Quand je vous dis que le pain c’est aussi une histoire de voyage, c’est vraiment une conviction pour moi, car je pense sincèrement qu’il ne faut pas se limiter à notre culture de la baguette, regarder un peu ce qu’il se fait dans les différentes régions de France et du monde. Sinon, le risque est tout simplement l’ennui. D’ailleurs, je le connais un peu, l’ennui, dans cette grande capitale désertée. Tellement de boulangeries fermées, tant de quartiers désertés. Toute l’année on attend les vacances, mais au final, peut-être est-ce mieux d’habitude…

Revenons-en au sujet du jour. C’est assez curieux car je vous parle de deux familles de boulangers en deux jours. En effet, c’est chez Raoul Maeder, dans le 17è, que je vous emmène. Souvenez vous, j’avais écrit un billet sur la boutique de son cousin Benoît il y a quelques temps.
Ici, la boulangerie s’est transmise entre générations. En effet, cette échoppe en bordure de la capitale a été initialement créée par le père… pour être reprise par Raoul, le fils, en 2002. Ce qui est également resté, ce sont les origines alsaciennes et les spécialités qui s’y rattachent, au plus grand plaisir des parisiens, qui y trouvent un peu d’évasion à bon compte.

Pour autant, le boulanger excelle également dans le domaine des pains plus traditionnels. Sa baguette a ainsi été primée par deux fois, en 2000 et 2002. Réalisée selon un diagramme de type Retrodor, elle est effectivement fort séduisante : sa cuisson est toujours bien aboutie, la croûte est donc bien dorée, la mie alvéolée et riche en arômes. Pour la conservation, là encore, rien à redire, puisqu’elle conserve assez bien ses qualités de mâche au fil des heures. On croque dedans avec un plaisir non dissimulé pour retrouver ses notes de céréales torréfiées et de fruits secs, qui s’expriment tout particulièrement lorsque la cuisson est bien réalisée.

Les autres pains ne sont pas en reste : le pavé Korrigan (Farine de sarrasin, farine de blé malté, farine de seigle, farine de meule, levain de froment) ne manque pas de caractère, tout en restant peu acide, la boule au levain est de bonne facture et les différents pains aux céréales ou aux fruits secs sont bien réalisés. Pour l’ensemble de la gamme, les cuissons sont belles et c’est quelque chose que l’on aimerait voir plus souvent.

Bien entendu, il est difficile de résister à la tentation de ces bretzels, moelleux et salés à juste mesure, ou encore à celle de ces Kugelhopfs, sablés Linzer ou encore Sundgau. Toute la gourmandise alsacienne nous est livrée ici, avec un niveau de qualité équivalent voire supérieur à celui proposé par les artisans installés dans cette région.

Du côté des produits plus traditionnels, les pâtisseries sont de bonne tenue, le passage de Raoul Maeder dans des entreprises telles que la Maison du Chocolat n’y étant sûrement pas étranger. Les viennoiseries se placent dans une bonne moyenne, mais ce n’est certainement pas le centre d’intérêt de la maison. Côté traiteur, les différents sandwiches et propositions salées rencontrent un vif succès auprès de la clientèle du quartier, alliant fraîcheur et coût assez modéré – chose assez difficile à trouver dans ce quartier, un peu excentré.

L’accueil est sympathique, de bon conseil et possède une bonne connaissance de la gamme de produits. Cela rompt un peu avec la réputation un peu sèche des alsaciens, et c’est tant mieux, car cela participe à faire de cette boulangerie un endroit où l’on se rend avec plaisir.

Infos pratiques

158 bd Berthier – 75017 Paris (métro/RER Péreire – Porte de Champerret) / tél : 01 46 22 50 73
ouvert du mardi au samedi de 7h à 20h, le dimanche de 7h à 13h30.

Avis résumé

Pain ? Les cuissons sont magnifiques, les croûtes dorées et parfumées. La Retrodor est un modèle du genre, craquante et savoureuse, probablement l’une des meilleures de Paris, pour un tarif assez raisonnable (1,25 euros les 300gr). Cependant, elle ne doit pas occulter les autres pains de la gamme, et notamment le pavé Korrigan, une belle réalisation qui accompagnera l’ensemble des repas.
Accueil ? Dynamique, souriant et avenant. Le conseil est de bonne qualité, on sent une volonté de faire plaisir et de porter une bonne image de l’entreprise. On ressort de la boulangerie avec une impression agréable.
Le reste ? Les spécialités alsaciennes sont immanquables dans cette boulangerie. Bretzels, Kugelhopfs, Linzer, … tout est fait pour attirer notre gourmandise, et on se croirait vraiment partis dans l’est… alors que nous sommes toujours au Nord-Ouest de Paris, à deux pas du périphérique ! A noter également les pâtisseries, de bonne tenue pour une boulangerie, et l’offre salée plutôt qualitative.

Faut-il y aller ? Bien sûr, ne serait-ce que pour les spécialités alsaciennes qui font la particularité de l’endroit. Ce serait toutefois bien dommage de se limiter à cet aspect là, car les pains plus traditionnels ne sont pas en reste. L’ensemble est cohérent, l’accueil vient compléter le tout, voilà donc une bonne adresse. Un de ses seuls défauts ? Sa localisation, assez excentrée. C’est peut-être mieux ainsi, dans un sens, elle échappe ainsi à cette agitation très parisienne.

3 réflexions au sujet de « Raoul Maeder, un goût d’est à l’ouest de Paris »

  1. mon oasis dans le quartier. il faut surtout goûter au pain d’épices au moment des fêtes. Quand il sort du four il est magique et rassi d’une semaine impeccable avec un foie gras.

  2. Ping : Pain du jour : Tourte aux Graines de Courge, Raoul Maeder (Paris 17è) | painrisien

  3. Habitant dans le quartier, même si ce n’est pas la boulangerie la plus proche, je n’hésite jamais à marcher 200 m de plus pour aller chez eux. Tout est bon !
    Les Bretzels sont engloutis dès la sortie de la boutique, le kugelhopf est moelleux à souhait.
    Les viennoiseries sont bien cuites, avec un feuilletage magnifique, et mon préféré est l’éclair au chocolat, tout simplement divin, pour moi le top jamais mangé avec celui de la Maison du chocolat.
    La gamme de pain est large et il est difficile de ne pas trouver pain à son goût. Mention spéciale au rabiolot avec noisettes, raisin et noix, qui se mange tel quel presque comme un gâteau.
    Et au moins, le pain est suffisamment cuit !

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