Paris, comme toutes les villes du monde, a ses zones où les commerces deviennent des « attrape-touriste ». Inévitable, humain, nous en avons déjà parlé ici même, et il faut certainement s’y faire. Malgré tout, au détour des rues et des découvertes, on se dit que tout n’est pas perdu, que malgré tout certains tentent de bien faire et de proposer des produits qui ne donneraient pas une image trop négative de notre pays.
Ile de la Cité, 4è arrondissement. Le quartier a sa petite réputation, et elle n’est certainement pas usurpée. Prix excessifs, boutiques parfois douteuses, produits et aliments à l’aspect (et au goût, malheureusement) peu attirant… Tout cela n’est pas à l’honneur de Paris et de sa gastronomie.
Peu de boulangeries dans le secteur, d’ailleurs. Sur la rue d’Arcole, la boulangerie « Junior » était presque un passage incontournable avant d’accéder à Notre-Dame, car cette voie mène tout droit à l’édifice. Rien de bien attirant dans cet établissement, au contraire. Cela tenait d’ailleurs plus du snack que de la boulangerie à proprement parler, avec des mange-debout installés sur la rue, et sa carte d’en-cas affichée sur le devanture. Google Maps s’en souvient encore…
J’ai déjà pu le souligner par le passé, je le fais à nouveau ici : la « multiplication » de certaines enseignes ou artisans n’est pas toujours négative. Certes, cela peut faire perdre un peu de l’identité d’un quartier (le problème est notamment présent à Montmartre, de plus en plus colonisé par les grandes marques), mais dans certains cas c’est avant tout une opportunité d’apporter des standards de qualité plus élevés qu’ils n’étaient jusqu’alors. C’est bien le cas ici, puisque le boulanger Huré a remplacé l’artisan qui se trouvait là jusqu’alors. Ainsi, ce « créateur de plaisir » comme il se définit lui-même propose ses gammes de produits, bien connues des parisiens grâce à ses boutiques de la Place d’Italie et de la rue Rambuteau.
A l’image de ces deux dernières, dont le succès ne peut être démenti, la clientèle se presse dans ce lieu auquel le boulanger a su donner une nouvelle dimension. Exit le mélange jaune-bleu un peu criard qui ornait la boutique jusqu’alors, on retrouve ici des lignes sobres et claires, avec des éclairages bien pensés. En définitive, une boulangerie propre et agréable, où l’on se sent bien. Cette impression est favorisée par un service jeune et plutôt sympathique, assez efficace. Son organisation a été bien pensée, car un comptoir dédié à la vente d’en-cas, sandwiches et autres gourmandises destinées à être consommées de façon immédiate a été installé côté rue, tandis que les pains continuent à être proposés au fond.
D’ailleurs, on peut saluer le bel effort fait par la famille Huré (Benoît et Quentin – ce dernier ayant obtenu le titre de Meilleur Apprenti de France en 2011) pour proposer une gamme de pains assez large, à l’image de ce qu’il pratique dans ses autres adresses. Pains à la coupe (au maïs, pain « Acajou » à la mie foncée et riche en fruits secs, …), baguettes variées aux belles cuissons et aux façonnages soignés, divers pains spéciaux (châtaigne/figues, noix/noisettes…) ou encore les baguettes au miel très parfumées, spécialité de la maison. Côté prix, le tout demeure étonnamment accessible, comme quoi tout le monde ne semble pas touché par cette folie parisienne…
Les passants en recherche de sucre trouveront ici des pâtisseries au visuel un peu tapageur, avec une fâcheuse tendance à utiliser des colorants qui n’auraient pas à se trouver là, cependant le tout demeure assez soigné, relativement fin, au taux de sucre modéré. Les gourmandises ne manquent pas, entre sablés divers, madeleines, … les viennoiseries n’ont rien d’exceptionnel, cependant, même si certaines créations offrent des saveurs intéressantes, à l’image des pains suisses chocolat/caramel ou framboise/chocolat blanc.
On retrouve bien entendu la spécialité de la maison, ces fameux petits pains garnis d’ingrédients sucrés ou salés. Ils complètent la large gamme d’en-cas (sandwiches, quiches, salades…) et remportent toujours un franc succès. Des formules sont proposées, et même si les tarifs s’envolent sur ces produits, la justification se trouve sans doute du prix des loyers à assumer.
Voilà donc une adresse bien tenue, qui rafraîchit l’offre boulangère du secteur et apporte du sérieux là on avait tendance à en manquer. Des produits frais, une boutique propre, de quoi donner une image positive de « l’accueil à la française ». Les Huré ont décidément le sens du commerce et de l’emplacement : leurs trois boulangeries se situent dans des lieux très passants, ce qui leur assure à chaque fois un succès quasi-immédiat. Une famille à suivre…
Infos pratiques
1 rue d’Arcole – 75004 Paris (métro Cité, ligne 4)
fermé le dimanche.
Tiens, on parle beaucoup d’iles par ici… Serait-ce une envie de voyage, de plage et de soleil ? 😉
Bien vu Laurent, je me faisais la même réflexion ce matin en y repensant… C’est fort possible !