Dans un monde où le paraître prend toujours plus de place, on pourrait penser que quelques « valeurs sûres » ne pourraient pas nous mentir, qu’elles seraient toujours remplies d’honnêteté et de vérité. Il n’en est rien. Prenez le goût, par exemple. On le ressent, puisque c’est l’un de nos sens. Pourtant, avec le temps et la technologie, certains sont parvenus à lui faire dire des choses qui ne sont pas tout à fait vraies… Toujours pour les mêmes raisons : l’argent, la facilité, la productivité, etc.
Les arômes. Naturels, ou de synthèse. Ils parviennent à donner à un produit « le goût de » sans que cet ingrédient soit présent à proprement parler. Très pratique, puisqu’ils remplacent ainsi des matières premières fort coûteuses. L’industrie s’en est emparée et en a rempli ses lignes de production, au point qu’il faut toujours regarder avec attention les compositions pour savoir si l’on est en présence d’une « saveur » ou bien de l’ingrédient en tant que tel.
Parmi les goûts appréciés par les consommateurs et pourtant si souvent plagiés, la Vanille tient une bonne place, si ce n’est la première. Forcément, produite dans quelques régions chaudes de la planète (Tahiti, Madagascar, Mexique…), elle présente un coût relativement élevé, qui a eu tendance à augmenter ces dernières années avec plusieurs « crises » et pénuries. A présent, on retrouve souvent des « arômes naturels » ou des « extraits », ce qui signifie que la gousse est présente dans d’infimes quantités au sein du produit final. Quand on touche au plus bas de gamme, ce sont des substances fabriquées en industrie qui sont employées.
Qu’en est-il en boulangerie-pâtisserie ? On pourrait penser que tous les artisans font appel à de la véritable gousse de Vanille, qu’ils infusent dans leurs crèmes et préparations. Il n’en est rien, et d’autant moins que beaucoup incorporent des bases industrielles. Dans le 13è arrondissement, la brioche proposée le week-end par Anthony Bosson et son équipe au sein de la Boulangerie L’Essentiel ne peut pas mentir : sa mie est en effet parsemée de petits morceaux de gousse.
Si seulement cela s’arrêtait là. Non, le parfum entêtant de l’épice s’est diffusé dans la mie et s’exprime vivement. Il prend ainsi le pas sur le reste, les notes beurrées de la brioche s’effacent, seule la texture demeure. Cette dernière se révèle d’ailleurs assez ferme, et non filante comme peuvent l’être certaines de ses consoeurs. Pour autant, c’est un excellent point : cela apporte une belle présence en bouche, qui est en phase avec la puissance de la Vanille. On appréciera également le façonnage soigné et original du produit : semblable à un pain, ce format se révèle idéal pour découper de petites tranches et profiter de la caramélisation de la croûte, qui sublime les arômes et renforce cette sensation de « chaleur » éprouvée à la dégustation. Au fil des bouchées, la Vanille se fait de plus en plus présente, nous emmenant tout droit dans les îles… étourdissant !
Un petit point amusant : que faire des morceaux de gousse lorsqu’on les rencontre ? Il serait bien malvenu de les retirer… Alors non, on se décide à les croquer, à découvrir leur caractère fibreux et gras. En parlant de gras, et plus précisément de beurre, on peut se décider à en tartiner légèrement sur une tranche de cette brioche. La douceur lactique sublime l’épice, et ce tout particulièrement dans le cas d’un beurre demi-sel, qui apporte encore plus de longueur en bouche.
Voilà donc un produit au parfum terriblement addictif, proposé à un tarif cohérent quand on sait le prix de la Vanille aujourd’hui. Proposée le week-end, cette brioche sera une parfaite alliée pour réveiller avec gourmandise nos matinées brumeuses.
Brioche à la gousse de Vanille, Boulangerie L’Essentiel – Paris 13è, vendue à la pièce, le week-end uniquement, 3,90€ les 200g.
Bonjour Rémy et bravo pour votre article une merveille cette brioche à la vanille.
Avec Mr Bosson tout est toujours très bon.
Super bonne brioche et très bonne baguettes de tradition. De temps en temps je fais
quelques infidélités à la boulangerie Kayser pour acheter chez Bosson.