Associer le pain et la restauration dans un même lieu est un concept que je trouve extrêmement pertinent, car les deux sont quasi-indisociables. Quoi de plus agréable que d’associer aux mets un pain adapté ? En plus de cela, chacun peut repartir avec un peu de gourmandise dans son sac, prolongeant ainsi le plaisir du moment partagé autour d’une table… De nombreux concepts et entreprises ont pris le parti de réaliser cette association, de façon plus ou moins poussée. On peut citer parmi elles Paul (et oui, c’est malgré tout la plus grosse marque sur ce ‘créneau’), Bread & Roses sur Paris et sur un positionnement beaucoup plus haut de gamme ou encore Le Pain Quotidien.

C’est de cette dernière enseigne dont nous allons parler aujourd’hui. Alain Coumont, le fondateur du Pain Quotidien, était chef à Bruxelles. Etant dans l’impossibilité de trouver un pain qui corresponde à ses attentes, il a mis la « main à la pâte » et s’est lancé dans l’aventure de la boulangerie, tout en n’oubliant pas son métier d’origine. Ainsi Le Pain Quotidien était né. Derrière ce nom se cache un concept bien étudié et huilé, où la convivialité tient une grande place : dans chacune des adresses, on retrouve une grande table commune, « signature » de l’enseigne. Le décor, boisé et se voulant authentique, incite à la détente et au partage de moments de plaisir simples. Tout cela est prolongé par l’emploi de matières premières biologiques ou les plus naturelles possibles dans la préparation des plats.

A une époque où le retour « à la terre » est prôné, cela ne pouvait que fonctionner. Le succès de l’entreprise est incontestable, aussi bien en Belgique qu’à l’international. La marque fait fureur aux Etats-Unis où son modèle est vraiment remarquable, bien éloigné de celui déployé par les grands groupes de restauration rapide, dominants dans cette région du globe.

Il est possible de se restaurer au Pain Quotidien à tout moment de la journée. Aussi bien le matin, pour le petit-déjeuner, le midi, pour un repas ou un brunch, que le soir. Ouverts tous les jours de 8h à 22h, ces restaurants voient défiler du monde, beaucoup de monde. Au menu ? Des plats simples, des oeufs, des salades, des tartines, des viennoiseries… Pas de grande cuisine, mais de l’authentique, comme le veut le concept. C’est agréable pour partager un bon moment entre amis, même si le cadre peut parfois être assez bruyant. Le problème est que les tarifs sont très élevés pour les prestations fournies, bonnes mais pas exceptionnelles.

Quant au pain, qui devrait être le fer de lance de l’enseigne, je ne vous cache pas ma déception. La baguette est à oublier, généralement à peine cuite et vendue ramollie (forcément, le pain n’est pas réalisé sur place, quand on sait la « fragilité » de ce type de pain…). Les miches se conservent relativement bien, forcément, mais leur saveur n’est pas exceptionnelle. Le levain y est prédominant, au travers d’une acidité bien marquée. A noter également la présence de quelques pains spéciaux dans la gamme, aux céréales ou aux fruits secs. Rien d’inoubliable. Comme quoi, l’utilisation d’ingrédients biologiques n’est pas le signe d’une qualité supérieure.

Les pâtisseries et viennoiseries sont dans la même veine, leur qualité est loin d’être exceptionnelle, et il sera bien plus pertinent de privilégier des produits réalisés par un artisan de proximité. L’avantage ici est la praticité : l’ensemble des produits sont réunis, il n’y a qu’à s’asseoir et à commander. Malheureusement, cela ne compense pas le manque de saveurs.
Pour le côté salé, les plats et tartines sont plutôt honnêtes, mais ils ne justifient pas leurs tarifs quasi-prohibitifs. Il semblerait que le succès du Pain Quotidien ait eu raison de la qualité qui l’avait fait grandir. Des habitués de longue date peuvent en témoigner, non sans regrets, car leurs restaurants n’en demeurent pas moins des lieux agréables et conviviaux.

Le service est assez cosmopolite, on y rencontre de charmants accents, pas toujours enjoués par ailleurs. Cela dépend des humeurs, des jours, des heures, des endroits. Difficile de se faire une idée bien nette, car on peut être aussi bien enchanté que sérieusement refroidi. Une constante demeure cependant, la tension permanente des équipiers, qui semblent chacun porter une charge conséquente de travail et de tâches à réaliser. C’est dommage car cela ne participe pas à créer une ambiance relaxante comme on aimerait trouver ici.

Infos pratiques

5 restaurants/ »boulangeries » (le terme ne peut pas être employé à proprement parler car le pain n’est pas fait sur place, ce ne sont que des dépôts de pain, en réalité) dans Paris : rue Montorgueil, rue des Archives, rue de Varenne, place du Marché Saint-Honoré et tout dernièrement rue des Petits-Champs. Plus d’informations sur http://www.lepainquotidien.fr

Avis résumé

Pain ? La baguette n’est définitivement pas le point fort de la maison, je recommanderais même de l’éviter. Pour le reste, les miches vendues au quart, en demi ou entières (à base d’épeautre ou de froment) sont correctes, à un prix relativement abordable. Vous trouverez cependant beaucoup mieux chez de nombreux artisans de la capitale. Les pains spéciaux n’attirent pas plus l’attention que ça, il en est de même pour les petits pains.
Accueil ?
Variable, mais généralement chargé de travail, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps à la relation humaine. Son caractère cosmopolite est cependant assez agréable, si l’on apprécie d’entendre des accents venus d’ailleurs. 
Le reste ?
Les viennoiseries et pâtisseries ne justifient pas leurs prix, reste au final le côté repas et consommation sur place, qui sont les points forts de ces restaurants. Le cadre est assez agréable et le concept également : se retrouver autour d’une table commune pour prendre un petit-déjeuner ou un repas, cela ne manque pas de charme, surtout quand on est seul dans une grande ville comme Paris. Un peu de chaleur humaine, c’est toujours agréable.

Faut-il y aller ? Il n’y a pas énormément de raisons de préférer Le Pain Quotidien à une autre adresse, même si le concept est attirant, ainsi que le décor boisé. Dans cette gamme de prix, il n’est pas difficile de trouver mieux. On appréciera cependant le caractère pratique de leurs boutiques/restaurants, qui ouvrent tôt et ferment tard. Idéal si l’on a besoin de pain à 21h30, alors que la plupart des boulangeries sont fermées. Il ne faut toutefois pas s’attendre à une expérience de dégustation exceptionnelle, et c’est bien dommage pour une marque mettant en avant son pain. Une sorte de routine sans grande saveur semble s’être installée au fil des années, peut-être liée au succès que connait l’entreprise. Dommage.

 

 

Ce sont peut être des rêves d’enfant que peuvent naître les plus belles histoires. Beaucoup de petites filles ont rêvé de devenir vétérinaires mais ne le sont pas aujourd’hui, c’est vrai. On finit toujours par mettre de côté nos aspirations profondes, car c’est bien ça, devenir adulte… Apprendre à devenir « sérieux », à renoncer aux choses. Heureusement, il reste encore quelques notes de gaieté dans ce monde bien conformiste.

Thierry Teyssier croît encore en ses rêves, visiblement. Cet entrepreneur à succès, fondateur de l’agence d’événementiel Lever de Rideau, en a même fait son métier. Non seulement il réalise les siens, mais également ceux des autres. Avant de le faire de le faire en France, il l’a fait à l’international au travers des « Maisons des Rêves« , dans lesquelles il propose des séjours d’exception. Chacune des maisons possède une thématique bien particulière et offre une expérience assez unique en son genre. Cela reste réservé à une clientèle fortunée, puisque les tarifs sont élevés.

Plus près de nous, et vraiment plus accessible, il a choisi de « vendre du rêve » au travers de l’univers de la gourmandise. C’est ainsi que la Pâtisserie des Rêves est née. Ouverte depuis septembre 2009 en plein coeur du septième arrondissement, sa vitrine affiche la couleur : gigantesques brioches feuilletées, boites roses très girly, … Bienvenue dans vos rêves gourmands. Ce qui marque le plus ici, ce sont ces cloches réfrigérées dans lesquelles sont présentées les différentes créations. Cela peut paraître assez « clinique », pour autant, le fait qu’elles soient placées à hauteur d’enfant et de façon circulaire atténue cet aspect. Dans ces écrins, beaucoup de classiques revisités : un Paris-Brest et ses coeurs de praliné coulant, des éclairs, un Saint-Honoré, diverses tartes de saison… Le crédo ? Considérer que la mode se démode, et qu’il faut retourner au classicisme. Version « quatre étoiles », cependant, en atteignant des sommets en terme d’aspect et de qualité de réalisation.

La gamme se complète de viennoiseries (chaussons aux pommes, brioches, kouign-amann, …) mais aussi de kits permettant de réaliser à son tour des pâtisseries chez soi (notamment pour le baba au rhum, à imbiber). Les portions sont généreuses, tout est très gourmand en affichant des tarifs relativement raisonnables.
Depuis avril 2010, le rêve se vit aussi à table, au travers d’un salon de thé ouvert rue de Longchamp. On y retrouve la même offre, complétée par des choux aux multiples saveurs et réalisés à la minute – assurant ainsi un plaisir intact lorsque le gourmand croquera dans la pâte à chou, si délicate et sensible à la réfrigération. Divers granités et infusions chaudes ou froides sont également proposés, ainsi que des desserts « à la cuillère » le week-end.

Le concept est bien ficelé, preuve en est de la Palme d’Or attribuée par le Leaders Club à Deauville cette année. Les ambitions de M. Teyssier ne se limitent pas à ses deux boutiques, et il compte bien leur adjoindre deux petites soeurs rapidement. Au delà de cette expansion, la gamme est appelée à se développer, notamment au travers de la confiserie. J’ai eu l’occasion de croiser cet homme très sympathique cette semaine, et il m’a fait découvrir leurs pâtes de fruit rondes, au coeur coulant, ainsi que divers sablés au glaçage parfumé et coloré. On sent bien que tout part de l’univers de l’enfance, les produits proposés étant délicieusement régressifs.

De leur côté, Philippe Conticini et Angelo Musa – chargés de la pâtisserie – continuent de déployer leurs efforts, notamment au travers d’un nouveau kit à gâteau élaboré autour du Champomy. La rentrée promet d’être gourmande, et il n’y a pas de quoi s’en plaindre.

Pour parfaire le tout, je terminerais simplement sur l’accueil et l’ambiance au sein des boutiques. Entre des vendeuses charmantes, un service efficace (en boutique et au salon de thé), une ambiance douce et rassurante, rien ne vient perturber le plaisir et l’on peut se laisser aller « au rêve » en étant conseillé au mieux. Je retiens surtout la générosité de l’entreprise, toujours heureuse de faire découvrir ses produits à la clientèle.

Infos pratiques

Deux boutiques (dont une avec un espace salon de thé) dans Paris. Plus d’informations sur le site (malheureusement assez simpliste) : http://www.lapatisseriedesreves.com/

Faut-il y aller ? Oui, car on y retrouve non seulement d’excellents produits (ne pas rater les tartes aux fruits de saison, le Fruitier, le Saint-Honoré ou encore le Paris-Brest), mais aussi une ambiance chaleureuse et un univers très gourmand. L’ensemble fait preuve d’une belle cohérence et il n’y a vraiment que peu de risques d’être déçu.

Il fallait du courage pour vaincre les éléments, aujourd’hui. Une pluie torrentielle n’a pas cessé d’arroser notre charmante région parisienne, et votre painrisien préféré n’a pas manqué de profiter de cette douche providentielle. Cela en valait la peine, alors je l’ai fait. J’ai traversé la Seine déchaînée, descendu la rue Mouffetard (sans croiser sa sorcière) pour finalement arriver au niveau de la charmante église Saint-Médard. Mon pélerinage n’avait pas de vocation religieuse – oh non, elle était plutôt destinée à toucher de plus près le fruit du péché.

Péché de gourmandise, et il en faut peu pour y céder, chez Carl Marletti. Non, le 51 rue Censier n’est pas un enfer… mais plutôt un paradis sucré.
Accueilli par Jean-Michel Coppens et un de leurs vendeurs, j’ai vite été rejoint par le chef. En noir et coiffé d’une toque, il pourrait paraître impressionnant et intimidant. Pourtant, c’est avec un homme profondément sympathique et chaleureux que j’ai échangé.

Installé depuis 2007 dans cette petite boutique dont il est le septième locataire, il a réalisé un pari en lequel peu de personnes croyaient. Difficile de convaincre des banques de suivre un tel projet de création d’entreprise. Le quartier peut paraître un peu en retrait, loin de l’agitation très parisienne que peut connaître Saint Germain des Prés, par exemple. C’est justement la force de ce choix d’implantation : la boutique est la seule du genre dans le secteur.
M. Marletti a cru en son projet et a investi pour réaliser cette « bijouterie à gâteaux », créant un lieu regroupant les codes du luxe (sobriété, meubles en bois noble, décoration florale, utilisation de plateaux Corian pour le service…) tout en conservant chaleur et agrément.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que son intuition était la bonne, tant le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui, son entreprise a multiplié par quatre sa production par rapport à ses débuts, en vendant près de 500 à 600 pâtisseries individuelles par jour en semaine, et de 2000 à 2500 le week-end. C’est d’ailleurs ici que le concept de bijouterie s’exprime : on ne retrouve que des pièces individuelles en boutique, les entremets à partager sont proposés sur commande. Cela assure ainsi à la clientèle une parfaite fraîcheur des produits, et par la même un plaisir intact lors de la dégustation.
Le travail ne manque pas pour le chef et son équipe de production, composée de quatre permanents, rejoints par des stagiaires d’horizons très variés au fil des mois. Bien entendu, cela ne serait rien sans le personnel de vente, constitué de 3 salariés, avec à leur tête Jean-Michel Coppens, ancien directeur du Café de la Paix.

Le Café de la Paix, voici l’occasion de parler un peu du parcours prestigieux de Carl Marletti. Il aura pu exercer son talent au service de différentes « formes » de pâtisserie, aussi bien pour des traiteurs comme Potel et Chabot, pour des restaurants gastronomiques qu’en boutique à présent. Au fil du temps et des rencontres, le pâtissier s’entoure de créateurs venus d’autres horizons, et notamment de la mode. Il créé le « 500 feuilles », la moitié d’un millefeuille (cela vient tout simplement du constat que la -très nombreuse- clientèle féminine rechignait souvent devant les portions et n’en prenait que la moitié) qui sera décliné sous diverses formes, inspirées par des designers prestigieux. Cette idée n’est pas restée à l’abandon, car il répètera ce type de partenariat au sein de sa boutique (notamment pour des bûches de Noël).

On observe dans ses créations une grande sensibilité, des inspirations très diverses. Sa « signature », la feuille d’argent ou la perle de sucre que l’on retrouve sur la plupart des pâtisseries, en est la marque la plus visible. C’est là l’expression d’un goût du détail tiré en partie de son amour du Japon, et de sa passion pour des marques telles que Chanel. En parlant de cette dernière, cet amoureux du chocolat avait réalisé une robe cacaotée pour la maison Boissier lors du dernier Salon du Chocolat – une création à succès puisqu’elle s’est ensuite envolée pour New York.

En filigrane de toute cette activité bouillonnante, une certaine ambition se dessine, car l’objectif n’est pas de rester à une seule boutique. Il faut faire grandir cette passion et ce sera le cas dans les prochains mois, au travers d’un projet d’implantation sur une surface plus importante. L’international n’est pas oublié, avec des vues sur le Japon, où il réalise déjà des formations en partenariat avec une école locale. Ce n’est pas pour autant que Carl Marletti se laisse porter par le succès, non, il garde les pieds sur terre… et dans sa boutique, où il aime être en relation directe avec sa clientèle, en plus du côté « rassurant » que cela procure. On peut donc souvent échanger avec lui, en toute simplicité – et cela continuera d’être le cas.

Je ressors de cet entretien touché par cette passion, cet enthousiasme et cette envie. J’ai rencontré un homme sensible, mais également un chef d’entreprise sérieux et ambitieux, portant un profond respect pour ses confrères. Le résultat est à la hauteur des espérances, en plus d’être proposé à des tarifs plus que modérés. Chaque pâtisserie fait envie, et il est impossible de repartir les mains vides… Religieuses, éclairs, tartes, créations du chef, mais également gâteaux de voyage, confitures… Aujourd’hui, ce fût pour moi un « Lily Valley » – un Saint-Honoré au cassis et à la violette, nommé pour sa femme qui tient une boutique de fleurs à quelques pas. Au delà de l’aspect visuel charmant et truffé de détails, le plaisir s’exprime pleinement à la dégustation, entre douceur florale et légère acidité du cassis. Ce ne sont cependant pas les seuls ingrédients que l’on y retrouve : il y a aussi de l’amour et de la passion, c’est ce qui fait tout la différence…

Infos pratiques

51 rue Censier – 75005 Paris (métro Censier-Daubenton, ligne 7) / tél : 01 43 31 68 12
ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, le dimanche de 10h à 13h30.
Site internet : http://www.carlmarletti.com

On ne peut pas imaginer plus parisien que le quartier Saint-Michel. Rempli de petites ruelles assez pittoresques, parsemé de monuments historiques, de restaurants et boutiques en tout genre… Les touristes y affluent sans cesse et font les affaires des commerçants, qui ne manquent pas de pratiquer des tarifs… élevés. C’est aussi ça, Paris. Une facheuse tendance à vouloir escroquer la clientèle de passage. Il n’y a pas de quoi en être fier, mais j’ose espérer que c’est un peu la même chose dans d’autres pays.

Une entreprise du secteur de la restauration s’est fait une « spécialité » de posséder des marques prestigieuses ou de développer des concepts surfant sur diverses tendances. Je veux parler du groupe Bertrand, notamment propriétaire de Moisan, d’Angelina, des brasseries Lipp, de Bert’s ou encore de Viagio.

J’ai déjà pu exprimer mes doutes vis à vis de la qualité des pains de chez Moisan, mais ce n’est pas grand chose par rapport à la Boulangerie de Papa, installée depuis 2005 rue de la Harpe, à deux pas de la station Saint-Michel.
Tout d’abord, est-ce vraiment une boulangerie ou bien un snack ? L’activité principale du lieu semble être la vente ambulante de crêpes ou gaufres, proposées à l’extérieur de la boutique, au sein d’un comptoir donnant sur la rue. Cela ne fait d’ailleurs pas particulièrement envie…

A l’intérieur, on retrouve fort heureusement des produits se rapportant à l’univers de la boulangerie. Viennoiseries, pains, tout est là. Les prix aussi, à la « hauteur » du quartier, tout en n’offrant pas une qualité hors du commun. La spécialité du groupe Bertrand, c’est aussi le « name-dropping » : on attire la clientèle en s’offrant de grands noms de la restauration, de la pâtisserie… et ici de la boulangerie, puisque Christian Vabret, meilleur ouvrier de France Boulanger, est annoncé comme étant responsable de la gamme du lieu. C’est également le cas chez Moisan. Seulement, je doute sincèrement qu’il intervienne dans la production au quotidien : son rôle est simplement celui d’un consultant, chargé de développer des recettes qui seront ensuite mises en oeuvre par les boulangers au sein des diverses unités de production du groupe. Un peu facile, comme pratique, et au final un peu mensonger.

Ainsi on essaye de raconter de belles histoires aux touristes, avec un nom dans la même veine que les « Mère Poulard », « Mamie Nova » et autres : on tente de rapprocher tout cela d’une certaine tradition, d’un savoir-faire artisanal français. Bien entendu, dans le cas présent, ce n’est pas à la même échelle, mais le principe est identique. Au final, cela vaut-il la peine de s’arrêter dans ce genre d’endroit ? Non, vraiment pas. Au contraire. Il y a dans la capitale des centaines de vrais artisans, capables de proposer des produits savoureux et vraiment en rapport avec l’idée que se font les touristes de notre gastronomie, tant vantée à l’international.

Infos pratiques

1 rue de la Harpe – 75005 Paris (métro/RER Saint-Michel, lignes 4, C et B) / tél. : 01.43.54.66.16
ouvert tous les jours de 06h30 à minuit (1h le we)

Avis résumé

Pain ? Sans intérêt, les « 22 variétés » vantées sur le site du groupe Bertrand ne sont même pas présentes. De plus, est-il réalisé sur place ? Rien n’est moins sûr, vu l’emplacement et le caractère exigu du lieu. Il y a quelques produits amusants, comme la baguette au seigle, cependant, même si ça n’a rien de surprenant.
Accueil ? Un peu comme dans toutes ces enseignes de restauration rapide bas de gamme, sans âme, le travail est fait de façon automatique, même si l’on ne peut rien reprocher à ça.
Le reste ? En voyant ce comptoir à crêpes et gaufres, j’ai envie de fuir. J’aurais tendance à trouver que tout cela ne fait pas très net…

Faut-il y aller ? Non. A mon sens, c’est uniquement un ‘spot à touristes’, passons donc notre chemin.

Boulangeries

12
Juil

2011

Une visite chez Bread & Roses

Ecrire des billets sur des adresses, critiquer, apprécier, c’est bien, mais je me suis dit qu’il fallait un peu compléter tout ceci en allant poser des questions, rencontrer, les personnes qui sont derrière chaque jour. Alors j’ai pris ma plume pour leur écrire et leur proposer d’organiser un rendez-vous.

Le premier à répondre a été M. Tailleur, fondateur de Bread & Roses. Nous nous sommes donc rencontrés au sein de la boutique de la rue Boissy d’Anglas, dans le 8è arrondissement.
Cet homme, d’apparence plutôt décontractée, porte une vraie passion pour ses produits et sa clientèle. Très attentif aux détails et à la satisfaction des besoins de chacun, j’ai pu l’observer donner des conseils, veiller à l’excellence des prestations. C’est là l’expression d’une vraie démarche « gourmande » et non financière, comme il me l’indiquait. Ici, les produits et leurs tarifs sont conçus à partir des meilleurs ingrédients, dans des portions généreuses. Comme je l’indiquais dans mon précédent billet, les tarifs peuvent sembler élevés, voire prohibitifs. Pour M. Tailleur, ils ne sont que la résultante de cet ensemble de facteurs, les matières premières étant souvent négligées ailleurs.

La clientèle est nombreuse et cosmopolite, on retrouve autant des touristes que des clients du quartier, ayant leurs habitudes au sein de l’endroit. C’est assez insolite de voir des comportements très différents se croiser sans s’entrechoquer : l’empressement et la fureur du quartier rencontre la légère insouciance de ces vacanciers prenant juste le temps. Un peu déroutant, amusant au final.
D’ailleurs, il serait bien possible que nos amis d’Asie n’aient plus à venir à Paris pour découvrir les charmes de Bread & Roses. Des projets d’implantation à l’international, et notamment dans ces régions, sont en cours. Ce n’est pas vraiment étonnant, car le concept a beaucoup de potentiel, portant une certaine idée du savoir-faire artisanal et de la qualité. Nul doute que cela satisfera les attentes de raffinement de la clientèle asiatique.

Restons à Paris pour le moment. Bread & Roses travaille en permanence à l’élaboration de nouveaux produits, réalisés dans un grand laboratoire de 200 m2 situé dans le 13è arrondissement de Paris. Les pains sont quant à eux fabriqués au sous-sol de la boutique de la rue de Fleurus, pétris avec des bras très anciens, « de collection ». Une spécificité quasi-unique, aux dires de Philippe Tailleur.
Côté pâtisseries, des nouveautés sont en préparation, mais toujours dans l’idée de travailler des classiques, il n’est pas question de suivre une quelconque tendance. L’idée directrice est de réaliser les meilleurs produits, pas d’innover à tout prix. J’avais d’ailleurs émis des réserves dans mon précédent billet, notamment au sujet de la tarte Tatin. Il m’a été proposé de la goûter à nouveau, celle-ci ayant été complètement revisitée. Le produit n’a en effet plus rien à voir, et sa réalisation est à présent à la hauteur des prétentions de l’enseigne.

La conclusion de cette visite est certainement que les choses sont toujours mieux faites avec amour, et c’est bien ce que l’on retrouve ici. Bien entendu, cela reste une adresse aux tarifs plutôt élevés, réservée à une population aisée. Cependant, le pain reste toujours quelque chose d’accessible, et on retrouve ici quelques créations intéressantes (comme un pain à la farine de maïs et au piment d’espelette !).

Informations pratiques et plus de détails dans mon précédent billet : http://painrisien.com/bread-roses-de-lessentiel-et-du-superflu/ 

Dans le commerce « traditionnel » (j’entends avec une boutique), l’emplacement est généralement l’élément le plus important de la réussite ou de l’échec de l’entreprise. Il est nécessaire de s’installer dans un secteur fréquenté, tout en proposant une offre en cohérence avec la clientèle du quartier/de la ville. Bien sûr, il est toujours possible d’échapper à cette « règle » en proposant des produits exceptionnels, justifiant un potentiel détour pour la clientèle. Dans ce cas les débuts restent difficiles et il faut « survivre » le temps que le bouche à oreille fasse son effet…

Certains parviennent à associer les deux, au travers d’une localisation idéale et de produits de qualité. C’est notamment le cas de notre sujet du jour, la Pâtisserie Pain de Sucre. Située en plein coeur de Paris, à deux pas du centre Georges Pompidou, et du fait du Marais mais aussi des Halles, on ne peut rêver d’un emplacement plus central et desservi par les transports en commun.
Didier Mathray et Nathalie Robert ont posé là leur valises en 2004, après avoir notamment officié chez Pierre Gagnaire. Le pari était de passer de la pâtisserie de restauration – beaucoup plus axée sur un travail « dans l’instant » – à celle de boutique, où le résultat doit être chaque jour du même niveau.

Au final, le challenge est rempli. Dans cette sympathique boutique (n’oubliez pas de regarder le magnifique plafond !), le sucré et salé se succèdent, s’associent même parfois, avec beaucoup de réussite.
Le regard du gourmand ne pourra pas manquer les guimauves visibles depuis la vitrine donnant sur la rue, ou bien ces entremets et tartes généreux. En poussant la porte, c’est alors que les choses se compliquent : comment faire un choix ?
Personnellement, ce qui me plaît beaucoup ici, c’est l’authenticité et le caractère artisanal des réalisations. Certes, la finition n’est pas toujours au millimètre, mais cela reste d’un excellent niveau en plus de posséder un charme indéfinissable, faisant oublier de potentielles imperfections. On sent dans ces petites tartes colorées, ces chocolats, ces cakes, ces guimauves… beaucoup d’amour et de sensibilité. C’est un peu de cette façon que je décrirais Didier Mathray, par ailleurs. Souvent en boutique pour assurer le service, l’homme peut surprendre, toujours un peu dans les nuages, l’air timide. Il exprime dans ses créations cette fameuse sensibilité que l’on sent, complétée par celle de Nathalie Robert. Le résultat ? Des pâtisseries très créatives, parfois un peu trop, et des classiques revisités avec intelligence. Un Paris-Brest, oui, mais avec une pâte à choux bien croustillante, des éclats de noisettes torréfiées et du praliné croustillant. Des verrines aux couleurs et textures marquées… Les fleurs et les épices sont souvent utilisées, comme cela devrait être le cas plus souvent, à mon sens. Le sucre est généralement bien dosé.
Les macarons sont aussi plébiscités, dont celui au caramel, et offrent quelques saveurs inédites, comme « angélique-fromage de chèvre ». On retrouve également un assortiment assez varié de gourmandises (calissons, confitures maison, cakes…).

Les viennoiseries, sans être le fleuron de la maison, sont créatives et permettent de s’offrir un plaisir original à moindre frais. A noter les scones, très alléchants.

Une gamme de pains est également proposée au fond de la boutique. J’aime beaucoup leur aspect, dans la même veine que le reste de la boutique, charmant. La baguette de tradition et ses 4 croutons n’est pas inintéressante, avec une légère pointe d’acidité et quelques notes de noisette. Le pain aux canneberges est original. Dans l’ensemble, cela se tient, et la conservation est correcte, sans être exceptionnelle. Les farines utilisées sont biologiques.
Des produits traiteur complètent ce large choix, avec notamment des tartes salées originales et appétissantes.

L’accueil est sincère, parfois un peu sec, changeant selon les humeurs. Toutefois, j’apprécie cette authenticité et le fait que cela ne soit jamais « surjoué ». Leur vendeur est très sympathique, toujours avenant et de bon conseil.

Infos pratiques

14 rue Rambuteau – 75003 Paris (métro Rambuteau, ligne 11 ou Châtelet, RER A/B/D et lignes 1/4/11/14) / tél : 01 45 74 68 92
ouvert du jeudi au lundi de 10h à 20h, le dimanche jusqu’à 19h.

Avis résumé

Pain ? Plutôt pas mal. La baguette de tradition se défend honorablement, sans atteindre des sommets, et les pains spéciaux sont intéressants (épeautre/céréales, canneberges…), même si les tarifs restent dans une fourchette assez haute. 
Accueil ?
D’une grande sincérité, maîtrisant parfaitement les produits et conseillant pertinemment les clients dans leur choix. Forcément, l’inverse serait difficile, surtout quand c’est l’un des chefs lui même qui assure le service !
Le reste ?
Justement, ici, on vient pour « le reste ». Les pâtisseries créatives sont la vraie valeur ajoutée de l’endroit, même si certaines sont parfois un peu déroutantes (associations de saveurs trop nombreuses ou assez particulières). Les classiques sont également de la partie, tout en étant revisités et modernisés. Que l’on apprécie ou non l’effort créatif, il est certain que vos papilles seront agitées.

Faut-il y aller ? Oui, de plus, l’emplacement est très central, ce qui permet de s’y rendre sans difficultés. Les pâtisseries sont bien exécutées et ont des saveurs bien présentes et marquées. Le pain ne démérite pas, même si ce n’est pas la vedette. Pour une pâtisserie, il reste cependant d’un excellent niveau. J’aime m’y rendre car l’ensemble respire le « vrai », l’artisanal. Espérons que tout cela ne se perde pas avec l’ouverture imminente de leur seconde boutique à quelques pas de l’actuelle. En effet, le succès faisant, l’entreprise se développe… et j’espère de tout coeur que M. Mathray et Mme Robert auront à coeur de maintenir tout ce qui faisait l’intérêt de leur pâtisserie.

Je vous parlais il y a quelques temps de mes interrogations face à l’association de la boulangerie et de la pâtisserie. J’ai fait quelques essais par le passé, et au final, cela n’a jamais été concluant : j’ai souvent été déçu par le pain et les pâtisseries dans ce type d’adresse. Certains se limitent à de la pâtisserie « boulangère », des choses simples, mais beaucoup mieux maîtrisées.
Egalement, la question se pose du « comment » : comment associer les deux univers en mettant en avant les deux de façon égale, en laissant la possibilité au client de faire son choix le mieux possible.

Personnellement, je n’ai trouvé qu’une seule adresse qui parvienne à faire tout cela, en réalisant les deux disciplines avec excellente, tout en proposant une expérience cliente pertinente et originale. Son nom annonce la couleur : des Gâteaux et du Pain. Comme son nom l’indique, on y retrouve les deux. Cela cache en réalité une véritable association entre deux artisans passionnés et doués : David Granger pour la boulangerie et Claire Damon pour la pâtisserie. A ma connaissance, peu de lieux ont pris le parti d’associer ainsi deux chefs, et c’est bien dommage car le résultat est exceptionnel.

Parlons tout d’abord de l’endroit, une boutique d’angle à la scénographie léchée, conçue par Yan Pennor’s, l’architecte ayant conçu la pâtisserie de Pierre Hermé au 72 rue Bonaparte, ainsi que « la Cerise sur le Gâteau ». La palette chromatique y est assez similaire, le noir étant très présent, comme il est de coutume dans l’univers du luxe. Le défi était de réussir à proposer un espace dans lequel le gourmand pourrait naviguer entre gâteaux et pains tout en ne manquant rien du spectacle. C’est tout à fait ce à quoi est parvenu M. Pennor’s : ici, pas de comptoir, mais des « îlots » – les pains de campagne et les baguettes intégrés dans l’un des murs, la pâtisserie dans son écrin au fond de la boutique, la viennoiserie et les pains spéciaux au sein d’un présentoir central. On se promène dans ces zones de tentations, accompagnés par les vendeurs de la boutique.

Il est difficile de savoir par où commencer pour parler des produits, car c’est prendre le risque d’en oublier ou d’en négliger certains. M. Granger nous régale avec ses pains réalisés à base de levain naturel, véritable signature de leur gamme. La baguette de tradition, toujours craquante et bien cuite, dégage une belle odeur de blés, un vrai champ capturé un après midi d’été… Pour autant, c’est certainement le pain de campagne qui est la vedette ici : réalisé à partir de farine T80 biologique, il présente une belle acidité et des arômes puissants. Sa conservation est exceptionnelle, il semble parfois être du jour le lendemain matin, sa belle croûte dorée ayant gardé son croustillant. Un régal avec juste une noix de beurre.
Ce n’est pas pour autant qu’il faudrait faire l’impasse sur les pains spéciaux, car il y a là quelques perles. Le Polka, tout en long, réalisé à partir de farine de tradition, offre une belle occasion de réaliser de longues tranches que l’on prendra plaisir à déguster au petit déjeuner, profitant ainsi de tous ses arômes de noisette et de céréales. Les pains aromatiques à l’huile d’olive sont également de petits bijoux : que dire de la Foccacia aux graines de fenouil, avec ses notes de fleur de sel, ou encore de la fougasse nature mais très parfumée ? On entendrait presque chanter les cigales…
Les pains aux fruits secs ne déméritent pas, avec notamment un pain de seigle présenté tout en longueur, que l’on dégusterait presque comme une gourmandise.

On pourrait penser que notre panier était déjà bien garni, mais non, cela ne suffit pas : les propositions sucrées sont du même niveau, à commencer par les viennoiseries. Brillants et dorés à point, les croissants, pains au chocolat, chaussons aux pommes ou autres bichons « fruits rouges-violette » semblent réalisés au millimètre, étant de plus particulièrement bien mis en valeur par l’aménagement de la boutique. Le feuilletage est fin, échappant au travers de la lourdeur.
Quant aux pâtisseries, Claire Damon fait honneur à son parcours prestigieux (elle a notamment fait ses classes chez Pierre Hermé et au Plaza Athénée – Christophe Michalak est un habitué des lieux) en créant des gâteaux mettant en valeur les produits de saison. Certaines créations ne restent que quelques jours à la carte, afin de mettre en oeuvre uniquement des matières premières au meilleur de leur « forme ». Je garde un souvenir ému du « J’adore la Fraise » ainsi que de la buche Bornéo, dont l’équilibre était particulièrement réussi.

Enfin, l’offre est complétée par quelques tartes salées (des quiches, notamment) ainsi que par diverses gourmandises ou gâteaux de voyage (confitures, cakes, chocolats divers, sablés…) qui feront d’excellents cadeaux.
Le service est quant à lui très professionnel, de bon conseil. Les chefs eux-même sont parfois présents en boutique et se mettent en contact direct avec leur clientèle, ce qui est appréciable, en plus de prouver – comme si cela était nécessaire – leur passion.

Infos pratiques

63 boulevard Pasteur – 75015 Paris métro Pasteur, lignes 6 et 12 ou Montparnasse-Bienvenüe, lignes 6, 12 et 4) / tél : 01 45 38 94 16
ouvert tous les jours sauf le mardi de 8h à 20h.

Avis résumé

Pain ? Le pain de campagne au levain, ainsi que sa déclinaison en baguette, possèdent un vrai caractère et une conservation exceptionnelle. La gamme de pains spéciaux est également très intéressante, avec de très beaux pains à l’huile d’olive biologique (foccacia, fougasses). La baguette de tradition ne démérite pas, même si ce n’est pas le principal attrait de l’endroit.
Accueil ?
Professionnel, bien formé aux produits, de bon conseil. Rien à redire, le client est bien accompagné au sein de cette grande boutique, parfois un peu intimidante.
Le reste ?
Peut-on parler du « reste », tant la qualité des produits est homogène ? Les viennoiseries sont d’une finesse rare, les pâtisseries – aussi bien créatives que plus traditionnelles – comptent parmi les meilleures de la capitale, en plus d’être toujours fraîches grâce à une carte restreinte. Bien entendu, les prix sont en conséquence, mais c’est parfaitement justifié.

Faut-il y aller ? Assurément. Tous les gourmands – ou simplement les amateurs de pain – y trouveront leur bonheur. Il est également intéressant de découvrir cette approche de l’aménagement de boutique, assez atypique, surprenant, mais au final très pertinent. M. Granger et Mme Damon possèdent là une des seules « boulangerie-pâtisserie » à réaliser les deux disciplines de façon exceptionnelle, à mon sens.

Il y a de ces adresses un peu confidentielles, que l’on se passerait presque sous le manteau, par peur qu’elles ne deviennent trop populaires et perdent de leur authenticité. Comme tout le monde, j’en possède quelques unes et je dois me faire un peu violence pour les partager… mais je le fais, parce que la connaissance s’accroît quand on la partage…

La Maison POS fait partie de celles-ci. A quelques mètres du métro Charonne, cette discrète boutique ouverte sur la rue propose des fruits, légumes et d’autres produits divers (lait, yaourts, charcuterie, fromages…). Chaque jour, un choix différent est proposé et l’ensemble des produits sont répertoriés sur l’ardoise accrochée au mur. Au « menu », du Bio ou du non-traité. Pourquoi ce choix ? Pour obtenir des produits « Objectivement Savoureux », car c’est la signification du nom de ce lieu : Produits Objectivement Savoureux.
Ici, on favorise le local, avec une collecte réalisée auprès des producteurs de la région et d’un peu plus loin, ce qui limite d’autant les intermédiaires. Cela a plusieurs avantages : tout est d’une extrême fraîcheur, certains produits ne voient même pas la couleur d’un réfrigérateur, et surtout, les prix sont très modérés, bien plus que dans la plupart des magasins d’alimentation biologiques de la capitale.

Installé depuis décembre 2010, cet entrepreneur ne manque pas d’idées : ainsi, pendant tout l’hiver, il a proposé à ses clients de la soupe réalisée avec les produits de sa boutique, à un tarif très accessible. Le succès n’a pas manqué et il continue à en proposer un peu, malgré les températures des dernières semaines (certaines personnes âgées y restent fidèles !). En parlant de succès, c’est ainsi que l’on peut qualifier cette boutique : elle ne désemplit pas ! En revenant du travail, de nombreux parisiens (du quartier ou d’un peu plus loin, la réputation s’étant vite propagée) s’y rendent pour remplir leurs paniers.
Ajoutez à tout cela un accueil charmant, un petit côté familial et artisanal, vous avez là une adresse où vous viendrez et reviendrez avec plaisir, et c’est tout particulièrement important lorsqu’il s’agit de faire ses courses. La distribution « traditionnelle » et ses linéaires nous enferme dans des codes qui font que le contact avec le produit est limité, aseptisé. C’est avec ce genre d’initiative que l’on retrouve le goût des choses et des beaux produits.

Infos pratiques

90 rue de Charonne – 75011 Paris (métro Charonne, ligne 9)
ouvert tous les jours de 11h à 14h30 et de 17h à 21h30 – samedi ouverture continue de 10h à 22h.

Faut-il y aller ? Pour trouver de beaux produits à des prix très raisonnables, bien sûr. De plus, le choix change chaque jour, on prend donc plaisir à s’y rendre régulièrement pour profiter des arrivages et varier les saveurs. La maison multiplie les services pratiques : vous y trouverez du pain au levain, des petits chaussons fourrés salés, un choix d’épicerie fine (vins, huiles d’olive…) et même de la soupe. L’accueil est sincère, passionné par ses produits, on se sent vraiment bien dans cette boutique sans vitrine ni vraie devanture : l’entrée est libre, c’est un peu comme pénétrer dans un mini-marché, où l’on trouverait d’excellents produits, frais, Bio (pour beaucoup) et pas cher. Une très belle adresse, qui, je l’espère, conservera longtemps son authenticité.

 

Lieux gourmands

29
Juin

2011

Epices Roellinger, un comptoir et des voyages

En cuisine pour le reste, le plus difficile reste certainement de faire simple mais bien. Dans ce domaine, je dois avouer que je suis moyennement attiré par des plats où le chef semble avoir voulu prouver sa superbe maîtrise de l’art culinaire, en accompagnant les produits « de base » par des sauces et autres ingrédients inutiles.

Pour faire mieux, plus léger, souvent plus intéressant et subtil, les épices représentent pour moi des compagnons incontournables dans cuisines, apportant autant d’éclairages différents aux matières premières utilisées. Plus ou moins typées et rattachées à des régions du monde, elles représentent autant d’occasions de se laisser porter à un voyage des sens. Tout d’abord visuellement, en apportant des couleurs, sur le plan olfactif mais bien entendu au goût…

Justement, commençons le voyage par la visite d’un comptoir, implanté en plein coeur de la capitale. Olivier Roellinger est parti de Cancale pour découvrir des contrées lointaines et nous en rapporter le meilleur. Ce chef aux multiples étoiles est un grand amateur d’épices et a bâti une grande partie de sa cuisine sur celles-ci, notamment au travers de plats « signature », telles que les Saint-Jacques Nevis ou le Saint-Pierre Retour des Indes. Avec sa femme Jane, ils ont mis au point différentes « Poudres d’épices », aux usages très variés. Salé mais aussi sucré, tout y passe pour le plus grand plaisir des papilles, étonnées et dépaysées.

Depuis la fin d’année dernière, on retrouve l’ensemble de la gamme au 51 rue Sainte Anne, dans le 1er arrondissement. Dès que l’on pénètre dans la boutique, nous sommes immergés dans cet univers marin, profondément marqué par les inspirations du chef. Tout est tentant, des épices aux huiles parfumées (l’huile à la fleur de sureau est tout bonnement exceptionnelle) en passant par les gourmandises (biscuits, confitures…). La cave à vanilles est également un lieu surprenant : les gousses sont conservées dans des conditions idéales afin qu’elles gardent l’ensemble de leurs qualités gustatives. Pour chacune d’entre elles, à la façon du reste des produits proposés ici, des conseils d’utilisation précis et pertinents sont fournis. Bien entendu, il reste possible de se faire conseiller par l’équipe de vente, particulièrement accueillante et pointue sur les spécificités de chaque mélange ou épice. On prend plaisir à se laisser guider dans cet univers… sans vraiment compter, les prix ne sont certainement pas bas, mais c’est tout à fait justifié : les origines sont sélectionnées, les producteurs respectés et les produits sont « frais », chose à laquelle on apporte trop peu d’importance pour des épices habituellement. Or, la saveur de celles-ci se perd inévitablement avec le temps.

Une fois le paiement encaissé, les marchandises emballées, c’est alors que le voyage peut commencer en cuisine. Le site des comptoirs Roellinger regorge d’ailleurs d’idées de recettes, afin d’employer au mieux les différentes poudres. Ensuite, tout dépend de l’envie et de l’inspiration de chacun. Les possibilités ne manquent pas…

Infos pratiques

51 rue Sainte Anne – 75002 Paris (métro Pyramides, lignes 7 et 14) / tél : 01 42 60 46 88
ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h.
Site internet : http://www.epices-roellinger.com

Faut-il y aller ? Si l’on aime les épices ou que l’on veut justement découvrir cet univers, bien sûr, c’est certainement la meilleure adresse de la capitale pour le faire. Vous y serez conseillé avec beaucoup de compétence et de gentillesse, tout en étant assurés de repartir avec des produits exceptionnels. Parmi mes coups de coeur, l’huile à la fleur de sureau figure en bonne place. Sa saveur proche du litchi fait merveille sur les poissons, avec seulement quelques gouttes. Les poudres destinées aux préparations sucrées ne manqueront pas de vous surprendre, vous proposant un nouveau regard sur les desserts.

Dans toutes les langues il doit y avoir des expressions amusantes, car imperceptibles pour le reste du monde en l’absence de la maîtrise d’une certaine « culture ». Ainsi on doit dépasser le simple domaine de la traduction et le compléter par celui d’un savoir plus fin et moins technique. C’est le genre de chose que j’adore.

Bread & Roses. Pain et roses ? Le nom pourrait paraître idiot de prime abord. En fait, c’est beaucoup plus subtil. La signification réelle est « l’essentiel et le superflu », le pain représentant l’essentiel, les roses le superflu. Vous voyez, en ajoutant un peu de culture cela prend tout de suite un certain relief. Un peu comme en cuisine, en fait. On saupoudre de savoir comme on saupoudre d’épices, pour donner du goût aux choses.

La boutique historique, à l’angle de la rue Madame et de la rue de Fleurus est tout simplement charmante, bien qu’un peu exigüe. J’ai souvenir d’être passé devant un dimanche – jour de fermeture – et d’avoir été marqué par le côté très chic mais authentique de leur devanture, fabriqué dans un bois clair et pâle. L’endroit respire la sérénité et l’on prend plaisir à s’y attabler, autant à l’intérieur que côté rue.
Il faut dire que le créateur de cette « espace dédié à la qualité », Philippe Tailleur, n’est pas un novice en terme d’aménagement et d’ambiances. Il a en effet longtemps dirigeant du centre commercial Leclerc de Villepinte. Consultant en marketing alimentaire après la vente de l’hypermarché, le boulanger voisin de ses bureaux était mis en liquidation. L’occasion était trop belle.

Le résultat est très beau, également, à tous points de vue. Comme je le disais, l’endroit est très agréable, mais les produits que l’on y sert également. Au fond, le coin boulangerie. Du choix, il y en a ! Peut-être vous laisserez vous tenter par ce pain pur seigle-raisins de corinthe (il y a tellement de raisins à l’intérieur que l’on peut se demander si c’est un pain aux raisins ou l’inverse !), le Pain Puissance 10 (10 farines différentes dans le même pain !), le pain châtaigne-noix (un pain de berger corse, comme ils aiment le décrire) ou encore les appétissantes fougasses aux olives. Ici, toutes les farines utilisées sont Bio et les pains certifiés. Ce n’est pas toujours un gage de qualité, mais dans le cas présent, le résultat est vraiment probant.

La générosité est aussi partie intégrante du concept. Ici, pas de « demi-portions », les parts sont copieuses, les brioches bien dodues. Tailleur défend le fait que quand on veut se faire plaisir, il ne faut pas le faire à moitié. Ainsi, les croissants affichent un feuilletage bien beurré, les « jalousies » (au sirop d’érable et noix de pécan) également. Côté pâtisseries, même chose, avec cependant certaines réserves vis à vis de certains produits à la qualité en retrait (je pense notamment à la tarte Tatin assez douteuse). Les cakes, scones et autres clafoutis réveillent en nous des envies régressives, comme des enfants ébahis devant toutes ces gourmandises.

Reste le traiteur et les plats salés servis sur place. Comme pour le reste, les prix sont élevés, parfois trop compte tenu de la simplicité relative des mets. Cependant, les ingrédients utilisés sont d’excellente qualité. De plus, les accords mets-pain créés avec les différentes miches de la maison sont bien vus et savoureux. Il est également possible d’emporter divers sandwiches plus ou moins élaborés.

Terminons sur le plan humain. L’accueil est très agréable rue de Fleurus, alors que je le trouve beaucoup plus hautain dans la seconde adresse, rue Boissy d’Anglas. Le quartier et sa fréquentation ne doivent pas y être étrangers. Cependant, on ne pourra jamais lui reprocher son manque de professionnalisme, l’ensemble du personnel étant d’un très grand sérieux. J’ai même eu le plaisir d’être servi par Philippe Tailleur en personne, un homme charmant et vraiment amoureux de ses produits.

Infos pratiques

2 adresses dans Paris :
7 rue de Fleurus – 75006 Paris (métro Saint Placide, ligne 4 ou Rennes/Notre-Dame-des-Champs, ligne 12) / tél : 01 42 22 06 06
ouvert du lundi au samedi de 8h à 19h.

25 rue Boissy d’Anglas – 75008 Paris (métro Madeleine, lignes 8/12/14 ou Concorde, lignes 1/8/12) / tél : 01 47 42 40 00
ouvert du lundi au vendredi de 8 à 22h et le samedi de 10 à 20h.

Avis résumé

Pain ? Biologique, réalisé à partir de farines de meule biologiques, avec des arômes bien marqués, leur pain est excellent. Les prix sont élevés, c’est vrai, mais la qualité est là. Les pains « pur seigle » sont délicieux, ainsi que leur pain aux 10 farines, même si les autres variétés sont loin d’être en reste. Au rayon des pains « gourmands », le Soda Bread Irlandais, réalisé avec du lait bio, se fera une place pour vos petits déjeuners ou brunchs, grâce à son moelleux et son caractère.
Accueil ?
Très professionnel et serviable, un peu trop hautain à mon goût rue Boissy d’Anglas, beaucoup plus charmant rue de Fleurus. Il faut dire que ce sont deux quartiers et deux ambiances très différents : les abords du jardin du Luxembourg sont bien plus agréables, et la clientèle beaucoup plus détendue.
Le reste ?
Que dire de leur thé glacé, frais et parfumé ? Ou encore de leurs scones, brioches, clafoutis et autres carrot-cake ? Le choix a de quoi donner le tournis, et au final peu de produits sont décevants (je reviens sur la tarte Tatin au goût étrange).

Faut-il y aller ? Si l’on en a les moyens, bien entendu. Vous en sortirez certainement le porte-monnaie allégé, mais les portions sont généreuses. Le cadre est particulièrement soigné, favorisant l’utilisation de matériaux nobles tels que le bois ou des pierres authentiques. On s’y sent bien et l’on oublie un peu que le temps passe, laissant un peu de côté l’agitation parisienne pour profiter du « superflu »… tout en ayant la possibilité de repartir avec de l’essentiel, de beaux pains que vous prendrez plaisir à déguster chez vous.