On passe une bonne partie de notre vie à se battre pour avoir raison. Avoir raison face aux autres, face à soi même, face aux événements. L’enjeu qui nous paraît central -garder la maitrise du jeu, garder la tête haute- n’est qu’en définitive bien vain. La loi du plus fort nous ramène bien souvent à la réalité : ce sont ceux qui ont les plus gros bras, les comptes en banque les plus garnis, qui finissent par triompher. Un triomphe éphémère, même si à l’échelle de nos vies humaines il semble parfois absolu et total. Si l’on prend du recul, un peu de hauteur, on finit par comprendre qu’il vaudrait mieux se concentrer sur l’idée de défendre des positions qui ont du sens, et pas seulement pour sa personne.
Il y a aussi des fois où l’on voudrait avoir tort, car le constat est glaçant. C’était mon cas au sujet du Moulin de la Vierge. J’étais perplexe et inquiet : l’enseigne fondée par Basile Kamir a vu son management changer discrètement au cours de l’été, avec l’arrivée des frères Hakkam – comme en attestent les informations du registre du commerce. Ces discrets entrepreneurs, bien présents dans la boulangerie parisienne, ont ainsi les mains libres pour agir sur les boutiques et outils de production. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’en privent pas…
A commencer par la fermeture de l’adresse historique du 105 rue Vercingétorix, dans le 14è arrondissement. Vous savez, j’ai un attachement tout particulier à cet endroit, à cette boulangerie à l’ambiance si particulière, comme hors du temps. Même si je n’avais pas manqué d’émettre quelques critiques vis à vis de la qualité des produits, elle fait partie des premières adresses que j’avais visité, encouragé par l’éloge dressé par Michel de Rovira et Augustin Paluel-Marmont dans leur guide des boulangeries de Paris. Sans entretenir une quelconque forme de nostalgie, puisque ces faits demeurent relativement récents, je pense qu’il ne faut pas négliger l’importance de l’histoire dans un métier tel que la boulangerie artisanale.
Dans cette histoire, il y a aussi celle de la cuisson au feu de bois, entretenue avec passion par Basile Kamir. Avec l’arrêt de la production rue Vercingétorix, c’est un des derniers fours à bois de Paris qui s’éteint. Ce n’est pas le seul : les autres sont également à l’arrêt (notamment dans la boulangerie à proximité de la place des Victoires), et l’enseigne perd ainsi une bonne partie de sa « signature ». Les produits sont ternes, comme perdus dans cette histoire étrange. Le pain n’est pas vraiment un sujet pour les frères Hakkam, qui se concentrent plus volontiers sur la rentabilité de leurs affaires. L’exemple de Moisan en est une bonne preuve, et je serais bien en peine de vanter la qualité de la production réalisée dans les boutiques de cette entreprise aujourd’hui. Si la situation n’était pas glorieuse du temps du Groupe Bertrand, rien n’a été fait pour enrayer le phénomène.
Quel avenir pour le Moulin de la Vierge ? Quand on sait les difficultés que rencontrent les riverains à échanger avec l’équipe dirigeante -la Pâtisserie 152 (rue Montmartre) génère de nombreuses nuisances pour les riverains, sans que cela semble beaucoup inquiéter les pouvoirs publics ou même les dits gérants (!)- ou les clients pour joindre l’entreprise (le numéro de téléphone indiqué sur le site comme Contact est inopérant depuis plusieurs mois)… Il y a du soucis à se faire, autant pour les salariés que pour l’image globale de la marque.
Le bon pain de Basile, les boulangeries « authentiques », devrons-nous leur dire adieu ? espérons que le bon goût et la raison reprendront le dessus et que, repreneurs ou non, les clients retrouveront la qualité qui a fait la réputation et le charme du Moulin de la Vierge.
la honte de la boulangerie francaise voir des affaires naguére si haute en qualité étre reprise par des gens comme ça
Bonjour,
Etes vous retourné au moulin de la vierge? Est-ce que la boulangerie de la rue Vercingétorix a rouvert? Est-ce que la qualité des pains est la même?
Merci
Il ne me semble pas que la boulangerie rue Vercingétorix soit réouverte, quant à la qualité des produits, ce n’est pas mieux dans les autres boutiques…
Habitant l’immeuble de la boulangerie historique rue Vercingétorix, je vous confirme qu’elle n’a pas rouvert et que la bonne odeur des croissants et du pain ne montre plus dans les étages… Quelle dommage, quelle tristesse.
je trouve cela désolant! Ce pourrait-il qu’un boulanger amoureux de son métier, reprenne cette boulangerie, véritable bijou de notre patrimoine?
Monsieur Kamir a repris une toute petite boulangerie située dans un quartier populaire d’Arcueil/Gentilly : Le Chaperon vert.
Seul au fourneau, on y trouve (le soir) que peu de viennoiseries et uniquement de très bonnes baguettes.
Incompetence ou foutage de gueule ?
Je demande un vrai pain de seigle, pas vaguement parfumé avec 10 ou 20% de seigle. La vendeuse me certifie que le pain est 100% seigle. Un peu plus tard après l’avoir goûté, je reviens et lui montre une mie vaguement beige. » chez nous le seigle est comme ça « . Ok mais au moins prévenir le client qui se retrouve avec l’équivalent d’un complet bio au levain d’Auchan, par exemple. Plus jamais cette enseigne !!!!!
Boutique rue de Suffren , le 27/1/2020
Votre commentaire me fait hurler de rire (levain d’Auchan) c est bien triste tout ça .Pauvre France .
Bonjour ils viennent de rouvrir l’adresse historique du 14eme rue vercibgetorix
Vous savez qui est le nouveau propriétaire ?
C’est la même groupe maintenant aux autres adresses de Moulin. Pas très bien, je trouve. En plus, ils vendent les poké bowls…