Je souris toujours lorsque je vois des allusions au passé et à nos ancètres sur les devantures de nos boulangeries. Pain à l’ancienne, méthode traditionnelle, … Tout est bon pour rassurer le consommateur, car nous sommes généralement convaincus que le pain était meilleur ‘dans le temps’. C’est aussi vrai que faux. Il pouvait être très bon lorsque bien réalisé, mais il pouvait aussi être très dense, acide, blanc à certaines périodes… Bref, comme savent si bien le dire les Moulins Bourgeois ‘le pain n’a jamais été aussi bon qu’aujourd’hui’. Il pourrait l’être, c’est vrai, si seulement il n’était pas si souvent maltraité. Nous disposons en effet de la technique et de la connaissance pour y parvenir. Ce qui manque, c’est souvent la passion, l’amour et la maîtrise du métier…

Au 174 rue Ordener, le nom fait directement allusion au passé. « Au Pétrin d’Antan », c’est ainsi que cette boulangerie rattachée au réseau Grenier à Pain a été baptisée. Cette boulangerie d’angle offre un aménagement simple mais plutôt réussie, dans la lignée des standards de l’enseigne.

A l’intérieur, on retrouve les produits traditionnels du Grenier à Pain, réalisés à partir d’une farine fournie par la minoterie Viron. Ici, la baguette de tradition a d’ailleurs conservé le nom de Rétrodor, qui a été abandonné au profit de « Tradition » dans nombre d’autres boutiques du réseau. Ce détail mis à part, elle est de bonne facture, sa croute est fine et craquante, sa mie légèrement crème présente de belles alvéoles irrégulières et sa conservation est très bonne. Au nez, on découvre des notes beurrées, rejointes par un parfum de céréales torréfiées à la dégustation. Tout cela rend bien hommage à la farine utilisée, qui est de bonne qualité. Certes, elle n’exprime pas de caractère propre, mais elle a le mérite d’être d’excellente tenue et proposée à un prix plus que raisonnable – 1,15 euros les 300g.
Le reste de la gamme reprend les grands classiques, entre céréales, pain complet, … On retrouve également le pain Mannedor, intégrant une pointe de seigle et recommandé avec des mets tels que le foie gras ou les poissons, de par son goût relativement marqué. Le « Pain de 3 », spécialité du Grenier à Pain, avec sa croûte présente et sa légère acidité, est aussi de la partie. Les saveurs sont bien présentes, les croûtes assez craquantes, mais on regrettera une réalisation parfois un peu aléatoire, entre façonnage manquant d’élégance et cuissons trop peu abouties, en particulier sur les pains de tradition.

La question pourrait être de savoir ce que tout cela présente de si « à l’ancienne », comme pourrait le laisser entendre l’ensemble. Au final, ce sont des produits bien inscrits dans notre époque que propose le Pétrin d’Antan, avec des méthodes de fabrication modernes et bien huilées. Rien à redire à cela, mais encore une fois les appels au passé sont un peu inutiles et alambiqués.

Si l’on jette un oeil du côté des propositions sucrées, les viennoiseries sont sans grand intérêt, correctes mais sans âme, tout comme peuvent l’être les pâtisseries (tartes, pâtes à choux…), qui pourront servir d’accompagnement à un repas rapide, rien de plus. Les différentes gourmandises – brioches, notamment – s’inscrivent dans la même tendance.
La gamme traiteur n’est pas tellement plus intéressante, même si l’on doit reconnaître à cet artisan le bon goût d’utiliser de la baguette de tradition pour réaliser ses sandwiches. Les produits sont frais, sans surprise.
Tout cela est proposé à des tarifs très abordables, ce qui rend l’ensemble plutôt cohérent et permet à chacun d’accéder à des produits honnêtes et savoureux.

L’accueil est efficace, plutôt dynamique et capable de gérer de fortes affluences. Ce fait plus à part, il demeure assez sympathique et souriant, même si ce n’est pas toujours le cas. Cela dépend de la personne que l’on a en face de soi et de ses inclinaisons, comme souvent. Néanmoins, un effort semble être fait pour assurer une certaine cohérence de ce côté là au fil des heures et des jours.

Infos pratiques

174 rue Ordener – 75018 Paris (métro Guy Moquet, ligne 13 ou Jules Joffrin, ligne 12) / tél : 01 46 27 01 46
ouvert les lundis, mardis et vendredis de 7h45 à 20h, les mercredis et samedis de 7h30 à 20h et le dimanche de 7h45 à 13h30 puis de 16h à 20h.

Avis résumé

Pain ? La gamme est de bonne tenue, même si les cuissons et façonnages ont tendance à être relativement approximatifs. On retrouve une baguette Rétrodor de bonne facture, croûte craquante et légère, mie souple, bien alvéolée et « fraîche », belles notes de beurre et de céréales torréfiées. En bref, elle rend hommage comme elle le doit à la farine de la minoterie Viron, sans plus de caractère propre. Les pains typiques de l’enseigne (pain de 3) et du meunier (Mannedor, avec une touche de farine de seigle) sont également représentés même s’ils manquent un peu d’élégance. A noter la bonne conservation de l’ensemble de la gamme, et les tarifs très raisonnables.
Accueil ? Efficace et professionnel. Plutôt cohérent au fil du temps. Il ne faut cependant pas chercher beaucoup de chaleur humaine ici, nous avons affaire à des personnes faisant leur métier sans plus de zèle. Au moins, le travail est bien fait et les clients sont servis rapidement.
Le reste ? Les produits sont frais et propres, sans grand relief, mais ils ont au moins le mérite d’être honnêtes. Aucun point fort ne ressort particulièrement, les gammes sucrées et salées se situent dans une bonne moyenne, sans surprise.

Faut-il y aller ? Le Pétrin d’Antan nous offre des saveurs somme toute très actuelles, comme si hier avait le goût d’aujourd’hui. C’est une bonne boulangerie de quartier, avec des pains réalisés sérieusement, une baguette de tradition de bonne facture et un ensemble frais et propre. Le service effectue son travail sans encombres, c’est une affaire qui marche et qui brasse une clientèle nombreuse au fil des heures et des moments forts de la vie de la boulangerie (déjeuner, sortie des classes ou des bureaux…). Les tarifs sont très corrects et contribuent à faire de l’endroit une adresse tout à fait recommandable à l’occasion d’un passage aux alentours.

Une réflexion au sujet de « Au Pétrin d’Antan, Paris 18è, le passé a donc le goût d’aujourd’hui »

  1. honnêtement honnéte … bref on s’ennuie un peu, les saveurs promises d’antan sont plutôt ennuyeuse … en particulier les gammes de fougasses, pizzas et quiches très très moyennes . Atttention, pas mauvaises mais sans surprises et bien trop grasses…

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