Tout n’est pas rose dans les instances de la Boulangerie-Pâtisserie, loin de là. Sa confédération nationale, présidée depuis plus de 10 ans par Jean-Pierre Crouzet – 67 ans ! -, connaît certains « remous » dans son fonctionnement.
Ainsi, Amandio Pimenta, Président départemental de l’Allier et Président régional de l’Auvergne, a vu sa mission d’administrateur suspendue à la suite d’un vote où sa région n’a pas participé, ce qui a permis d’obtenir d’une unanimité assez honteuse.

Il ne semble pas bon de défendre une ligne de conduite allant à l’encontre des aspirations de ce président, dont la vision de la Boulangerie semble être plutôt dépassée. Parmi les dernières actions de cette fameuse confédération, on pourra citer la développement d’une nouvelle identité visuelle, que bien peu de boulangers semblent prêts à adopter… et pour cause, elle n’apporte définitivement rien de neuf et est, à mon goût, plutôt grotesque. On peut également citer la mise en place d’une mutuelle professionnelle, affiliée à l’organisme AG2R Isica … dont le même Jean-Pierre Crouzet est président. Il y a de quoi rester sans voix face à de tels conflits d’intérêt, d’autant que cet homme semble avoir pour habitude de cumuler responsabilités et mandats, au point que leur nombre dépasse celui des jours de la semaine. Dès lors, il semble bien difficile d’accorder à chacun l’attention nécessaire au suivi des dossiers.

Non pas que je porte une vision particulièrement négative sur nos ainés, mais je pense qu’il serait nécessaire que la confédération soit dotée d’une direction dynamique et entreprenante, car ce métier doit faire face à de nombreux enjeux capitaux pour son avenir : concurrence des industriels et de la grande distribution, questionnement sur la matière première et la qualité des blés, évolution de la qualité des pains, notamment vis à vis de l’incorporation d’additifs… Les sujets ne manquent pas, et ils ne peuvent être traités de façon cohérente et entière que si la profession toute entière parvient à faire corps pour avancer dans la bonne direction. Or, il serait bien difficile aujourd’hui de donner envie aux artisans boulangers de rejoindre cette confédération…

Amandio Pimenta, un artisan Meilleur Ouvrier de France, reconnu et passionné, exerçant ce métier depuis plus de 30 ans, exprime bien tout ce mal-être et ces difficultés dans une lettre ouverte publiée il y a quelques jours, que je mets à votre disposition à la fin de ce billet.
Il met notamment en avant l’action passée de certains présidents de la confédération, qui ont abouti à de belles avancées en leur temps. Comment ne pas parler du décret pain, de l’appellation « tradition française », qui ont permis de marquer un retour vers un bel artisanat boulanger ?
Aujourd’hui, cet organisme pourrait bien n’exister que pour lui-même s’il continue à être autant en décalage avec le quotidien des artisans oeuvrant dans leurs fournils. C’est un véritable danger, car qui d’autre pourrait faire « poids » et avoir une influence sur les décisions que peuvent prendre nos politiques ?

En cette année de présidentielles, le sujet est à prendre très au sérieux, et les candidats à l’élections devraient être sensibilisés au péril quotidien auquel sont exposés nos boulangers. Entre loyers, coûts de main d’oeuvre, augmentation du prix des matières premières… il est bien difficile de faire face à la concurrence déployée par de grandes entreprises, qui sont à même de réaliser des économies d’échelle et à amortir le coût de leurs outils de production. C’est bien ça la grande différence entre un artisan et un industriel : tandis que le premier oeuvre chaque jour de ses mains, créé à partir de son savoir-faire – ce qui ne pourra jamais être amorti sur le plan comptable -, le second se contente d’actionner des machines bien tangibles et matérielles, dont l’acquisition aura représenté un investissement pouvant être réparti dans le temps.
La boulangerie est profondément ancrée dans notre culture, et elle doit être défendue avec ardeur. Ce n’est pas possible dès lors que nous avons du temps à perdre dans de telles querelles, qui sont uniquement destructrices.

On retrouve là encore des questions de valeurs humaines, que certains semblent avoir perdu. Partage, écoute, sens de l’autre… Tout cela fait partie intégrante du pain, et ceux qui ne se sentent pas concernés par de tels mots ne devraient rien avoir à faire dans son quotidien et son avenir. Il n’est pas question d’intérêts personnels, mais bien du collectif, car cet aliment est d’une importance capitale. C’est ce que j’essaie de défendre ici au quotidien. Non seulement vecteur de plaisir simple et accessible (quoi de mieux que du bon pain sur une table ?), il participe également à l’équilibre nutritionnel de chacun… d’où la notion de « pain santé ». Pas sûr que ces fameux produits issus de l’industrie et vendus sous la même appellation soient tout aussi sains et bénéfiques à l’organisme, ne serait-ce que lorsqu’on lit la composition de ceux-ci et la profonde obscurité sur la qualité des farines, et plus généralement des matières premières.

Dans tous les cas, je ne peux que saluer l’initiative de cet homme, qui met là en avant des points cruciaux auxquels nous devons nous intéresser avec sérieux et implication. Cette démarche doit aussi impliquer les consommateurs que nous sommes, puisque c’est grâce à nous que les artisans peuvent continuer à exercer leur profession. D’où l’importance d’une information pertinente et objective…

Télécharger la lettre ouverte d’Amandio Pimenta et consulter le sujet dédié sur le forum du site Boulangerie.net

8 réflexions au sujet de « Du rififi à la Confédération de la Boulangerie-Pâtisserie… La lettre ouverte d’un artisan en colère »

  1. Rien de neuf sous le soleil de la confédération. Les méthodes ne sont guère surprenantes de la part de cette oligarchie.
    j’espère que qu’Amando Pimienta sera entendu par les président de chaque fédérations départementales.
    Aujourd’hui par le biais de personnes et de relais (que je souhaite nombreux) comme Painrisien, le grand public va découvrir la face cachée à la tête de cette confédération.

  2. Bonjour à tous, moi même suis pâtissier boulanger, je découvre cette lettre ouverte de Amando Pimienta et j’ai lu avec attention, je trouve trés louable de ça part et justifier qu’un MOF défende notre profession d’artisan boulanger pâtissier et non qui vienne d’un homme qui n’est pas de notre profession.
    Merci à lui de sont courage et de ça détermination,car avoir une confédération statique et non évolutive vers l’avenir de nos petites PME qui ont besoin d’eux aujourd’hui pour nous soutenir. Marre d’un président présent depuis trop de mandat, qui impose trop à notre profession ces idées qui nous dessert.
    Voila mon sentiment en espérant que tout le monde suivra Amando Pimienta dans son combat.

    • venez avec nous on est la pour casser du Crouzet et sa politique totalitaire ..president de la CGAD affiliation a AG2merge total conflit d’interet .. ahurissant personne ne bronche pas meme les autres assurances y a t’il entente ??? totalement interdit par la loi .. nous ne sommes pas contre l’evolution sociale mais contre la dictature ..

      AG2r deboutee au TI de toulouse ..nous meme sommes dans divers TGI de france assignés mais la defense et la resistance est la ..et le dossier renforce de plus en plus notre situation

  3. Bonjour, je suis boulanger à la retraite.
    Entre mon père et moi ce fut 60 années de « boulange » dans un petit village de l’Ardèche du sud, Saint Remèze.
    J’étais un adhérent du groupement de la boulangerie-patisserie de l’ardèche et j’ai quitté ce « syndicat » lorsque la décision non démocratique a été prise de mettre en place ce système de cotisation obligatoire à AG2r. Le « syndicat » ardèchois a perdu à cause de cette magouille honteuse la moitié de ses adhérents.
    Je pensais à tord qu’un journal style le Canard s’occuperait de cette affaire mafieuse….
    Cordialement
    Pellet Jean-Marc
    ancien boulanger, à la retraite à Saint Remèze en Ardèche.

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