22
Mar
2012
Bon’heur de pains, Paris 7è, je n’ai pas du y aller à la bonne heure
15 commentairesOn dit souvent aux enfants que la curiosité est un vilain défaut. C’est possible. Du moins, je serais tenté de dire qu’elle peut parfois être un défaut menant à des expériences désagréables, ce qui permettrait sans doute de la qualifier de vilaine. Dans tous les cas, elle me pousse parfois à aller voir des endroits que je pressens relativement peu intéressants. Autant cela permet de faire quelques découvertes agréables, autant j’ai souvent l’occasion de ne « pas être déçu » pour ainsi dire…
Cela faisait quelques temps que je voulais savoir ce qu’était devenue la boulangerie Pain d’Epis, où officiait précédemment Thierry Dubois. Je vous avais annoncé sa fermeture il y a quelques mois ainsi que son acquisition par l’enseigne Bon’heur de pains. Depuis, les travaux qui ont suivi se sont terminés et la chaleureuse boutique aux tons orangés a fait place à un décor résolument moderne… et plastique.
Ne cherchez pas une once d’authenticité ici, vous êtes bien dans une boulangerie « de chaîne » malgré le fait qu’elle se réclame artisanale, le pain étant en effet réalisé sur place. Dès l’entrée, on est interloqués par cet écran disposé sous le présentoir principal de la boutique, diffusant en boucle les « concepts » développés par la marque. Tout cela est bien entendu agrémenté de jolies images artificielles, selon lesquelles le monde serait parfait et souriant. On aimerait que ce soit le cas, mais malheureusement, les produits présentés ici ne parviendront pas à réaliser ce résultat.
Du pain frais toute la journée ? Oui, d’accord. Les propriétaires de l’enseigne semblent vouloir capitaliser sur ce qui fait la force du système Paneotrad, c’est à dire la possibilité de réaliser de petites fournées et de cuire en continu, presque à la demande. Rien de bien révolutionnaire, puisque d’autres boulangers parisiens utilisent – beaucoup mieux, d’ailleurs – la même technologie de non-façonnage. Regardez comme cela peut produire des baguettes élégantes et à l’allure bien industrielle quand le travail est réalisé sans aucune passion ni envie.
Dépassons le visuel pour nous intéresser au goût, à la qualité générale du produit. Chez Bon’heur de pains, on n’a décidément pas froid aux yeux. En effet, le nom de la baguette de tradition de Thierry Dubois a été conservé. La Royale trône toujours fièrement en boutique, mais cela n’a plus rien à voir. Certainement fallait-il tenter de conserver quelques repères pour les consommateurs locaux. Le problème, c’est que cette baguette demeure royalement insipide, même si dotée d’une croûte craquante et fine, d’une mie relativement alvéolée – un peu sèche – et d’une mâche assez agréable. Cela ne compense pas pour autant cette absence de goût.
Le reste de la gamme de pains ne présente pas beaucoup plus d’intérêt, malgré la diversité présente. Tourte de seigle, pavé aux olives, « forêt noire », campagne, pain au maïs… L’ensemble demeure plutôt sec et onéreux, bien loin d’être justifié par la qualité des produits.
Les pâtisseries demeurent très simples, accessibles et pâtissières mais ne parviennent pas à attirer l’intérêt, elle pourront compléter une formule déjeuner sans difficulté si l’on met de côté le caractère probablement industriel de ces produits. Pas d’exploit non plus du côté des viennoiseries, bien grasses et sans grande finesse.
L’offre salée décline sandwiches, wraps, quiches et salades avec là encore la même constante quant à un aspect peu artisanal et moyennement qualitatif. On doit cependant reconnaître le fait que les prix restent abordables, même si cela n’explique ni ne justifie rien.
Point positif pour l’accueil, efficace et plutôt sympathique. Les clients sont servis rapidement et avec le sourire. En caisse, une de ces fameuses machines à pièce est présente, rien de bien étonnant vu l’endroit.
Infos pratiques
63 avenue Bosquet 75007 PARIS (métro Ecole Militaire, ligne 8) / tél : 01 45 51 75 01
ouvert du lundi au vendredi de 7h à 20h, le dimanche de 8h00 à 20h00
Avis résumé
Pain ? Plutôt sec, insipide, que ce soit du côté de la baguette de tradition (la Royale) ou de la gamme de pains spéciaux. Certes, les croûtes sont assez présentes même si la cuisson des baguettes a tendance à être trop courte, mais autant au nez qu’à la dégustation, bien peu d’arômes s’expriment. Ce n’est pas trop salé, ça n’est pas acide, mais ça n’est pas bon pour autant. La diviseuse Panéotrad utilisée ici nous fournit une absence de façonnage bien peu élégante.
Accueil ? Efficace, souriant et assez sympathique, c’est certainement du côté de l’humain que cette boulangerie s’en sort le mieux, ce qui serait presque surprenant. N’attendez pas toutefois une grande formation du personnel autour des produits.
Le reste ? Que ce soit en sucré, avec des pâtisseries, viennoiseries et autres gourmandises, la boulangerie demeure dans des gammes simples sans pour autant offrir des saveurs authentiques et intéressantes. L’offre salée ne relève pas le niveau même si le tout est propre et frais, ce qui est à mettre au crédit de l’enseigne.
Faut-il y aller ? On ne peut que regretter le départ de M. Dubois de cet emplacement. Il savait en effet proposer des pains de très bonne qualité, savoureux et offrant une bonne conservation. Aujourd’hui, seuls quelques noms subsistent, comme la baguette Royale. Malheureusement, cela n’a plus rien à voir, que ce soit en terme de goût ou de qualité globale. C’est plutôt sec, sans intérêt. On passera donc notre tour, même si le pain est « toujours frais ». J’ai passer à la mauvaise heure pour le goût et les saveurs gourmandes… pas de quoi trouver du bon’heur en tout cas.