Au delà du fait d’acheter des produits, je passe mon temps à observer la vie des boulangeries. Aussi bien derrière que devant le comptoir. Les deux éléments sont particulièrement révélateurs de la vocation d’un lieu, et des habitudes – ou non – que peut avoir la clientèle au sein du commerce. Entre visiteurs de passage et habitants du quartier, il y a un monde et cela fait beaucoup du caractère que peut avoir une boutique. Les zones résidentielles et touristiques sont ainsi très différentes en terme d’ambiances et d’intérêt porté au produit, au delà même du simple achat de nécessité qui représente le quotidien de milliers de personnes.
En effet, certaines boulangeries et parisiennes comptent parmi leurs clients de nombreux touristes, amenés là par quelques guides référençant ce qu’ils décrivent comme les meilleures adresses de la capitale. Ce n’est pas toujours faux, mais j’ai tendance à penser que cela change beaucoup de choses dans le rapport que clientèle peut avoir au produit. Certes, ils font « tourner le commerce » en achetant d’importantes quantité de pains, viennoiseries et autres gourmandises, mais respectent-ils ces produits pour autant ? La plupart du temps, cela se finit par des « séances » de « dégustation » où les produits sont ingurgités les uns à la suite des autres…
Justement, pour moi, il est avant tout question de temps. Pour confectionner le produit qui arrive sur nos tables, dans nos mains, l’artisan prend du temps et met en oeuvre son savoir-faire. Cette implication doit être respectée et appréciée : ainsi, il faut donner à notre tour un peu de temps à ce produit lors de la dégustation, ne pas en faire un mets que l’on oublie en quelques instants… Certes, tout cela revêt un caractère presque luxueux dans cette époque où nous sommes toujours pressés, en train de courir après de quelconques chimères.
Au delà de ça, il y a également la question des fameux classements et concours organisés par des particuliers ou des entités plus ou moins officielles. Le principe de ce type d’événement repose sur la dégustation « enchainée » de lots de produits, si bien qu’en définitive ils finissent par se confondre et se noyer les uns les autres. En définitive, est-ce ainsi que l’on parvient à mettre en valeur le travail des boulangers et pâtissiers les plus doués ? Je n’en suis pas vraiment convaincu. D’autant que cela génère souvent de nombreux restes, qui finiront immanquablement jetés comme de vulgaires ordures. Est-ce ainsi que l’on conçoit le respect dans notre « société moderne » ?
Je ne cherche pas à jeter la pierre à qui que ce soit, mais simplement à relever un fait qui finit par me gêner, car ce sont des habitudes plutôt fréquentes. A mon sens, il s’agit avant tout de réétudier notre rapport à l’alimentation et de ne pas tomber dans des dérives liées à notre monde où tout est question d’apparence et de performance. Pour ressentir un certain « accomplissement », il faudrait donc avoir goûté le meilleur, touché du doigt l’excellence et disposer des preuves nécessaires pour en faire la publicité dans son entourage. Seulement, cela exprime-t-il notre goût propre ou celui de la société, celui communément admis comme étant juste et empli de « bon sens » ?
Face à cela, il serait préférable de chercher à développer ses propres critères pour véritablement apprécier le travail de chacun de nos artisans sans biais, de façon tout à fait honnête.
Vivons la gourmandise de façon libre et respectueuse, de nous même (et donc de nos faims et envies) et du travail nécessaire pour parvenir à créer des produits qui seront à même de la satisfaire. Je pense que c’est de cette façon que nous parviendrons à un « mieux » plutôt qu’à un « plus » (qualité contre quantité, des arbitrages toujours complexes)…
J’aime beaucoup ce sujet car il reflète une chose , c’est que au delà de la réputation local d’un artisan , certain étendent leur réputation grâce au concours divers .
Je prend l’exemple du concours de la meilleur tradi des divers département d’Ile de france et de Paris qui est un non-sens …
En effet pour tous ils réalisent des fournées exprès pour ce concours ce qui ne reflète pas la qualité au quotidien et on peu fantasmer sur la seul méthode d’un classement selon moi équitable qu’était celle du guide des meilleurs boulangerie de Paris de Michel et Augustin .
Au moin là il passait quand bon leur semble prendre les produit mais aussi la »température » du magasin l’acceuil , la propreté etc
Là on à quoi ? si vous regardez bien ce sont bien souvent les mêmes artisan qui font partie des classements ? Et les autres ils sont si mauvais ? non mais ils sont bien souvent trop petit pour avoir le temps de se libérer et apporté leur produit . Quand je voit que le guide Puddlo reprend régulièrement les mêmes artisan sa me laisse songeur . D’autre mérite tout autant cette attention et ce serait les mettres en avant .
A méditer
Je suis bien d’accord Jacky, et c’est ce que je tente de rétablir ici en effectuant mes visites de façon aléatoire, sans toute cette organisation liée aux concours… Le résultat est parfois détonnant!
En réponse à Jacky,
Les concours devraient peut être être conçus comme en Suisse où, les participants sont évalués sur leur production durant une année avec des clients « mystères » qui prélèvent le, ou les, produits(s) présentés au concours.
On retrouve en finalité, comme le dit Rémi, le travail accompli par nos blogueurs-dégustateurs-critiques tout au long de leurs visites.
ce serait géniale sa ! Mais bon il ne faut pas rêver …