Notamment pour éviter de manger ça.

Façonnage approximatif, croûte molle dès l’achat, mauvais rapport entre mie et croûte (trop de mie pour une baguette !), quasiment aucun parfum, voilà une baguette de tradition bien peu attirante. Après ce premier contact, la dégustation prolonge le « plaisir » : mie pâteuse, mâche désagréable et goût de… levure. Autant vous dire que cela n’a aucun intérêt, et aurait plutôt tendance à gâcher un repas plutôt que de l’accompagner et de le sublimer.

Cette baguette, je l’ai tout simplement trouvée chez un boulanger près de chez moi, en banlieue parisienne. Elle est assez représentative des options que l’on peut avoir par ici, entre médiocre et mauvais. Je suis attristé par une telle situation, pour plusieurs raisons : tout d’abord car les consommateurs n’ont pas à leur disposition une offre suffisamment qualitative, ce qui a pour conséquence qu’ils se contenteront d’un produit plus que médiocre, pourtant proposé à un tarif « standard » (1,10 euros la baguette de tradition de 250gr). Ensuite, pour arriver à un tel résultat, il faut que l’artisan ayant réalisé ce pain n’y ait pas mis beaucoup du sien, je crois. C’est dommage : il répète jour après jour des recettes, des process, sans y apporter la moindre touche de sensibilité, d’amour, ce qui changerait peut-être le goût de cette fameuse baguette. Je crois énormément en l’importance de cet « ingrédient » pour obtenir un pain savoureux.

Ainsi je suis devenu un painrisien, un drôle d’individu prêt à « courir » le pain. Bien sûr, ce n’était pas la seule raison. J’avais besoin de reprendre goût à l’alimentation, à trouver du plaisir dans ce que je mangeais. Je ne crois pas que cela aurait été le cas si je n’avais eu en face de moi que ce genre de baguette, mis à part si j’avais eu un goût prononcé pour la levure et les produits insipides.
Cela me dérange un peu, au final. Nous n’avons plus d’excuses pour faire du mauvais pain, nous maîtrisons des technologies qui nous permettent d’assurer une excellente régularité de production (chambres de pousse à température contrôlée, fours à hydratation programmée, …). Malgré tout cela, nous continuons à nous complaire dans le médiocre, dans l’inintéressant. Pourtant, peut-être que les consommateurs seraient plus enclins à aller en boulangerie si le pain qu’ils y trouvaient se différenciait nettement de celui proposé en supermarché. Aujourd’hui, c’est trop rarement le cas, et je comprends presque leur démarche : c’est plus pratique et généralement moins cher. Dès lors, pourquoi s’en priver ?

Etre painrisien, je pense que c’est aussi être porteur d’une certaine « mission » : inciter les autres à s’intéresser au beau et au bon, mais également pousser les artisans peu impliqués à changer leurs habitudes. Certes, cela peut paraître naïf et utopique. Pourtant, c’est bien là mon engagement… et ce pour quoi je m’implique au quotidien, en écrivant ici même.

3 réflexions au sujet de « Pourquoi suis-je devenu painrisien… »

  1. Je soutiens ta démarche, étant moi-même « painrisienne » (comment qualifier autrement quelqu’un capable de passer le périph’ et de traverser quatre arrondissements juste pour acheter du pain ?). J’espère qu’elle portera ses fruits…

  2. Comme je te comprends ! Ici à Genève c’est une véritable catastrophe, le quasi monopole est tenu par la baguette paillasse ou les supermarchés. Dur, voire très dur de trouver une boulangerie qui tienne la route … Du coup je n’hésite plus à ramener du pain de Paris dès que j’en ai l’occasion !

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