On entend tellement parler de projets de reconversion professionnelle en Boulangerie que l’on pourrait penser que ça y est, les portes sont grand ouvertes à tous, engouffrons-nous dans ce nouvel eldorado que peut paraître ce métier pour des personnes situées « à l’extérieur ». En effet, quand une affaire tourne bien, elle est génératrice d’un chiffre d’affaire confortable, mais cela ne se fait pas sans sacrifices humains et personnels : avant de parvenir à construire une entreprise stable et pérenne, de longs mois peuvent se passer… et encore, tout n’est jamais gagné, tant l’humain est important et volatile dans ce métier artisanal.
Dès lors, j’ai fini par me demander si se reconvertir « sur le tard » dans cette branche n’était pas un luxe, en définitive. A cela plusieurs raisons :
- Il n’existe pas – à ma connaissance – de formations en « cours du soir » comme c’est le cas pour d’autres CAP. Dès lors, les aspirants boulangers ne peuvent acquérir les compétences théoriques et pratiques sans quitter leur emploi, mis à part en choisissant de se former par eux mêmes puis de passer l’examen en candidat libre. Dans ce dernier cas, il faut trouver un artisan prêt à prendre le risque de vous accueillir au sein de son fournil afin de transmettre les tours de main indispensables dans la pratique quotidienne du métier. J’insiste sur la notion de risque, car il n’y a pas de statut couvrant les deux parties, dès lors, le moindre accident peut prendre des tournures de drame. Les conventions de stage ne sont réservées qu’à des individus scolarisés, ce qui n’est précisément pas le cas ;
- Les formations accélérées (3, 4 ou 6 mois) en reconversion professionnelle présentent un coût élevé : plus de 7000 euros, que ce soit à l’INBP de Rouen, à l’EBP de Paris ou encore à l’école Ferrandi. Même si des aides existent, elles ne sont pas forcément simples à obtenir et le financement peut alors s’avérer un véritable chemin de croix. Bien sûr, il reste la voie de l’alternance, mais tout le monde n’est pas prêt à l’emprunter – du fait de sa durée plus longue, au minimum un an -, et quand bien même : dès lors que l’apprenti est âgé de plus de 20 ans, son coût devient particulièrement élevé pour l’entreprise… Ce qui a pour conséquence directe un refus net et sans appel de la plupart des artisans, dont les moyens demeurent limités ;
- Au delà de la formation en elle-même, une pratique du métier en tant qu’ouvrier est nécessaire pendant une à deux années. Ce point est souvent négligé, à tort : pendant cette période, le jeune et frais boulanger aura tout le loisir de confronter sa vision du métier à la réalité du quotidien, et parfois à mesurer le fossé qui existe entre les deux. De plus, cela lui permettra de devenir un professionnel efficace et à même de tenir les différents postes du laboratoire. Ce n’est pas le cas des adultes en reconversion professionnelle qui font le choix de reprendre une affaire dès l’obtention de leur CAP, et c’est une grave erreur : en effet, en cas d’absence inopinée de l’un de leurs salariés (et elles sont malheureusement fréquentes), ils ne sont pas en mesure de le remplacer « au pied levé », ce qui met en péril l’équilibre de leur entreprise et sa capacité à assurer sa production. Certes, des solutions d’intérim existent, mais elles sont coûteuses et il est difficile d’y recourir si l’on vient de reprendre son affaire, avec toutes les charges que cela implique.
Une telle situation est ressentie non seulement par le client – puisqu’il voit la qualité varier – mais par les salariés de l’entreprise : ils détiennent en effet un véritable pouvoir sur leur patron, car ce dernier est pleinement dépendant de leur présence et de leur implication. Avec des rapports hiérarchiques quasi-inversés, la situation devient vite intenable et ce n’est qu’une question de mois avant que le « château de cartes » s’effondre.
Au vu de ces éléments, il faut donc disposer d’un capital important avant de se lancer dans cette aventure, ou bien être dans une situation personnelle qui nous laisse une certaine liberté. Dès lors, les conjoints peuvent être mis à contribution, et l’aventure devient familiale…
Dans tous les cas, mieux vaut oublier l’idée de se lancer dans la boulangerie pour faire travailler les autres et récolter les fruits de leur labeur. Malheureusement, c’est un mal qui a tendance à se faire de plus en plus courant. Sans vouloir me lancer dans un jeu de pronostics malsain, de nombreuses affaires de ce type finiront par être de nouveau sur le marché de la vente… si ce n’est pas déjà le cas.
Très bon article Rémi et tellement bien amené (ça change), je me pose juste la question quel est au juste son but? Si but il y a.
Bonjour Hervé,
Merci pour votre commentaire et le ‘ça change’ que j’apprécie à sa juste valeur.
Il n’y a pas de but précis sinon de partager une réflexion qui me semblait intéressante car il s’agit d’une véritable tendance dont certains aspects et revers sont trop souvent oubliés.
Belle journée,
Rémi
Bonsoir Rémi,
Oui bien sur c’est toujours dans un sens amical. Je reste persuadé qu’une reconversion par un passionné donne très souvent quelque chose de positif et permet de monter vers le haut le métier.
(petite remarque sur l’émission d’M6, que je regarde en replay je n’ai pas de tv, au départ je trouvais ça sympathique mais certains boulangers me semble un peu comme pas à leur place dans cette émission, pain façonnés sur de l’inox, tarte aux pêches en boîte, un boulange qui ne sais visiblement pas se servir d’un rouleau, et encore d’autres choses qui m’ont un peu déçu, même si je vais regarder jusqu’à la fin, voilà…)
Oulà, mais ça sent la déprime, Rémi ! Hier, La meilleure (sic) boulangerie qui ne t’inspire que de l’aigreur. Aujourd’hui, c’est la reconversion, et (accessoirement) ton avenir… Faudrait pas raccrocher le tablier pour si peu ! C’est le temps, çà : « Il fait trop humide pour que la pâte lève bien ! »
Cela dit, ça me rapelle quand même qu’allier passion et boulot, ce n’est pas simple. J’en rêve encore, mais je perçois, avant même d’avoir sauter le pas, que pratiquer en amateur libère des contraintes de la production (fournisseurs, clients, gestion, banquier…)
J’ai l’impression que vous interpretez mal mes propos. Je n’ai pas parlé de mon avenir ni de mes aspirations, car je n’ai pas vocation à devenir boulanger. Si je passe un jour le CAP, ce sera pour mieux comprendre… mais pas pratiquer.
Quant à l’émission d’M6… désolé d’être affligé par un tel spectacle.
Au temps pour moi, en ce qui concerne la reconversion. Quant à la Meilleure…vous avez bien raison d’être affligé. Mais pouvait-il en être autrement ? Dans cette émission, a boulangerie n’est qu’un pretexte : toucher la cible marketing des ménagères de moins de 50 ans. Et je crois que sur ce point, l’objectif est atteint, d’après ce que j’ai lu.
Effectivement. J’ai surtout de la peine pour les artisans de valeur qui concourent et se retrouvent pris dans cette histoire malsaine où on utilise leur travail et leur savoir-faire pour du marketing…
j’ai obtenu mon cap boul cette année après 5 mois dans les locaux de FERRANDI dans un groupe avec 8 autres personnes en reconversion avec des projets plus ou moins avancés en france et à l’international(la boulangerie française s’expatrie très bien) aucuns recalés.Certains étaient en financement perso d’autres comme moi en CIF un point commun à tous la motivation,il en faut pour accepter de se retrouver en cours avec un prof on a l’impression de régresser quand même.Pratique 4 jours sur 5 de 6h30 à 12 H 30,en répétant tout les jours les mêmes gestes les mêmes recettes,les mêmes commandes avec heureusement un prof super christophe MOUSSU.En fin de formation un stage de 1 ou 2 mois suivant le passé de chacuns,pour moi j’ai fait 1 mois chez Monsieur RENARD rue du cherche MIDI superbe tradi et baguette courante à la mie jaune,travail sur levain liquide tout à fait dans mes attentes avec un super boulanger OLIVIER.Tout ça pour dire que si vous avez envie de franchir le pas de la reconversion,faites le il n’y a pas à hésiter cherchez un financement,une école,une formation,mais avant tout ayez un projet et surtout une motivation sans faille.
Bonjour Edouard, je vois que ton commentaire date de 2 ans. J’aurai quelques questions à te poser. Quel âge avais tu lors de ta reconversion ? Où en es tu aujourd’hui ? Regrettes-tu ton choix ?J’ai 35ans, effectué un bilan de compétence, postulé chez Ferrandi et je viens d’avoir leur réponse qui est positive ! Je constitue mon dossier de financement CIF et j’ai envisagé en cas de refus de m’autofinancer. Le chemin est long et plein d’embûche mais je ne baisse pas les bras.
Merci
Bonjour,
Comment s’est passée votre reconversion, finalement ?
Suis dans le même cas, avec un projet de CIF en tête. Cependant, mon projet concerne l’étranger et dans ce cas, je me demandais s’il était opportun de l’indiquer dans le dossier d’inscription (j’ai toujours des doutes sur ce point, il n’est pas toujours « bien pris » de vouloir partir).
Merci pour votre réponse !
Mélanie
Petite info pour les rigolos spirituels qui avaient pris pour habitude de répandre leur bêtise dans les parages : la récré est finie. A présent, ce sera suppression directe. On s’est bien marrés, mais toutes les bonnes choses ont une fin!
Salut à tous les boulanger du monde et à toi Rémi 🙂
Petite mise à jour sur le financement. Le coût maintenant à la chambre des métiers et de l’artisanat est d’environ 3500 euros. Le conseil général finance aisément ce genre de formation. Le manque d’artisan ! ^^
Que baguette et tradition vive ! Bises à tous. 😉
Fa.
J’ai fait une formation d’initiation en boulangerie de deux semaines à L’Ecole de Boulangerie et Patisserie de Paris. Jusqu’à présent ils ont eu environ 800 adultes qui ont fait un CAP acceleré à plein temps, dont environ 10% ont fini par reprendre une boulangerie.
Bonsoir,
Voilà je me présente Je m’appelle Aude j’ai 36 ans je suis actuellement vendeuse en boulangerie ( je suis petite fille, fille, et niece de boulanger)
Je désire me reconvertir en tan que boulangère ; oui j’en ai un peu ras le bol de vendre de la M……
mais voilà là ou je bosses je n’ y suis qu’a mis temps et que depuis octobre 2013 mais sinon je bosses sans arret depuis 2003 ……
a quels financements puis prétendre ou dois me renseigner ???? mes questions sont un peu bete mais je suis au debut de mon cheminement et si quelqu’un avait des pistes ce serait génial !!!
merci d’avance 😀
Aude
très intéressant pour moi (55 ans) qui réfléchis à une reconversion de ce type
Bonjour cricri,
Avez-vous pu mener à bien votre reconversion en boulangerie ?
Pouvez-vous avoir la gentillesse de me décrire votre parcours depuis ce commentaire. J’ai le même projet et le même âge que vous.
D’avance, merci. Crdlt
Article très intéressant ! Le succès des 2 amies boulangères est impressionnant…elles sont jeunes. Bravo à elles 😉
Bonjour. Avec un an et demi de retard… Article très pertinent. Merci d’avoir partagé cette réflexion… enrichissante.
Bonjour a tous,
J’ai eu la chance d’expérimenter le métier de boulanger lorsque j’avais 17 ans. Pour des raisons familiales, je n’ai pu finir ma formation. Les opportunités de la vie font que je suis devenu responsable d’un service jeunesse sous le statut de fonctionnaire. Je m’occupe des jeunes pour une commune. Tout ce passe bien. Sauf que dans ma tête, je ne pense qu’a ce métier: boulanger.
J’ai aujourd’hui 45 ans et qu’il ne m’est pas possible de me reconvertir car pas d’aide ni de soutien pour ceux de la fonction public.
La lecture de votre article dit clairement ce que je pense et conforte malheureusement le fait que si je ne trouve pas de partenaire financier je terminerai ma vie a coté de mon projet.
c’est dur mais réel.
je vais peut-être me mettre au loto! sait on jamais.
bon courage a tous
Cher Rémi,
Très bon article qui remet les choses à leur place.Issu de la reconversion,je reçois avec bcp de plaisir des « candidats » à la reprise d’un fonds de commerce via les Ecoles spécialisées.Beaucoup rêvent….. et pour que ce rêve ne devienne pas un véritable cauchemar,je leur indique avec honnêteté que ce métier est dur,qu’il nécessite un apport financier conséquent et qu’attaquer seul l’aventure ,sans son partenaire ou un associé actif est très risquée.Sans parler de la « rupture » sociale que ce métier,par ses horaires et ses contraintes,implique.
Quant à « gagner » de l’argent,nous avons ouvert avec ma fille « notre » boulangerie il y a un an et demi sur Paris et nous ne sommes pas encore salariés à ce jour….
Par contre,être son propre patron est un vrai plaisir après tant d’année en tant que salarié…Mais à quel prix!
Bonjour Francis,
Je suis confronté à ces mêmes rêveurs au quotidien pendant ma formation et je dois dire que cela finit par me fatiguer un peu… mais ça passera sans doute. Ils sont, pour beaucoup, convaincus que leur parcours permettra de dépasser les difficultés habituellement rencontrées par un artisan, mais aussi qu’ils seront plus chefs d’entreprise que boulangers. Cela ne suffit pas. Je ne suis pas inquiet sur le fait que la réalité les rattrapera tôt ou tard.
Bonjour,
Je suis actuellement enseignant et j’ai 48 ans, je souhaiterais me reconvertir dans la boulangerie. Y a t’il des personnes qui ont tenté l’expérience à cet âge ? Si oui, serait-il possible d’avoir un retour de leurs expériences ?
Merci
Bonjour,
J’ai 44 ans, je suis assimilé fonctionnaire et j’ai une très forte envie de changer de vie professionnelle en me mettant à mon compte. Le secteur de la boulangerie m’attire fortement et je lis beaucoup d’articles à ce sujet.
Comme Jacques je cherche des exemples de reconversion. Merci de nous faire part de vos expériences.
Bonjour, est ce que vous avez franchi le pas de la reconversion en boulangerie? J y réfléchis, j ai 47 ans
J’ai 41 ans aucune expérience dans la boulangerie également mais très motivée pour
Une reconversion.
Bonjour,
j’ai 50 ans je suis agent de maitrise dans une collectivité, j’ai fais le tour de la question boulot pas de possibilité de promotion. je souhaite faire une reconversion dans le domaine de la boulangerie voir de la pâtisserie, curieux d’apprendre des nouvelles choses.
j ‘aimerai avoir des avis et des pistes à suivre avant de m’orienter vers cette voie et sur un métier qui ne connait pas la crise.
en vous remerciant.
Au Greta c’est gratuit et on peut même être rémunérés. Ils offrent une formation de grande qualité sur une année scolaire, en alternance. Moi j’ai accumulé les heures pour avoir un maximum d’expérience, je faisais plus de 70h par semaine (mais c’était mon choix). A la sortie de ma formation, j’ai prit la responsabilité d’un fournil sans aucune appréhension ni aucune réticence de la part des employés. C’est comme partout, il faut se donner les moyens de ses objectifs ! Pour info j’avais 50 ans lors de cette reconversion professionnelle.
Je viens de lire les commentaires et vois que beaucoup de quinquas l’envisagent … Attention les gars, c’est un boulot très, très physique et répétitif (quand tu dois passer 1000 baguettes à la façonneuse et les mets sur planches, tu comprends l douleur) et souvent tu dois bosser 6 jours par semaine !
C’est pas ce que tu vois à la téloche le métier de boulanger ! Lorsque tu es au four et que tu as 8 bouches à surveiller, faut pas s’endormir, surtout si tu dois sortir plusieurs tapis en moins d’une minute. C’est un métier qui est agréable, mais très dur !