Billets d'humeur

07
Août

Saisir Paris, un dimanche d’août

Je l’ai déjà écrit ici, mais j’aime Paris autant que je la déteste. J’aime sa grandeur, sa diversité, sa vie permanente, mais je déteste sa fureur, ses mouvements d’humeur, cette atmosphère qui change les gens et les rend agressifs, mauvais… moi le premier. Pressés mais lents, toujours affairés mais perdus, nous avançons dans cette grande ville « lumière ».

Parfois, cependant, c’est un peu comme si tout cela disait juste « pause », comme si la ville avait décidé qu’il fallait faire une trêve, nous laisser vivre. Je ne suis pas seulement sensible au bon pain, aux bons produits, non, j’aime aussi profiter des ambiances, saisir les couleurs, parfums, instants. J’aimerais parfois me donner le temps de m’asseoir pour mieux profiter du spectacle, pour peindre ce tableau fascinant d’une ville telle que Paris.

Aujourd’hui, un dimanche d’août, je voulais sentir cette vie parisienne un peu apaisée. Dans le Marais ce matin, peu de monde, peu de voitures, peu de Paris. Notre grande dame prenait des couleurs de ville de province. En remontant la rue de Turenne, pas un seul commerce ouvert. Le calme, juste le calme. Pour seule compagnie, des mouettes. Il ne manquait plus que les embruns, le bruit des vagues, l’odeur des vacances. Même le marché des Enfants Rouges n’était plus aussi écarlate que d’habitude, seuls quelques courageux marchands se tenaient derrière leur comptoir, attendant sans grand espoir une foule qui se faisait bien attendre.

Changement de lieux, changement d’atmosphères. Un passage vers les buttes Chaumont en début d’après-midi, pour profiter des pains si spéciaux de chez Véronique Mauclerc. Même le parc semblait avoir été abandonné par ses habituels coureurs du dimanche. En passant par Marx Dormoy, je retrouvais par contre les mêmes odeurs et couleurs qu’à l’ordinaire, entre nourriture exotiques, langues d’ailleurs et multiples ethnies. Ici, le luxe des vacances n’est pas quelque chose d’accessible. Il y a de quoi se sentir un peu idiot, avec mon « pairisianisme », d’ailleurs. La préoccupation serait plus ici d’avoir du pain sur la table, peu importe lequel.

On redescend, le malaise un peu également. Montmartre, place de Clichy, l’Opéra. Le peu de vie parisienne restant en ce jour se concentre là, avec ces touristes venus découvrir la France et ses curiosités. Parmi elles, d’ailleurs, le pain et les douceurs. Attroupés dans les boutiques Ladurée, Pierre Hermé ou encore « la Cure Gourmande », les gourmands du monde entier se retrouvent et pensent toucher du doigt notre culture…

Je traverse ces quartiers, ces ambiances tout en courant le pain, tout en continuant à me nourrir de ces couleurs. Au fil des heures, j’ai saisi le fil de cette journée, j’ai senti ma capitale s’éveiller, vivre et peu à peu s’éteindre, s’endormir, se laisser porter par la douce langueur caractéristique du mois d’août. Je ne sais pas bien si je préfère des journées comme celles-ci aux autres, ce sont tout simplement des expériences différentes. Demain est un autre jour, d’ailleurs… Toujours aussi painrisien.

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