J’aime le changement. J’aime surtout quand il aboutit à un résultat positif pour le consommateur, que ce ne sont pas les plus « grands » qui en profitent. J’ai un petit côté Robin des Bois, vous savez. Ce n’est pas le sujet, l’idée est simplement de dire que les « entrepreneurs de la boulangerie » ou les groupements ne font pas que des pas en avant, mais sont parfois contraints à reculer, à céder des affaires, sans que cela les empêche d’en reprendre d’autres par ailleurs. On peut ainsi espérer qu’un certain équilibre se créé, même si l’idée paraît assez illusoire en définitive.
Dans le 14è arrondissement, l’ancienne boulangerie Banette située au 23 rue Brézin s’est émancipée et a développé sa propre identité. De rouge, elle en est même devenue… Blanche, puisque c’est le nom donné à l’affaire par Pascale Frugier, à l’origine de cette reprise en avril dernier. Issue d’un parcours en reconversion professionnelle, elle a choisi de partager ici sa passion pour la boulangerie. Même si la devanture porte encore les stigmates de son passé, malgré l’ajout d’un logo différenciant, il ne faudrait pas renoncer à entrer, car les produits fabriqués ici sont d’excellente facture.
S’il y a bien une chose qui n’est pas blanche ici, c’est le pain. En effet, les cuissons sont globalement bien menées, même si un peu courtes sur les baguettes de Tradition ou sur la « Brézin ». Cette dernière est une héritière de la Banette, proposée jusqu’alors dans ces lieux : réalisée à base d’une pâte de pain courant, elle est façonnée à la main pour un résultat plus développé et aéré. Ses croûtons en pointe attirent l’oeil, mais il ne faudrait pas y céder, car on risquerait ainsi de passer à côté de la très sobre et néanmoins valeureuse Tradition. Avec son vif parfum de crème, sa mie douce et légère, aux alvéoles irrégulières, elle s’inscrit bien dans le caractère lactique qu’on peut en attendre. Cependant, ce serait plutôt sa déclinaison au Levain que j’aurais tendance à conseiller : elle développe en effet de charmantes notes de miel, en plus d’offrir une croûte bien marquée et très craquante. Sa conservation est ainsi excellente, tout autant que ses cuissons.
Les pains à la coupe sont également de bonne facture, à l’image d’une proposition au levain, farines de froment et de Seigle et son caractère rustique, ou bien du pain de Tradition, dont les arômes de froment s’expriment plus encore sur ce format généreux.
L’héritage Banette n’est pas tout à fait mis de côté, avec quelques Briare et autres mélanges à l’intérêt relatif.
Les viennoiseries sont honnêtes, sans vraiment susciter un enthousiasme particulier. Les plus gourmands s’amuseront sans doute du « Cornetto Nutella », un demi croissant fourré de la fameuse pâte à tartiner. Tartes au sucre et oranais sont également de la partie.
Le reste du sucré reste dans le même esprit de simplicité, une belle déclinaison de tartes à la part (citron meringuée, poires amandes, abricots-pistache, façon crumble aux fruits rouges,…) ainsi que quelques choux variés (vanille, chocolat, speculoos, café…) et éclairs.
Même si quelques tables en bois ont été disposées dans la boutique afin de permettre de consommer sur place, la Boulangerie Blanche n’en est pas devenue pour autant un traiteur et c’est sans doute mieux ainsi. Là encore, les tartes sont à l’honneur avec des quiches bien menées, même si les sandwiches – dont une partie sont réalisés sur base de ciabatta – sont tout aussi honnêtes. Les fougasses garnies et autres ficelles gourmandes complètent ce tableau très boulanger. Une sélection de plats du jour vient s’ajouter à la gamme pour le déjeuner.
Dans ce cadre boisé et sobre, on ne peut qu’apprécier l’implication du service, son amour du produit et sa belle volonté de partager cette aventure, débutée depuis plus de 6 mois déjà. L’affaire est discrète, bien tenue, et les habitués semblent y avoir trouvé leur place.
Infos pratiques
23 rue Brézin – 75014 Paris (métro Mouton-Duvernet, ligne 4) / tél : 01 45 40 85 70
ouvert du mardi au samedi de 7h à 20h.
Avis résumé
Pain ? Les farines des Moulins de Cherisy sont bien mises en valeur par l’équipe de la boulangerie Blanche : que ce soit au travers de la baguette de Tradition – très lactique, bien alvéolée et craquante -, sa déclinaison au levain où des saveurs miellées et sucrées viennent s’inviter à la dégustation ou encore les pains à la coupe (seigle-froment sur levain, à la façon d’un pain de Campagne, ou Tradition), la gamme est simple mais maîtrisée, tout autant que les prix qui demeurent très cohérents.
Accueil ? On ressent une belle passion pour le pain chez les associées de cette affaire, et elles ont à coeur de la transmettre à leur clientèle. La boutique est simple, sobre, tout autant que leurs produits, qui peuvent être consommés sur place grâce à quelques tables en bois disposées à l’entrée. Le bois est d’ailleurs un matériau bien représenté ici, ce qui contribue à créer une ambiance apaisante et sympathique.
Le reste ? Les viennoiseries font leur travail sans défaillir ni briller plus que cela, et même si le croissant n’est pas exceptionnel, les tartes au sucre, oranais ou encore sablés citron et autres pailles aux framboises satisferont sans difficulté les envies sucrées. Les nombreuses tartes à la part (citron meringuée, poires amandes, abricots-pistache, façon crumble aux fruits rouges,…) en feront tout autant, même si la tentation de picorer dans un des petits choux demeure. Au déjeuner, quiches variées, sandwiches baguette ou moelleux (sur base de ciabatta), plats du jour et autres fougasses constituent des bases de repas tout à fait savoureuses, le tout dans un bel esprit de simplicité et de fraicheur.
Faut-il y aller ? Juste en face du Square de l’Aspirant Dunand, la devanture rouge de la Boulangerie Blanche passerait presque inaperçue, tant la sobriété est de mise dans cette ancienne affaire Banette. Ce serait bien dommage, car les pains que l’on y trouve sont de bonne facture, tout autant que les gourmandises sucrées ou salées. Pas de « haute voltige » mais des propositions bien mesurées, cadrées, honnêtes. En bref, une boulangerie que l’on apprécie d’avoir en bas de chez soi, bien dans son quartier et son époque.
passée par hasard devant cette boulangerie j’ai été attirée par une belle tarte abricot pistache et je me suis laissée tenter: un délice ! j’ai aussi gouté les petits financiers tout était parfait il y a aussi des petits plateaux de petits fours frais bien tentants tout est frais pas trop sucré il faut encourager ces artisans qui respectent leurs clients; je n’habite pas le quartier mais je reviendrais à coup sûr!