Le problème de l’évidence est qu’elle se fond dans le quotidien. C’est l’occasion pour quelques personnes mal intentionnées de la détourner et de la remplacer à terme par des pratiques bien plus alambiquées, souvent dans le but de réduire les coûts de façon tout à fait artificielle. Le pain est d’ailleurs un excellent exemple : on a longtemps cherché toutes les façons possibles d’aller plus vite, de rajouter un maximum d’ingrédients et d’additifs pour augmenter la productivité… au point de presque oublier pendant un temps comme on faisait du pain « simplement bon ». Pour continuer dans le domaine de l’alimentation, notre société a passé ces dernières décennies a aller toujours plus loin pour braver les saisons, avoir des fraises en hiver, … au point de rendre le local presque exotique.
Justement, pour valoriser le terroir francilien, que l’on pensait un temps disparu, de nombreuses initiatives ont été mises en place. Coordonnées par le CERVIA Paris Ile-de-France, elles regroupent les producteurs et transformateurs autour d’une démarche commune pour rendre visible le savoir-faire et le patrimoine agricole, alimentaire et culinaire francilien.
Ainsi, du 14 au 29 septembre, ce sont les « semaines du Manger Local », en marge de la fête de gastronomie, avec comme point d’orgue une fête organisée hier et aujourd’hui en bord de Seine.
Pour les painrisiens que nous sommes, c’était l’occasion toute trouvée de découvrir les pains du Moulins des Moissons, une aventure familiale initiée depuis la fin du 19ème siècle. Cette ferme céréalière, en lisière de la forêt de Rambouillet – à Grosrouvre, pour être exact – dans le département des Yvelines, qui produit principalement du blé, du colza et du maïs.
Aujourd’hui, ils sont trois à faire vivre cette entreprise atypique, puisqu’elle assume les métiers de céréalier, meunier et boulanger. Une véritable filière courte intégrée, que Jules, Emile et Marc Winocour ont à coeur de faire partager.
L’idée de départ vient du père, Marc. Soucieux de transmettre à ses fils une exploitation viable économiquement, il réfléchit à des façons de se diversifier et de sortir de son statut de « simple » agriculteur, alors fortement soutenu par les aides de la Politique Agricole Commune… laquelle ne sera pas éternelle. Une formation en meunerie plus tard, il monte par ses propres moyens un moulin sur Meule de Pierre, un projet courageux que peu de banques auraient soutenu.
C’est alors que ses deux enfants le rejoignent, l’un – Emile – pour assurer la production du pain au sein du fournil, l’autre – Jules – pour gérer les commandes et les livraisons.
Cette entreprise a peu à peu acquis une notoriété locale puis régionale, en livrant cantines, grandes surfaces, restaurants et marchés. Un succès créateur d’emploi et de sens autant pour cette famille que les consommateurs : les pains sont proposés à des tarifs tout à fait convenables, et ils valorisent bien mieux la production céréalière que les filières coopératives classiques. Bien sûr, une grande part de cette dernière continue à intégrer ce circuit, mais cela n’empêche pas au Moulin des Moissons de se développer.
Ce qui compte au final, c’est le goût : un tel engagement n’aurait pas beaucoup de sens si le produit n’était pas à la hauteur, comme c’est malheureusement souvent le cas avec ces « paysans boulangers ».
La farine, réalisée à partir des blés certifiés « Agriculture Raisonnée » depuis 2006, ne contient pas de résidus d’insecticides de stockage, puisque les silos à grain sont ventilés, comme c’est le cas dans le cadre de la démarche CRC que je vous avais déjà décrite précédemment. Emile Winocour, le boulanger, et son équipe, travaillent sur levain naturel pour valoriser au mieux cette matière première. Cultivé sur base de farine de Seigle et de Miel, il confère aux produits une belle douceur et quelques notes sucrées, avec très peu d’acidité.
La gamme est assez courte : les baguettes sont des Epis – nature (1€ les 250g), aux graines, au sésame, au pavot (1,20€) ou au gingembre (1,40€). Ensuite, on retrouve des pains classiques, comme le « nature », aux graines, aux noix, aux figues, aux raisins et noix. L’Oreiller se distingue par sa plus longue fermentation et sa longue conservation, ainsi que son moelleux bien agréable. Sur ces produits, les cuissons bien menées, l’hydratation maîtrisée et les prix accessibles rendent l’offre du Moulin des Moissons particulièrement attractive. Petit bémol sur les brioches (nature, au chocolat, aux fruits), un peu trop « rustiques » et sèches à mon goût.
Tout cela est bien gentil, mais vous me demanderez sans doute où trouver ces produits. A la Ferme (85 route de la Troche, à Grosrouvre) bien sûr, avec des ventes tous les vendredis de 16h à 19h et les samedis de 9h à 13h, mais aussi sur des marchés (notamment à Boulogne) et à Paris dans deux Monop’, lesquels sont livrés les mardis et vendredis. On pourra toutefois regretter le fait que les pains soient alors pré-tranchés et conservés dans des sacs en plastique, mais c’est le jeu : difficile de faire autrement quand il s’agit de vendre en moyenne et grande distribution. Pour profiter pleinement de l’expérience, il faudra donc se rendre sur les lieux ou dans les marchés. Vous trouverez toutes les informations au sujet des points de vente sur le site du Moulin des Moissons : http://www.lemoulindesmoissons.fr
pourriez vous me dire dans quel monop sur paris je peux trouver votre pain
Merci
Ils ont une boulangerie rue de la Terrasse dans le 17. Où les pains ne sont tranchés qu’à la demande et emballés au choix dans du papier ou du plastique.
Ma boulangerie plaisir du samedi