Joyeuses Pâques. Ce week-end pascal a du voir de nombreux lâchers d’enfants en quête d’oeufs mal cachés dans des jardins plus ou moins exigus, comme une cérémonie un peu étrange. J’avoue que je n’ai jamais vraiment compris l’intérêt d’une telle profusion de chocolat sur une courte période, celui-ci n’étant pas soumis à des problématiques de saisonnalité ou de rareté qui rendraient nécessaire sa consommation en ce début du mois d’Avril. Après tout, pourquoi pas.

A l’occasion de ces trois jours un peu « cloche » (mon humour me surprendra toujours), les chocolatiers mais aussi certains pâtissiers ont redoublé d’inventivité pour nous proposer des créations chocolatées. A la Pâtisserie des Rêves, Philippe Conticini avait élaboré un surprenant Lemonta au Chocolat, par exemple. Plus inhabituel, c’est chez un boulanger que j’ai pu trouver une pâtisserie éphémère au visuel attirant. Si vous me lisez depuis quelques temps, vous savez que j’ai tendance à distinguer nettement pâtissiers et boulangers, mais puisqu’il s’agit d’un produit proposé chez Gontran Cherrier, je ne pouvais vraiment pas faire l’impasse.

Impossible de ne pas trouver ce gâteau mignon et gourmand au possible. Nous avons bien quitté le domaine de la pâtisserie boulangère dans le cas présent, ce qui est assez rare dans les deux boutiques parisiennes de notre médiatique artisan. Néanmoins, la référence au pain et à une des façons de le consommer demeure présente : l’oeuf mouillette, c’est avant tout tremper une lichette de pain dans un oeuf à la coque… il s’agit ici d’un petit rectangle de sablé, mais l’esprit est bien là.
Tout est différent, mais tout y est. La coque, en chocolat noir poudré, accueille un blanc devenu vert – forcément, c’est une crème à la pistache – par l’opération de la magie pâtissière, saupoudré d’éclats de crumble pistaché. Au centre, une cerise Amarena représente le jaune et complète le tableau, tout en offrant une élégante opposition rouge / vert.
Le tout repose sur un nid de crème de marrons saupoudré d’éclats de pistache et un support de biscuit soufflé au chocolat et aux éclats de noisette.

L’instant le plus difficile est sans doute celui où il faut briser cet ensemble si charmant, mais un oeuf est avant tout fait pour être mangé, alors allons-y. La multiplicité des composants de cette pâtisserie laisse au gourmand un large panel de possibilités quant à la façon de la déguster. On peut ainsi choisir de tremper sa cuillère dans l’oeuf, de profiter de l’onctuosité de la crème à la pistache, bien parfumée et peu sucrée, et de la saveur acidulée et alcoolisée des cerises Amarena qu’elle renferme. Les éclats de crumble apportent alors un peu de croquant à la dégustation. Viendra ensuite le tour de la coque, dont le chocolat demeure assez doux, peu amer, ce qui est fort appréciable.
Enfin, c’est au nid qu’il faudra s’intéresser, avec tout d’abord les vermicelles de crème de marron, dont la saveur ne m’a pas réellement convaincu – un peu trop de sucre, ici. On terminera avec cette base de biscuit bien croustillante, enrichie de nombreux et savoureux éclats de noisette.
Toutefois, il est également possible de tenter des associations, de ne pas tout séparer : chocolat-pistache, noisettes-pistache, chocolat-cerises, marron-pistache, marron-chocolat, chocolat-pistache-cerise… Vous l’aurez compris, les variations sont nombreuses et c’est bien là tout l’intérêt de cette pâtisserie : au delà de son visuel, elle nous offre une vraie expérience ludique et gourmande. Dans tous les cas, les saveurs se complètent bien, la pistache, les cerises et le chocolat formant un trio bien assorti. Seul le marron demeure en retrait.

Gourmandise : c’est bien le maître mot des produits que l’on retrouve chez Gontran Cherrier, et celui-ci ne faisait pas exception. Dans tous les cas, on ne peut que saluer l’originalité de la création ainsi que la qualité de sa réalisation. Celle-ci a d’ailleurs du nécessiter une attention toute particulière de la part des pâtissiers de la maison, car l’ensemble est plus complexe et technique que les produits proposés d’habitude. Cela ne semble pas les avoir arrêtés, et c’est encore une preuve – s’il en fallait – de la valeur de l’entreprise menée par Gontran Cherrier. De plus, le tarif – 4,8 euros – était très raisonnable compte tenu du caractère créatif, ce qui ne gâche rien.

Oeuf Mouillette, Gontran Cherrier – Paris 17 et 18è, pâtisserie individuelle proposée à l’occasion du week-end pascal au prix de 4,8 euros l’unité.

Une réflexion au sujet de « Pâtisserie du jour : Oeuf Mouillette, Gontran Cherrier (Paris 18 & 17è) »

  1. C’est sûr que cet « oeuf » est un peu cloche : un *oeuf* qui n’est pas *ovale*… pauvre poule ! C’est une boule de pétanque, ton truc !

    Moi, j’ai regretté de ne pas avoir de recherche du trésor à mener… Chercher, c’est mon activité préférée. Et elle aura toujours le goût de la complicité paternelle : l’héritage me vient de lui. Et c’est si rare que nous ayons pu partager quelque chose.

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