Comme le faisait très justement remarquer Estérelle sur Twitter, les « caisses automatiques » ont une fâcheuse tendance à se répandre au sein des boulangeries ces derniers mois. Ces dispositifs gèrent l’encaissement et le rendu de la monnaie en lieu et place du travail effectué par les vendeurs/vendeuses jusqu’alors.

J’en avais déjà un peu parlé dans de précédents billets, notamment au sujet des Berlingots d’Hier du Grenier à Pain des Abbesses ou encore du Moulin de la Vierge. Je ne peux me résoudre à accepter cette « évolution », que je qualifierais au contraire de régression. Peu à peu, on s’oriente vers un rapport complètement déshumanisé au sein des boulangeries, alors qu’elles représentent de véritables vecteurs de lien social. J’en fais peut être beaucoup pour peu de choses, mais c’est une question de principe. Il n’est pas normal de se cacher derrière des raisons d’hygiène pour justifier ce changement : il est toujours possible de respecter des normes de sécurité alimentaire strictes malgré un transit de liquidités entre le personnel de la boutique et la clientèle.

Le pain n’est pas une marchandise comme les autres. Il est porteur de valeurs fortes, presque « sacrées » : le partage, l’échange, la simplicité. Refuser tout contact humain lors de sa vente, c’est chercher à perdre un peu de tout cela. A terme, pourquoi ne pas en arriver à des boulangeries complètement automatisées, de véritables distributeurs de pain ? Pratique et hygiénique, sans doute, mais quelle tristesse. Acheter du pain, c’est aussi partager quelques mots, un sourire, un peu de chaleur humaine. C’est idiot et banal, mais cela peut représenter beaucoup dans des périodes de solitude.

J’invite donc nos amis les artisans boulangers à ne pas céder aux beaux discours des fournisseurs de matériel de caisse, qui sont bien souvent très habiles pour vendre des dispositifs toujours plus perfectionnés – et donc coûteux. Doit-on renoncer à l’humain pour quelques écarts de caisse ? Ne soyons pas ridicules.
De l’autre côté, je vous invite vous, consommateurs de pain, painrisiens, provinciaux et même étrangers qui me lisez (j’en profite pour vous remercier une fois encore !), à ne pas fréquenter des établissements faisant ce choix, pour exprimer une opposition de principe, en espérant que de cette façon nous continuerons à fréquenter des boulangeries humaines.

9 réflexions au sujet de « Le pain n’est pas une marchandise comme les autres : non aux « caisses automatiques » »

  1. Bonjour,
    Je viens en réaction à votre billet et comprend votre désarroi face à cette déshumanisation de ce rapport à la clientèle. Toutefois, ayant été patron, je peux vous dire à quel point j’aurai aimé avoir ce système d’encaissement. Il ne faut pas se leurrer, la principale raison qui pousse une direction à s’équiper de la sorte est, de ne plus être volé par son personnel. Je vois déjà dans vos yeux la surprise méfiante par mon attitude mysanthrope, mais c’est une réalité. In facto, ce genre d’instrument ne le permet plus, et leur coût (entre 15000 à 20000 euros) est très vite amorti par l’exactitude des caisses en fin de journée, mais surtout par la corrélation produits fabriqués-vendus.
    Cordialement

    • Bonjour Mickael,
      J’ai bien conscience de tout cela, j’ai été moi même derrière le comptoir avant de revenir à l’état de simple client comme je le suis aujourd’hui. La « démarque invisible » est effectivement une réalité mais je ne suis pas persuadé que ce soit au client de faire les frais de tout cela. Je suis sûrement idéaliste, mais j’espère qu’il y a d’autres moyens pour parvenir à limiter ce genre de phénomène…
      Belle soirée,
      Rémi

  2. surprenant commentaire de la part de Mickael !
    Je pensais naïvement que c’était simplement pour faire baisser les charges salariales au détriment de la chaleur humaine, du conseil et de la vie tout court…
    Je fuis ce genre d’établissements, boulangeries ou autres commerces qui pratiquent cette méthode de désert humain!

  3. Très interessant ce débat, j’ai eu le meme au travail (une boulangerie) avec collègues et clients et c’est sur et certain que le but premier est financier: rendre quasi impossible le vol et limiter les pertes en ajustant au mieux la production grace a un relevé exhaustif des ventes. Le revers de la médaille et c’est souvent le cas quand une entreprise cherche a se developper (économiquement) elle perd son coté intimes chaleureux, à vocation sociale. Quand à l’aspect economique il est a double tranchant il empeche le vol mais empeche aussi les transactions ou remunerations non déclarés.
    Bon pour finir je réponds a REMI : » A terme, pourquoi ne pas en arriver à des boulangeries complètement automatisées, de véritables distributeurs de pain ? »
    – J’ai entendu parlée d’une boulangerie qui faisait ça mais jn’ai pas eu le temps d’aller le voir c’est dans le 19eme.

    • Oui, je connais cette boulangerie, elle se situe avenue Mathurin Moreau, mais en réalité il y a un distributeur de pain et une boulangerie attenante. Je n’ai pas encore essayé, la machine est souvent hors service…
      Merci en tout cas pour les éclairages apportés au débat, c’est intéressant d’avoir le point de vue d’une personne située derrière le comptoir !

  4. Chers internautes,

    J’ose espérer que l’accueil restera la priorité dans les boulangerie parisienne!

    J’attends avec impatience un article de vous au sujet de L’accueil!

    Rémi, avez-vous vu le film « BRAZIL » de Terry Gilliam

    Terry Gilliam, un ex « Monty PYthon »?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.