Dans toutes les langues il doit y avoir des expressions amusantes, car imperceptibles pour le reste du monde en l’absence de la maîtrise d’une certaine « culture ». Ainsi on doit dépasser le simple domaine de la traduction et le compléter par celui d’un savoir plus fin et moins technique. C’est le genre de chose que j’adore.

Bread & Roses. Pain et roses ? Le nom pourrait paraître idiot de prime abord. En fait, c’est beaucoup plus subtil. La signification réelle est « l’essentiel et le superflu », le pain représentant l’essentiel, les roses le superflu. Vous voyez, en ajoutant un peu de culture cela prend tout de suite un certain relief. Un peu comme en cuisine, en fait. On saupoudre de savoir comme on saupoudre d’épices, pour donner du goût aux choses.

La boutique historique, à l’angle de la rue Madame et de la rue de Fleurus est tout simplement charmante, bien qu’un peu exigüe. J’ai souvenir d’être passé devant un dimanche – jour de fermeture – et d’avoir été marqué par le côté très chic mais authentique de leur devanture, fabriqué dans un bois clair et pâle. L’endroit respire la sérénité et l’on prend plaisir à s’y attabler, autant à l’intérieur que côté rue.
Il faut dire que le créateur de cette « espace dédié à la qualité », Philippe Tailleur, n’est pas un novice en terme d’aménagement et d’ambiances. Il a en effet longtemps dirigeant du centre commercial Leclerc de Villepinte. Consultant en marketing alimentaire après la vente de l’hypermarché, le boulanger voisin de ses bureaux était mis en liquidation. L’occasion était trop belle.

Le résultat est très beau, également, à tous points de vue. Comme je le disais, l’endroit est très agréable, mais les produits que l’on y sert également. Au fond, le coin boulangerie. Du choix, il y en a ! Peut-être vous laisserez vous tenter par ce pain pur seigle-raisins de corinthe (il y a tellement de raisins à l’intérieur que l’on peut se demander si c’est un pain aux raisins ou l’inverse !), le Pain Puissance 10 (10 farines différentes dans le même pain !), le pain châtaigne-noix (un pain de berger corse, comme ils aiment le décrire) ou encore les appétissantes fougasses aux olives. Ici, toutes les farines utilisées sont Bio et les pains certifiés. Ce n’est pas toujours un gage de qualité, mais dans le cas présent, le résultat est vraiment probant.

La générosité est aussi partie intégrante du concept. Ici, pas de « demi-portions », les parts sont copieuses, les brioches bien dodues. Tailleur défend le fait que quand on veut se faire plaisir, il ne faut pas le faire à moitié. Ainsi, les croissants affichent un feuilletage bien beurré, les « jalousies » (au sirop d’érable et noix de pécan) également. Côté pâtisseries, même chose, avec cependant certaines réserves vis à vis de certains produits à la qualité en retrait (je pense notamment à la tarte Tatin assez douteuse). Les cakes, scones et autres clafoutis réveillent en nous des envies régressives, comme des enfants ébahis devant toutes ces gourmandises.

Reste le traiteur et les plats salés servis sur place. Comme pour le reste, les prix sont élevés, parfois trop compte tenu de la simplicité relative des mets. Cependant, les ingrédients utilisés sont d’excellente qualité. De plus, les accords mets-pain créés avec les différentes miches de la maison sont bien vus et savoureux. Il est également possible d’emporter divers sandwiches plus ou moins élaborés.

Terminons sur le plan humain. L’accueil est très agréable rue de Fleurus, alors que je le trouve beaucoup plus hautain dans la seconde adresse, rue Boissy d’Anglas. Le quartier et sa fréquentation ne doivent pas y être étrangers. Cependant, on ne pourra jamais lui reprocher son manque de professionnalisme, l’ensemble du personnel étant d’un très grand sérieux. J’ai même eu le plaisir d’être servi par Philippe Tailleur en personne, un homme charmant et vraiment amoureux de ses produits.

Infos pratiques

2 adresses dans Paris :
7 rue de Fleurus – 75006 Paris (métro Saint Placide, ligne 4 ou Rennes/Notre-Dame-des-Champs, ligne 12) / tél : 01 42 22 06 06
ouvert du lundi au samedi de 8h à 19h.

25 rue Boissy d’Anglas – 75008 Paris (métro Madeleine, lignes 8/12/14 ou Concorde, lignes 1/8/12) / tél : 01 47 42 40 00
ouvert du lundi au vendredi de 8 à 22h et le samedi de 10 à 20h.

Avis résumé

Pain ? Biologique, réalisé à partir de farines de meule biologiques, avec des arômes bien marqués, leur pain est excellent. Les prix sont élevés, c’est vrai, mais la qualité est là. Les pains « pur seigle » sont délicieux, ainsi que leur pain aux 10 farines, même si les autres variétés sont loin d’être en reste. Au rayon des pains « gourmands », le Soda Bread Irlandais, réalisé avec du lait bio, se fera une place pour vos petits déjeuners ou brunchs, grâce à son moelleux et son caractère.
Accueil ?
Très professionnel et serviable, un peu trop hautain à mon goût rue Boissy d’Anglas, beaucoup plus charmant rue de Fleurus. Il faut dire que ce sont deux quartiers et deux ambiances très différents : les abords du jardin du Luxembourg sont bien plus agréables, et la clientèle beaucoup plus détendue.
Le reste ?
Que dire de leur thé glacé, frais et parfumé ? Ou encore de leurs scones, brioches, clafoutis et autres carrot-cake ? Le choix a de quoi donner le tournis, et au final peu de produits sont décevants (je reviens sur la tarte Tatin au goût étrange).

Faut-il y aller ? Si l’on en a les moyens, bien entendu. Vous en sortirez certainement le porte-monnaie allégé, mais les portions sont généreuses. Le cadre est particulièrement soigné, favorisant l’utilisation de matériaux nobles tels que le bois ou des pierres authentiques. On s’y sent bien et l’on oublie un peu que le temps passe, laissant un peu de côté l’agitation parisienne pour profiter du « superflu »… tout en ayant la possibilité de repartir avec de l’essentiel, de beaux pains que vous prendrez plaisir à déguster chez vous.

 

Je parlais récemment de vacances et du fait que je n’en prenais pas. Pourquoi ? En fait, c’est tout simple. Je voyage tous les jours… dans Paris ! Etre en vacances, c’est avoir l’esprit vacant. On peut aussi se transporter grâce à ses sens, découvrir des saveurs d’ailleurs.

Aujourd’hui, le voyage commence dans le XVIIè arrondissement, juste en face du marché des Ternes. La rue Lebon a donné son nom à cette petite boulangerie reprise l’été dernier par Kerstin Lekander, une jeune femme ayant passé son CAP de Boulanger en 2009. Ce sont ses origines suédoises qui ont inspiré l’originalité de la boutique : on retrouve ici des spécialités nordiques, tels les « pains croustillants ».

En passant devant cette boulangerie, rien ne laisserait penser que l’on pourrait y découvrir des produits de ce type. Ces petits crackers artisanaux sont surprenants, proposés en diverses saveurs (romarin, sésame, diverses céréales…) et formes (de petits coeurs, notamment). On sent que tout est fait avec amour et délicatesse.
Même chose côté pâtisserie, où l’on retrouve de grands classiques (Paris Brest, éclairs, tartes diverses…) mais aussi un « gâteau Princesse » qui ne manque pas d’attirer le regard de par sa couleur verte, il la tient de sa fine couche de pâte d’amande, recouvrant une crème chantilly et une confiture de fraises maison.

On vient aussi à la maison Lebon pour le pain plus « traditionnel » car il l’est, bon. Pain noir, intégral, baguettes de tradition… tout est réalisé avec soin et attention. Le plus intéressant pour moi, amateur de pain, ce sont ces marguerites et couronnes dégustation. Elles présentent en effet plusieurs avantages : cela fait beaucoup de croûte – c’est ce qui concentre le plus d’arômes ! – et cela permet également de varier les saveurs au cours d’un même repas, au travers de ces petits pains.

En plus du pain et du sucré une offre salée a été développée, autant pour une consommation quotidienne (sandwiches, quiches, salades…) que pour divers événements, au travers d’une gamme traiteur originale, incluant canapés suédois, « Lebon pain » aux crevettes… Le choix ne manque pas et l’originalité également, la touche nordique étant bien marquée.

Au delà des produits, je considère qu’il est important que le client se sente bien dans la boutique. Ici, c’est vraiment le cas. L’ambiance est douce et sympathique, le personnel souriant et fier de ses produits. On sent une réelle volonté de satisfaire la clientèle, notamment de par un service de livraison mis en place sur la ville de Saint-Germain-en-Laye le samedi.

Infos pratiques

13 rue Lebon – 75017 Paris (métro Ternes, ligne 2 ou Pereire, ligne 3) / tél : 01 45 74 29 17
ouvert du mardi au vendredi de 7h00 à 14h00 et 15h30-19h30, le samedi de 8h00 à 19h00.

Avis résumé

Pain ? Des classiques bien réalisés, la croûte est bien marquée et les saveurs également. Le pain de tradition possède un bon goût de froment, presque « beurré ». On appréciera particulièrement les marguerites et couronnes qui font toujours leur effet sur de belles tables, en plus d’apporter de la variété au cours du repas. 
Accueil ?
Délicat, charmant, souriant, un vrai plaisir. 
Le reste ?
Les pains croustillants sont les stars de la maison, ils sont très agréables à déguster à l’apéritif en remplacement des produits industriels que l’on mange habituellement. L’offre salée est également très dépaysante et avenante. Enfin, le gâteau princesse est tout à fait charmant (il en existe aussi une déclinaison « prince », à la confiture de myrtilles).

Faut-il y aller ? Pour faire un voyage à moindre coût dans les pays nordiques, oui ! Dans tous les cas, les produits sont frais, fabriqués sur place, avec passion. Cela se sent et c’est toujours agréable. Les tarifs ne sont pas excessifs, l’accueil est agréable, c’est une très bonne adresse.

Saint-Germain-des-Prés, cela a été un peu mon quartier, mon lieu de vie, pendant quelques mois. Je travaillais rue Bonaparte, ce qui fait que j’ai arpenté les rues du secteur à pieds, en Velib’, sous la neige, la pluie et que sais-je encore… J’ai appris à aimer cet endroit très parisien, pas forcément compatible avec mes valeurs et mes aspirations mais qu’importe.

En plein coeur du quartier, le marché Saint-Germain offre un curieux mélange entre boutiques (de mode, principalement), restaurants et étals de maraîchers, poissonniers ou encore bouchers. Qui n’a jamais rêvé de faire du shopping avec des effluves de poisson ? Avouez que l’idée est tentante. C’est un peu le tableau.
Aujourd’hui, c’est juste à côté que nous allons, à l’angle de la rue Lobineau et de la rue de Seine. Bienvenue chez Gérard Mulot, « pâtissier à Saint-Germain-des-Prés », comme il l’a si bien titré pour son ouvrage paru en 2004.

La boutique est assez jolie, toute en longueur, très lumineuse. Sa devanture d’un blanc éclatant s’associe bien avec le rose, couleur de la maison. Installé depuis 1975, l’artisan n’a eu de cesse d’étendre sa gamme de produits, les chocolats en 1980, le traiteur en 1985. Ainsi, l’offre est complète, entre les pâtisseries, les gourmandises, le salé et le pain. Cela rend les choses un peu compliquées, et l’on est un peu déroutés quand l’on doit choisir la queue dans laquelle s’engager. L’affluence des week-ends ne facilite pas les choses.

La maison a en effet acquis au fil du temps une certaine réputation sur la place parisienne. A tort ou à raison ? Disons qu’il faut rester mesurés. L’adresse n’est certainement pas l’une des plus intéressantes de la capitale, elle remplit plutôt le rôle d’une « institution » de quartier, où l’on se rend au quotidien pour ses besoins et envies de pain ou gourmandises. C’est à ce rôle que Gérard Mulot peut prétendre, malgré le fait qu’il possède trois boutiques dans Paris.
Celle de la rue de Seine reste la plus populaire et propose l’offre la plus large. Au fond de l’espace de vente, la boulangerie et les viennoiseries. Du classique : baguette de tradition, pain de campagne, au levain, aux céréales, aux noix… L’ensemble se tient dans une bonne moyenne, la conservation est très correcte. On pourra cependant reprocher un levain un peu trop présent dans la baguette de tradition biologique, ce qui lui donne un caractère assez acide.

Le plus intéressant devrait être les pâtisseries, c’est là dessus que l’homme a bâti sa réputation. Pour ma part, c’est manqué. Là encore, les classiques sont présents et bien exécutés, mais les créations sont loin de se hisser au niveau des meilleures maisons de Paris. Visuel moyennement abouti, associations de saveurs parfois discutables, on reste dans le niveau d’une bonne adresse de quartier, un artisan que l’on aimerait avoir en bas de chez soi, c’est tout.
Pour le traiteur, le choix est large, c’est propre, cela peut constituer une bonne occasion pour un repas rapide.

Reste le côté humain, ou plutôt son absence, le service est empressé, peu enjoué, donnant l’impression d’être un simple « numéro », une quantité négligeable dans la masse de clients. Certes, le lieu est fréquenté, mais cela ne dispense pas de cultiver l’art du service. De plus, comme je l’avais évoqué un peu plus haut, l’organisation de la boutique rue de Seine est assez cahotique, je n’ai jamais bien compris comment tout cela fonctionnait. Les deux autres adresses proposent une offre moins large, ce qui rend les choses plus simples.

Infos pratiques

93 rue de la Glacière – 75013 Paris (métro Glacière, ligne 6) / tél. : 01 45 81 39 09
ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h30

76 rue de Seine – 75006 Paris (métro Mabillon, ligne 10 ou Odéon, ligne 4 et 10) / tél. : 01 43 26 85 77
ouvert du jeudi au mardi de 6h45 à 20h00

6 rue du Pas de la Mule – 75003 Paris (métro Chemin Vert/Bastille, ligne 8 ou Bréguet-Sabin, ligne 5) / tél. : 01 42 78 52 17
ouvert du mardi au dimanche de 8h à 20h00

Avis résumé

Pain ? Proposé uniquement rue de Seine. Des produits classiques dans une bonne moyenne. La gamme Bio n’est pas inintéressante, les tarifs plutôt raisonnables. C’est une bonne boulangerie de quartier, et son succès ne le dément pas.
Accueil ?
Empressé, froid, peu enjoué… Les plus jeunes semblent se demander ce qu’ils font là. J’ai une réponse : ils servent des clients qui ont le droit d’être considérés. C’est tout. A mon sens, on touche là un des gros points noirs de chez M. Mulot, du moins pour le magasin rue de Seine.
Le reste ?
Les pâtisseries classiques sont bien réalisées. Sa tarte aux fraises a été récemment élue comme la meilleure de Paris, selon le Figaroscope. Excusez du peu ! Pour le reste, je passe mon tour, les « créations » ne sont ni franchement esthétiques, ni intéressantes à la dégustation.
J’aurais tendance à penser que la maison s’est trop diversifiée, entre pain, chocolat, pâtisserie, traiteur… Il n’est pas possible de réussir dans tous ces domaines. Au contraire, on finit plutôt par tout rater.

Faut-il y aller ? Si l’on habite dans le quartier, bien sûr, c’est une bonne adresse. Sinon, il n’y a vraiment pas de quoi traverser Paris pour s’y rendre. Reste l’accueil qui est, pour moi, un point rédhibitoire.

Allons faire un tour là où l’herbe est vraiment plus verte, l’air plus pur. Gare de Lyon Grandes Lignes, l’impression de partir pour un long voyage, j’aime cette ambiance mêlant tension, espoirs et excitation. Dans notre cas, cela ne sera qu’une quarantaine de minutes en empruntant la ligne R.

Quelques paysages, forêts et champs plus tard, nous voici en gare de Fontainebleau-Avon. Pour l’anecdote, celle-ci est desservie… par le TGV ! Cela surprend quand on voit son aspect plus proche d’une gare de campagne que d’un noeud ferroviaire important. Ainsi, il est possible de se rendre à Lyon ou Marseille en quelques heures. (plus d’informations sur http://www.yonne-tgv.com/).
Il faut faire encore un peu de chemin pour arriver dans la commune la plus étendue de la région Ile-de-France (!).

Ville impériale, chargée d’histoire et maintenant accueillant une grande école de commerce (l’INSEAD), la cité ne manque pas de rayonner et attire de nombreux touristes. Il n’est pas rare de croiser des japonais en pleine balade, sûrement un peu surpris par l’espace et la sensation de calme des lieux.
D’ailleurs, notre ami du jour est également présent au Japon. Frédéric Cassel, président de l’association des Relais Desserts et ayant fait ses classes chez Paul Manu et Fauchon, s’est en effet bien exporté… Peut-être aurait-il du se concentrer sur sa boutique historique, au 71 rue Grande, à Fontainebleau.

L’échoppe est agréable, le décor assez moderne, dans des tons orange et beige. L’écrin assure ainsi le vernis de la maison. C’est assez similaire pour le salon de thé installé à quelques pas, dans une charmante ruelle piétonne de la ville. Seulement, l’enrobage ne suffit pas, il faut que les produits soient du même niveau. Dans le cas présent, c’est raté. Les promesses ne sont pas tenues.
Le pâtissier devrait porter les valeurs « d’excellence » de l’association Relais Desserts, sensée représenter le savoir-faire français sur le plan international. Pâtisseries à la finition douteuse (j’ai déjà pu voir en vitrine des gâteaux endommagés), souvent assez sucrées et roboratives, je ne retrouve pas la finesse à la laquelle j’étais en droit de m’attendre. En réalité, les portions individuelles semblent complètement négligées, seuls les entremets à partager ont un visuel attirant. On passera sur le non-respect de la saisonnalité des fruits lié à l’adoption d’une politique de « collections » : des pâtisseries à l’abricot sont proposées… en avril. Pourquoi pas.

L’homme ne s’est pas arrêté au sucré, on retrouve ainsi une large gamme traiteur, du jambon, des conserves… Il y a de quoi avoir le tournis. Ne reculant devant aucun challenge, il propose également du pain, réalisé à partir d’une farine fournie par les moulins Viron. La Rétrodor fera le bonheur des amateurs de levure, puisque c’est la principale saveur qui s’y exprime. Les pains « fitness », à base de levain et de farine complète, sont néanmoins relativement intéressants et de conservent honorablement. Les viennoiseries, assez onéreuses, affichent une qualité plutôt correcte.

Quant à l’accueil… considérons simplement qu’il est resté figé à l’époque impériale. Précieux et surfait, il est bien en ligne avec les prétentions de la maison, mais en aucun cas avec la réalité. Cela achève de donner l’image d’une entreprise ennuyeuse et embuée dans une tradition française poussiéreuse et maniérée. Je suppose que si elle perdure, c’est grâce à son « prestige » et au fait que nous soyons ici dans un royaume d’aveugles : les bellifontains n’ont certainement pas l’habitude de courir les boulangeries et les lieux gourmands de la capitale. Ils se fient donc aux titres prestigieux qu’a reçu M. Cassel (« pâtissier de l’année » par deux fois), quoi de plus normal. Le chemin est balisé. Cela n’empêche pas de se tromper.

Infos pratiques

Pâtisserie / boulangerie / traiteur : 71-73 rue Grande – 77300 Fontainebleau / tél : 01 64 22 29 59
ouvert du mardi au vendredi de 7h30 à 19h30, le samedi de 7h à 20h, le dimanche de 7h à 14h.
Salon de thé / Chocolaterie : 21 rue des Sablons, 77300 Fontainebleau / tél : 01 60 71 00 64
ouvert du mardi au vendredi de 10h à 19h, le samedi de 10h à 19h30, le dimanche de 10h à 13h.

Des boutiques sont également implantées à Casablanca, Berlin, Tokyo ou encore Kyoto. Plus d’informations sur http://www.frederic-cassel.com/.

Avis résumé

Pain ? Pain de tradition (Rétrodor) inintéressant et fleurant « bon » la levure (sic!). La gamme fitness est plus originale et savoureuse, plutôt agréable à la dégustation, sa conservation est de plus dans une bonne moyenne.
Accueil ?
Cérémonieux, peu enjoué, à l’image des prétentions très impériales de la maison. Il faut bien être raccord avec la ville. Seulement, ce n’est pas cohérent avec la qualité des produits, cela donne juste une impression désagréable.
Le reste ?
Les pâtisseries devraient être les stars de l’endroit. Raté. Sucrées, peu attirantes sur le plan visuel, assez traditionnelles, cela tient plus de l’échoppe de quartier que de la pâtisserie rayonnant à l’international comme on est en droit de s’y attendre. La déception est vraiment amère. Quant aux macarons sur lesquels l’entreprise fonde une partie de sa réputation (avec notamment son fameux macaron pétillant, au champagne), là encore, même écueil : sucre et manque de saveur.

Faut-il y aller ? Pour acheter un morceau de pain afin de compléter son panier de pique-nique à l’occasion d’une balade dans le parc du château ou après une séance d’escalade, pourquoi pas. Quoique, d’autres artisans boulangers installés dans la ville se défendent tout aussi bien, voire mieux. Cela vaut tout de même le coup d’oeil, pour admirer comment l’on peut vivre sur une réputation. M. Cassel aurait mieux fait de ne pas se multiplier comme il l’a fait : il est impossible d’être partout, et la qualité s’en ressent.

J’ai beau courir le pain dans les rues de Paris la plupart du temps, je reste avant tout un banlieusard, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte. J’apprécie le fait de pouvoir profiter du calme d’un dimanche matin, d’entendre la nature s’éveiller sans nuisance automobile, ou juste d’avoir des coins de verdure encore sauvages… mais d’un autre côté, je suis loin de disposer de tout ce que j’aime dans la capitale, et notamment… de bonnes boulangeries.

J’en ai essayé de nombreuses, en me demandant parfois comment terminer ce bout de pain insipide et déjà ramolli bien qu’acheté une heure avant. Bon, il faut serrer les dents, mais pas trop fort pour que ça passe. Après tout, ça nourrit le corps, tant pis pour l’esprit.
Le hasard fait bien les choses, je l’aime bien lui. Un matin j’ai enfin découvert une adresse qui satisfasse mes aspirations painrisiennes.

Parlons un peu de Mandres-les-Roses, cette charmante bourgade du Val de Marne. Elle porte un nom qui rappelle son histoire : elle a longtemps eu pour principale activité la production de roses. D’ailleurs, elle était desservie par une ligne de train se terminant à Paris, non loin de la Gare de Lyon, où des traces subsistent encore : en effet, la « promenade plantée » était une partie de cette « train des roses ». A présent, la production est plus anecdotique bien qu’elle existe encore. La ville a néanmoins conservé son aspect rural, ce qui la rend très agréable à vivre. Je n’en suis qu’à quelques kilomètres et à chaque fois que je m’y rends, c’est un peu comme si je partais en pleine campagne.

Le centre-ville n’est pas très grand. Deux épiceries, deux boucheries/charcuteries/traiteurs, deux cafés, une pharmacie… et deux boulangeries. Je passerai sur l’une d’entre elles, le pain est exceptionnellement mal réalisé. L’autre se nomme La Grange aux Saveurs et propose, quant à elle, des produits particulièrement intéressants pour une boulangerie de banlieue.
En fait, c’est peut être la plus painrisienne des échoppes du secteur, car l’artisan à sa tête est un ancien collaborateur de Christophe Vasseur. Ainsi, on retrouve ce qui fait le succès de Du Pain et des Idées : flûte à l’ancienne, Pagnol, Pain des Amis, petits pains fourrés, escargots, Mouna… Certes, les cuissons sont différentes, les saveurs également au final, mais cela se tient très bien. Les tarifs restent assez élevés en comparaison de ce qui peut se pratiquer dans le secteur, mais cela n’empêche pas à cette petite boutique de connaître une belle affluence, que ce soit en semaine ou en week-end.

La gamme est assez large, complétée par des pâtisseries classiques mais de plutôt bonne facture, avec notamment la présence d’une superbe tourte au levain naturel, vendue au poids, ainsi que divers pains complets, aux céréales ou briochés… Aucun additif, de la farine de tradition (provenant des Moulins Fouché, cela reste donc très « local » !) et surtout des méthodes de fabrication réellement artisanales, laissant du temps au temps et utilisant peu de levure, de la pâte fermentée ou du levain.

L’accueil est serviable, attentif et efficace. Madame y veille au grain, j’aime bien ce petit côté familial, cela fait encore très rural !

Infos pratiques

19 rue du Général Leclerc – 94520 Mandres les Roses / tél : 01.45.98.90.41
ouvert du mercredi au dimanche de 7h à 20h (7h-13h / 15h30-20h le dimanche). – ouvert le mardi du 1er au 31 juillet.

Avis résumé

Pain ? C’est le point fort de cette boutique. On retrouve les spécialités de chez Du Pain et des Idées, tel que le Pain des Amis, avec ce bon goût de fumé, de caramel. La flûte à l’ancienne se défend très bien également, ainsi que la tourte au levain naturel à l’acidité particulièrement bien dosée.
Accueil ? Agréable, courtois et très professionnel. La patronne des lieux nous accueille régulièrement et entretient une vraie relation de proximité avec les clients de la boulangerie, ce qui est très important dans une petite ville telle que celle-ci, où les commerces sont de véritables vecteurs de lien social.
Le reste ? La Mouna, cette brioche délicatement parfumée à la fleur d’oranger, est irrésistible. Les escargots aux différents parfums (nutella, pistache, praline…) sont également très intéressants, bien que les chouquettes au chocolat ne manquent pas d’attirer le regard. Les pâtisseries sont fraîches, classiques, cela se tient.

Faut-il y aller ? Si l’on passe dans ce charmant coin d’Île de France, bien sûr ! Sinon, cela peut aussi être l’occasion d’une promenade, histoire de changer de cadre et de quitter un peu nos terres painrisiennes. D’autant que l’adresse est ouverte le week-end, ce qui fait une bonne raison de plus de partir à sa découverte.

[Mise à jour, dimanche 26 juin 2011]
Petite surprise en me rendant dans la boutique…
Mon article imprimé en vitrine, et de chaleureux remerciements. Non, c’est moi qui doit vous remercier de me fournir du bon pain, près de chez moi ! En tout cas, c’est le type de surprise qui vous illumine une journée.

Généralement, c’est notre savoir-faire en terme de boulangerie et de pâtisserie qui s’exporte. Il est aussi possible d’assister à l’inverse, même si c’est plus rare.
Les japonais sont, pour beaucoup, fascinés par notre culture gastronomique et prennent un grand plaisir à la découvrir, que ce soit en visitant la France ou bien en achetant des produits chez l’une des nombreuses entreprises françaises installées là bas (la plupart des « grandes » maisons y sont !).

Aki Boulangerie, Paris 1er

Dans l’autre sens, les exemples sont plus rares. En voici un. Une boulangerie d’angle rue Sainte-Anne, en plein coeur de ce quartier où la culture asiatique foisonne. Auparavant, elle proposait des pains français, une offre traditionnelle. Depuis l’année dernière, les choses ont changé. En effet, Aki, également propriétaire d’un restaurant du même nom à deux pas, a repris l’affaire. A la tête du fournil, le fameux Yosuké opère et dirige l’équipe. Au programme, toujours du pain… mais aussi beaucoup de spécialités japonisantes.

Les produits ne manquent pas dans la boutique. Au premier plan, des petits pains moelleux, dont un surprenant "Sakura Pan", fourré d'une pâte d'azukis parfumée à la fleur de cerisier.

Les produits ne manquent pas dans la boutique. Au premier plan, des petits pains moelleux, dont un surprenant « Sakura Pan », fourré d’une pâte d’azukis parfumée à la fleur de cerisier.

Matcha, azuki, … tout cela est très tendance par chez nous – certainement une envie d’exotisme – et s’invite ici dans diverses viennoiseries ou pâtisseries. Nos classiques sont détournés, comme avec ce surprenant « Aki-Brest », sorte de Paris Brest revisité avec une chantilly à l’azuki.

Chez Aki, on trouve de nombreux pains gourmands et moelleux.

Chez Aki, on trouve de nombreux pains gourmands et moelleux.

On retrouve également une sélection de produits typiquement japonais, tels les « Melon Pan » (pains biscuit au lait), les « Anpan » et autres brioches fourrées. C’est intrigant mais assez inégal au goût, les saveurs restent assez douces et on pourra reprocher à tout cela de manquer de corps… d’autant qu’il s’agit avant tout de pains moelleux, conformément aux habitudes de consommation japonaises. Cela tient d’une affaire de goûts.
Une gamme de plats et salades est proposée, l’occasion de prendre un repas rapide et dépaysant, bien que les occasions ne manquent pas aux alentours.

Aki Boulangerie fonctionne principalement à l'heure du déjeuner, avec large choix de plats préparés et sandwiches.

Aki Boulangerie fonctionne principalement à l’heure du déjeuner, avec large choix de plats préparés et sandwiches.

Les classiques de la boulangerie française sont présents. La baguette de Tradition, le pain de campagne et autres pains spéciaux ne présentent malheureusement pas beaucoup d’intérêt, malgré la qualité de la matière première utilisée – livrée par les Moulins Foricher.
Les pâtisseries ne sont pas inintéressantes et leurs tarifs restent assez doux malgré leur originalité ici en France. Les éclairs et leur pâte à choux se défendent bien et séduisent sans forcer.

Principal changement cet été, la vitrine de pâtisseries a été remplacée et est à présent bien plus lumineuse.

Principal changement cet été, la vitrine de pâtisseries a été remplacée et est à présent bien plus lumineuse.

L’accueil complète bien cet ensemble asiatique, avec ce sourire toujours aussi présent et agréable. Cela ne l’empêche pas pour autant d’être efficace, ce qui est particulièrement bienvenu du fait de l’affluence que peuvent connaître les lieux le midi.

Plats préparés, Aki Boulangerie, Paris 1er

Infos pratiques

16 rue Saint Anne 75001 Paris (métro Pyramides, lignes 7 et 14) / tél : 01 42 97 54 27
ouvert du lundi au samedi de 7h30 à 20h30.

Avis résumé

Pain ? Les classiques français sont présents mais ne présentent pas d’intérêt particulier. C’est du côté de ses spécialités que l’adresse tire son épingle du jeu : le pain de mie marbré matcha-Azuki attirera irrésistiblement votre regard, et se dégustera sans peine au goûter ou au petit déjeuner.
Accueil ?
A la mode japonaise, souriant, précis et efficace, malgré l’affluence. C’est toujours aussi agréable.
Le reste ?
Les viennoiseries sont assez inégales mais cela vaut l’expérience. Les pâtisseries offrent un peu de dépaysement dans notre paysage sucré sans pour autant vider nos porte-monnaie, tout en étant de bonne facture. Les propositions salées sont également assez intéressantes pour composer un déjeuner, que vous pourrez déguster sur place (des tables et mange-debout sont présents dans la boutique) ou ailleurs.

Faut-il y aller ? L’expérience est à tenter, c’est l’occasion de faire un aller-retour Paris-Tokyo à moindre coût ! Cela permet de plus de rompre un peu la certaine monotonie qui peut s’installer à force de déguster du pain et des viennoiseries typiquement français. Je reste toutefois un peu partagé sur certaines créations dont l’intérêt est plutôt limité, mais cela reste une bonne adresse pour les curieux et amateurs de découvertes.

Zola avait consacré le Bon Marché dans son ouvrage, mais dans un sens on n’en est pas si loin, on traverse la rue du Bac, c’est tout. De plus, elle appartient maintenant au groupe LVMH, au même titre que celle-ci. Je veux parler de « La » Grande Epicerie de Paris, cette institution de la rive gauche.

Nichée en plein coeur du 7è, c’est un lieu incontournable de la gourmandise parisienne. Les foodistas y trouveront absolument tout pour déguster, concocter de petits ou grands plats, rêver… Des produits fins, de la confiture, des fruits et légumes (très onéreux, on est à Paris, ne l’oublions pas), des pâtisseries, du pain… Rien ne manque à l’appel. Je suis toujours étonné par ce qu’on peut y trouver – l’introuvable, l’insoupçonnable, des produits « à la pointe », à peine sortis sur le marché. Toujours le top, parfois l’inutile, souvent l’indispensable.

Au delà de l’assortiment de produits, il y a également l’aménagement du magasin, exceptionnel lui aussi. Des ilots plus que des rayonnages, le shopping devient un voyage entre les « univers », sans cesse renouvelés, retouchés, complétés… Il ne se passe pas une semaine sans que cela bouge, que de nouvelles références apparaissent. Ce magasin est à l’image de notre capitale : vivant, tourbillonnant, brillant et sensible aux tendances.

Passons en revue les rayons les plus painrisiens. Côté pain, l’offre est large, sûrement trop. Je ne peux pas dire que je trouve tout cela particulièrement exceptionnel, même si je salue la variété des formats, du plus petit au plus grand. Citons toutefois le pain nordique, à la mie très sombre et intégrant de nombreuses céréales, particulièrement goûteux, ou bien le pain d’hiver, un véritable mendiant revisité et panifié. Pour le reste, la conservation reste relativement moyenne et les saveurs juste dans la moyenne. On notera tout de même le fait que l’ensemble des produits sont réalisés sur place par les équipes de la Grande Epicerie.
Pour la pâtisserie, les choses simples sont les meilleures : les cakes et madeleines sont très bien réalisés, les classiques sont présents. Les créations ne sont pas forcément les plus intéressantes de Paris mais elles ont le mérite d’exister, en plus d’être proposées à des tarifs relativement modérés.

Non, en réalité, le plus intéressant est ailleurs, du côté des confitures – celles de Christine Ferber ou de Carla accompagneront à merveille les pains achetés chez les meilleurs artisans de Paris – ou encore des beurres, tels que ceux de chez Bordier. Pour des déjeuners gourmands, vous trouverez également parmi les meilleurs jambons, saumons et viandes diverses. Les plus pressés trouveront leur bonheur du côté du snacking, au travers d’une large gamme de sandwiches et salades, sans oublier le « Picnic », véritable restaurant au sein de la Grande Epicerie.

Côté humain, l’accueil est parfois un peu impersonnel, cela dépend des rayons, des heures et des humeurs. Globalement, cela reste très honorable pour un « grand magasin », avec des attentions chics et agréables (mise en sac aux caisses, …).

Infos pratiques

38 Rue de Sèvres – 75007 Paris (métro Sèvres Babylone, lignes 10 et 12) / tél : 01 44 39 81 00
ouvert du lundi au samedi de 8h30 à 21h30.

Avis résumé

C’est un incontournable de Paris, le lieu rêvé pour tout amateur de gastronomie, autant pour cuisiner que pour déguster des mets fins. Les produits viennent d’un peu partout, l’ordinaire côtoie l’exceptionnel dans les rayonnages, j’aime le voyage permanent que l’on peut faire au détour des allées. Les courses alimentaires deviennent un plaisir, une découverte. On est bien loin des supermarchés traditionnels où tout est standardisé, gris et sans intérêt. Bien sûr, cela se paie, mais on peut parfois avoir de bonnes surprises. En effet, certains produits d’épicerie sont proposés à des prix bien plus raisonnables qu’ailleurs !
Pour le pain, rien de transcendant, toutefois au vu des volumes réalisés chaque jour, je tire mon chapeau à leurs équipes. Le résultat est de bonne facture. Ne pas manquer le pain nordique ! Côté pâtisseries et viennoiseries, les classiques sont bien réalisés, c’est ni plus ni moins ce que l’on demande.

Faut-il y aller ? La question ne se pose même pas ! C’est définitivement un lieu incontournable pour les painrisiens que nous sommes. Comment résister à ce choix de thés, confitures, laitages divers…? Je n’ai pas encore trouvé, pour ma part !

Il paraît que travailler en couple n’est pas toujours simple, que la vie professionnelle prend le pas sur la vie privée et finit par gâcher la relation. Cela peut paraître assez plausible, même si c’est dommage car une entreprise se basant sur de « bons » rapports entre ses fondateurs se développera généralement plus harmonieusement.
A priori, le couple Landemaine n’a pas souffert de telles difficultés. Il est français, elle est japonaise : Rodolphe et Yoshimi ont fait leur chemin dans le paysage de la boulangerie parisienne. Passé chez Senderens, au Bristol ou encore Ladurée, son talent n’est plus à démontrer et il a su l’appliquer en reprenant des boutiques dans plusieurs arrondissements de la capitale. En 2004, il prendra les rennes de la boulangerie Douceurs et Plaisirs, dans le 13è, et la cédera en 2006 pour acquérir celle qui reste aujourd’hui son vaisseau amiral, au 56 rue de Clichy.

Une avancée plutôt discrète jusqu’à peu de temps, malgré son implantation rue des Martyrs puis dans le 11è, à deux pas du métro Voltaire. Quelques « influenceurs » en parlaient de ci de là, comme Bruno Verjus ou Gilles Pudlowski. 2011, ce dernier le nomme meilleur boulanger de Paris dans son guide, voilà qui compense ces années dans l’ombre. On pourra également citer la belle apparition de sa boulangerie du 9è dans le reportage de France 5, A la recherche du bon pain, dont je parlais précédemment.

Une telle absence de visibilité médiatique est surprenante, son travail ne manquant pas de qualités. Les habitants et travailleurs des alentours ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : les boutiques ne désemplissent pas.
Rue de Clichy, le lieu a été rénové avec goût dans des teintes roses-grises sobres et élégantes, en intégrant un espace de dégustation sur place. Le midi, on se presse pour les salades, sandwiches, plats chauds ou tartes de la maison. Le secret ? Des produits frais, proposés à des tarifs très abordables. Les vitrines sont d’une grande propreté, tout est préparé avec soin, forcément, cela attire.
Côté sucré, l’offre est également bien complète, entre pâtisseries et viennoiseries classiques ou plus inventives. Là encore, c’est bien réalisé : viennoiseries dorées et avenantes, pâtisseries bien finies et parfois assez créatives – les classiques n’étant pas en reste pour autant (religieuses, tartes diverses, millefeuilles…), l’ensemble fait preuve d’une belle cohérence.

Bien entendu, pour moi, la vraie valeur de la maison se trouve du côté du pain. De belles cuissons, une variété impressionnante et souvent complétée par des nouveautés, une qualité indéniable… La baguette de tradition, proposée rue de Clichy ou rue de la Roquette, ne manque pas de caractère, avec une acidité présente mais bien dosée. Visuellement, sa grigne longitudinale lui confère un aspect très attirant, dans le prolongement de sa belle teinte dorée. Dans la boulangerie de la Rue des Martyrs, c’est un peu différent, elle se nomme « flûte » mais reste assez similaire (bien que sa croûte soit plus fine, limitant de fait sa conservation), malgré son tarif défiant toute concurrence (1 euro la pièce de 250gr !).
Bien entendu, il ne faut pas oublier de citer les remarquables pains de Clichy, Voltaire ou des Martyrs : leur caractéristique ? Une cuisson bien marquée, et « 50% de levain ». Très bonne conservation et arômes marqués, avec une mie humide agréable.
On pourrait prolonger l’évocation de la gamme pendant longtemps tant elle est large : céréales, fruits secs (noix, raisins, noisettes…), fromages, olives, viandes… Tout y passe, au plus grand plaisir de notre gourmandise. Pour finir, des pains spéciaux et originaux, tels que ce curieux pain Irlandais à la Guinness, comblent la soif de découverte des painrisiens que nous sommes !

Le personnel est professionnel, souriant, accueillant, et ce la plupart du temps dans les différentes boutiques. Peut être un peu plus empressé -parfois !- dans le 11è, mais c’est anecdotique. Les vendeuses asiatiques font comme toujours merveille, de par leur calme et leur sourire.

L’aventure ne s’arrête pas à Paris… Landemaine, c’est aussi une école de formation… au Japon ! Yoshimi Landemaine a en effet ouvert l’école « Levain d’Antan », qui exporte notre savoir-faire boulanger et pâtissier. Je ne doute pas du fait que cela doit avoir beaucoup de succès, dans un pays fasciné par notre gastronomie et par la culture qui s’y rapporte.

Infos pratiques

4 boulangeries dans Paris : 26 rue des Martyrs – 75009 Paris (métro Notre Dame de Lorette, ligne 12), 56 rue de Clichy – 75009 Paris (métro Place de Clichy, lignes 2 et 13), 130 rue de la Roquette – 75011 Paris (métro Voltaire, ligne 9) et 136 rue de la Roquette – 75011 Paris.

Toutes les adresses sont fermées le lundi, et ouvrent à 7h. Fermeture à 20h30, 19h30 le dimanche.

Avis résumé

Pain ? Grande variété, très bonne qualité, saveurs présentes… Rien à redire, c’est vraiment très agréable. On retrouve une certaine « signature » de la maison dans la gamme, où le levain est présent mais de façon maîtrisée, apportant bonne conservation et légère acidité.
Accueil ?
Très professionnel, efficace et souriant. Un mélange assez cosmopolite par ailleurs, entre personnel asiatique, français et d’ailleurs, c’est sympathique.
Le reste ?
L’offre salée fait le bonheur des employés de bureau du secteur, en quête d’un repas rapide et peu onéreux (d’autant qu’ils font des avoirs sur les tickets restaurant !). Le sucré n’est pas en reste, la gamme de pâtisseries et viennoiseries attire par sa qualité de réalisation ainsi que sa fraicheur. Pas de fausse note dans l’ensemble.

Faut-il y aller ? Bien sûr ! La variété de pains vaut le détour, d’autant qu’ils sont très bien réalisés. Ma préférence va aux pains de Clichy/des Martyrs ou de Voltaire selon la boutique, pour leur cuisson et leur saveur bien particulière. Néanmoins, les pains « spéciaux » avec ajouts d’ingrédients sont également délicieux et s’inviteront à tous vos repas, aussi bien dans un registre sucré que salé.

Boulangeries

02
Juin

2011

Le Boulanger de Monge (et d’ailleurs)

C’est fou comme le temps passe et comme les choses peuvent changer. Parfois en bien, si si, parfois en mal. 2005, le Guide des meilleures boulangeries de Paris édité par Michel de Rovira et Augustin Paluel-Marmont consacre le Boulanger de Monge comme étant « la meilleure boulangerie de la capitale ».

De l’eau a coulé sous les ponts de la Seine (admirez le raccord), la boulangerie primée à l’époque n’a plus grand chose à voir avec celle de l’époque. Tout d’abord de par sa direction. Dominique Saibron, fondateur et propriétaire jusqu’alors, cède l’affaire en 2006. Ensuite, elle s’est multipliée… elle est à présent de Monge, et d’ailleurs ! On la retrouve rue de la Clef (à quelques pas de la boutique historique du 123 rue Monge) mais aussi rue Montorgueil, juste derrière les Halles.

Cela pourrait se limiter à ces changements, plutôt techniques dirons nous. Non, la mue est plus profonde. L’ensemble de la gamme a été certifiée Bio en 2009, auparavant seuls les pains à la farine bise et au levain « signature » de miel et d’épices portaient cette appellation. Comme je l’ai écrit pour Moisan, ce sigle n’a pas forcément pour conséquence d’obtenir un pain d’exceptionnelle qualité.
Ainsi, ce n’était pas le cas chez Moisan… est-ce le cas ici ? Non plus, raté. Depuis le départ de M. Saibron, la qualité n’a eu de cesse de décliner. La baguette « Monge » -sur-tarifée, bien sûr, elle est bio !- est sèche, sans grand intérêt et bien souvent peu cuite. La Boule Bio, autrefois signature de la maison, fait elle aussi grise mine. Sa cuisson est mal aboutie, elle tient mal la comparaison avec celle proposée à Alesia, alors qu’elles devraient être similaires.

Pour le reste, les viennoiseries et pâtisseries n’attirent pas particulièrement l’oeil, souvent malmenées et à la finition médiocre. L’offre salée est dans la même ligne, au moins rien ne surprend.
L’accueil est plus que passable, assez désinvolte et peu informé sur les produits proposés par les boutiques. Egalement, je trouve que le 123 rue Monge a particulièrement mal vieilli et donne une impression assez peu « nette », les vitrines sont loin de susciter l’envie. Terne, c’est le mot qui résume le mieux le lieu à mon sens.

Quant aux autres boutiques ? Pas franchement haut de gamme non plus. Rue de la Clef, la petite boulangerie d’angle n’est pas non plus attirante. Rue Montorgueil, la dernière ouverture, l’échoppe est plus moderne, ouverte sur la rue – c’est d’ailleurs un peu curieux et déroutant. Bref, l’ensemble est au diapason du très moyen.

Infos pratiques

48, rue de la Clef – 75005 Paris – Horaires d’ouverture 7h à 20h – Fermeture hebdomadaire jeudi – tel 01.47.07.28.19
123, rue Monge – 75005 Paris – Horaires d’ouverture 7h à 20h30 – Fermeture hebdomadaire lundi – tel 01.43.37.54.20
53, rue Montorgueil – 75002 Paris – Horaires d’ouverture 7h-21h – Fermeture hebdomadaire lundi – tel  01.42.33.31.05

Avis résumé

Pain ? On est très loin de l’époque Saibron. Le volume a pris le pas sur la qualité. Autant aller à Alesia, où vous retrouverez une gamme similaire (et même plus étendue), des tarifs moins élevés et des produits de meilleure qualité. Cependant, pour les « locaux », la tourne au blé noir et la boule bio restent des valeurs relativement sûres.
Accueil ?
Assez désinvolte, manquant de professionnalisme. On ne sent pas d’implication dans la boulangerie, le personnel pourrait indifféremment vendre des chaussures ou accessoires de mode.
Le reste ?
Les viennoiseries ne tiennent pas le haut du pavé parisien mais restent dans une bonne moyenne. Les pâtisseries sont mal finies et ne donnent pas envie. Pour l’anecdote, la buche de Noël 2010 était réalisée à base de banane… et de morille. Une association hasardeuse qui aurait tendance à laisser planer un certain doute sur le bon sens du chef pâtissier.

Faut-il y aller ? Cela n’a plus vraiment d’intérêt à présent. Bien sûr, pour les habitants du quartier, cela reste une « bonne adresse », proposant du pain biologique réalisé sur levain. Cependant, les produits restent médiocres, la baguette inintéressante. Préférez l' »original », au 77 avenue du Général Leclerc.

Il y a des institutions parisiennes qui semblent faire partie du paysage, sans qu’on puisse bien concevoir la capitale sans elles. J’imagine que Fauchon en fait partie. A tort ou à raison ?

Malheureusement, je serais tenté de dire « à tort ». Fondée en 1886 par Auguste Fauchon, la société qui existe aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle de l’époque. Son histoire tient d’ailleurs du véritable feuilleton. Entre gloire et décadence… Notamment à l’époque du couple Prémat, dans les années 80-90, qui développe la marque sur l’île de Saint-Martin de façon très arrosée, tout en développant la marque dans la grande distribution. Un choix qui coûtera cher à l’enseigne, brouillant son caractère luxueux. Ce ne sera pas vraiment mieux suite à la reprise opérée par Laurent Adamowicz, qui aura certes parvenu à redonner du prestige à Fauchon mais aura également réalisé un développement très onéreux (rachats, présences nombreuses à l’international…), lequel ne résistera pas à l’année 2003.
Aujourd’hui, l’entreprise appartient à l’homme d’affaires Michel Ducros, et est dirigée par Isabelle Capron. Au vu des pertes colossales engendrées par le groupe, une stratégie de re-concentration au sein des boutiques historiques place de la Madeleine a été menée. Exit le « Fauchon partout », il ne reste donc que quelques points de vente choisis et/ou pilotés par la marque elle-même.

A Paris, c’est donc le 24/26 place de la Madeleine – le traiteur, la pâtisserie, la boulangerie et le « Madeleine Bar », ainsi que le 30 – l’épicerie/cave et le restaurant à l’étage. Au sein de ces « temples » du « luxe alimentaire contemporain » se pressent habitués, touristes, hommes et femmes d’affaires pressés… Tout ce qui fait la vie sur cette place marquée de l’atmosphère du 8è, chic et affairée.

Côté épicerie, les chocolats de Pascal Caffet – Fauchon a pris une participation importante dans cette entreprise troyenne, dirigée par le chocolatier MOF du même nom – ont grandement amélioré la qualité de l’offre, plus que médiocre jusqu’alors. Un très impressionnant et original comptoir présente les différentes créations et permet de composer son propre assortiment à l’aide du personnel de la confiserie.


Pour le reste, les confitures sont très médiocres, réalisées par des sous-traitants oeuvrant également pour la grande distribution, les épices, huiles et vinaigres hors de prix, les thés et cafés juste corrects mais souffrant eux aussi d’une tarification peu en adéquation avec ce qu’ils sont. En réalité, aujourd’hui, on paie surtout le design et la marque. Le restaurant à l’étage est géré par une société indépendante en franchise. Le service y est parfois… original, dirons nous.

Traversons la rue pour rejoindre les produits frais… Là encore, le constat n’est pas franchement à l’honneur de la marque. Des pâtisseries très design mais aux saveurs absentes (Christophe Adam, le chef exécutif de la maison, tient plus du designer que du pâtissier !), des produits traiteur sur-tarifés, pas de quoi donner envie. Vous aurez noté que je n’ai pas encore parlé du pain. Je souhaitais y accorder une importance plus particulière.

Fauchon « la boulangerie », c’est la baguette de tradition à 1 euro 50. Les pains individuels à 1 euro 10. Je pourrais citer beaucoup d’exemples de ce type. Le pain devient alors un produit de luxe. Cela est-il justifié par une qualité exceptionnelle ? Même pas. La baguette est relativement insipide, sa conservation est plus que moyenne et elle vous est souvent vendue déjà molle. Le pain de campagne embaume le levain, beaucoup trop à mon goût. Seul le pain Germain est relativement intéressant, avec son mélange de farines et de graines, mais il ne vaut définitivement pas son prix.

Un dernier mot sur la partie « Madeleine Bar ». C’est l’occasion unique de consommer des produits en boite, vendus en self-service comme dans toutes les enseignes de snacking… toujours à des prix affolants. En terrasse, sur une place bruyante et polluée, ça c’est la vie à la française ! Oui, je peux paraître un peu fixé sur les tarifs mais cela me choque, tant l’écart entre ce que l’on serait en droit d’attendre et ce que l’on obtient est grande.

Une seule chose positive à mon sens, l’accueil est généralement agréable, et les conseils plutôt avisés côté épicerie.

Infos pratiques

24/26 et 30 place de la Madeleine – 75008 Paris (métro Madeleine, lignes 8, 12 et 14) / tél : 01 70 39 38 00
Boulangerie ouverte de 8h à 20h30, pâtisserie-traiteur de 9h à 20h30 et épicerie de 9h à 20h, du lundi au samedi.

Avis résumé

Pain ? Choix varié mais qualité médiocre. La baguette de tradition est relativement insipide, sa conservation très moyenne. Les pains spéciaux ne font pas mieux, avec un pain de campagne au goût de levain trop prononcé. Le Germain n’est pas inintéressant, néanmoins. Prix en dehors du raisonnable.
Accueil ? Professionnel et agréable. Généralement de bon conseil, c’est plaisant.
Le reste ? De bien jolies pâtisseries mais des saveurs perdues, des produits d’épicerie moyens, du chocolat plutôt réussi néanmoins… pas grand chose qui relève le tableau.

Faut-il y aller ? Si on a de l’argent à perdre ou alors qu’on aime particulièrement le rose et le noir. Pour profiter du spectacle ahurissant de ces touristes à qui l’on raconte de belles histoires, aussi. Sinon, passez votre chemin…