Je vous ai déjà beaucoup parlé d’histoires de familles de boulangers, il faut croire que c’est un métier dont la transmission entre générations est courante, en tout cas plus que dans d’autres secteurs. Qui a déjà entendu parler d' »informaticiens de père en fils » ? Certes, c’est une profession plus récente, mais vous aurez compris l’esprit. Chez les Julien, on doit naitre dans le pétrin, ‘la gueule enfarinée’ pourrait-on dire vulgairement. C’est bien simple, ils sont partout. Dans le 17è, le 8è, le 7è, le 15è, le 3è, le 1er arrondissement… j’en oublie surement. Cette colonisation s’est faite au fil du temps et on se sait plus bien si cela constitue une ‘chaine’ ou toujours de boulangers indépendants, partageant simplement le même nom.

Intéressons-nous aujourd’hui à l’adresse certainement la plus connue et renommée de toutes, la boulangerie de Jean-Noel Julien, située rue Saint-Honoré, à quelques pas des Halles. Sur la vitrine, les prix reçus sont mis en avant, et on peut se dire que décidément, la baguette de tradition de cet artisan est une véritable bête de concours. Elle trone au fond de la boutique, dans cet écrin sans ame, cette boulangerie un peu clinique et standardisée, aux teintes sombres. On vous la remettra dans un autre écrin, en papier celui-ci, vous retraçant le parcours étoilé de la demoiselle.
Forcément, lorsque l’on tient en mains un tel objet, on est impatient de la gouter. Regardons-la, d’abord, cette baguette de tradition. Généralement bien cuite, façonnée et grignée avec soin, elle nous offre une allure élégante. Une fois rompue, on découvre une mie bien alvéolée et légèrement crème. La mâche est agréable mais les saveurs sont assez peu présentes, on effleure l’insipide sans « vraiment » tomber dedans.
Le reste de la gamme est au diapason, que ce soit le « pain des copains », de type Polka, vendu au poids ou du côté des pains spéciaux, la gamme est très traditionnelle, et même si les cuissons sont généralement bien réalisées, le pain demeure assez peu riche en arômes.

Ce qui attire beaucoup la clientèle dans cette boulangerie, ce sont surtout ces sandwiches et propositions traiteur. En effet, le quartier regorge de passants ou d’habitants à la recherche d’un repas rapide et à prix raisonnable. C’est ainsi que l’on observe souvent la queue à l’heure du déjeuner devant cette boutique. Il est vrai que les produits sont frais, réalisés avec sérieux et proposés à des tarifs honnêtes. Il n’en faut pas plus pour assurer un certain succès. Certes, cela ne sort pas de l’ordinaire mais ce n’est pas vraiment ce que l’on demande à ce type d’établissement.

Côté sucré, les pâtisseries affichent des couleurs tapageuses et les quelques créations de la maison n’inspirent pas franchement confiance, ce qui est confirmé lorsque l’on cède à la tentation gourmande et que l’on déguste une de ces douceurs, qui manquent terriblement de sens et d’intérêt. Même constat pour les viennoiseries, pourtant si souvent plébiscitées.

L’accueil est, quant à lui, efficace et le sourire est généralement de la partie. C’est agréable d’être servi par des personnes disponibles et ne se laissant pas submerger par la nombreuse clientèle qui se presse à la porte. Les produits sont bien connus et les questions répondues avec précision. Rien à redire sur cette prestation, mis à part que l’on souhaiterait que tout soit fait ainsi.

Infos pratiques

75 rue Saint-Honoré (métro Les Halles, ligne 1, 4 et 11 – RER A/B/D) / tél : 01 42 36 24 83
ouvert du lundi au samedi de 6h30 à 20h.

Avis résumé

Pain ? Malgré les différents prix gagnés aux concours, ses cuissons correctes et sa conservation acceptable, le pain manque de saveur, que ce soit la baguette de tradition ou les pains plus spéciaux. Par ailleurs, la gamme reste dans des classiques du genre, déclinés en différents formats (petits pains, bâtards, boules…). Dans l’ensemble, la réalisation reste sérieuse et les prix à des niveaux raisonnables malgré l’emplacement de la boulangerie.
Accueil ? Plutôt sérieux et efficace, généralement assez souriant et bien au fait de ses produits. Les questions sont répondues avec précision, et le personnel ne se laisse pas déborder par la nombreuse clientèle qui se presse ici.
Le reste ? C’est sûrement le salé qui assure le fonctionnement de cette boulangerie. En effet, les sandwiches et divers en-cas sont plébiscités dans cette zone, car les passants, travailleurs et habitants ont tendance à chercher un repas rapide et simple, ce qu’ils peuvent tout à fait composer chez Julien. Rien d’exceptionnel cependant, le contrat est tout juste rempli, c’est à dire obtenir un produit frais et relativement agréable à déguster. Passons notre tour sur les pâtisseries aux couleurs tapageuses, seules les tartes demeurent acceptables, ainsi que sur les viennoiseries, inintéressantes.

Faut-il y aller ? C’est loin d’être une excellente boulangerie comme pourrait le faire croire la longue liste de prix qu’elle a reçu. Elle vit à présent de sa réputation, qui n’est plus à faire. C’est assez pratique, certes, mais ce n’est pas dans l’intérêt du consommateur, à qui l’on ne propose pas la qualité auquel il pourrait s’attendre en venant ici. Malheureusement, le constat n’est pas vraiment éloigné de celui-ci dans les autres « boulangeries Julien », qui, en plus d’être très « cliniques » et sans âme, vendent des pains et autres produits plutôt moyens.

4 réflexions au sujet de « Famille Julien, boulangers colonisateurs »

  1. Cela fait un petit moment que je ne suis pas allé chez Julien (rue St-Honoré), et j’en garde un souvenir différent que l’impression que vous avez eue. Une deuxième visite)serait sans doute intéressante, et permettrait de confirmer ou non votre jugement, surtout si vous l’agrémenter d’un comparatif avec son proche voisin Gosselin (encore une dynastie). Bonne journée, François Dumoulin

    • Mon billet est basé sur plusieurs visites. Cela reste une boulangerie plus que correcte, mais rien d’exceptionnel comme on pourrait s’y attendre. Dans tous les cas, rien à voir avec Gosselin : le pain et l’accueil sont bien meilleurs chez Julien !

  2. Bonjour.
    J’adore la tourte de seigle bio achetée rue St. Martin !
    Comparée aujourd’hui avec celle de Landemaine – Martyrs, j’ai trouvé cette dernière banale. D’autant plus dommage qu’elle est visuellement superbe.
    Je retourne de ce pas vers la Tour St. Jacques !

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