Non, ce n’est pas un poisson, Avril est définitivement le mois des chocolatiers. Oui, c’est Pâques, man. Trêve de plaisanteries, au delà des célébrations religieuses, nos artisans parviennent à tirer leur épingle du jeu en proposant des créations gourmandes qui ravissent petits et grands. Nous sommes habitués aux oeufs, poules, lapins, … mais aussi nids de Pâques et autres pâtisseries qui finissent par être un peu poussiéreuses.
Heureusement, certains ont décidé de renouveler le genre. Les sujets de Pâques prennent de nouvelles formes, parfois insolites, poétiques ou attendrissantes – j’ai moi même fondu pour un charmant Ibis des Marais chez Christophe Roussel. Les gâteaux se font plus légers et inventifs, même chez Ladurée, sous l’impulsion du jeune et créatif Yann Menguy, lequel nous a proposé un savoureux Entremets Paquerette en trompe l’oeil.
Du côté des boulangers, on pourrait penser que le champ des possibles est plus limité. Il n’en est rien. Gontran Cherrier nous avait ainsi préparé un amusant Kouglof chocolaté, à napper au dernier moment d’une crème, d’autres avaient préparé des brioches, tandis que les plus puristes étaient restés dans le domaine strict de la panification en proposant des déclinaisons autour du pain au cacao.
Au mois d’avril, pour accompagner les célébrations pascales, la Maison Kayser propose un pain très abouti et parfumé, qui associe textures, saveurs épicées et bien sûr… chocolat.
Créé en 2014, le pain Chocolat Noir, Noisettes et Fèves de Tonka avait fait forte impression auprès de la clientèle… ce qui justifie naturellement son retour cette année.
L’épice exprime pleinement ses notes de vanille, de musc, de tabac, si particulières et caractéristiques. Elles sont portées par une base de pain Ekmek, à l’huile d’olive et au miel. Ce choix n’est pas anodin, car les matières grasses et le sucre incorporés contribuent à fixer et sublimer les arômes, tout en offrant une texture moelleuse et une meilleure conservation. Cette spécialité d’origine turque faisait partie jadis de la gamme permanente de la Maison Kayser… ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, dommage.
Les morceaux de chocolat, présents en quantité et tailles généreuses, prolongent le plaisir par leur saveur vive et légèrement acidulée. Ces derniers sont de bonne qualité et leur goût s’en ressent : du Valrhona 62% de cacao, s’il vous plaît !
Pour finir, les noisettes complètent ce tableau gourmand par leur croquant. Certaines boulangeries Kayser les torréfient, ce qui exalte leur parfum et leur permet de s’exprimer sur la fève de Tonka, qui a tendance à prédominer sinon.
Les épices sont trop rarement utilisées en boulangerie et c’est bien dommage, ce produit en est une bonne preuve. On mange ce pain comme une vraie gourmandise, seul ou accompagné d’un peu de confiture de fruits rouges, au petit-déjeuner ou au goûter. Le jeu de textures -moelleux, croquant, fondant- et de saveurs rend l’ensemble particulièrement addictif.
Reste la question du prix, assez élevé : 3,50€ pour des pièces d’environ 300g, c’est cher mais pas tant que ça si l’on tient compte des ingrédients incorporés (chocolat, noisettes, huile d’olive, miel, fève de Tonka) et du fait que cela remplace avantageusement une brioche, souvent plus onéreuse.
Il ne reste plus que quelques jours pour en profiter, puisqu’il sera remplacé en mai par le pain Ekilibre… beaucoup moins gourmand !
Je l’ai goûté grâce à ton article ! L’accro aux pains aux pépites de chocolat te remercie beaucoup 🙂
A Cour Saint-Emilion, la miche était façonnée à plat, sans grigne marquée et peu cuite, comme les pains ekmek ou les pains marocains à la semoule de blé. Moins attirant à mon goût, moins intéressant sur le plan des textures et des arômes, mais l’accord tonka-chocolat me séduit toujours autant… Je me suis surprise les doigts dans la miche à chercher la plus grosse pépite suivante 😀 Merci pour cette découverte qui vient compléter mon panorama des pains aux pépites de la capitale !
Bonjour Emma, ravi que cela t’ait plu malgré ces petits désagréments. La boulangerie de Cour Saint-Emilion n’est pas la championne de la régularité, c’est dommage…
J’ai eu plus de chance à Bercy sur les 2 fois où je l’ai pris. Bien dorée avec la grigne comme il faut même si la texture est plus « mousseuse ». Les arômes décrits présents. C’est vrai que ça fait du bien de voir un boulanger chercher la gourmandise pour un pain.
Il faut peut-être se tourner vers celui à l’azuki de La Gambette à Pain que tu présentes?
J’ai pris le dernier rue Monge hier ! Aujourd’hui, y’en avait plus 🙁
Le pain était très bien cuit et grigné, rien à voir avec ce que j’avais dégusté à Cour Saint-Emilion. Et sans les noisettes (oubliées ? ), le chocolat semble encore plus intense. Disons que l’alliance tonka-chocolat fonctionne à merveille, et plus étroitement. L’épice le sublime alors vraiment.
Tant que je suis à parler de fève tonka, j’ai goûté une autre création chez La Boulangerie de Cyril Lignac : un pain caramel, tonka et chocolat. Je n’aime pas trop la base de pain de mie, mais l’association est bien pensée et très aromatique (et peu sucrée, contre toute attente).
Et puis la merveilleuse confiture fraise-tonka de la Chambre aux Confitures… pas trop sucrée (contrairement au reste de leur gamme qui l’est trop pour moi) et très équilibrée. L’association est envoûtante !
Oui, j’ai goûté le pain dont tu parles chez Lignac. Comme toi, je trouve que la base de pain de mie n’est pas très heureuse, un peu écoeurante à la longue. Enfin cela reste un bon produit, malgré un prix élevé. Pour être tout à fait exact, il n’y a pas de caramel à proprement parler, c’est le chocolat utilisé qui est parfumé au caramel (du Caramelia de chez Valrhona).
Je retiens la suggestion pour la confiture, c’est vrai que je trouve ses créations trop sucrées également.
Oups, c’est La Pâtisserie de Cyril Lignac 😀 Toutes mes excuses !