La solitude n’est pas souhaitable. Aussi bien pour l’individu lui-même que pour la communauté qui l’entoure : dans le cas d’un artisan boulanger, cela finira forcément par avoir un impact néfaste sur ses produits, il n’est pas possible de tout faire par soi-même. De plus, la fatigue et la lassitude engendrées ne sont pas négligeables. Les loyers faisant, il faut toujours développer ses gammes, prendre le virage du traiteur, proposer des gourmandises variées… et comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, impossible d’être un excellent « boulanger-pâtissier ». Dès lors, il faut s’entourer, sélectionner des éléments de valeur, qui sauront apporter leur pierre à l’édifice pour aboutir à un ensemble cohérent.
A Nanterre, situés à seulement quelques centaines de mètres les uns des autres, les boulangers se côtoient, s’entourent… aussi bien entre eux qu’à l’intérieur de leurs laboratoires. J’avais déjà eu l’occasion de vous parler d’Emmanuel Merlhès, dont le chef pâtissier réalise des produits simples et réussis (dont la fameuse religieuse au Caramel Beurre Salé, la Bigoudène), mais il ne faudrait pas s’arrêter si près de la gare de Nanterre-Ville et passer à côté de la boutique de Romaric, Maître Boulanger.
Une vitrine colorée et bien remplie… Chez Romaric, les pâtisseries sont à l’honneur, et ce tout particulièrement le week-end.
En effet, ce dernier propose des gammes aussi variées que gourmandes. En entrant, ce sont les nombreuses pâtisseries qui nous accueillent. Pour les réaliser, la maison compte dans ses rangs un chef dynamique et créatif, Jérôme Basset. C’est bien pour cela que je vous parlais de s’entourer : ce fondu du sucré exprime ici son talent au travers d’une gamme large, variée et soignée : nombreux éclairs, tartes, entremets créatifs… Certes, les couleurs parfois un peu tapageuses ne seront pas forcément du goût de tous, mais cela attire l’oeil. Des nouveautés rejoignent fréquemment la vitrine, et l’artisan a à coeur de les partager sur le groupe Facebook qu’il a créé à cet effet. On appréciera d’ailleurs la précision des descriptions faites pour chacun des gâteaux, chose encore trop rare aujourd’hui.
Une création délicieusement régressive de Jérôme Basset : le Saint-Honoré Barbe à Papa. Son visuel amusant cache une chantilly au parfum Barbe à Papa, quelques billes croustillantes, un fond de sablé bien beurré, mais aussi des éclats de dragée, un coeur de sucre pétillant… et bien sûr des petits choux garnis de crème pâtissière vanille. Une invitation au retour en enfance, tout autant qu’une balade dans une fête foraine.
La visite continue avec bien sûr le pain, là encore décliné au travers d’une gamme variée… autant qu’inégale, malheureusement. La baguette de Tradition (farine de chez Axiane) et ses déclinaisons se révèlent trop salés et hydratés, en plus d’un manque de cuisson qui rend la dégustation assez peu plaisante. Pour autant, les pains spéciaux comptent dans leurs rangs quelques bonnes surprises, avec un « châtaignier » réalisé à partir de farine Biologique de bonne facture, une Boule Bio correcte, tout comme des produits plus gourmands, à l’image du « Normand », très moelleux et légèrement sucré avec ses morceaux de pomme et le cidre bouché incorporé à sa pâte. De nombreuses petites ficelles aux ingrédients variés sont proposées, une bonne idée pour des apéritifs originaux. Dans tous les cas, on appréciera les façonnages globalement soignés et les tarifs très accessibles, à l’image de ceux pratiqués dans le reste de la boutique.
Les pains et viennoiseries ne sont pas en reste côté choix, avec de nombreuses déclinaisons plus ou moins gourmandes.
Justement, arrêtons notre regard sur les viennoiseries, avec un croissant de bonne facture, tout comme le chausson aux pommes à la compote maison, ou le roulé au cassis. La maison déploie également une large gamme de petites gourmandises : madeleines, financiers, tigrés, congolais, florentins, viennoises variées, cakes… La liste est longue et satisfera sans difficulté tous les appétits. En parlant d’appétit, finissons par les produits salés, où quiches, sandwiches, fougasses et paninis se vendent seuls ou en formules, sans surprendre mais en réalisant honnêtement leur office.
Difficile de repartir sans un petit pot de caramel à la pomme verte, ou de confiture de lait à la vanille… à moins que l’on préfère la crème chocolat ou sa consoeur au citron. Le seul obstacle à cela pourrait bien être l’humain, avec un service somme toute assez robotique et manquant de chaleur. Certes, la clientèle est servie avec efficacité et organisation, mais je ne suis pas persuadé que ce soit les seuls éléments à intégrer dès lors qu’il s’agit d’accueil et de commerce.
Infos pratiques
21 rue Henri Barbusse – 92000 Nanterre (RER A Nanterre-Ville) / tél : 09 61 57 29 01
ouvert du jeudi au mardi de 6h45 à 20h.
Avis résumé
Pain ? La gamme est aussi étendue qu’inégale. Malheureusement, la baguette de Tradition déçoit par son caractère trop salé et hydraté, malgré un façonnage appliqué. Sa cuisson est toujours trop courte pour lui permettre de développer des arômes marqués, de plus. On se laissera plus aisément séduire par la boule Bio, le Châtaignier ou encore les différents pains gourmands proposés selon l’humeur et la créativité de l’artisan.
Accueil ? Efficace mais un peu trop « robotique » à mon goût, comme si servir les clients se limitait à effectuer une tâche à la chaine. Je pense au contraire que lorsqu’il s’agit de relations humaines, il convient d’accorder un peu d’intérêt et de chaleur à chaque individu que l’on a en face de soi.
Le reste ? Côté sucré, le créatif et talentueux Jérôme Basset nous propose un large choix de pâtisserie, classiques ou plus créatives. Entre tartes, éclairs, entremets… difficile de ne pas être tenté par une douceur, d’autant qu’elles se révèlent soignées et savoureuses. On les appréciera d’autant plus que leurs tarifs sont particulièrement attractifs : des éclairs à 2,60€, des créations à moins de 3,80€, … pas de doute, nous ne sommes pas à Paris.
Les gourmandises variées attirent également le regard, avec des madeleines, financiers, tigrés, congolais, florentins, viennoises variées, cakes… sans oublier les confiseries ou les petits pots de tartinables sucrés. Les viennoiseries ne déméritent pas, et cette abondance sucrée nous ferait presque oublier l’offre salée, sans grande surprise.
Faut-il y aller ? Nanterre a la chance de compter de bien belles adresses boulangères, et Romaric en fait partie, tout particulièrement pour ses douceurs et pâtisseries. Le pain s’avère quant à lui assez inégal, tout comme l’accueil. Saluons tout de même les tarifs démocratiques, sur l’ensemble des produits. A noter que le choix est bien plus large le week-end.