Voilà un acteur important de la boulangerie parisienne. Eric Kayser, ce boulanger rouquin et alsacien, l’air un peu timide et sympathique, a installé ses boutiques un peu partout dans la capitale, marchant sur les plates bandes d’acteurs plus anciens et installés comme Paul. Une success-story à la française!
Tout a commencé rue Monge, au 8, donnant à sa baguette star un nom désormais connu dans le monde entier « la Monge ». Cette Monge est fabriquée à base de levain naturel, un levain liquide entretenu au sein d’une machine appelée fermento-levain, inventée par Eric Kayser en 1994. Elle permet de le maintenir à bonne température, cela facilite grandement la tâche des boulangers travaillant avec un levain naturel, les libérant ainsi des contraintes liées à la météo (le levain pouvant sinon devenir trop acide, notamment).
Ce travail au levain pose la base d’une offre assez qualitative, décrite par l’enseigne comme étant « haut de gamme ».

Mais qu’est-ce que les Kayser, à présent ? Une chaîne, comme il en existe d’autres, ou bien de vraies boulangeries ? Disons que l’on est entre les deux. Le pain est entièrement réalisé sur place, avec des recettes différentes dans chaque boulangerie (on peut goûter le bon Bac, le Carré Duroc, l’Odéon Santé…), mais beaucoup des autres produits sont plus industriels, telles que les pâtisseries. Au delà de ce fait, Kayser a pris le chemin d’une conversion progressive du statut de boulanger à celui de « restaurateur », en proposant une large offre salée (plats chauds, salades…) et des espaces de consommation sur place, comme c’est le cas rue du Bac, boulevard Malesherbes ou encore rue Danielle Casanova. Des lieux très tendance pour les cadres en quête de repas rapides.
Tout cela s’éloigne lentement des fondamentaux de la boulangerie… quelle est la place du pain dans tout cela ? C’est toutefois un mal assez commun dans Paris, en effet, les loyers sont élevés… ce qui implique de développer des activités sur lesquelles la marge est plus importante. Difficile donc de blâmer Eric Kayser d’avoir fait ce choix. La qualité dans tout ça ? Variable, en réalité. Toutes les adresses ne se valent pas. Dans un sens, c’est presque rassurant : chaque boulangerie est réellement différente, les personnes préparant les produits également. A mon sens, l’adresse historique de la rue Monge reste la meilleure, avec un pain toujours bien cuit. A noter qu’au 14 de la même rue on trouve une boutique proposant du pain biologique, avec une gamme entièrement différente (boule de Méteil, pain à l’épeautre…).
Que préférer ? Un artisan de quartier ou bien cette « chaîne » ? Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Tout d’abord, on peut considérer que faire confiance à ce type d’entreprise, c’est amener à terme la disparition de petits commerces indépendants. Le raisonnement se tient, bien entendu, mais la différenciation doit se faire sur la qualité. Force est de constater que cette même qualité se perd bien souvent chez les indépendants, qui ont tendance à privilégier la productivité pour améliorer la situation économique de leur petite entreprise. Au final, c’est une affaire de goût.
Le principal avantage qu’offre Kayser à mon sens, c’est la variété de pains proposée, avec des formats permettant de varier sans acheter des quantités importantes. Le pain aux noix, très doux et légèrement brioché, est loin d’être désagréable. Le Rustique, avec ses notes de blé noir, est très agréable avec un peu de beurre salé. Il y en a bien d’autres, et de différentes dans chaque boutique, comme je l’indiquais précédemment. On retrouve également le pain du mois, en accord avec les saisons. Une initiative appréciable.
Infos pratiques
Le site de la Maison Kayser sera certainement le plus à même de vous renseigner sur les boutiques, même s’il n’est pas très à jour et qu’il en manque… (!) : http://www.maison-kayser.com
Vous retrouverez leurs boulangeries un peu partout dans Paris… et même dans le monde !
Avis résumé
Pain ? Cela dépend des boulangeries. Celui proposé au 8 rue Monge est plus que correct, même si les tarifs restent élevés. Beaucoup moins bon rue de l’Ancienne Comédie, au point que l’on a vraiment l’impression que les deux points de vente n’appartiennent pas à la même entreprise (façonnage approximatif, cuissons très moyennes…). Dans l’ensemble, les recettes sont intéressantes. L’utilisation du levain naturel apporte plus de saveur, mais pas de quoi tomber de sa chaise.
Accueil ? Là encore, il est difficile de se prononcer, du fait du nombre de boutiques ! Dans l’ensemble, un effort est fait pour que le service soit efficace, malgré la popularité de l’enseigne. Parfois au détriment du côté humain et agréable. Toutefois, je n’ai jamais été « mal reçu », preuve que l’entreprise a une certaine notion du service client.
Le reste ? Je passe, définitivement. Les pâtisseries sont bien trop industrielles, les plats préparés n’en sont pas loin. Malgré tout, les viennoiseries ont plutôt bonne réputation.
Faut-il y aller ? Comme on va dans une boulangerie de quartier, oui. Pas plus, pas moins. En tout cas pas de quoi traverser tout Paris ! D’ailleurs, il n’y a pas besoin de le faire, vu qu’ils sont implantés un peu partout dans la capitale…