Quand on entre dans un fournil, on a du mal à se rendre compte de l’investissement que peut nécessiter l’ensemble des équipements présents dans l’espace, souvent restreint par ailleurs. Bien sûr, il y a le four, sa taille en dit long sur son prix et il y a de quoi se dire que notre cuisinière est, à côté de ça, une pièce de dinette. Seulement, c’est sans compter sur tous les autres éléments : diviseuse, chambre de pousse, pétrin, laminoir pour les viennoiseries, … dans cet environnement, un seul être vous manque et tout est dépeuplé : la production en pâtit, mais le porte-monnaie aussi, car le remplacement du matériel défunt annonce déjà la couleur de la douloureuse.
Cela explique sans doute la longévité des acteurs de ce milieu. Parmi eux, Panifour fête ces jours-ci ses 30 ans d’activité, avec des portes ouvertes où l’accueil ne manque pas d’être… chaleureux. Aujourd’hui, j’ai donc mis mes pantoufles pour aller à Bondoufle, où siège l’entreprise.
Ici, on met en avant les produits Bongard, et pour cause : l’entreprise en est « distributeur exclusif ». Il y a bien sûr les fours, mais aussi le froid et les outils liés à la production boulangère. Parmi eux, la fameuse diviseuse-formeuse Paneotrad, laquelle est particulièrement mise en avant au sein du fournil de démonstration. Etrangement, le prix n’en est d’ailleurs pas affiché, à l’inverse de la plupart des autres équipements présentés : forcément, mieux vaut ne pas parler tout de suite des choses qui fâchent, et se concentrer plutôt sur les avantages de l’outil : flexibilité, limitation des invendus, petites fournées et pain frais en continu, réduction des contraintes physiques et du travail de pleine nuit… Il ne faut pas pour autant en oublier l’exigence du procédé, qui ne parvient à donner des résultats probants que si toute la chaine est respectée : pétrissage, mise au froid, enfournement… la rigueur du personnel est essentielle, et quand on connaît les difficultés du secteur pour impliquer des professionnels sérieux, il y a de quoi se poser quelques questions.
Autre star de l’événement, la machine « Masterchef » – non, rien à voir avec l’émission de TV -, qui est capable de préparer des crèmes sans risque bactériologique, mais aussi des bases de guimauve, de chocolat… un tout-en-un coûteux mais très pratique à l’usage, une fois la mise en place et la formation effectuées : c’est en effet un outil aussi complet que complexe.
L’entreprise boulangerie est aujourd’hui confrontée à des enjeux qui doivent la pousser à être performante sur tous les plans : ainsi, Panifour a regroupé dans ce mini-salon les compétences d’un fabricant de vitrines & agenceur d’espace (ev&ma), d’une société d’intérim spécialisée boulangerie (Fournil Interim), d’entrepreneurs en bâtiment ainsi que d’experts variés…
Sans compter sur les fournisseurs de matières premières : à la démonstration, les partenaires meuniers se succèdent jour après jour. Hier, les Moulins Bourgeois étaient au four, aujourd’hui les Moulins de Chars, demain le groupe Soufflet, mercredi les moulins Fouché, avec un retour de la minoterie de Verdelot pour clôturer le bal le jeudi. Ainsi, on ne peut pas taxer Panifour de clientélisme, et chacun peut venir découvrir les produits spécifiques de chaque moulin. Impatience, pain des Canuts, Charmante, Tradi, … autant de noms qui résonnaient entre ces murs ce lundi, à côté des spécialités pâtissières et viennoises concoctée par les démonstrateurs. Le plus marquant reste sans doute ce charmant croissant au chocolat, avec son feuilletage coloré et sa barre de chocolat centrale. Un produit élégant… et fondant, qui ne manque pas d’attirer la curiosité du client.
Délice & Création / La Berrichonne présente également ses solutions pour artisans : entre produits finis, prêts à être décongelés, et préparations intermédiaires, il y en a pour tous les goûts et le catalogue est aussi épais que bien fourni. Ne soyons pas sectaires et reconnaissons qu’il y a de bonnes idées à prendre, notamment sur les recettes de snacking, lesquelles sont élaborées avec soin et parfois inventivité.
Encore une fois, cet événement met bien en lumière la complémentarité entre les acteurs et la nécessité pour eux de se regrouper afin de proposer des solutions complètes aux artisans. Pour ces derniers, le problème pourrait bien être d’avoir en face d’eux des entreprises « soudées » et n’ayant aucun intérêt à se faire concurrence, ce qui aurait comme effet direct une élévation progressive des prix. Le coût de la praticité ? A voir. Laissons tout cela fermenter… et cuire, avant d’en tirer des conclusions.