Je suis un peu inquiet pour nos jeunes générations, et plus particulièrement pour le développement de leur sens du goût. En effet, ils sont de plus en plus habitués, dès leur naissance, à consommer des produits industriels sans aucune saveur. Comment pourraient-ils développer des souvenirs d’émotions ressenties en dégustant des mets authentiques, pas forcément particulièrement élaborés, mais remplis de parfums, de textures et d’un savoir-faire que seuls les artisans détiennent ?
Cela m’inquiète d’autant plus que je n’en suis pas si loin que ça, ma génération étant tout aussi concernée par ce fait… Ainsi, il m’arrive parfois d’avoir des références basées sur le goût de produits issus de la grande distribution, ce qui n’est pas franchement fait pour me réjouir. Néanmoins, si c’est cela nos nouveaux souvenirs d’enfance, cela doit faire partie de l’évolution de la société.
Justement, en sentant ce pain « Forêt Noir », créé par Jean-Paul Mathon dans sa fameuse Gambette à Pain, j’ai immédiatement pensé aux « Pim’s », ces génoises recouvertes d’un confit de fruit et d’une coque de chocolat noir. En effet, cette nouvelle création incorpore du chocolat et de la framboise. Les pains au cacao se font de plus en plus fréquents chez nos artisans boulangers, à tel point que les meuniers s’en sont emparés et proposent à leurs clients des recettes faciles à mettre en oeuvre dans leurs fournils. C’est notamment le cas chez les minoteries Viron ou encore chez Foricher. Un produit gourmand et apprécié par la clientèle pour son côté moelleux et beaucoup plus léger qu’une viennoiserie.
Pour notre artisan du 20è arrondissement, pas question d’utiliser une recette déjà élaborée, non, il était indispensable de mettre au point un pain qui corresponde à son niveau d’exigence – et nous savons combien il est élevé ! Ainsi, depuis quelques semaines, l’artisan travaille à l’élaboration de ce produit au sein de son fournil, et nous ravit certains mercredis avec ses essais. Tout d’abord sur le nom. L’absence du ‘e’ à la couleur de cette fameuse forêt est tout à fait volontaire, le sujet a fait l’objet de nombreux débats. En effet, M. Mathon considère qu’il s’agit d’un pain, et qu’il faut donc conserver le masculin pour le décrire.
Ce n’est pas le plus important. L’essentiel demeure le goût du produit, et en la matière, nous sommes bien servis. L’association du chocolat noir et de la framboise est plutôt fréquente, et pour cause, elle est particulièrement savoureuse. Ici, les brisures de fruit sont disséminées dans la mie et apportent des notes fruitées et acidulées en contraste avec les billes de chocolat, présentes en quantité généreuse. Ces dernières sont peu amères, et s’associent en douceur avec le cacao en poudre incorporé au pétrissage ainsi qu’avec les framboises. Tout cela ne serait pas complet si la texture du pain n’était pas en accord avec cette idée de gourmandise. En l’occurrence, nous n’avons qu’à fondre dans cette mie moelleuse et tendre. La croûte exprime simplement quelques notes de caramélisation mais est quasiment absente à la dégustation, ce qui n’est pas forcément un mal puisque pour ce type de produit, c’est avant tout sur la mie que l’on se concentre, sans s’attendre à un quelconque caractère craquant.
Comme j’ai commencé à vous le dire, ce pain gourmand vous fera immanquablement penser à une sorte de « Pim’s » grand format, tout en étant bien plus intéressant en terme de textures et de possibilités d’accords. En effet, vous pouvez bien sûr choisir de plonger dans cette forêt seul, sans accompagnement, mais ce serait oublier qu’elle peut sublimer des viandes rouges. Promenons-nous dans les bois…
Bien sûr, M. Mathon n’est pas satisfait du résultat, et il sera sans doute amené à retravailler son produit des heures durant avant de le proposer de façon pérenne à sa clientèle. Néanmoins, je ne vous cache pas que j’aimerais que bien plus d’essais manqués aient cette saveur !
Pain « Forêt Noir », La Gambette à Pain – Paris 20è, vendu à la pièce, 2,95€ les 250g – il devrait, si tout va bien, être proposé le mercredi à partir de la rentrée… espérons !
Il faudra que je fasse mon pèlerinage hebdomadaire un mercredi pour gouter ça…
Puisqu’on parle de JP Mathon, j’ai été très déçu de l’accueil lors de ma dernière visite. Une vendeuse désagréable, qui n’avait visiblement aucune envie d’etre là. Bon, un mauvais jour sans doute. Mais ce qui m’a vraiment choqué, c’est le manque d’hygiène: apparence négligée, ongles sales, et quand elle s’est essuyé le nez du revers de la main avec laquelle elle sert…BEURK
Sinon ma baguette et mon pain préféré étaient top comme toujours. Un des boulangers les plus réguliers, et quand on sait qu’il travaille au levain par nature capricieux…
Salut,
je suis passé ce jour, j’ai encore fait le plein. Trop bien cette boulangerie, comparativement aux autres le pain et tout le reste déchire, c’est délicieux!
L’accueil, franchement, les vendeuses sont sympas, elles bossent et de la joie y’en pas forécement tout le temps
et après?
Bien rien, elles sont très pro, et si quelqu’un à quelque chose à leur reprocher qu’il aille le leur dire au lieu de poster sur un blog.
Personellement, si cette adresse était mal tenue je ne m’échinerais certainement pas à taper ce type de message.
Je l’encesse pour plusieurs raisons:
– la qualité
– le bohomme derrière le four (chapeau bas Monsieur)
– l’équipe qui malgré ce que l’on peut dire se déchire et
fait la promotion de l’endroit
– l’emplacement ne lui donne pas toute la visibilité dont il aurait besoin pour devenir la Super star du pain à Paris
qu’il mérité très largement quand on voit les 1300 concurents qui pour certains se disent artisans et soit disant à « Continuer à militer pour la préservation de la qualité, de la tradition et du goût ! » (loooool)
-je n’aime pas les copieurs qui sont pas si nombreux mais tellement phototgéniques et hableurs et malins…
Bref, bonne continuation.
Remi comme d’hab, super tes articles à bientôt!
Aurélien B.