Sans forcément célébrer moi-même les différentes fêtes qui ponctuent notre calendrier, je ne vous cache pas que je les apprécie tout de même, car elles poussent nos artisans à créer des produits éphémères pour ces événements, ce qui créé ainsi des occasions de varier les plaisirs, goûts et saveurs. De plus, le caractère plutôt « furtif » de ces créations ne manque pas de leur donner un goût d’autant plus particulier et intense… on reste tous un peu des enfants, chacun à notre façon.
La dernière occasion gourmande en date était bien sûr la fête des Mères. J’en avais un peu parlé dans un billet précédent, nos artisans avaient alors redoublé d’inventivité pour faire chavirer le coeur de ces femmes qui nous sont si chères. Bien entendu, le repas de ce jour de fête devait se terminer en apothéose, et c’est pourquoi les meilleurs pâtissiers parisiens avaient également planché sur des douceurs féminines à déguster au dessert.
Au programme, de nombreux coeurs (notamment chez Pierre Hermé, des Gâteaux et du Pain, Un Dimanche à Paris, …) mais également des produits aux formes plus traditionnelles.
Du côté de la rue Rambuteau, certaines pâtisseries de la gamme habituelle avaient pris la forme imposée par l’événement, mais la vitrine s’était également enrichie d’une… Surprise. Cette dernière était en réalité un entremet pour deux convives, un format bien adapté, car reprenant l’idée du partage de cet instant entre l’enfant et sa mère… Un cadeau à faire à l’autre autant qu’à soi-même, en définitive.
Sur le plan visuel, le nom correspond bien au gâteau : en effet, son aspect ne laisse pas beaucoup paraître de ce qu’il renferme, et il faut briser la délicate coque de chocolat noir pour découvrir le secret.
L’instant aurait pu être une belle révélation, seulement, l’effet a été gâché par un écoulement de liquide provenant de la compotée de cerises contenue dans la pâtisserie. Les fruits sont en effet des ingrédients capricieux, et les problèmes de gélification peuvent survenir à la production, ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’en rencontre… Néanmoins, cela n’a pas altéré le reste du produit.
Framboises et fraises des bois fraiches, crème pâtissière à la vanille, compotée de cerises, biscuit moelleux aux amandes, mousse au chocolat noir, le tout enveloppé dans une fine coque de chocolat noir… Une composition complexe, à la hauteur de l’événement. Le jeu de textures n’est pas dénué d’intérêt, d’ailleurs : on commence par apprécier le craquant du contour, avant de plonger dans l’onctuosité de la crème à la vanille – assez épaisse et dense, de laisser fondre les cerises et le biscuit moelleux sous sa langue et enfin de prolonger le plaisir en terminant par cette mousse presque vaporeuse. Au delà des sensations, il y a les parfums, celui de la vanille accompagne avec beaucoup de douceur les fruits, et particulièrement les délicates fraises des bois. En contraste avec cette douceur, la compotée de cerises apporte des notes acidulées, contrebalancées là encore par la présence du biscuit aux amandes, « rond » et doux. L’ensemble est assez peu sucré.
L’expérience pourrait être vraiment agréable si seulement elle n’était pas perturbée par l’amertume du chocolat, qui finit par prendre le dessus sur le reste des éléments. Un pourcentage de cacao moins élevé aurait certainement bienvenu, ce qui aurait accompli un meilleur équilibre des saveurs. Nos mamans méritent bien un peu de douceur, n’est-ce pas ?
Cette Surprise demeure malgré tout une gourmandise agréable, ne serait-ce que pour son aspect sympathique et son jeu de textures. Côté prix, cela demeure assez raisonnable, 12 euros pour deux convives, au vu du travail nécessaire pour l’assemblage des différentes couches et du prix des fraises des bois, présentes en quantité généreuse. On aurait simplement aimé parvenir à ce fameux équilibre, tellement important en pâtisserie.
Surprise, Pâtisserie Pain de Sucre – Paris 3è, création proposée à l’occasion de la Fête des Mères, dimanche 3 juin – 12€ la pièce pour deux convives.