Billets d'humeur

11
Avr

2011

« Pas de demi baguette tradition »

Dans beaucoup de boulangeries de banlieue, on refuse de vendre la moitié d’une baguette de tradition. Seule la baguette « normale » peut être coupée. J’en finis par me demander si ce n’est pas un problème de religion, ou quelque chose dans ce goût là. Vous voyez, un peu comme chez les indiens chez qui les vaches sont sacrées. Et bien c’est pareil avec la baguette de tradition. La couper, c’est sacrilège.

Boulangeries

07
Avr

2011

Boulangeries Eric Kayser

27 commentaires

Voilà un acteur important de la boulangerie parisienne. Eric Kayser, ce boulanger rouquin et alsacien, l’air un peu timide et sympathique, a installé ses boutiques un peu partout dans la capitale, marchant sur les plates bandes d’acteurs plus anciens et installés comme Paul. Une success-story à la française!

Tout a commencé rue Monge, au 8, donnant à sa baguette star un nom désormais connu dans le monde entier « la Monge ». Cette Monge est fabriquée à base de levain naturel, un levain liquide entretenu au sein d’une machine appelée fermento-levain, inventée par Eric Kayser en 1994. Elle permet de le maintenir à bonne température, cela facilite grandement la tâche des boulangers travaillant avec un levain naturel, les libérant ainsi des contraintes liées à la météo (le levain pouvant sinon devenir trop acide, notamment).
Ce travail au levain pose la base d’une offre assez qualitative, décrite par l’enseigne comme étant « haut de gamme ».

Mais qu’est-ce que les Kayser, à présent ? Une chaîne, comme il en existe d’autres, ou bien de vraies boulangeries ? Disons que l’on est entre les deux. Le pain est entièrement réalisé sur place, avec des recettes différentes dans chaque boulangerie (on peut goûter le bon Bac, le Carré Duroc, l’Odéon Santé…), mais beaucoup des autres produits sont plus industriels, telles que les pâtisseries. Au delà de ce fait, Kayser a pris le chemin d’une conversion progressive du statut de boulanger à celui de « restaurateur », en proposant une large offre salée (plats chauds, salades…) et des espaces de consommation sur place, comme c’est le cas rue du Bac, boulevard Malesherbes ou encore rue Danielle Casanova. Des lieux très tendance pour les cadres en quête de repas rapides.

Tout cela s’éloigne lentement des fondamentaux de la boulangerie… quelle est la place du pain dans tout cela ? C’est toutefois un mal assez commun dans Paris, en effet, les loyers sont élevés… ce qui implique de développer des activités sur lesquelles la marge est plus importante. Difficile donc de blâmer Eric Kayser d’avoir fait ce choix. La qualité dans tout ça ? Variable, en réalité. Toutes les adresses ne se valent pas. Dans un sens, c’est presque rassurant : chaque boulangerie est réellement différente, les personnes préparant les produits également. A mon sens, l’adresse historique de la rue Monge reste la meilleure, avec un pain toujours bien cuit. A noter qu’au 14 de la même rue on trouve une boutique proposant du pain biologique, avec une gamme entièrement différente (boule de Méteil, pain à l’épeautre…).

Que préférer ? Un artisan de quartier ou bien cette « chaîne » ? Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Tout d’abord, on peut considérer que faire confiance à ce type d’entreprise, c’est amener à terme la disparition de petits commerces indépendants. Le raisonnement se tient, bien entendu, mais la différenciation doit se faire sur la qualité. Force est de constater que cette même qualité se perd bien souvent chez les indépendants, qui ont tendance à privilégier la productivité pour améliorer la situation économique de leur petite entreprise. Au final, c’est une affaire de goût.

Le principal avantage qu’offre Kayser à mon sens, c’est la variété de pains proposée, avec des formats permettant de varier sans acheter des quantités importantes. Le pain aux noix, très doux et légèrement brioché, est loin d’être désagréable. Le Rustique, avec ses notes de blé noir, est très agréable avec un peu de beurre salé. Il y en a bien d’autres, et de différentes dans chaque boutique, comme je l’indiquais précédemment. On retrouve également le pain du mois, en accord avec les saisons. Une initiative appréciable.

Infos pratiques

Le site de la Maison Kayser sera certainement le plus à même de vous renseigner sur les boutiques, même s’il n’est pas très à jour et qu’il en manque… (!) : http://www.maison-kayser.com
Vous retrouverez leurs boulangeries un peu partout dans Paris… et même dans le monde !

Avis résumé

Pain ? Cela dépend des boulangeries. Celui proposé au 8 rue Monge est plus que correct, même si les tarifs restent élevés. Beaucoup moins bon rue de l’Ancienne Comédie, au point que l’on a vraiment l’impression que les deux points de vente n’appartiennent pas à la même entreprise (façonnage approximatif, cuissons très moyennes…). Dans l’ensemble, les recettes sont intéressantes. L’utilisation du levain naturel apporte plus de saveur, mais pas de quoi tomber de sa chaise.
Accueil ? Là encore, il est difficile de se prononcer, du fait du nombre de boutiques ! Dans l’ensemble, un effort est fait pour que le service soit efficace, malgré la popularité de l’enseigne. Parfois au détriment du côté humain et agréable. Toutefois, je n’ai jamais été « mal reçu », preuve que l’entreprise a une certaine notion du service client.
Le reste ? Je passe, définitivement. Les pâtisseries sont bien trop industrielles, les plats préparés n’en sont pas loin. Malgré tout, les viennoiseries ont plutôt bonne réputation.

Faut-il y aller ? Comme on va dans une boulangerie de quartier, oui. Pas plus, pas moins. En tout cas pas de quoi traverser tout Paris ! D’ailleurs, il n’y a pas besoin de le faire, vu qu’ils sont implantés un peu partout dans la capitale…

 

… cet article vous est proposé avec les baguettes Campaillette. Quoi de mieux que ce trait d’humour pour introduire un tel billet ? D’accord, cela n’a rien de drôle, en réalité. Ces dernières années, les principaux meuniers (les Grands Moulins de Paris, les moulins Soufflet (Baguépi), le groupement Festival des Pains, les meuniers Banette…) n’ont cessé de faire en sorte que l’offre en boulangerie ne cesse de s’uniformiser, en renforçant la présence de leurs marques et de leurs recettes.

Baguépi, Ronde des Pains, Festival des Pains, Banette… Les enseignes en font presque oublier l’importance du travail de l’artisan et l’impact que celui-ci aura sur la qualité du produit final. Dans chaque boulangerie, on retrouvera des Campaillette, Festive ou encore Banette 1900… Recette standardisée, tout se ressemble. Est-ce ce dont le consommateur a besoin aujourd’hui : des repères, des balises, pour lui dire ce qu’il faut acheter ? C’est possible. Cela constitue une forme de conformisme rassurant, il n’y a pas de prise de risque.

Pour autant, le goût dans tout ça ? Il passe au second plan, tout simplement. L’objectif, c’est d’être productif, flexible, de faciliter le travail de l' »artisan » boulanger. Additifs, protéines rajoutées dans la farine… Tout y passe. Quel impact sur la santé du consommateur ? Nous ne disposons certainement pas du recul suffisant pour en juger. Tout cela n’est même pas réellement utile, dans le fond. Si des méthodes de fabrication plus traditionnelles, respectueuses du temps et des ingrédients, étaient employées, le reste viendrait naturellement. Ce n’est certainement pas dans l’air du temps : il faut être productif et engranger du chiffre !

En plus de cela, la variété des pains que l’on retrouve sur les tables est, de fait, limitée. Il existe pourtant tellement de farines intéressantes (l’épeautre, le kamut, le blé noir…) qui permettent de varier les saveurs et de sortir du froment habituel, ou bien des quelques céréales ajoutées. C’est l’occasion de sublimer des plats, de créer des associations mets-pains parfois insolites… Il faut seulement en avoir la volonté et la possibilité. Possibilité que nos boulangeries offrent trop rarement.

Il y a des lieux que le hasard ne nous permettrait vraiment pas de découvrir. Un peu perdue à quelques pas des Buttes Chaumont, la boulangerie de Véronique Mauclerc est surprenante à bien des égards.
Tout d’abord par le fait que ce soit une femme qui en soit propriétaire : elles sont aujourd’hui encore bien peu nombreuses, malheureusement.
Ensuite, la boutique est assez étonnante : y entrer, c’est un peu faire un bond des décennies en arrière, retrouver une ambiance doucement surannée mais loin d’être désagréable. Au fond, l’impressionnant four de type Gueulard, l’un des derniers encore en activité sur Paris. Les clients ont la possibilité de prendre des repas sur place, quelques tables sont disposées devant ce « monument ». Tartes salées et sucrées, brioches… Le choix est large.
Enfin, un parti-pris remarquable : l’ensemble des farines utilisées sont bio, les méthodes de fabrication traditionnelles (travail sur levain, façonnage et même enfournage manuel…), mais on pourrait presque dire que cela ne fait que prolonger le reste.

Nommée « boulangère de l’année » en 2007 par le guide Pudlo, Véronique Mauclerc reprenait le flambeau laissé par Willy Bigot, ancien propriétaire de la boulangerie, alors nommée « Au Vieux Four ». Ce succès médiatique a incité beaucoup d’amateurs d’adresses tendance à se presser à ses portes, au point qu’elle reprendra une adresse « mythique », le Stübli, rue Poncelet. Spécialités de l’est, forêt noire, strudel, bretzel, rien n’y manquait.
Ou si, une chose. La clientèle. Malheureusement, la boutique rue Poncelet a été liquidée l’année dernière. La faute à des tarifs prohibitifs ? Peut-être. Les produits ne sont certainement pas bon marché.

Parlons-en, de ces produits. J’ai pris l’habitude d’aller acheter mon pain dans cette boulangerie le samedi et/ou le dimanche… des jours où les boulangers y deviennent complètement fous – fous, ou bien géniaux. En effet, on peut trouver une variété impressionnante de pains, et cela change chaque semaine. Farine de Kamut, de Quinoa, d’épeautre… de la rose, des fleurs de mauve, de la menthe, de l’eucalyptus… du poivre, des champignons… Tout y passe – ou presque. C’est surprenant. On se prend au jeu d’essayer de nouvelles saveurs, d’autant que l’ensemble des pains est proposé au poids, il est ainsi possible de ne prendre qu’une tranche pour essayer.
Les ingrédients ajoutés dans les pains sont accompagnés par des cuissons puissantes – le four à bois aidant -, des farines triées sur le volet, un levain présent mais pas trop envahissant… L’expérience est marquante !

J’essayais tout à l’heure un pain réalisé à base de farine de châtaigne, où de la lavande séchée avait été ajoutée. Le parfum doucement sucré de la châtaigne relevé par la puissance aromatique des fleurs produisait une expérience de dégustation assez unique. Une vraie claque, pour ma part !
Je passerai mon tour sur les pâtisseries, tout d’abord car je ne suis pas convaincu que les boulangers puissent être d’excellent pâtissiers, mais également parce que leur aspect ne m’a jamais enchanté. Les viennoiseries sont, quant à elles, beaucoup plus avenantes. Les brioches feuilletées et autres gourmandises ne manquent pas de charme – là encore la cuisson au bois fait des merveilles !

A côté de cela, j’ai longtemps été rebuté par le service, que je trouvais un peu étrange et pas forcément à la hauteur des produits. Cela s’est considérablement dépoussiéré ces derniers temps, avec l’arrivée d’un personnel jeune et sympathique.

Infos pratiques

83 rue de Crimée – 75019 Paris (métro Laumière, ligne 5) / tél. : 01.42.40.64.55
tous les jours sauf le mardi de 8h à 13h30 et de 15h30 à 20h – ouverture en continu le samedi et le dimanche.

Avis résumé

Pain ? Définitivement oui ! La cuisson au four à bois donne un résultat que l’on retrouve assez rarement, et même si les tarifs sont élevés, la qualité des ingrédients utilisés les justifient en partie. Préférez une visite le samedi ou le dimanche, car le choix de pains est alors impressionnant, avec des créations variant chaque semaine.
Accueil ? Agréable depuis quelques temps, à voir si cela se maintiendra.
Le reste ? Pâtisseries à la finition aléatoire, présentées dans une vitrine ne faisant pas franchement envie. Les viennoiseries, assez diverses par ailleurs, ont bien plus de charme, même si leurs tarifs restent élevés. Profiter de la ballade pour aller faire un tour aux Buttes Chaumont, toujours agréables et rafraichissantes !

Faut-il y aller ? Bien sûr ! C’est une expérience à ne pas manquer lorsqu’on est amateur de pain. Toutes ces variétés incitent à la découverte et je dois dire que c’est bien agréable parmi une offre trop souvent standardisée et peu créative.

Boulanger médiatique s’il en est, Arnaud Delmontel a su s’imposer dans le paysage « painrisien ». Vainqueur du prix de la meilleure baguette de Paris en 2007, sa boutique de la rue des Martyrs ne désemplit pas.
« La Renaissance », c’est le nom de sa star-baguette, mais également de son point de vente historique, une charmante boutique d’angle rénovée avec une association rose et brune assez élégante. Depuis, deux autres succursales ont vu le jour, rue de Damrémont (un peu plus haut dans Montmartre) et plus récemment rue de Lévis.

Parlons un peu de sa baguette, proposée à 1€15 pour 230gr. Réalisée à partir d’une farine fournie par la Minoterie Viron, elle n’est pas éloignée de la Retrodor, développée par ce meunier. Croute assez légère, mie assez « grasse » et crémeuse, agréable lorsque la baguette est fraîche. Toutefois, après plusieurs essais, sa conservation est assez médiocre et elle ne conserve toutes ses qualités gustatives que 3 à 4 heures… Bon point à noter, la qualité est sensiblement la même dans les 3 points de vente, malgré le fait que le pain soit réalisé sur place dans les trois boutiques.

Les pains spéciaux sont, quant à eux, proposés à un tarif assez élevé sans pour autant offrir une qualité exceptionnelle. Le pain de campagne possède un goût de levain prononcé, avec une croûte fine qui ne permet pas de le conserver longtemps. On retrouve des créations intéressantes, comme le seigle feuilleté au miel, à mi-chemin entre la viennoiserie et le pain. A noter l’existence de « pains de saisons », proposés au fil des mois. Ainsi sont proposés pour les fêtes de fin d’année des pains de seigle au citron, aux figues, … tout cela s’intégrant dans une « collection » printemps/été ou automne/hiver.

Cette même collection intègre également des pâtisseries. En effet, M. Delmontel présente la particularité d’être reconnu par les parisiens comme un bon boulanger mais également un bon pâtissier. Dans les faits ? L’ensemble des entremets subissent un processus de surgélation (mais ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel), qui a le mérité d’être clairement spécifié en vitrine. Leur finition est bien souvent plus que douteuse, certaines pâtisseries présentées sont endommagées… Rien de bien engageant. A la dégustation, le « Yuzu » (Mousse au yuzu, crémeux au yuzu, biscuit sacher au chocolat, biscuit streusel praline), proposé actuellement, était loin de l’exceptionnel vanté par la clientèle parisienne : les plaques de chocolat blanc disposées autour du gâteau n’apportent rien mis à part une sensation sucrée, les morceaux de streusel ne subliment pas particulièrement le yuzu.

Côté accueil, les couleurs attrayantes portées par le personnel de vente ne se retrouve pas dans leur attitude. Bien souvent froids, stressés et tendus, ils ne participent pas à créer une ambiance agréable, du moins au sein de la boutique de la rue des Martyrs. L’accueil est généralement plus avenant au sein de la boutique de la rue de Lévis, moins fréquentée.

On notera la présence d’une offre salée assez diversifiée pour le déjeuner, au travers de salades et encas. M. Delmontel est décidément un homme polyvalent. Attention toutefois à ne pas vouloir tout faire, au risque de tout rater. Pour ma part, je n’accroche définitivement pas et mes visites sont très rares, souvent accompagnées de déceptions, le rapport qualité/prix, n’étant, à mon sens pas au rendez-vous.

Infos pratiques

39 rue des Martyrs – 75009 Paris / tél. : +33 (0)1 48 78 29 33
tous les jours sauf le mardi de 7h00 à 20h30

57 rue Damrémont – 75018 Paris / tél. : +33 (0)1 42 64 59 63
tous les jours sauf le lundi de 7h00 à 20h30 (14h30 le dimanche)

25 rue de Levis – 75017 Paris / tél.: +33 (0)1 42 27 15 45
tous les jours sauf mardi de 7h à 20h30

Avis résumé

Pain ? Baguette assez savoureuse -et onéreuse!-, agréable lorsque fraîche. Conservation très moyenne. Pains spéciaux chers et pas spécialement intéressants.
Accueil ? Rue des Martyrs, je cherche encore le sens du service. Mieux mais toujours désinvolte rue de Lévis.
Le reste ? On passera sur la pâtisserie, prétentieuse et tarifée à des niveaux incohérents. Pas eu l’occasion de tester le reste, tout cela m’ayant largement suffi.

Faut-il y aller ? Bof. Au moins une fois pour tester la baguette primée, c’est « so chic ».

Cette phrase me fait un peu trembler, et pourtant je l’entends si souvent.
Ces dernières années, la plupart des consommateurs de pain ont pris l’habitude de consommer des produits à la croûte bien molle, peu cuite et dorée. Cela fait les affaires des terminaux de cuisson, qui fournissent ainsi un pain en ligne avec les attentes des clients… Un pain sans arôme, sans vie et sans intérêt.

La cuisson créé une bonne partie des arômes du pain. S’il n’est pas assez cuit, il aura un goût de farine, en plus d’offrir une texture assez douteuse… A l’inverse, une croute bien dorée offrira à la dégustation un éventail riche et varié de saveurs… Noisette souvent, mais cela peut aller bien plus loin : miel, fleurs… Bien entendu, cela doit s’accompagner d’un travail en amont : longue fermentation, farines de qualité, pétrissage respecté…

Cela ne se limite pas au goût ! Un pain « bien cuit » se conservera mieux. Moins sensible aux « attaques » de l’air, il gardera plus longtemps l’ensemble de ses qualités organoleptiques. Quoi de plus désagréable que de mâcher du caoutchouc ?

Attention, la cuisson, ce n’est pas une mince affaire ! Cela demande une grande maîtrise de son métier : en effet, selon les conditions climatiques (froid, chaud, pluie…), il sera nécessaire d’adapter les temps de cuisson. Le boulanger doit être attentif, réactif et impliqué. Des qualités qui me semblent bien trop souvent manquantes. Le four doit aussi participer à cet effort : tous ne se valent pas et ils produiront des résultats différents. Là encore, la volonté du boulanger doit s’affirmer : pas de bon pain sans un matériel de qualité… Il doit ainsi investir ! Un four à sole de pierre permet au pain de développer ses arômes. On reconnaît son utilisation car les baguettes ont un fond « plat », à l’inverse de celles cuites dans un four à chariot qui présenteront un fond « grillagé ».
D’autres éléments rentrent en ligne de compte, comme la nature du chauffage. Les fours à bois sont souvent utilisés comme un argument de vente. Or, il ne reste que très peu de « vrais » fours à bois en activité. En effet, on peut distinguer deux catégories distinctes : ceux qui cuisent réellement le pain au bois, et les fours « chauffés au bois ». Dans le premier cas, la flamme contribue directement à la cuisson, dans le second cas ce n’est qu’indirect. Seuls les premiers apportent une véritable valeur ajoutée au pain, avec un goût « fumé » et la possibilité de faire varier les arômes selon les essences utilisées.
On retrouve un de ces fours dans la boulangerie de Véronique Mauclerc au 83 rue de Crimée dans le 18è arrondissement, à deux pas des Buttes Chaumont. En plus de cuire, il contribue au spectacle ! En effet, il est visible aux yeux des clients, cela produit toujours un effet impressionnant. (c’est un des plus anciens fours de Paris. De type « Gueulard », il affiche plus de 100 ans au compteur !)

Certains boulangers ont fait le choix d' »éduquer » leurs clients au pain « bien cuit ». C’est notamment le cas de Christophe Vasseur (Du pain et des idées, 34 rue Yves Toudic, Paris 10è) chez qui vous ne trouverez que des produits… (très) cuits ! Son Pain des Amis, sa Flute à l’ancienne mais également ses viennoiseries affichent une belle couleur et sincèrement, c’est un vrai plaisir à la dégustation.

Alors la prochaine fois que vous irez chez votre boulanger, demandez une baguette bien cuite, c’est tellement meilleur !

 

A Paris, tout prend rapidement des proportions incroyables. Comme dans toute capitale, on y trouve de nombreux commerces aux activités plus ou moins similaires. Cafés, brasseries, supermarchés, fleuristes, bouchers… et boulangers, notamment. Or, nous sommes en France, pays de la baguette. Le pain fait partie de notre culture, nous portons une réputation d’excellence qui rayonne bien au delà de nos frontières.

Dans les faits, j’aurais tendance à penser que la situation est un peu plus contrastée et compliquée. Certes, nous formons de très bons artisans, mais aussi de très mauvais. Comment expliquer cela ? Certainement par le fait que la voie de la boulangerie est souvent choisie par défaut. C’est un secteur demandeur d’emploi, et il n’est pas difficile de trouver un poste, à l’inverse de la situation dans d’autres branches. Les principaux pré-requis ? Des bras, accepter des horaires décalés.
Malheureusement, je ne suis pas certain que cela suffise pour parvenir à faire du bon pain. A mon sens, la passion est essentielle. La meilleure preuve pourrait bien être le fait que des artisans issus de reconversions professionnelles sont souvent primés ou reconnus (pour n’en citer que quelques uns, Christophe Vasseur chez Du Pain et des Idées, Benjamin Turquier au 134 RdT, Thierry Dubois au Pain d’Epis…). Pour eux, la boulangerie est un choix, porté par l’amour du pain.

L’autre problème de notre boulangerie moderne, c’est aussi la volonté de produire toujours plus en des temps très limités. D’où l’utilisation d’additifs… et de beaucoup de levure ! Les meuniers ne sont pas étrangers à cette tendance. Ils sont par ailleurs toujours enclins à proposer leurs « mix », bases pré-conçues et standardisées. C’est ainsi qu’arrivent sur nos tables des Campaillettes, des Baguépi, … Certes, le savoir-faire de l’artisan rentre toujours en ligne de compte mais les diagrammes de fabrication sont les mêmes, et une attention toute particulière est portée à la « flexibilité », à l’assurance d’une production rapide et facilitée. Est-ce ainsi que l’on parvient à faire du bon pain ? Pas sûr.

Descendons maintenant dans la rue, regardons simplement autour de nous au détour de nos promenades quotidiennes. Peu d’artisans font le choix de développer leur gamme autour de leur propre savoir-faire. Ronde des Pains, Festival des Pains, Banette… D’un bout à l’autre de la France, l’offre se ressemble étrangement. C’est d’un ennui terrible ! Où passent les spécialités, les créations ?
Paris n’y fait pas exception. Ainsi, trouver une bonne boulangerie n’est pas une chose facile. Des guides sont parus (Michel et Augustin ont écrit le plus célèbre… il y a déjà presque 6 ans!), apportant un peu de visibilité aux bonnes adresses de la capitale. Malheureusement, tout change, la ville bouge. Les bonnes adresses d’hier ne sont plus forcément celles d’aujourd’hui. (changement de propriétaire, d’équipes, de meunier…)
Une des tâches de Painrisien ? Vous aider à manger du bon pain tous les jours 😉

Billets d'humeur

10
Fév

2011

Je suis un painrisien

L’histoire commence ici. Ou plutôt, elle a commencé il y a de cela plusieurs mois.
C’est marrant, parfois, la vie. Le pain et moi, c’est un peu une rencontre, un échange.

Ainsi au fil du temps je suis devenu un painrisien. Drôle de mot. D’ailleurs, qu’est-ce que c’est ? Avant tout un étrange individu capable de traverser Paris – à pieds, à vélo, à métro – pour chercher quelque chose qu’il pourrait très bien trouver en bas de chez lui. Du pain, juste du pain.

Longtemps j’ai fait comme beaucoup. J’achetais mon pain en supermarché, j’avais juste oublié que cela pouvait avoir de la saveur, que cela pouvait vivre. De la farine, de l’eau, du sel, de la levure (et/ou du levain)… Cela fait peu d’ingrédients en apparence, donc peu de possibilités de diversité. Seulement, il y a aussi un savoir faire, de la passion, de l’amour tout simplement.

Le pain, c’est aussi pour moi l’histoire d’un partage quotidien. On « rompt le pain » entre amis, en famille, mais on échange aussi avec ces personnes – parfois passionnées, parfois (malheureusement !) moins. Rencontrer ces artisans passionnés, ces vendeurs emprunts de l’amour du produit me donne l’envie de partager à mon tour, de donner à chacun d’eux la visibilité et le succès qu’ils méritent. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui. Pour partager, c’est tout.

Mais alors, ce sera quoi ce fameux site, painrisien ? Bien plus qu’un guide des boulangeries, des lieux gourmands de la capitale, je veux en faire un lieu de vie, rempli d’instantanés, pour vous faire partager ce mouvement perpétuel et répété, toujours différemment, chaque jour. Je veux vous raconter une belle histoire parisienne, même si je ne le suis pas moi même (le painrisien est banlieusard, un comble !)…

Maintenant que le manifeste est écrit, allons-y, c’est parti ?