Pour nous rappeler de la valeur des choses, il faut croire que nous avons besoin d’organiser des fêtes, de noter des événements sur nos calendriers afin de célébrer… Ainsi, on met en valeur l’amour à la Saint-Valentin, les mères, pères et grands-mères ont droit à leurs fêtes, entre autres dates terriblement commerciales, mais je me demande si l’on ne pourrait pas aussi organiser la fête du jour qui se lève, vous savez, quelque chose qui serait terriblement rentable car répété tous les jours. Après tout, le fait que le soleil soit toujours là après des siècles mérite bien qu’on y accorde de l’importance, non ?
Ne faisons pas de mauvais esprit et tentons tout de même de nous réjouir. Chaque année, début mai, est organisée la Fête du Pain, un événement dont le but est de valoriser le travail des artisans et de la filière au travers la France, grâce à des manifestations diverses. Je reste persuadé que la meilleure façon de célébrer le pain serait certainement d’en proposer du beau et bon à un plus grand nombre jour après jour, en luttant progressivement contre les dérives du secteur (additifs, pain industriel et/ou surgelé…), mais c’est un autre débat.
A Paris, c’est sur le Parvis de Notre-Dame que le pain va « vibrer » dès demain – jour de la Saint-Honoré, patron des boulangers, et ce jusqu’à lundi 21. Au programme, des animations chaque jour, dans le but d’intéresser un large public. Cette année, les boulangers de l’île de la Réunion sont à l’honneur et ils réaliseront chaque jour une dizaine de spécialités telles que le pain frotté, le pain massalé, le pain créole au boucané… Des saveurs insolites qui ne manqueront pas de divertir les papilles de passants.
C’est également à cet endroit que se tiendra le Master de la baguette de tradition française, le samedi 19. A cette occasion, les deux vainqueurs des grands prix de la meilleure baguette du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine et bien sûr de Paris réaliseront chacun 40 baguettes qui seront évaluées par un jury de professionnels. L’occasion de montrer leur savoir-faire en public… et de prouver leur valeur.
Le reste du temps, des temps « forts » ponctueront la Fête, avec notamment des sessions d’accueil d’enfants, ce que je trouve particulièrement intéressant, car il est nécessaire d’éduquer la jeunesse au bon pain, qui est porteur de goût et de valeurs fortes, telles que le partage.
En marge de cela, des cyclistes réaliseront des démonstrations de BMX, ce qui me laisse quelque peu pantois : je ne vois pas quel est le rapport avec la boulangerie, mais pourquoi pas, après tout…
Pour tous ceux qui n’ont pas « la chance » d’être à Paris pendant cette période, sachez que des événements publics sont également organisés par diverses villes et départements un peu partout sur le territoire. Afin de découvrir les plus proches de chez vous, je vous invite à consulter le site officiel de la Fête du Pain : http://www.lafetedupain.com/
J’espère que le thème choisi cette année – la boulangerie au Féminin – sera bien mis en avant, car la féminisation des fournils doit être mise en avant, afin de démystifier la profession et l’ouvrir à un public toujours plus large, ce qui contribuerait peut-être à faire évoluer ses pratiques dans le bon sens. Je ne manquerai pas d’aller faire un tour du côté de Notre-Dame pour partager avec vous l’ambiance et les produits réalisés sur place, car nous n’avons que peu l’occasion de découvrir la culture du pain des insulaires, et je ne doute pas que cela présente un grand intérêt, au vu de leur amour des épices et des saveurs marquées.
Terminons simplement en rappelant qu’au delà de cette période, c’est bien tous les jours que le pain doit être respecté et mis en avant sur nos tables. Le travail réalisé par nos artisans est rempli de sens, et cela ne se limite pas à une semaine par an. Je regrette sincèrement que le sujet soit tant ignoré, les médias ne s’y intéressant que bien peu en dehors de « concours de beauté »… alors qu’il y aurait beaucoup à dire sur les mouvements de la profession, et plus globalement de la filière boulangère (du côté de la meunerie, notamment !).