J’ai appris au fil du temps que pour exister, il fallait être remarquable, offrir un vrai caractère différenciant avec le reste des acteurs présents sur notre secteur. En matière de boulangerie, on peut penser de prime abord que c’est assez difficile, mais en réalité plusieurs moyens existent. On peut en effet proposer une gamme de produits originale, des pains spéciaux sortant de l’ordinaire, ou bien des propositions salées et sucrées inventives. La qualité peut aussi faire toute la différence, si celle-ci est particulièrement intéressante, cela attirera les amateurs de bon pain – et ils sont loin d’être marginaux.
Enfin, il est également possible de donner à sa boutique un caractère particulier, une ambiance, un « détail » qui fera que le Choc se produise. Le choix s’est porté sur la dernière option, comme en atteste le nom de cette boulangerie située en plein coeur du Marais. L’emplacement n’est certainement pas le fruit du hasard, du fait de la réputation « gay-friendly » du quartier. Certains décrivent l’affaire comme « la boulangerie gay de Paris ». Qu’est-ce que c’est, une boulangerie gay ? Excellente question. En réalité, le nom de l’entreprise est lié à celui de son créateur, Richard Legay, qui a élu domicile dans le 4è arrondissement depuis 2001. Il a décidé de capitaliser sur cette « originalité » en développant quelques produits plutôt tendancieux, qui auront pour intérêt de capter l’attention de la clientèle et rendront l’endroit assez insolite, donc plus souvent marqué dans la mémoire des passants.

Baguettes, chocolats, meringues, brioches ou sablés… autant de créations qui prennent des formes plutôt inattendues. Toutefois, cela reste assez marginal dans l’ensemble de la gamme proposée par cet artisan, qui reste avant tout un boulanger traditionnel.

Dans une boulangerie, on vient avant tout chercher du pain, plus que de la fantaisie. Qu’en est-il ici ? Les pains de tradition – réalisés à partir d’une farine fournie par les moulins Axiane – expriment d’agréables arômes de froment, présentent des mies bien alvéolées et se conservent relativement bien. La baguette Victoria et son façonnage torsadé offre une mie très moelleuse, presque cotonneuse, qui satisfera plus les amateurs de mie que de croûte. Elle est en effet très fine et peu présente à la dégustation, tout en restant légèrement craquante. Le reste de la gamme demeure assez traditionnel, avec un « pain d’Armor » aux céréales, un pain de seigle ou encore un autre aux noix. Quelques spécialités à noter, comme une création au miel et aux amandes, aux notes sucrées agréables. On notera également la présence d’un pain réalisé sur Poolish. L’ensemble est réalisé avec un certain sérieux, même si les cuissons mériteraient parfois d’être plus abouties, tout comme les façonnages qui ne sont pas toujours à la pointe de l’élégance. Pour autant, les tarifs demeurent assez raisonnables, y compris sur les pains spéciaux, ce qui est appréciable – à plus forte raison dans ce secteur de la capitale, où les prix ont tendance à être élevés.

Les propositions sucrées restent simples, on y retrouve principalement des tartes et divers sablés, ce qui est une bonne chose car il est inutile de se disperser dans des créations non maîtrisées. Rien d’exceptionnel de ce côté, mais des produits honnêtes, qui accompagneront agréablement un repas pris sur le pouce.
C’est justement pour cela qu’une boutique dédiée à la sandwicherie a été ouverte au 17 rue des Archives, avec un espace de consommation sur place. Divers en-cas, quiches et autres tartes, sont également proposés et sont d’un niveau plutôt honnête. Sur l’ensemble de ces gammes, les prix sont là encore accessibles, ce qui est à mettre au crédit de Richard Legay.

Il ne faudrait pas oublier que le nom de cette boulangerie est en deux parties, et que le « Choc » annoncé ne vient pas seulement de la surprise provoquée par quelques produits, mais aussi du travail réalisé sur le chocolat. Diverses créations sont proposées, dont certaines reprennent la « signature » de la maison, même si son bon goût reste à prouver.

L’accueil n’est pas toujours très professionnel, mais est généralement de bonne volonté et assez dynamique. Dans l’ensemble, la prestation est correcte, même si elle serait meilleure si le sourire était plus régulier. La formation autour des produits est bonne, les questions à leur sujet ne restent pas sans réponse.

Infos pratiques

45 rue Ste Croix de la Bretonnerie – 75004 PARIS (métro Hotel de Ville, lignes 1 et 11)
ouvert tous les jours sauf le mardi de 8h à 20h.

Victor 1920 : 33 rue Rambuteau – 75004 PARIS (métro Rambuteau, ligne 11)
ouvert tous les jours sauf le mardi de 7h à 20h.

Avis résumé

Pain ? Plus que correct. Les pains de tradition sont assez savoureux, beau et doux parfum de froment sans acidité. La baguette Victoria – 1,30 euros les 250g – est certainement la plus intéressante d’entre eux, avec son façonnage torsadé et sa mie moelleuse. Les pains spéciaux ne sortent pas des sentiers battus mais sont honnêtes, tout comme leur prix.
Accueil ? Pas toujours extrêmement professionnel, mais plutôt jeune et efficace. On apprécierait un sourire plus régulier, ce qui rendrait l’expérience client plus agréable. Cependant, il n’y a pas de faute majeure à déplorer, et la clientèle est servie rapidement, sans accroc.
Le reste ? Les viennoiseries ne présentent pas d’intérêt particulier, les pâtisseries sont simples et complètent agréablement les formules destinées à constituer le repas des travailleurs du quartier. Une adresse leur a par ailleurs été dédiée. Ils y dégustent notamment des sandwiches. A leur sujet, il est bien dommage que des baguettes « blanches » soient utilisées pour beaucoup de baguettes blanches, qui ne relèvent pas particulièrement le sandwich et ne mettent pas en valeur le travail du boulanger.

Faut-il y aller ? C’est loin d’être un incontournable, mais les produits et tarifs sont plutôt honnêtes, ce qui en fait de bonnes adresses du Marais. On ne peut pas vraiment citer de produit caractéristique du savoir-faire de Richard Legay, mis à part peut-être les fameuses « baguettes magiques » et autres créations aux formes originales. Cela casse un peu les codes de la boulangerie et de la pâtisserie, ce qui est une initiative plutôt louable. Ces curiosités valent tout de même le détour, rien que pour être amusé.

Je vous ai déjà beaucoup parlé d’histoires de familles de boulangers, il faut croire que c’est un métier dont la transmission entre générations est courante, en tout cas plus que dans d’autres secteurs. Qui a déjà entendu parler d' »informaticiens de père en fils » ? Certes, c’est une profession plus récente, mais vous aurez compris l’esprit. Chez les Julien, on doit naitre dans le pétrin, ‘la gueule enfarinée’ pourrait-on dire vulgairement. C’est bien simple, ils sont partout. Dans le 17è, le 8è, le 7è, le 15è, le 3è, le 1er arrondissement… j’en oublie surement. Cette colonisation s’est faite au fil du temps et on se sait plus bien si cela constitue une ‘chaine’ ou toujours de boulangers indépendants, partageant simplement le même nom.

Intéressons-nous aujourd’hui à l’adresse certainement la plus connue et renommée de toutes, la boulangerie de Jean-Noel Julien, située rue Saint-Honoré, à quelques pas des Halles. Sur la vitrine, les prix reçus sont mis en avant, et on peut se dire que décidément, la baguette de tradition de cet artisan est une véritable bête de concours. Elle trone au fond de la boutique, dans cet écrin sans ame, cette boulangerie un peu clinique et standardisée, aux teintes sombres. On vous la remettra dans un autre écrin, en papier celui-ci, vous retraçant le parcours étoilé de la demoiselle.
Forcément, lorsque l’on tient en mains un tel objet, on est impatient de la gouter. Regardons-la, d’abord, cette baguette de tradition. Généralement bien cuite, façonnée et grignée avec soin, elle nous offre une allure élégante. Une fois rompue, on découvre une mie bien alvéolée et légèrement crème. La mâche est agréable mais les saveurs sont assez peu présentes, on effleure l’insipide sans « vraiment » tomber dedans.
Le reste de la gamme est au diapason, que ce soit le « pain des copains », de type Polka, vendu au poids ou du côté des pains spéciaux, la gamme est très traditionnelle, et même si les cuissons sont généralement bien réalisées, le pain demeure assez peu riche en arômes.

Ce qui attire beaucoup la clientèle dans cette boulangerie, ce sont surtout ces sandwiches et propositions traiteur. En effet, le quartier regorge de passants ou d’habitants à la recherche d’un repas rapide et à prix raisonnable. C’est ainsi que l’on observe souvent la queue à l’heure du déjeuner devant cette boutique. Il est vrai que les produits sont frais, réalisés avec sérieux et proposés à des tarifs honnêtes. Il n’en faut pas plus pour assurer un certain succès. Certes, cela ne sort pas de l’ordinaire mais ce n’est pas vraiment ce que l’on demande à ce type d’établissement.

Côté sucré, les pâtisseries affichent des couleurs tapageuses et les quelques créations de la maison n’inspirent pas franchement confiance, ce qui est confirmé lorsque l’on cède à la tentation gourmande et que l’on déguste une de ces douceurs, qui manquent terriblement de sens et d’intérêt. Même constat pour les viennoiseries, pourtant si souvent plébiscitées.

L’accueil est, quant à lui, efficace et le sourire est généralement de la partie. C’est agréable d’être servi par des personnes disponibles et ne se laissant pas submerger par la nombreuse clientèle qui se presse à la porte. Les produits sont bien connus et les questions répondues avec précision. Rien à redire sur cette prestation, mis à part que l’on souhaiterait que tout soit fait ainsi.

Infos pratiques

75 rue Saint-Honoré (métro Les Halles, ligne 1, 4 et 11 – RER A/B/D) / tél : 01 42 36 24 83
ouvert du lundi au samedi de 6h30 à 20h.

Avis résumé

Pain ? Malgré les différents prix gagnés aux concours, ses cuissons correctes et sa conservation acceptable, le pain manque de saveur, que ce soit la baguette de tradition ou les pains plus spéciaux. Par ailleurs, la gamme reste dans des classiques du genre, déclinés en différents formats (petits pains, bâtards, boules…). Dans l’ensemble, la réalisation reste sérieuse et les prix à des niveaux raisonnables malgré l’emplacement de la boulangerie.
Accueil ? Plutôt sérieux et efficace, généralement assez souriant et bien au fait de ses produits. Les questions sont répondues avec précision, et le personnel ne se laisse pas déborder par la nombreuse clientèle qui se presse ici.
Le reste ? C’est sûrement le salé qui assure le fonctionnement de cette boulangerie. En effet, les sandwiches et divers en-cas sont plébiscités dans cette zone, car les passants, travailleurs et habitants ont tendance à chercher un repas rapide et simple, ce qu’ils peuvent tout à fait composer chez Julien. Rien d’exceptionnel cependant, le contrat est tout juste rempli, c’est à dire obtenir un produit frais et relativement agréable à déguster. Passons notre tour sur les pâtisseries aux couleurs tapageuses, seules les tartes demeurent acceptables, ainsi que sur les viennoiseries, inintéressantes.

Faut-il y aller ? C’est loin d’être une excellente boulangerie comme pourrait le faire croire la longue liste de prix qu’elle a reçu. Elle vit à présent de sa réputation, qui n’est plus à faire. C’est assez pratique, certes, mais ce n’est pas dans l’intérêt du consommateur, à qui l’on ne propose pas la qualité auquel il pourrait s’attendre en venant ici. Malheureusement, le constat n’est pas vraiment éloigné de celui-ci dans les autres « boulangeries Julien », qui, en plus d’être très « cliniques » et sans âme, vendent des pains et autres produits plutôt moyens.

Vous devez finir par savoir combien je suis attaché aux valeurs de partage et d’accessibilité que doit véhiculer le pain selon moi, et c’est pourquoi je suis toujours sensible au prix des produits proposés dans une boulangerie. Une baguette de tradition doit être vendue à un prix raisonnable, pour que chacun puisse déguster un pain de qualité. C’est un droit et non un luxe.

Pourtant, chez les Desgranges, cela semble loin d’être évident. Le métier s’est partagé et transmis de père en fils dans cette famille, mais ils semblent vouloir garder le pain dans ce ‘cocon’. En effet, dans leur boutique de la rue de Passy, la baguette de tradition coûte la bagatelle de… 1,45 euros les 250g. Rien que ça. J’ai rarement vu aussi cher pour ce type de pain, d’autant qu’elle ne justifie pas d’une réalisation exceptionnelle. Certes, elle n’est pas mauvaise, mais il y a bien meilleur, et sa cuisson est… plus qu’aléatoire : soit elle sera blanche, soit elle sera grillée. Dans les deux cas, les saveurs ne sont pas intéressantes.
Ce qui est assez déroutant chez les Desgranges, c’est le nombre de baguettes différentes. Quignonette, Passy Passion, Tradition… En réalité, seul le façonnage et la cuisson changent, c’est du moins ce que m’avait répondu une vendeuse lorsque je l’avais interrogée à ce sujet. Dès lors, on peut se poser des questions sur l’intérêt d’une telle pratique. Il y a en effet plus de baguettes en boutiques, limitant la rotation de chacune d’entre elles, ce qui n’est pas bon pour garantir leur fraicheur. C’est pourtant essentiel lorsque l’on achète ce type de pain.
Le reste de la gamme n’est pas tellement plus intéressant, beaucoup de classiques et là encore des cuissons très aléatoires. Rien qui ne justifie les prix pratiqués. Les tarifs semblent d’ailleurs dépendre de la boutique et sont moins élevés rue Pierre Demours, même s’ils demeurent dans une moyenne haute.

Le reste ne relève pas vraiment cette entrée en matière. Au delà des viennoiseries sans intérêt particulier, les patisseries entretiennent les classiques du genre, sans fantaisie ni réussite particulière. On peut tout de même leur accorder un certain soin et des finitions honnêtes.
Coté traiteur, même constat, des produits corrects mais rien de remarquable. Ou plutôt, si, encore et toujours une chose : les prix. Chez les Desgranges, rien n’est donné, tout se mérite, il faut croire. Bien entendu, le quartier n’est certainement pas étranger à cet état de fait : les loyers sont relativement élevés, et la clientèle a les moyens de payer quelques centimes ou euros de plus. Est-ce pour autant normal ? Les prix ne devraient-ils pas refléter la valeur réelle des produits ?

Ici, tout est un peu surfait, j’avoue ne pas me sentir à l’aise dans cette boulangerie qui vit d’une certaine réputation. Le personnel ne participe pas vraiment à donner une impression plus agréable de l’endroit, on ne peut pas dire qu’il respire la joie de vivre, même si des exceptions existent. Globalement, le client est servi sans plus d’enthousiasme, le travail étant fait, à minima.

Infos pratiques

4 boutiques à Paris, une en banlieue. Toutes les informations à ce sujet ici : http://www.maison-desgranges.com/boutiques.htm

Avis résumé

Pain ? Rien de bien intéressant. Les différentes sortes de baguette pourraient offrir un certain choix, mais en réalité, tout cela n’est que très virtuel car la pâte reste la même. Dès lors, les tarifs se justifient difficilement, d’autant plus au vu du caractère aléatoire des cuissons. On retrouve de nombreux petits pains aux graines ou aux fruits secs, quelques pains spéciaux (noix, ciabatta, céréales…) dont les prix s’envolent rapidement et pour lesquels la réalisation reste somme toute très passable. Disons simplement que l’on a vu pire, le pain a tout de même du goût, mais rien qui justifie tout ce décorum.
Accueil ? Variable, pas franchement enjoué ni réellement au fait des produits qu’il propose. Les questions à leur sujet sont répondues sans enthousiasme. On peut toutefois reconnaître une bonne organisation de la boutique, divisée en plusieurs pôles : une caisse est ainsi dévolue au traiteur, une autre au pain, ce qui permet d’éviter un quelconque risque d’engorgement à l’heure du déjeuner. Le personnel reste cependant assez efficace.
Le reste ? Les viennoiseries ne présentent pas d’intérêt particulier, de même que les pâtisseries. La réalisation reste toutefois sérieuse, les finitions correctes. Les produits sont très traditionnels : éclairs, religieuses, mille-feuilles, opéras… Pas d’inventivité. Côté traiteur, même constat, les propositions sont de bonne facture, classiques mais tarifées à prix d’or.

Faut-il y aller ? Si l’on a peu de temps, que l’on est dans le quartier et que l’on possède une somme d’argent à liquider, oui, pourquoi pas. Sinon, tant les produits que l’accueil ne parviennent pas à justifier le déplacement. J’ai tendance à penser que les Desgranges vivent sur une certaine réputation et ne cherchent pas à en faire plus. Ainsi, rien n’est mauvais, les pains sont corrects en terme de saveurs, mais rien d’exceptionnel. Souvent, la multiplication des boulangeries fait perdre en authenticité et en qualité. Cela semble être le cas ici.

Parvenir à transmettre quelque chose à ses enfants, cela a quelque chose de beau, je trouve. Au delà du simple fait de les nourrir, on les éduque et on leur inculque des valeurs qui façonneront les adultes qu’ils seront demain. Parfois, cela amène ces mêmes enfants à suivre les traces de leurs parents, à épouser le même métier qu’eux.

C’est le cas de Stéphane Henry, dont le père est boulanger. C’est d’ailleurs le nom de sa boulangerie – Mon père était boulanger. Il l’est toujours, et il n’hésite pas à participer à la production quotidienne au sein du fournil. Installés depuis 13 ans boulevard Morland, à quelques pas de la Gare de Lyon, cette famille de boulangers tient l’une des seules échoppes de ce type dans le secteur, qui n’est pas particulièrement riche en activité commerçante. Ici, les rues sont assez vides, les bâtiments se succèdent sans que l’on y trouve de vie apparente.

De la vie, pourtant, il y en a, puisque la clientèle se presse chez les Henry à l’heure du déjeuner. Difficile en effet pour les travailleurs du secteur de trouver d’autre endroit où se restaurer rapidement et à bas coût. On peut dire que dans leur relatif malheur, ils auraient pu tomber plus mal : ici, les produits sont simples, de qualité et proposés à des tarifs très abordables. Pour déjeuner, des formules sont proposées et permettent de constituer un repas complet pour à peine un ticket restaurant. De plus, l’offre est variée : salades, sandwiches, wraps et autres quiches, il y a de quoi changer chaque jour de la semaine et ne pas craindre la lassitude. Les produits sont frais et réalisés avec soin, en toute simplicité.

On retrouve le même esprit au sein des différentes gammes de la boutique, à commencer par le pain. La baguette de tradition est d’excellent niveau, avec sa croûte bien croustillante, son façonnage élégant, tout en longueur (ce qui permet d’offrir un bon rapport mie/croûte) ainsi que sa belle saveur de froment. La mie affiche une couleur crème bien marquée et un bel alvéolage irrégulier. Classée 5è au Grand Prix de la Meilleure Baguette de la Ville de Paris en 2009, la demoiselle méritait – et mérite toujours – bien son prix. Une excellente base pour des sandwiches savoureux !
Les pains spéciaux demeurent dans le domaine du traditionnel, entre pains aux céréales, ficelles au fromage ou divers pains au levain et fruits secs, ainsi qu’une ciabatta. Comme pour la baguette, les cuissons sont bien abouties et la conservation de bonne tenue. A noter la superbe boule Biologique – proposée à un prix très accessible, primée au récent concours du Pain Biologique d’Ile de France, à juste titre. La garde Républicaine, située à quelques mètres, est visiblement un bon client, ce qui devrait vous convaincre de vous mettre au pas pour y acheter votre baguette !
Pour l’ensemble des gammes, la farine est fournie par les Moulins Bourgeois.

Pour le sucré, les pâtisseries sont simples et ne dépassent pas la « pâtisserie boulangère » – éclairs et tartes, principalement -, ce qui est plutôt bien vu. Cela complète agréablement les formules déjeuner. Quelques cakes et pains d’épices maison sont aussi proposés. Les viennoiseries sont dans la même lignée, il n’y a pas de quoi être surpris, tout cela est juste honnête et sérieux.
C’est d’ailleurs ainsi que je pourrais qualifier le service, qui sait rester souriant et agréable tout en étant redoutablement efficace en heure de pointe. Les clients sont bien considérés, tout en étant servis rapidement. On ressent bien cette ambiance très « familiale », agréable et recherchée à Paris, où tout devient rapidement impersonnel.

Infos pratiques

2 bis boulevard Morland – 75004 Paris (métro Quai de la Rapée, ligne 5) / tél : 01 42 72 75 56
ouvert du lundi au vendredi de 7h à 20h.

Avis résumé

Pain ? Très belles cuissons et saveurs, la baguette de tradition est d’excellent niveau, alliant une bonne conservation, un façonnage offrant un rapport mie/croûte intéressant, favorable aux adeptes de croustillant. Sa mie est bien crème, avec un alvéolage irrégulier, signe d’un travail délicat de l’artisan. La gamme de pain spéciaux ne brille pas par sa largeur, mais plutôt par le sérieux dans sa réalisation et sa cuisson, en plus de demeurer dans une gamme tarifaire très accessible. Pour les amateurs de produits naturels, la boule Bio ne démérite pas également.
Accueil ? Efficace, souriant et assez chaleureux malgré l’affluence, rien à signaler, le travail est bien fait. On se sent considéré même si l’on n’est pas un habitué des lieux, l’ambiance est agréable.
Le reste ? Les diverses propositions salées rencontrent un franc succès auprès de la clientèle du quartier, et pour cause, le choix n’est pas très large dans ce secteur ! Pour autant, les produits valent tout à fait l’intérêt qu’on leur porte : frais, préparés avec beaucoup de sérieux, les différents sandwiches, wraps ou salades de la boulangerie Henry constituent un repas rapide et peu coûteux. Si l’on s’intéresse au sucré et aux diverses gourmandises présentes ici, rien ne ressort particulièrement du lot, mais l’ensemble est tout à fait honnête et respectable : pâtisseries boulangères (tartes, éclairs…) et viennoiseries dans la moyenne. Cela complètera avec douceur une formule déjeuner.

Faut-il y aller ? Comme l’on se rend dans une boulangerie de quartier, sans doute. Avec cependant l’avantage d’y trouver une excellente baguette de tradition et un bon pain Biologique, qui justifient tout à fait le détour. Ajoutez à cela un accueil sympathique et une ambiance très simple et familiale, le résultat est une adresse tout à fait recommandable et peu « parisienne », ce qui la rend d’autant plus agréable.

Il y a parfois des pratiques que j’ai du mal à comprendre, ou bien à accepter. Je considère en effet que si l’on s’engage dans une démarche, il faut faire preuve d’une certaine cohérence dans la réalisation de celle-ci, et ne pas en dévier pour diverses raisons, souvent économiques par ailleurs.

Je n’ai pas vraiment eu l’impression que c’était le cas en entrant dans la boulangerie Grégoire, au 69 rue Monge, dans le 5è arrondissement. La devanture met en avant l’utilisation de farines Biologiques, fournies par le meunier Decollogne. On pourrait s’attendre à un certain engagement de l’artisan, à ce qu’il propose des produits artisanaux, réalisés avec amour. Bien sûr, c’est ce que j’ai retrouvé du côté du pain, sur lequel il n’y a pas grand chose à redire. Les tourtes au levain, les pains « nouveau » ou encore les différentes propositions aux fruits secs (noix, noisettes, abricots…) ainsi qu’aux céréales sont d’excellente facture, avec des cuissons bien abouties, de belles croûtes dorées et un levain assez discret, tout en assurant une bonne conservation. Parmi les signatures de la maison, le pain Nouveau et sa très légère note d’acidité séduira même les réfractaires à ce type de saveur.
La baguette de tradition est moins intéressante, tout en restant dans une bonne moyenne. On préférera cependant se concentrer sur le reste de la gamme.

Ce qui est plus dommage, c’est de voir à côté de ces beaux pains des produits dont je doute sincèrement du caractère artisanal, tels que des donuts au glaçage tapageur, ou encore des muffins de différentes sortes. Il en va de même pour les crumbles, pour lesquels il est indiqué que ceux-ci incluent des ingrédients… surgelés. Il serait pourtant beaucoup plus simple de travailler des fruits frais de saison, pour un résultat bien supérieur. Ce genre de pratique me laisse un peu pantois, d’autant plus dans une boutique engagée dans les produits Biologiques. Un « grand écart » qui ne peut être justifié que par une volonté de diversifier la gamme pour maximiser le chiffre d’affaires. On ne peut blâmer la volonté de survivre d’une entreprise, mais cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix.
Pour le reste, quelques pâtisseries simples sont proposées, tel que des éclairs, des tartes au chocolat ou au citron. Rien de bien intéressant de ce côté-là. Les viennoiseries sont, quant à elles, d’assez bonne tenue et les croissants dans une moyenne tout à fait honorable.
Les beaux jours, on peut faire le choix de s’installer sur une des petites tables qui bordent la boutique et profiter de la vie de la rue Monge, tout en dégustant un thé, un café et une douceur. L’idée est plutôt bien trouvée car l’endroit est loin d’être désagréable.

Rien de désagréable non plus du côté du service, assez chaleureux et souriant, en plus de connaître parfaitement les produits et de pouvoir conseiller la clientèle en restant efficace. Tout cela contribue à fidéliser la clientèle, parmi laquelle on compte un certain nombre d’habitués, plus pour le pain que pour le reste – heureusement, d’ailleurs.

Infos pratiques

69 rue Monge – 75005 Paris (métro Place Monge, ligne 7) / tél :
ouvert du mardi au dimanche de 8h à 20h30.

Avis résumé

Pain ? Ici, on vient pour le pain, tant mieux, nous sommes dans une boulangerie. En effet, les différentes miches et pains spéciaux sont réalisés à partir d’une farine Biologique, moulue par l’entreprise Decollogne, offrant ainsi une base de qualité. Les cuissons sont bien abouties, les croûtes dorées et assez marquées, du fait du travail sur levain. Celui-ci permet d’ailleurs une bonne conservation des pains, tout en étant bien maîtrisé car l’acidité sait se faire assez discrète chez Grégoire, en particulier sur le Nouveau, où elle frôle la simple note. Les couronnes sont superbes, de l’art boulanger comme on l’aime. La baguette de tradition est moins intéressante, tout en restant de bonne tenue.
Accueil ? Très professionnel, efficace et bien formé, tout en restant chaleureux et souriant. Les questions au sujet des différents produits sont répondues avec beaucoup de soin et d’assurance, c’est agréable, le choix peut ainsi se faire sans défaut d’information.
Le reste ? Certains produits dénotent réellement face au pain, car on trouve d’un côté la signature d’un vrai savoir-faire artisanal, et de l’autre des produits sont l’origine ne me semble pas être le fournil de cette boulangerie. Dommage d’assister à un tel écart, d’autant que l’on peut se poser des questions sur l’engagement de Grégoire. Cependant, les viennoiseries sont tout à fait honorables.

Faut-il y aller ? Pour le pain, sans doute, il est en effet très bien réalisé tout en étant proposé à des tarifs assez abordables, compte tenu des matières premières utilisées et du soin nécessaire pour la réalisation d’un pain Biologique sur levain. L’accueil est agréable, l’ambiance au sein de la boulangerie également, cela contribue à en faire une adresse recommandable. Elle le serait d’ailleurs tout à fait si elle s’abstenait de proposer des produits d’une qualité et d’un goût discutables, tel que des donuts au glaçage un peu trop tapageur pour être honnête. Dommage.

En terme de consommation, chacun a des références quasi-inébranlables, qui représentent autant de points de comparaison pour le reste des produits qui leur sont proposés. Que pourrais-je citer en exemple ? Ils sont nombreux ! Pour beaucoup, on retrouvera le Nutella en terme de pate à tartiner, les bonbons Haribo ou encore les desserts Danette… Même si cela n’en fait pas toujours des produits de qualité, loin de là.

Pour le pain, la miche Poilâne est incontournable. Pierre et son fils Lionel Poilâne auront marqué la profession de façon quasi-indélébile, tout d’abord en étant des personnages hauts en couleurs, mais également par un pain exporté dans le monde entier. Le frère, Max, est aussi présent dans le secteur, avec des produits somme toute assez similaires. La bataille entre les deux ‘branches’ de la famille fut par ailleurs assez dure, car chacune voulait posséder le droit d’utiliser la ‘marque’ Poilâne. Au final, c’est la fille de Lionel, Appolonia, qui l’a emporté et gère aujourd’hui l’affaire familiale.

Quelle affaire, d’ailleurs ! Trois boutiques dans Paris, une manufacture à Bièvres et des milliers de points de vente distribuant cette fameuse miche. C’est sans compter les nombreux restaurant qui en utilisent des tranches comme base pour réaliser des tartines. Je ne pense pas que d’autres boulangers puissent se vanter d’une telle présence nationale, et même internationale, grâce à des livraisons et à une boutique à Londres. En quoi ce pain est si remarquable ? Peut-être de par son aspect massif et rustique, sa croute marquée, sombre et résistance, son parfum et son gout acidulé, caractéristique du levain utilisé et de sa cuisson au bois, ou encore par sa conservation assez exceptionnelle (il tient 5 jours sans difficulté !). Tout cela contribue à lui donner un caractère dont on se souvient, la miche s’exprime à table plutot que de passer inaperçue. On aime ou on n’aime pas, mais dans tous les cas on ne reste pas indifférent.

Le reste de la gamme est au diapason : rustique. Le pain de seigle, nature ou aux raisins, n’y échappe pas, tout comme les pains de mie ou aux noix. On y retrouve cette mie serrée, ces croutes épaisses et une acidité marquée (exception faite du pain de mie, bien sur !).
Les viennoiseries et autres tartes aux pommes ont un style assez unique, comme si le temps s’était arrêté. C’est sans doute ce qui fait leur succès : pour exister, soyez remarquables ! Ce qui est tout aussi remarquable, c’est d’être parvenu à maintenir un niveau de qualité assez élevé malgré les volumes produits. Dans certaines villes ou quartiers, certains préfèrent acheter du pain Poilâne, certes tranché et ensacheté, mais meilleur que celui produit par leur boulanger… Dommage, sans doute, mais pourtant vrai.

Parmi le reste des produits, on peut bien sur citer les Punitions, ces sablés offerts -selon la légende- par la Grand-Mère Poilâne en punition aux enfants de la famille, le flan et les divers pains décorés ou événementiel (en ce moment, un ballon de rugby est proposé, impressionnant !).
En marge de l’activité strictement boulangère, la marque s’est également lancée depuis quelques années dans de la ‘cuisine de bar’, c’est à dire pouvant être exécutée sans cuisinier et dégustée sans façon, voire même sans couverts pour les tartines. Une adresse de type a ouvert cet été rue Debelleyme, en plein coeur du Marais. La première se situe à coté de la boutique historique de la rue du Cherche-Midi. La promesse est respectée, on y sert des mets simples, mais peut-être un peu onéreux au vu du contenu de l’assiette. Par ailleurs, le décor assez moderne de la dernière boutique tranche nettement avec la rusticité des produits, ce qui ne manque pas de créer un effet… étrange.

On pourrait se demander l’intérêt d’acheter le pain Poilâne dans leurs boutiques, vu qu’il est disponible un peu partout. Au delà de la plus grande diversité de conditionnements, l’atout principal est la fraicheur, puisque les miches sont produites sur place rue du Cherche-Midi et boulevard de Grenelle, dans d’impressionnants fours à bois. Les revendeurs sont, quant à eux, livrés depuis la manufacture de Bièvres et peuvent proposer le pain à la vente sur plusieurs jours, ce qui est loin d’être agréable. Les boutiques sont également les seules à proposer les viennoiseries et tartes de la maison, les créations éphémères, ainsi que les cuillères, fourchette et os en sablés.
D’ailleurs, la gamme sera bientot complétée par… Un pain d’épices !
On se rend dans ces boutiques un peu pour le folklore, également, pour ce service en blouse blanche, pas toujours très avenant (beaucoup plus boulevard de Grenelle et rue Debelleyme), pour ce décor un peu « kitsch » dans les deux échoppes « historiques »…

Infos pratiques

Trois boutiques dans Paris, une à Londres, possibilité de livraison à domicile. Toutes les informations sur http://www.poilane.fr

Avis résumé

Pain ? La miche Poilâne reste une référence. Cuite au four à bois, réalisée à partir de levain, sa conservation est excellente (près de 5 jours) et elle est « marquante » : mie serrée et acidité marquée, ce n’est pas un pain qui passe inaperçu et c’est pour cela qu’on l’utilise comme base pour des tartines au déjeuner : il exprime des arômes très particuliers et puissants une fois toasté. Le pain de seigle est dans la même veine, très compact. Le pain au noix est un grand classique du genre, tout comme le pain de mie. Il ne faut pas chercher ici de quelconque originalité, mais les produits sont de bonne qualité, même s’ils sont onéreux. En dehors des boutiques appartenant à la société Poilâne, le prix du pain varie selon les distributeurs, tout comme sa fraîcheur.
Accueil ? Pas toujours très chaleureux, mais efficace et professionnel. Les produits sont bien maîtrisés. Les blouses blanches servant d’uniforme au personnel n’est pas forcément du meilleur effet, donnant une impression stricte et peu agréable, mais c’est ainsi, et je crois que la maison ne cherche pas à changer.
Le reste ? Les viennoiseries, tartes et flans sont très rustiques et ont un style assez détonnant dans la masse parisienne. Cela vaut le coup d’oeil et de dent. Les Punitions seront également appréciées avec un café, d’ailleurs, elles existent sous forme de cuillère, pratique pour les touiller dans le breuvage.

Faut-il y aller ? C’est un incontournable, rien que pour le décor, pour cette ambiance un peu surannée et ces belles miches de pain. Poilâne a intégré notre culture gastronomique et il semble difficile d’y échapper. Les produits restent bien réalisés malgré les volumes produits, et on se laissera volontiers tenter par un pain aux noix, un quart ou quelques tranches de miche, ainsi que par le flan ou les viennoiseries.

Il y a des noms qui ne destinent pas forcément au métier que l’on fait. Certes, cela ne définit absolument rien, mais on pourrait penser que cela influence. Ainsi je connaissais un certain M. Poisson qui exerçait la profession de… boucher. La vie est parfois bien curieuse.

D’accord, dans le cas présent, c’est un nom plutôt commun mais si M. Colin parvient à maintenir sa boulangerie à flots depuis tant de temps, cela signifie certainement qu’il n’a pas fait d’erreur en choisissant de s’orienter vers ce secteur d’activité.
Les boulangeries ne sont pas vraiment légion dans cette partie de la rue Montmartre, en plein coeur de Paris. Il faut souvent s’en éloigner, rejoindre la rue Montorgueil, se rapprocher de l’église Sainte Eustache ou des Grands Boulevards pour en trouver d’autres. Pourtant, la zone est très passante et les immeubles alentours sont remplis de travailleurs adeptes de repas rapides, leur pause déjeuner étant bien souvent réduite à un laps de temps très court.

Régis Colin a donc choisi son emplacement avec soin, ce qui est la première des clés – et certainement la plus importante – pour la réussite d’un commerce. Vient ensuite la cohérence de l’offre avec les attentes de la clientèle du secteur. Pour beaucoup, ce sera un en-cas économique et servi rapidement. C’est pour cela que les gens se pressent le midi devant cette petite boulangerie assez sobre et moderne. Sandwiches, quiches et autres tartes s’intègrent dans des formules qui rencontrent un franc succès, et dans le même temps assure la fraîcheur des produits, la rotation de ceux-ci étant très importante. Rien à redire sur leur qualité, cela se tient et les appétits seront satisfaits.
Pour moi, le meilleur dans un sandwich sera toujours le pain. Impossible de concevoir un tel en-cas sans une bonne baguette de tradition croustillante. Parlons-en, de cette dernière. Plusieurs fois primée, autant au niveau de Paris que de l’Île-de-France, j’en attendais beaucoup, et j’avoue avoir été déçu. Certes, elle est assez bien réalisée, avec sa croûte fine et craquante, sa mie bien alvéolée et son beau parfum de froment. Cela s’arrête là : elle ne possède pas de caractère particulier, elle est neutre et se fond « dans la masse ». De plus, les cuissons sont bien souvent trop courtes, et la baguette est plus blanche que dorée. Dommage, car sa conservation en est de fait réduite, même si elle reste dans une bonne moyenne.
Concernant les autres pains, la gamme n’est pas particulièrement fournie, on y retrouve les habituels pains complet et aux céréales, quelques petits pains aux graines ou fruits secs, et une ou deux créations tel qu’un pain à base de farine de châtaigne et incluant des noisettes. Leur réalisation est par ailleurs assez moyenne, les façonnages ne sont pas toujours du meilleur goût, et les cuissons restent là encore trop approximatives.

Du côté des viennoiseries, la pâte feuilletée est bien maîtrisée, comme en attestent les prix reçus par les croissants et autres galettes des rois, cependant on apprécierait plus de finesse dans la réalisation de produits tels que les escargots aux raisins. Cela demeure toutefois un des points forts du lieu. En continuant sur le sucré, les pâtisseries reprennent les classiques du genre et ont plus pour vocation de compléter les formules choisies par la clientèle que de briller en elles-mêmes.

L’accueil est dynamique, assez souriant et efficace, ce qui est appréciable en heure de pointe, car personne n’a envie d’attendre longtemps pour déjeuner ou acheter un morceau de pain. Mme Colin veille au bon déroulement des opérations, et les clients ressortent satisfaits de leurs achats, le porte monnaie loin d’être allégé plus que de raison.

Infos pratiques

53 rue Montmartre – 75002 Paris (métro Châtelet-Les Halles, lignes 1, 4, 11, 14 et RER A/B/D) / tél : 01 42 36 02 80
ouvert du lundi au vendredi de 6h30 à 20h.

Avis résumé

Pain ? La baguette de tradition est correcte, mais j’aurais attendu beaucoup plus vu son « palmarès ». Certes, son façonnage est délicat, sa mie bien alvéolée et son parfum de froment bien marqué. Cependant, elle n’exprime aucun caractère particulier et la cuisson qu’elle reçoit semble être trop courte. Les pains spéciaux ne présent pas beaucoup d’intérêt, la gamme n’est pas très large et reprend en grande partie les classiques de la boulangerie française. Là encore, cuissons aléatoires et réalisation moyenne.
Accueil ? Dynamique, efficace, les clients sont bien traités et considérés, tout en leur permettant de vaquer à leurs occupations – souvent nombreuses ! – rapidement. Mme Colin y veille avec attention et sa réputation n’est plus à faire sur la place parisienne, contribuant à rendre la boulangerie plus « sympathique » aux yeux de la clientèle, l’affaire revêtant un caractère familial assez sympathique.
Le reste ? Les viennoiseries sont de bonne facture, même si la réalisation de certaines peut paraître un peu grossière. Le feuilletage est bien maîtrisé par Régis Colin et son équipe, comme en atteste les prix reçus par ses croissants et ses galettes des rois – qui rencontrent un vif succès en saison. Pâtisseries sans grand relief. Les en-cas salés sont certainement ce qui fait « tourner la maison », au travers d’un large choix de sandwiches et autres tartes, proposés dans des formules abordables. Leur fraîcheur et leur prix en font des repas appréciés par les travailleurs du secteur

Faut-il y aller ? Cela reste une boulangerie « de quartier », où les produits sont proposés à des tarifs accessibles tout en offrant un niveau de qualité plus qu’acceptable. Il n’y a certainement pas lieu de traverser la capitale pour découvrir cet endroit, d’autant qu’il est placé… au centre de Paris. Cependant, les croissants sont de bonne facture et les formules déjeuner sont appréciables au déjeuner. L’accueil parvient à rendre cette boulangerie plutôt agréable, on en garde donc un bon souvenir.

Pour certains artisans boulangers, ce métier semble vraiment épouser leur mode de vie et l’occuper presque entièrement. Cette passion presque « dévorante » est admirable, et je dois dire que j’aimerais bien partager une telle envie et implication pour ce que je fais, car c’est certainement ainsi que l’on s’épanouit le mieux.

Cela semble être le cas pour Anthony Bosson, installé dans sa boulangerie « L’Essentiel » au 73 boulevard Auguste Blanqui. A seulement 26 ans, son parcours a tout de celui d’un boulanger exemplaire : compagnon du tour de France pendant 7 ans, formateur auprès d’apprentis du fournil du quai d’Anjou, démonstrateur pour un meunier et maintenant chef d’entreprise… Il possède ainsi, malgré son ‘jeune’ âge une belle expérience du métier, qu’il a à coeur de faire partager à ses clients dans sa boulangerie du 13è arrondissement.

Cette boutique d’angle entièrement rénovée affiche des lignes sobres et modernes, dans des tons gris et noirs de très bon effet. Dès que l’on pénètre dans l’endroit, le ton est donné : il faut être efficace, et c’est d’autant plus nécessaire du fait de la nombreuse clientèle, particulièrement à l’heure du déjeuner.
Allons donc à l’Essentiel…! Les travailleurs parisiens s’y pressent nombreux, et c’est pour cela qu’une file leur a été dédiée dès l’entrée, avec un présentoir regroupant les divers sandwiches et en-cas proposés par la maison. Cela permet un service plus rapide, et c’est bien vu car l’attente est donc réduite. Si les clients sont aussi nombreux, ça n’est pas sans raison : les propositions salées sont de bon niveau, fraiches et à des prix raisonnables. L’important, lorsque l’on choisit de déguster ce type de repas, c’est notamment le pain. Ce qui différencie justement une boulangerie et une chaîne telle que la Brioche Dorée ou Pomme de Pain, où le pain est pré-cuit surgelé puis « terminé » sur le point de vente.

Rien de tout cela ici, car le pain est vraiment l’essence même de cette boulangerie. Anthony Bosson a fait le choix de travailler des farines issues de l’agriculture Biologique, c’est à dire des matières premières d’excellente qualité. Ainsi, la baguette de tradition – ou flûte Bosson – est très agréable, pour 1,05 euros. Son arôme de noisette ne manquera pas de séduire. Il faut toutefois noter le fait que l’acidité caractéristique du levain utilisé pour sa fabrication est assez présente, c’est un style qu’il faut apprécier. Cela lui procure une excellente conservation et une croûte remarquable lors de la dégustation.
L’artisan ne se contente pas d’une baguette et nous propose une large gamme de pains spéciaux, présentés dans un large espace au fond de la boutique. Au sein des différents présentoirs, on découvre le fruit de la créativité de ce boulanger, entre pain Alouette au céréales et créations autour du miel, des fruits secs ou autres olives. Les tourtes de meule et pains aux diverses farines (épeautre, intégrale…) sont bien sûr présents. Les cuissons et façonnages sont de très bonne facture, et les tarifs cohérents avec la qualité proposée.

Côté gourmandises, les pâtisseries sont classiques, simples et soignées. On demeure dans… l’Essentiel – et il n’y a pas de quoi s’en plaindre. Les viennoiseries sont dans la même tendance, tout en ne présentant pas un intérêt particulier.

Le service est efficace, bien formé et professionnel. Les questions au sujet des produits sont répondues sans difficulté et avec beaucoup de précision, c’est agréable. On pourrait regretter un léger manque de chaleur humaine, mais c’est le prix à payer pour la rapidité et la clientèle nombreuse qui se masse dans cette boutique.

Infos pratiques

73 boulevard Auguste Blanqui – 75013 Paris (métro Corvisart, ligne 6) / tél : 01 45 80 27 61
ouvert du mardi au vendredi de 7h à 20h30, le samedi de 7h à 20h et le dimanche de 7h à 15h.

Avis résumé

Pain ? Les pains d’Anthony Bosson, réalisés à partir de farines biologiques et de levain naturel, sont savoureux et se conservent très bien. Cela pourrait être suffisant, mais non, l’artisan propose également une large gamme de pain spéciaux, sans cesse complétée par de nouvelles créations. Miel, fruits secs, céréales, … tout y passe, pour le plus grand plaisir des gourmands de pain.
Accueil ? Professionnel, efficace. La mécanique est bien huilée, avec deux files d’attente – dont celle dédiée aux produits salés -, ce qui permet d’assurer un service rapide. Les produits sont parfaitement maîtrisés. On pourrait chercher plus de chaleur humaine, mais c’est certainement lié à une affluence importante aux heures de mes visites.
Le reste ? Les en-cas et sandwiches remportent un vif succès auprès de la clientèle du quartier, qui se presse aux portes de la boulangerie le midi. Il faut dire les produits parviennent à associer qualité (avec un excellent pain !), fraicheur et accessibilité. Pour le reste, les pâtisseries sont soignées, sans surprise, et les viennoiseries à l’avenant.

Faut-il y aller ? Pour découvrir les créations de M. Bosson, sans aucun doute ! Sa baguette est également tout à fait digne d’intérêt. Si l’on est de passage dans le secteur au déjeuner, ses propositions salées constitueront un repas « sur le pouce » savoureux, pour un budget maîtrisé. Cette boulangerie porte donc très bien son nom : on y retrouve l’Essentiel, c’est à dire du pain de qualité, et de quoi se nourrir sans plus de cérémonie.

Cette fois-ci, ça y est. Depuis hier, la rue Rambuteau est deux fois plus gourmande !
En effet, les deux boutiques du Pain de Sucre, situées à quelques mètres l’une de l’autre au numéro 14, sont ouvertes. De prime abord, la question pourrait être : mais quel intérêt à posséder deux points de vente aussi rapprochés ?
Je me la suis posé également quand j’ai eu vent de ce projet, puis j’ai demandé des explications. La boutique historique a été convertie en boulangerie-traiteur, et la nouvelle abrite à présent les créations sucrées qui ont fait la renommée de la maison dans la capitale.

Qui dit boutique dédiée dit gamme plus large. En effet, les produits salés proposés jusqu’alors par le Pain de Sucre n’étaient pas légion, et ils étaient un peu « écrasés » par l’offre sucrée. Ce n’est plus le cas à présent, et ils peuvent s’exprimer pleinement pour satisfaire les becs salés.
Au menu ? De très gourmandes tartes, des verrines, des sandwiches, une gamme de pains et de viennoiseries élargie… Le programme est alléchant, et je suis certain que ce n’est que le début.

Didier Mathray et Nathalie Robert ont pu exprimer leur créativité sur les pâtisseries depuis 7 ans, il était certainement temps de passer un cap et de grandir pour se positionner de façon plus conséquente dans la « gastronomie » parisienne. Espérons que tout cela ne se fera pas au détriment de la qualité des produits, car ils étaient jusqu’alors parvenus à proposer d’excellentes choses malgré le succès rencontré par leur boutique.
En parlant de boutique, la seconde, qui vient d’ouvrir, est vraiment réussie : lumineuse, spacieuse et bien pensée, elle met parfaitement en valeur les douceurs du Pain de Sucre et nous permet d’avoir une meilleure vue sur la gamme : macarons, pâtisseries, verrines, chocolats… Il y en a pour tous les goûts, et l’on ne s’en rendait pas forcément bien compte auparavant. On peut même choisir de les déguster en sortant de la boutique, une ligne de « tables et chaises » a été installée sur la rue. Il semblerait également qu’un comptoir de glaces à emporter soit prévu à l’avenir, du fait d’une carte des parfums inscrite sur un des murs de la façade.

Dans tous les cas, cela s’activait déjà bien du côté du traiteur en ce samedi. Les nouveautés salées semblaient dors et déjà rencontrer un certain succès auprès de la clientèle. Elles peuvent en effet constituer un repas rapide et élaboré, sans avoir à se soucier d’une quelconque préparation. Pour les accompagner, des petites verrines sucrées, en toute simplicité, sont également disponibles dans cette boutique.

Rendez-vous donc d’ici quelques mois pour tirer un premier bilan de ce « dédoublement », car il n’est pas toujours évident de gérer des évolutions de ce type, le risque étant d’aboutir à une perte de qualité, et donc au final une certaine déception de la clientèle.

Pâtisserie et traiteur Pain de Sucre, 14 rue Rambuteau – 75003 Paris (métro Rambuteau, ligne 11 ou Hôtel de Ville, ligne 1).
ouvert du jeudi au lundi de 10h à 19h. 

Ah, la rue des Rosiers ! Ses fallafels, ses rabatteurs, ses quelques boutiques de mode, son ambiance si particulière qui nous ferait presque oublier Paris l’espace de quelques instants. Je ne peux pas dire si j’aime vraiment me promener dans ce secteur du Marais car j’ai un peu de mal à m’y sentir à ma place, mais certains centres d’intérêt font que je continue tout de même à le faire.

Parmi eux, la superbe boulangerie bleue tenue par Florence Kahn – ex-Finkelstajn. Ce nom de famille est d’ailleurs bien implanté dans le quartier, car c’est celui partagé par un certain Sacha… installé à quelques pas, dans la fameuse « boulangerie jaune ».
Dans ce décor très rétro, avec présence de nombreuses illustrations réalisées en mosaïques. D’ailleurs, la boutique est classée Monument Historique de Paris depuis 1932.  Elle a été réalisée par un Maître d’Oeuvre, qui a également réalisé quelques autres devantures du Marais, et notamment l’ancienne  boucherie chevaline qui fait l’angle entre la rue Vieille du Temple et la rue du Roi de Sicile.
A l’intérieur, c’est un voyage au coeur de la gastronomie yiddish qui nous est proposé. Tout d’abord au travers de l’offre traiteur, particulièrement large et diversifiée. On y retrouve différents plats et accompagnements, tels que du tarama, du caviar d’aubergine, des petits pains garnis… Viennent ensuite les différentes douceurs sucrées, dont le célèbre cheesecake et ses différentes déclinaisons en pavé (aux raisins, aux griottes, au citron…) ou en tarte, le strudel décliné lui aussi sous diverses formes ainsi que d’autres spécialités de l’est.
Il faut aimer le style et cette gastronomie assez différente de la nôtre. Les produits sont assez bien réalisés, même si la diversité du choix ne permet pas forcément d’assurer une fraîcheur optimale de chacun d’eux, selon moi. Peut-être serait-il plus opportun d’entretenir une carte plus courte.

Enfin, le pain est présenté au fond de la boutique. Ici, pas de baguette, uniquement des propositions fortement typées : on peut citer parmi elles le Pain razowy, réalisé à partir de farine de seigle intégrale et cuit très longuement à basse température, ce qui a pour effet de le caraméliser et de lui donner un goût très particulier, en plus d’une mie soyeuse. Les beigels répondent également à l’appel, au sésame, pavot ou en version ébouillantée. Le cumin fait également partie des ingrédients utilisés, et on en retrouve sur différents pains.
Peu importe le choix réalisé, on est certain de découvrir des saveurs assez particulières, bien éloignés des « standards » boulangers français. L’expérience est intéressante et vaut le coup d’être tentée, en particulier pour les pains yiddish peu répandus (ce qui n’est pas le cas de bagels, présents à peu près partout !)

L’accueil est charmant, attentionné et on sent qu’il y a parmi la clientèle beaucoup d’habitués du quartier, qui viennent ici pour un repas rapide ou une douceur. Ils sont reconnus et servis avec beaucoup d’égards, même si la clientèle plus occasionnelle ne manque pas d’être accueillie comme il se doit.

Infos pratiques

24, Rue des Ecouffes – 75004 Paris (métro Saint Paul ou Hôtel de Ville, ligne 1) / tél : 01 48 87 92 85 ou 01 44 61 00 20
ouvert tous les jours sauf le mercredi de 10h à 19h.

Avis résumé

Pain ? La boulangerie nous propose des spécialités intéressantes, telles que le Pain razowy, à la mie très sombre et soyeuse, que l’on dégusterait presque comme un pain de mie. Les bagels sont bien sûr présents, en plus de divers pains au cumin et / ou aux oignons. Leur réalisation est de bonne facture et on y retrouve des saveurs surprenantes, qui nous dépaysent vraiment de notre culture boulangère française.
Accueil ? Attentionné, souriant et chaleureux. Les habitués sont reconnus, même si la clientèle de passage est également très bien servie. L’ambiance dans la boutique est apaisée, on se sentirait presque dans un village, le lieu semble coupé de l’agitation parisienne, ce que le décor contribue à faire.
Le reste ? L’offre traiteur est très large et diversifiée, on y retrouve de quoi composer un repas rapide ou bien réaliser des réceptions. Là encore, les produits sont très typés yiddish, et c’est ce pour quoi on vient. Côté sucré, les différents strudels, cheesecakes ou autres spécialités satisferont vos envies gourmandes, avec beaucoup d' »exotisme ».

Faut-il y aller ? Bien sûr ! Il est très intéressant de découvrir la gastronomie telle qu’on la pratique dans d’autres pays, et c’est là une belle occasion, d’autant que les produits sont bien réalisés et proposés dans un cadre charmant. Quelques tables ornent la boutique les beaux jours, une sympathique occasion de s’asseoir et de profiter de l’ambiance, entre fallafels et autres boutiques variées.