignes 2 et 13) / tél : 01 45 22 45 04
ouvert du lundi au samedi de 6h45 à 20h.