Une des grandes difficultés rencontrées par les « chaînes » de magasins est de parvenir à entretenir un niveau de qualité équivalent entre les implantations de l’enseigne, afin que les consommateurs ne soient pas déçus ou déroutés face à des différences trop importantes. C’est un véritable challenge, car cela tient à beaucoup de facteurs, dont la formation du personnel, l’implication de celui-ci, la maîtrise du concept, le choix de l’aménagement et de l’emplacement de la boutique… Cela se complique encore plus quand on parle d’un métier artisanal tel que la boulangerie, où les produits sont réalisés quotidiennement au sein du fournil ! On reproche beaucoup les importantes différences de qualité entre les différentes boutiques d’Eric Kayser, notamment. Le phénomène était quasi-inévitable.

Parmi les autres « enseignes » de la boulangerie présentes dans la capitale, Le Grenier à Pain fait certainement partie des plus renommées, avec quelques adresses à la réputation quasi-indémontable, telle que la boulangerie des Abbesses (même si je n’en suis pas un grand adepte !). D’ailleurs, ce n’est pas à proprement parler une chaîne telle qu’on pourrait la concevoir habituellement. Il sera plus opportun de décrire la marque comme un réseau d’artisans fédérés autour d’un concept et d’une certaine vision de la boulangerie. Cela explique les différences importantes qui peuvent exister entre les boutiques, que ce soit en terme de gamme ou de qualité.
Aujourd’hui, c’est du côté du 12è arrondissement que nous nous rendons, plus précisément au 149 rue du Faubourg Saint-Antoine. Dès que l’on entre dans cette boutique, on prend bien conscience du fossé qui peut exister entre les différentes boulangeries de l’entreprise de Michel Galloyer. On est bien loin de l’ambiance tamisée et plutôt élégante de la rue des Abbesses ou de la rue Caulaincourt. Ici, la lumière est crue et l’aménagement ne semble pas avoir été particulièrement soigné. Peut-être a-t-il mal vieilli, difficile de se faire une idée claire. Toujours est-il que l’ensemble donne une impression très brouillon, peu soignée et pas très nette, au final. Difficile de se sentir vraiment à l’aise.
On retrouve quelques éléments du concept Grenier à Pain, tels que les produits d’épicerie sur une étagère à l’entrée. Sauf qu’ici, l’épicerie n’est plus très ‘fine’ : on trouve des pots de confiture bas de gamme, posés là… parce qu’il le fallait, ainsi que quelques bouteilles de cidre… et de Champomy. Bien.
La file d’attente est étroite, difficile de se croiser entre les clients arrivant et ceux déjà servis. Tout ce beau monde se déplace difficilement de et vers ce fond de boutique un peu sombre ou siège le pain.

Parlons-en, de ce pain. C’est certainement la seule chose présentant un minimum d’intérêt ici. Les cuissons sont correctes, même si les miches ont une fâcheuse tendance à être excessivement farinées Les pains de tradition, et notamment la baguette, dérivée plus ou moins directement du diagramme Retrodor, se défendent honorablement et expriment d’agréables arômes de froment – quoi de plus normal, me direz-vous. La gamme n’est pas très étendue, on retrouve les grands classiques du genre, tels que les pains aux céréales, un pain réalisé sur Poolish ou le ‘pain de 3’, signature du Grenier à pain. Un parfum de levain est parfois un peu trop présent, sans qu’il soit particulièrement agréable. On pourra noter l’existence de ficelles aux tomates séchées et aux herbes, agréables à déguster avec une salade lors d’un déjeuner léger… Même si les températures à venir ne nous y inciteront certainement plus. Dans l’ensemble, la conservation est acceptable, sans plus.

En regardant les vitrines du coté des patisseries, on comprend vite qu’il est préférable de passer son tour, les produits bénéficiant d’une finition plus que moyenne, en plus de ne pas être vraiment mis en valeur. Même constat pour les viennoiseries et autres gourmandises.
Les sandwiches et en-cas flirtent juste avec la moyenne, tout comme leur prix, les tarifs étant – fort heureusement – assez modérés dans cette boulangerie. Cependant, on peut se poser la question du rapport qualité/prix et de l’intérêt de l’offre.

Reste le service qui réalise des efforts méritoires pour relever le niveau de l’endroit, en offrant sourire et chaleur humaine, même si les produits ne sont pas parfaitement maitrisés. L’efficacité reste de mise et les clients sont servis rapidement. Cela ne parvient cependant pas à compenser le manque d’enthousiasme général que l’on peut avoir vis à vis de cette boulangerie.

Infos pratiques

149, rue du Faubourg Saint Antoine – 75011 Paris (métro Faidherbe Chaligny, ligne 8) / tél : 01 43 41 60 17

Avis résumé

Pain ? Juste correct. Les pains de tradition sont plutôt bien réalisés, les cuissons acceptables et les façonnages assez soignés. Le reste de la gamme demeure très court, rien de bien intéressant à signaler, mis à part des ficelles aux accents méridionaux. Les prix sont modérés, fort heureusement.
Accueil ? Souriant et chaleureux, c’est peut être ce que l’on retient le plus ici car le cadre offert par la boutique n’est pas des plus reluisants. Quelques travaux ne seraient pas un luxe, car le décor fait vraiment passé à présent. Il n’y a pas à y rester longtemps cependant, car le service est efficace.
Le reste ? Mieux vaut passer son chemin. Les pâtisseries affichent des finitions médiocres, les viennoiseries ne font pas tellement mieux, et la gamme salée est juste acceptable. En bref, rien ne ressort de cet ensemble plutôt décevant.

Faut-il y aller ? Je pense qu’il serait préférable de continuer un peu plus loin, par exemple pour aller rendre visite à L’Autre Boulange, située non loin sur la rue de Montreuil, ou encore à la Boulangerie d’Isa, où la baguette de tradition est bien plus intéressante. Cette boulangerie ne développe aucun point fort, mis à part son accueil, peut-être. Cela ne suffit pas, car c’est bien lors de la dégustation que le travail de l’artisan doit prendre tout son sens, et pas dans une impression en boutique.

4 réflexions au sujet de « Le Grenier à Pain Saint Antoine, de l’irrégularité des « chaînes » »

  1. Bonsoir
    Je vous félicite pour votre critique, je fais moi meme partie du réseau grenier a pain (italie/Sevres et Caulaincourt)
    Nous sommes effectivement un réseau de boulangers pâtissiers afilier a une enseigne
    Malheureusement, dans le réseau certain n’apportent pas autant de rigueur que d’autre sur la qualité des produits proposés.
    Nous sommes les désolés de le constater mais notre réseau contient 3 franchisés qui ne sont pas du tout a la hauteur des valeurs que Michel GALLOYER nous a inculqué.

    Cordialement

    M. Joly

    • Bonsoir M. Joly,

      Merci pour votre commentaire !
      Effectivement, il est dommage que certains boulangers affiliés à votre réseau ne soient pas à la hauteur, même s’il est rassurant que vous en ayez conscience, ce qui signifie que vous devez prêter une plus grande importance à la qualité des prestations de vos boulangeries 😉

      Belle soirée et à bientôt,

      Rémi

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