Cela va faire 10 mois. 10 mois que j’ai pris cet engagement un peu fou d’écrire au quotidien sur cet espace. Je dis un peu fou, car cela représentait pour moi un véritable défi : comment m’astreindre à rédiger au moins un billet par jour, ce qui veut dire trouver un sujet, prendre le temps de le développer, souvent de l’illustrer… ? Pas facile, d’autant que la motivation n’est pas toujours là. Pourtant, j’y suis parvenu jusque là.
Je suis devenu, quelque part malgré moi, un « blogueur », c’est du moins ainsi que l’on me reconnaît.

Malgré moi parce que je ne souhaiterais pas céder aux tendances que je lis bien souvent et qui me déplaisent. A commencer par une fâcheuse tendance à l’égocentrisme, à la recherche d’un intérêt personnel et d’une mise en avant de sa propre personne. Contrairement à ce que certains peuvent, ont pu, ou pourront même penser, ce n’est pas le but du painrisien… qui doit devenir plus une « marque » que l’incarnation d’une personne.
Il y a aussi cette course à l’actualité, au sensationnel, à ce qui fait le buzz. J’ai un peu versé de ce côté là et j’en suis revenu. Ce n’est certainement pas là où il y a le plus de bruit que l’on entend les choses les plus sensibles et les plus intéressantes, bien au contraire. On perd l’authenticité qui est particulièrement nécessaire dans des métiers artisanaux tels que ceux dont je traite ici. Il suffit de voir les dérives que peuvent entrainer les coups de projecteur médiatiques : cela n’est certainement pas profitable à la clientèle au quotidien.

Parlons-en, du quotidien, justement. Est-ce vraiment ce qui est le plus abordé dans la blogosphère culinaire ? N’est-il pas préférable de parler de restaurants gastronomiques, de produits inaccessibles, pour faire rêver les gens et ainsi générer du trafic ? Peut-être. Du moins, c’est l’impression que j’ai, au fil de mes lectures. Je vois tellement souvent des billets au sujet de lieux dont les tickets d’entrée me semblent assez ahurissants, à croire que mes camarades blogueurs disposent de moyens conséquents, et qu’ils les emploient entièrement au bénéfice de leur passion. Leur vie doit être brillante, sans doute, mais je doute que leur lectorat puisse partager ce train de vie… et quand bien même, cela serait-il souhaitable ?
Non pas que je veuille tirer sur l’ambulance, mais quand je vois toute la misère et la galère qui existent en ce moment, je me dis qu’il y a certainement mieux à faire que d’aller passer du temps dans des palaces ou des restaurants haut de gamme. Certes, tout cela est bien confortable, mais la réalité, aussi dure soit-elle, est bien plus intéressante… et présente autant d’occasions d’essayer de partager du plaisir avec les autres. Certes, le plaisir est certainement beaucoup moins immédiat, mais il est potentiellement beaucoup plus durable et utile. C’est pour cela que j’ai choisi de m’intéresser au pain, à des produits accessibles au quotidien. Tout simplement pour créer des sourires et du plaisir chez un maximum de personnes, en dehors de toute distinction sociale, financière ou professionnelle.

Tout cela peut paraître idiot et prétentieux. Tant pis, après tout, dès lors que c’est fait avec conviction et honnêteté, cela vaut certainement mieux que toutes ces démarches un peu obscures et discutables… Non, non, je ne suis pas de mauvais esprit. Peut-être un peu, après tout, mais qu’importe ?

3 réflexions au sujet de « « Blogueur » du quotidien… au quotidien »

  1. Disons que l’on n’a pas les mêmes intérêts, ni les mêmes moyens ou motivations à 20, 30, 40, 50 ans et plus…
    Ton étonnement m’évoque ces films d’auteurs français où il ne se passe rien et où l’on assiste à des scènes banales de gens ordinaires. Quel est l’intérêt de se frotter à la mauvaise humeur permanente?
    La misère est omniprésente, et la crise va tous nous bouffer, donc autant en profiter, s’évader ou se changer les idées le temps d’une belle expérience…
    Tu trouves que les palaces ou les restaurants haut de gamme c’est le luxe, tu as raison, mais le luxe, c’est aussi et avant tout d’avoir du temps, et il semble que tu as la chance d’en avoir beaucoup! Je suis presque jaloux.

  2. J’aime beaucoup ce billet et les différentes réflexions qu’il aborde.

    J’abonde aussi un peu dans le sens de Chrisos : le luxe suprême, c’est le temps… ou pas. Le temps mal utilisé, gaspillé en vanités ; le temps qui ne sert pas à construire mais simplement à « passer le temps » ; le temps qui obéit sans le savoir à des exigences sans profondeur n’est pas vraiment un luxe, mais plutôt une aliénation. C’est le temps de beaucoup d’entre nous, et j’admire Rémi de faire du sien un luxe, pour nous tous : tout le monde profite de *son* temps à travers ce blog ; il me semble qu’il n’y a rien à jalouser lorsque c’est offert 😉

  3. Il faut aussi savoir que l’industrie du luxe ne connaît pas la crise en France et qu’en 2011 la grande restauration s’en est très bien sortie. Ce genre d’endroit n’a jamais été aussi fréquenté qu’aujourd’hui. Le rêve toujours le rêve… Les gens préfèrent sans doute se priver au quotidien pour s’offrir un grand chef une ou deux fois par an. Il y a aussi l’effet des émissions de télé-réalité. Certaines pâtisseries de luxe parisiennes ont également vu leur chiffre d’affaire fortement augmenter ces dernières années. Enfin, il est vrai que l’on peut encore s’acheter un bon morceau de pain pour un tarif relativement démocratique, mais pendant encore combien de temps ?

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