C’est idiot, mais si j’ai commencé à écrire sur le painrisien, c’était pour tenter de changer les choses, et au final un peu le monde, à ma façon, en exprimant mes aspirations et ma vision de ce qui m’entourait. On doit tous plus ou moins avoir rêvé de changer le monde, à un moment ou à un autre, pour des raisons diverses et variées. Seulement, nous n’avons certainement pas les capacités de le faire à nous seuls. Au delà d’une envie, il faut avoir une certaine dose de talent et de détermination pour avoir une influence sur le cours des événements. J’ai beaucoup aimé la phrase d’Obama, à l’occasion de la mort de Steve Jobs : « Steve était l’un des plus grands inventeurs américains, assez courageux pour penser différemment, assez audacieux pour croire qu’il pouvait changer le monde et assez talentueux pour le faire ».

En effet, le feu-patron d’Apple est parvenu à bousculer les usages de l’outil informatique, à créer des solutions élégantes pour rendre l’ordinateur et le mobile agréables, beaux et intelligents. Certes, il n’était pas seul et avait su s’entourer d’une équipe brillante, prête et capable à lui apporter le soutien nécessaire pour mener à bien cette « mission ».

Aujourd’hui, ici, maintenant, ce n’est pas tout à fait la même chose que je voudrais changer mais cela touche tout autant le quotidien des gens. Notre siècle aura vu nos habitudes alimentaires s’enfoncer dans une terrible médiocrité, voire un gouffre où l’on retrouve toutes les productions de masse et les industriels du secteur agro-alimentaire. Peu de personnes ont encore le sens du goût, et beaucoup se satisfont de produits bas de gamme et peu savoureux. Pourtant, l’alimentation devrait représenter un plaisir quotidien et non pas seulement une obligation qu’il faut bien remplir, sans y prêter plus d’égards.
Cela passe notamment par le pain, un produit simple, sain et authentique, généralement assez peu cher. On en trouve partout, sous toutes les formes (frais, en sachets, surgelé…) et à tous les prix. Seulement, je me suis bien vite rendu compte qu’il était loin d’être bon aussi souvent qu’il devrait l’être.

C’est pourquoi j’ai pris mon bâton de pèlerin pour essayer de faire quelque chose. Je ne savais pas bien quoi, et je ne le sais pas encore, je crois. J’essaie juste, au quotidien, de faire en sorte de que de plus en plus de monde accède et partage le bon pain. A mon sens, c’est déjà un bon début pour changer le monde. C’est idiot, mais je crois en la force de cet aliment, porteur de valeurs et de nourriture pour le corps et l’âme. Certains pains nous émeuvent, nous font réfléchir, d’autres nous amusent ou bien nous surprennent. C’est un produit simple, sain, authentique. Comme devrait l’être notre cuisine. Pas d’artifice, pas de mensonge. Vous voyez, on décrit là l’image d’un monde un peu moins gris et corrompu au travers d’un « simple » élément de notre alimentation.

J’ai bien conscience que tout cela peut paraître très abstrait, voire idiot, mais pourtant j’y crois. Je voudrais vous inviter à y croire à votre tour, vous inciter à amplifier le mouvement en tentant de faire changer les habitudes autour de vous. Ce n’est pas grand chose, allez, prendre une baguette de tradition plutôt qu’une blanche, prendre quelques minutes de plus pour aller dans une boulangerie artisanale plutôt que dans un supermarché ou un terminal de cuisson… Autant de gestes qui pourraient redonner aux gens le goût du produit. Cela tient presque de l’éducation, de la ré-éducation, mais si l’on peut parvenir à mettre quelques touches de lumière dans le quotidien, je me dis que cela ne peut qu’en valoir la peine.
On ne changera certainement pas la face du monde de cette façon, pour autant, on y apportera un peu plus de saveur et de curiosité. C’est déjà un bon début.

6 réflexions au sujet de « Changer le monde… »

  1. Rémi,
    Bravo pour ce propos sincère et juste qui vient comme une respiration dans tes pérégrinations.
    Ton blog mérite des encouragements, tu as les miens, et je le sais, ceux de bien des professionnels.
    Amicalement, François Dumoulin

  2. Je ne peux m’empêcher de penser le pain comme un revelateur de la qualité d’une societe, comme le témoin de l’état du tissu social, comme l’image d’un certain respect pour son prochain, pour soi même à travers le plaisir qu’il transmet instantannément. Le boulanger artisant est un faiseur de valeurs.

    • Je ne peux que te rejoindre Caroline sur cette vision du pain et de l’artisan qui le façonne. C’est à la fois quelque chose de quotidien, de simple mais aussi de tellement fort et pouvant procurer un vrai plaisir. Malheureusement, le reflet que cela nous donne de notre société actuellement n’est pas glorieux, mais pourtant tellement vrai…

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