Les relations entre générations sont en pleine mutation, dans une société en pleine recherche de repères. Les traditionnels rapports d’autorité, de respect et de transmission à sens unique ont tendance à être fortement revus au profit de schémas plus équilibrés, où l’échange finit par trouver sa place quand cela a lieu d’être… Même si certains abandonnent complètement la partie et laissent évoluer leur progéniture selon ses propres règles, ce qui est loin d’aboutir à des résultats probants. Bref, tout cela pour dire que si l’on connaissait des familles de boulanger, le mouvement pourrait bien passer de descendant à ascendant, les enfants tentant d’impliquer leurs parents dans leurs projets panifiés.

C’est précisément le cas ici, dans le 17è arrondissement. En effet, au 38 rue des Batignolles, une boulangerie moderne, aux nuances grises et rosées, vient de prendre la suite des époux Connan, installés depuis 25 ans dans le quartier. Son nom ? La Fille du Boulanger. Un choix qui ne tient pas du hasard, mais bien d’un parcours atypique, et de l’histoire d’une famille pour qui le pain et la farine tiennent du mode de vie.
Anaïs Ramond est née dans cet univers bien particulier, et a ainsi grandi au milieu des salons biologiques où son père vendait des pains. Il faut dire que l’homme est un des pionniers dans le secteur, et a longtemps œuvré en tant que Commercial pour les farines Lemaire – groupe Axiane – ou Decollogne. De nombreux artisans gardent aujourd’hui avec Francis Ramond de véritables rapports affectifs, preuve -s’il en fallait une- de son engagement.

La Fille du Boulanger, Paris 17è

Seulement voilà. La mouche de la boulangerie avait piqué la jeune femme, et c’est après un cursus commercial – un diplôme de l’ESSEC en poche, plus précisément – qu’elle a voulu concrétiser son projet. Plutôt que de se lancer seule, elle a tenté de convaincre son père, initialement peu enclin à passer de la farine au pain… et pourtant. Un CAP de Boulanger en poche, fraichement obtenu à l’EBP suite à une formation en reconversion professionnelle, on le retrouve à présent au sein du fournil de cette affaire entièrement rénovée.

Rénovée, je devrais plutôt dire transformée. L’endroit n’a plus grand chose à voir avec ce qu’il pouvait être avant : on passe d’une boutique sombre et étriquée à un espace de vente agréable, moderne et sobre. Côté produits, là aussi, la transformation est importante. Fidèle à ses convictions, Francis Ramond a souhaité développer une gamme Biologique, en plus des pains de Tradition. Pour cela, il a voulu s’entourer d’une autre famille, en l’occurrence les Bourgeois, qui livrent les farines.
Châtaigne, seigle, noix, raisins, … la gamme est large et chacun peut prendre plaisir à la découvrir grâce au « bar à pains », un élément cher à notre « jeune » artisan : en effet, tous les jours, l’ensemble de la gamme de pains spéciaux sera proposée à la dégustation. Une excellente façon d’inciter le consommateur à découvrir les spécialités de la maison.
Bien sûr, les fondamentaux sont là, à l’image d’une baguette de Tradition à la mie sauvage et aux délicates notes de céréales torréfiées. Autant croustillante qu’élégante -un poil sèche pour moi, cependant, amateur de mies hydratées que je suis-, je ne doute pas qu’elle saura se faire une place dans le paysage boulanger local.

Pains, bar à pains, viennoiseries, La Fille du Boulanger, Paris 17è

Bonne nouvelle également pour les intolérants au gluten, puisqu’une gamme de pains sans blé est proposée. Réalisée dans un laboratoire dédié et à l’abri de potentielles « contaminations », ils répondent aux exigences nécessaires pour les intolérances marquées.
Il faudra sans doute attendre un peu afin que l’ensemble des gammes soient rodées : les sandwiches seront ainsi préparés à la demande au sein même de la boutique, devant les yeux des clients, et les pâtisseries trouveront certainement leur rythme de croisière. Rien à redire par contre du côté des viennoiseries, ces dernières offrant dès à présent un superbe feuilletage.

Pâtisseries & pains sans Blé, La Fille du Boulanger, Paris 17è

Les habitués des lieux apprécieront sans doute le fait qu’une des vendeuses déjà en place continue l’aventure, rejointe par des apprenties dynamiques… et la Fille du Boulanger, bien sûr, puisque Anaïs Ramond assurera le service. Cette nouvelle équipe recevra sans aucun doute un accueil favorable de la clientèle, grâce à sa volonté de renouveler l’offre locale, aussi bien sur le plan qualitatif qu’en terme de variété. Pour l’hygiène, les gants magnétiques Scaritech font merveille : j’aimerais voir ce genre de produit se répandre dans les boulangeries, car leur caractère pratique rend l’hygiène « facile ». La vision « neuve », issue de la meunerie pour l’un, d’une école de commerce pour l’autre, ne peut que contribuer à dynamiser l’affaire. Un exemple parmi d’autres : le système de carte de fidélité, qui permettra aux clients d’obtenir des produits gratuits, et au commerçant de les tenir informés de l’actualité de la boutique. Un vrai système de Gestion de la Relation Client, bien rare en boulangerie artisanale. Comme quoi, quand des enfants roulent leurs parents dans la farine, cela peut aussi donner des résultats intéressants…!

Infos pratiques

38 rue des Batignolles – 75017 Paris (métro Rome, ligne 2 ou Place de Clichy, lignes 2 et 13) / tél : 01 45 22 45 04
ouvert du lundi au samedi de 6h45 à 20h.

27 réflexions au sujet de « La Fille du Boulanger, Paris 17è, quand une fille roule son père dans la farine »

  1. Testé ce midi sandwich dans une délicieuse baguette (pas pu finir tellement copieux) et repartie avec un fort appétissant pain a la châtaigne. le quartier commence enfin a etre recommandable en terme de boulangeries ! ( je recommande PASCAL le nouveau boulanger du marché des Batignolles dont les viennoiseries sont tout aussi délicieuses que les glaces maisons… )

  2. Je prenais régulièrement un sandwich à l’ancienne boulangerie depuis plus de 5 ans et j’avoue avoir été déçue par la tradition que j’ai trouvé moi aussi sèche. Les sandwich du midi étaient souvent fait avec du pain qui sortait du four, c’était croustillant et fondant à la fois.L’aspect visuel des pâtisseries est à revoir, car cela ne m’a pas donné envie de tester et du coup j’ai pris une viennoiserie. Il y avait aussi un rendu de monnaie sur les tickets restaurants pour les habitués, maintenant on a un avoir. Sinon la nouvelle boutique est top, rien à dire.

  3. Habitant le quartier depuis 6 ans, j’ai été frappée par l’accueil souriant de ceux qui travaillent à la fille du boulanger. Ça fait vraiment plaisir de ne pas être traité comme un porte monnaie. Et la soirée commence bien quand on a un sourire de sa boulangère en sortant du travail !
    Pour le reste, je pense qu’ils ne feront que s’améliorer. Ils m’ont l’air ouverts.

  4. Bonjour,
    Merci bcp pour les premiers commentaires des lecteurs du Painrisien.En effet,notre volonté, à ma fille ,moi même et toute notre équipe est de satisfaire notre clientèle.
    Comme toute phase de démarrage,il y a des « réglages » à opérer pour améliorer la qualité, à la fois du pain ,de la pâtisserie et de la viennoiserie ce que traduit très bien l’article paru.
    N’hésitez pas à continuer à nous faire part de vos remarques par le blog ou mieux directement en magasin..
    Merci d’avance.
    Francis.

  5. Merci, pour cet accueil aussi agréable que le croustillant et le moëlleux du bon pain, car :
    « menés à la baguette depuis pas mal de temps par bon nombre de commerçants du quartier » … !
    Que la Fille du Boulanger trouve bonheur au creux des Batignolles.

  6. Après 2 (modestes) visites, voici un premier aperçu de cette sympathique boulangerie :
    – La possibilité de découvrir les pains est une bonne idée qui joue sur l’acte d’achat. Rien de plus agaçant que de sortir des sentiers battus et de se rendre compte au final que cela ne nous conviens pas. En goûtant, on peut se faire une bonne idée.
    – Un conseil, si vous voulez le choix le plus large de pains, mieux vaut éviter le samedi en milieu d’après midi car il manque déjà des variétés (ex vers 16h : plus de pain aux céréales, figues, pétites de chocolat).
    – Le pain a peut-être tendance à être un peu trop sec à J+1 (cas d’un boule grand épeautre). Qu’en serait-il à J+3 si une taille supérieure était proposée ? Revoir peut-être l’hydratation de la mie.
    – Le pain aux noix se mange comme un gâteau. Miam !
    – Les 2 pains sans gluten : petit épeautre et mélange sarrasin-riz (sans en être certain) ne sont pas fabriqués par la boulangerie mais par une autre entreprise bien distincte (laquelle ?).
    – Une très agréable surprise : le flan nature : une bonne odeur d’oeuf, une texture un peu tremblotante (un bon signe), une part généreuse pour 2,2 €. Par contre, la gelée brillante au léger goût d’abricot dessus est totalement inutile, voire même dessert le flan lui-même (faisons simple !!!). Avec une pâte sablée un peu plus cuite, cela serait parfait.
    – Petites madeleines sympathiques… et tant d’autres gourmandises qui restent à découvrir (cakes…).

  7. Bonjour,

    Je vais venir voir cela de plus près…. en tout cas cela présage très certainement que du positif pour cette belle Boulangerie. je vais venir faire un tour prochainement.

  8. J’aime beaucoup cette nouvelle boulangerie, agréable a regarder et qui donne envie de rentrer pour acheter quelque chose. Avec du personnel très agréable (y compris la dame qui était la avant) J’ai pu goûter un éclair a la framboise, (que j’ai trouvé bonne), la tradi choco, sympa aussi mais lorsque j’ai demander une baguette aux graines de sésame, je me suis retrouvé avec 1 baguette aux multiple graine. Qui était très bonne, certe mais pas aux graines de sésame (uniquement). En tout cas bravo, je reviendrai très prochainement pour tester d’autre truc nouveau. J’apprécie beaucoup d’ailleurs cette nouveauté qu’on ne trouve nul part ailleurs.
    Mumu

  9. Bonjour Anaïs et Francis,

    Quel plaisir de voir que vous êtes allés au bout de vos rêves.
    Je dois me rendre à Paris jeudi prochain et ne manquerai pas de venir déguster une de vos viennoiserie.
    Je vous souhaite une réussite bien méritée.
    Bien amicalement,
    Catherine

  10. Bonjour Francis,

    Bravo pour votre joli projet qui ne peut être qu’une réussite tellement tu es passionné.

    Quand je passe à Paris, je viendrais découvrir la fille du boulanger….

    A très bientôt.

    Fabienne

  11. L’accueil est certes très sympathique (merci Georgette) mais je pense que la qualité du pain est encore un peu inférieure à d’autres boulangeries du 17e (pain un peu sec).
    Mais bon je retenterai car l’accueil est vraiment très sympathique!

  12. Cela fait plaisir de voir enfin une boulangerie où l’on est bien accueilli. Contrairement à la boulangerie/pâtisserie du coin de la rue qui dit à peine bonjour et est de plus en plus désagréable et qui sert en plus du pain et des viennoiseries trop cuites, celle-ci est bien plus accueillante, les vendeuses sont souriantes et en plus c’est excellent. Longue route à vous! 🙂

  13. j’étais a Marjolaine hier , bio addict , j’ai gouté a votre pain chataigne quinoa , un véritable délice !!
    Je ne vous connaissais pas , et dire que mon mari a un restaurant près de chez vous , rue de Turin , Le Percolateur , je vais l’envoyer chez vous !!:-)
    Merci!

    • Merci!
      A bientôt donc sur Vivez Nature Porte de la Villette dès le 30 janvier jusqu’au 2 Février.
      (invitation gratuite sur FAZCEBOOK LA FILLE DU BOULANGER

  14. Bonjour Francis et Anaïs
    Un petit clin d’oeil de Montfort sur/meu, je parcours les actualités CARAC et je vois une jolie demoiselle avec son papa, celui-ci me fait revenir quelques années en arrière, nous avons travaillé ensemble chez Celbert a Maure de Bretagne, je travaillais avec Denis Marcault a l’école de Maitre Crêpier et pizzaiolo
    Félicitations pour ta fille , un beau parcours, tu n’as pas changé, le travail conserve.
    Francis lorsque je serais de passage a Paris, je me ferais un plaisir d’aller chercher mon pain chez la fille du boulanger, ma fille habite rue Sedaine dans le 11eme

  15. Bonjour Francis
    Félicitation pour l’ouverture de la Fille du Boulanger
    Travailler avec ses enfants c’est le rêve de beaucoup de parents et tu as réussi, nous allons passé cette semaine te faire un petit coucou de Bretagne
    J’espère que tu te souviens de moi je travaillais avec Denis Marcault et Eddy Netechby a Maure
    Je te souhaite une bonne journèe bien-sur en associant Anais et toute l’Equipe
    Armelle Robert

  16. Bonjour, vous pourriez modifier votre article SVP? Car cette boulangerie ne fait QUE du pain sans gluten, pas de pâtisseries etc… J’ai traversé tout Paris pour rien. Il y en a un peu marre déjà que la vie sans gluten c’est pas drôle mais si en plus on nous rend la vie encore plus chiante ça suffit. Merci beaucoup

  17. Je ne comprends pas que l’on parle partout de reconversion dans le cas de la propriétaire.C’est selon moi une entreprise qui a été créée après étude de marché : 13 employés /pains avec haute valeur pécunière ajoutée /adaptée à une clientèle bobo.Quand on sort de l’ESSEC c’est une possibilité hautement probable.Je n’ai rien contre Anaïs hein :))

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