Beaucoup de boulangeries sont « baguetto-centrées », c’est à dire qu’elles ne parviennent à proposer à leur clientèle qu’une – ou plusieurs, parfois – baguette (généralement de Tradition) qui présente un intérêt. En dehors de cette dernière, la gamme est réduite ou présente une réalisation plutôt médiocre. C’est assez dommage, car cela n’incite pas vraiment les consommateurs à varier les goûts et les formes, en plus d’induire inévitablement une certaine lassitude à long terme.
Ainsi, quand je « rencontre » une boulangerie où ce sont des pains plus typés qui sont à l’honneur, je ne vous cache pas que je suis assez heureux. C’est notamment le cas au sein de la boulangerie Au Pain d’Antan, où de nombreux produits au caractère plutôt rustiques sont mis à l’honneur.
D’ailleurs, la devanture nous annonce immédiatement la couleur : spécialités Aveyronnaises. Au détour de cette petite boulangerie d’angle de Montmartre, c’est donc dans un terroir et ses spécialités que l’on plonge avec plaisir… Les occasions de se dépayser à bon compte se font parfois un peu rares.
Si je vous parlais du fameux baguetto-centrisme absent ici, c’est bien parce que la baguette de Tradition proposée par l’artisan ne présente pas grand intérêt, un peu sèche et sans relief. Ce que l’on aura tendance à préférer, ce sont ces gros pains « de campagne », déclinés en long ou en miches. Des croûtes épaisses, une mie assez dense, un parfum de levain bien présent, voilà des pains rustiques qui feront d’excellentes tartines au petit-déjeuner ou bien des bases robustes pour un en-cas de caractère. Les amateurs de petites pièces en trouveront aussi, au travers de pains de campagne plus traditionnels, ou encore de produits variés tels que des fougasses aux olives, des pains aux noix, à l’épeautre, au seigle ou d’autres moulés, même si ce sont les grosses pièces qui demeurent les stars de la maison. Les cuissons sont bien menées, les conservations de bon niveau et les tarifs abordables.
On passera rapidement sur les pâtisseries, quelques tartes aux fruits sans grand intérêt si ce n’est que compléter une formule déjeuner, pour nous intéresser aux vrais spécialités gourmandes de la maison. Fouace à la coupe ou en pièces généreuses, gâteau à la broche cuit au four à bois et venu directement de son Aveyron natal, voilà des produits authentiques et accessibles qui sortent des standards très parisiens que le temps a fini par établir. Côté viennoiseries, c’est honorable, sans plus.
La générosité fait bien partie des valeurs de cette boulangerie, et cette dernière se retrouve dans les en-cas variés que la maison propose. Quiches à la part variées et gourmandes (au poulet, chèvre-courgette, au thon… le choix ne manque pas), sandwiches traditionnels… On peut composer ici un repas à partir de 5,50€, soit une somme raisonnable pour un déjeuner sur le pouce.
L’accueil est à l’image du lieu : honnête et franc. Pas de paillettes, de manières inutiles, on va à l’essentiel et de cette façon la file avance rapidement. Difficile d’en demander beaucoup plus, sinon peut-être un peu plus de chaleur, mais est-ce vraiment nécessaire ? Parfois, ce côté un peu brut de décoffrage n’est pas désagréable, on se croirait presque… dans l’Aveyron.
Infos pratiques
2 rue Eugène-Sue – 75018 Paris (métro Jules Joffrin, ligne 12) / tél : 01 42 64 71 78
ouvert du lundi au vendredi de 7h à 20h, le samedi jusqu’à 19h.
Avis résumé
Pain ? Il ne faut pas s’arrêter au Pain d’Antan pour sa baguette de Tradition, sans intérêt particulier, mais bien pour les « grosses pièces » qui sont proposées ici. En long ou en miches, le pain de campagne, avec sa croûte bien épaisse et ferrée, sa mie dense, ainsi que son arôme de levain bien marqué, constitue un produit de caractère, très « terroir ». On trouve également d’agréables fougasses aux olives, ainsi que des pains au seigle, à l’épeautre ou encore aux céréales. L’ensemble est sérieux, soigné et les cuissons sont abouties. Les tarifs n’en demeurent pas moins modérés, pour des produits à la conservation de bon niveau, tout particulièrement pour les pièces les plus importantes.
Accueil ? Honnête et « franc », ne cherchez pas ici de manières inutiles ou de paillettes dans les yeux et le décor. La clientèle est servie avec une belle simplicité et efficacité, rien à demander de plus. Au contraire, on apprécie la cohérence entre l’endroit et son service.
Le reste ? Inutile de s’attarder sur les quelques tartelettes qui constituent l’offre pâtissière. Par contre, on se laissera bien plus aisément tenter par les brioches, comme la Fouace Aveyronnaise ou encore le gâteau à la broche, cuit au four à bois et provenant directement de la région. Les viennoiseries sont honorables, rien de particulier à signaler. Pour le déjeuner, vous trouverez des quiches variées en parts généreuses, ainsi que des sandwiches traditionnels. De quoi s’offrir un repas rapide et accessible, à partir de 5,50€.
Faut-il y aller ? La boulangerie Au Pain d’Antan est une maison bien tenue, dont les spécialités sont maîtrisées : pains de campagne en grosses pièces, brioches aveyronnaises, le tout est servi avec simplicité et honnêteté. Une adresse à conseiller pour les adeptes de produits rustiques, « du terroir », et notamment aux adeptes du gâteau à la broche ou de la Fouace.
Fouace insipide et rassise. A éviter.
J’adore le grand pain de campagne. On en prend un demi et cela nous fait une bonne partie de la semaine.
Ce qui est à conseiller c’est leur brioche au beurre de Poitou. Elle est incroyable. C’est gras mais c’est bon.