J’ai souvent l’occasion de me lamenter en passant devant de vieilles boulangeries parisiennes, aux façades d’époque. Pour plusieurs raisons : beaucoup d’entre elles ont changé de vocation tout en conservant leur devanture (forcément, cette dernière étant classée, difficile d’y toucher), ce qui donne lieu à des situations parfois cocasses (une boutique de mode annonçant « boulangerie », cela surprend forcément), mais aussi pour la qualité des produits. En effet, malgré les références courantes à un « pain à l’ancienne », on ne peut pas dire que ces boulangeries brillent souvent par leur offre… A croire que les artisans qui y sont installés pensent que le décor doit suffire.

C’était précisément le cas dans la boulangerie Au Panetier, dans le 2è arrondissement. Cette belle boutique de style « art déco », avec une façade déclinant des tons entre le vert et le bleu, avec un intérieur tout aussi authentique. Certes, le temps est passé par là et l’entretien ne semble pas été suffisant pour assurer un parfait maintien des lieux. Les produits avaient tout autant de mal à se maintenir, avec notamment un pain très médiocre.

Fort heureusement, les choses changent, les propriétaires passent. Depuis deux semaines, la boulangerie Au Panetier a changé de mains et cela s’est immédiatement ressenti : le nouvel artisan (boulanger, en l’occurrence, puisque c’était lui le tenancier des lieux) est arrivé avec la volonté de bousculer cette routine. Avec un certain talent, je dois dire, puisque la spécialité des lieux, le « Petit Père », un pain assez plat, bien cuit et façonné en de grandes pièces découpées à l’envie du client se révèle un excellent choix : on appréciera ainsi ses notes acidulées et boisées, sa mie d’excellente tenue, assez dense mais bien hydratée. La baguette de Tradition n’est pas en reste, plutôt soignée et savoureuse, même si l’on se tournera plus volontiers vers ce petit père qui nous tend les bras.
Au delà de ça, la gamme est très courte : quelques petits pains aux fruits secs et boules, rien de bien élaboré. Dans un sens, c’est sans doute mieux ainsi : l’artisan semble avoir fait le choix de réaliser les produits qu’il maîtrise, accompagné par les farines des Moulins Bourgeois.

La Fouace et le Petit Père sont les stars de la vitrine… D’ailleurs, ce dernier ne vous rappelle-t-il pas la spécialité d’un célèbre boulanger parisien ?

Côté viennoiseries et pâtisseries, on passera notre tour, le personnel n’ayant d’ailleurs pas changé sur ce secteur, laissons un peu de temps à l’ensemble pour prendre de la consistance : une reprise n’est jamais de tout repos. Cependant, une gourmandise doit retenir notre attention : la Fouace, une brioche assez dense mais « légère » (assez peu
sucrée et beurrée), parfumée à la fleur d’oranger et à l’angélique se révèle très savoureuse. Vendue à la coupe pour 15 euros/kg, c’est l’autre spécialité des lieux à ne pas manquer, d’ailleurs elle nous interpelle dès l’entrée.

En boutique, l’accueil n’a pas changé non plus, et on retrouve ainsi un service sympathique et efficace, forcément bien accoutumé aux lieux. Ajoutez à cela le charme de la place, on s’accorderait bien quelques minutes très parisiennes à l’une des tables disposées devant la boutique.

Infos pratiques

10 Place des Petits Pères – 75002 Paris (métro Bourse, ligne 3) / tél : 01 42 60 90 23
ouvert du lundi au vendredi de 7h30 à 19h.
Avis résumé
Pain ? Le changement qui vient de s’opérer ici aura été plus que bénéfique pour le pain. Au travers d’une gamme courte, le nouvel artisan propose des produits bien maîtrisés, dont un « Petit Père » aux notes acidulées, à la croûte épaisse et bien cuite ainsi qu’à la mie d’excellente tenue. L’ensemble dégage un parfum boisé que l’on retrouve bien à la dégustation. On regrettera tout de même un prix assez élevé : 8 euros le kilogramme, cela commence à faire. La baguette de Tradition (1,2€ les 250g) est également de bonne tenue, même si c’est la spécialité maison qui tient la vedette.
Accueil ? Sympathique et bien à sa place dans les lieux, le service est efficace et défend ses produits, assez différents depuis la reprise par ailleurs. Cela accompagne bien le superbe décor et l’ambiance apaisée de cette petite place, en retrait de l’agitation. A noter les quelques tables qui peuvent servir de point de chute appréciable pour une pause gourmande.
Le reste ? Passons sur les pâtisseries, viennoiseries et l’offre salée qui font encore bien triste mine, mettons cela sur le compte de la reprise récente, en se promettant d’y refaire un tour d’ici quelques temps. Une gourmandise mérite cependant de ne pas être négligée : la Fouace, sa belle cuisson et ses notes de fleur d’oranger s’avère une belle surprise, d’autant qu’elle est vendue au poids, chacun choisissant ainsi la taille de sa part.
Faut-il y aller ? Pour un morceau de Petit Père ou de Fouace, bien sûr ! Avant la reprise, on n’y serait allés que pour le plaisir des yeux, le décor étant sympathique. Maintenant, les  produits commencent à être à l’avenant, et l’on ne peut que s’en réjouir.

14 réflexions au sujet de « Au Panetier, Paris 2è, du nouveau chez les Petits-Pères »

  1. desolé mauvaise manip au dessus

    et oui grace a ce fameux boulanger et a son bon gout du pain on retrouve ce pain « unique » et « inventé » partout maintenant dans paris,j ‘en ai gouté un de ce genre a nancy recement a la boulangerie georges qui s’appelle pain majorelle, si tu y passe un jour (inventé en 1993 ce pain au passage) . Ah les copieurs !!! 😉

  2. Très intéressant cette petite boulangerie, le pain rappel un peu celui de la Gambette à Pain le fameux  » Pain préféré  » de Mr Mathon, et bien mieux réussi que celui tassé parfois même brulé du pathétique christophe 😉
    Je vais aller y faire un tour goûter le « Petit père » dés que je passe sur Paris.

      • Par contre je suis pas tout à fait d’accord avec toi sur le prix du « Petit Père » « On regrettera tout de même un prix assez élevé : 8 euros le kilogramme, cela commence à faire. »
        Quand on voit le prix du pain des amis chez DPEDI de 2,20€ à 250g le morceau, ce qui nous fait un pain à 8,80€ le Kg, donc + cher 😉

  3. Ce sont les même produits dans le sens que c’est le même métier qui fabrique artisanalement des pains et des viennoiseries, donc des prix similaires. Autrement bravo pour ton blog magnifique.

  4. Bonsoir,

    j’y suis passé, ai acheté un kilo de pain (qui ressemble à celui de mr mathon) dit préféré, j’ai oublié comment « au panetier » l’appelle. Aussi une fouace, une tratelette, et une viennoiserie.

    Résultat: mouer…. Bof, je suis toujours autant adict à mr mathon et ses créations, serieux, je suis toujours autant à fond.

    Bref, pas mal mais ça fait plus pssshhiiitt qu’autre chose côté goût.

    Merci pour l’adresse quand même Remi.

    • Cher Aurélien, si vous vous rendez dans un endroit en vous disant que de toute façon ce sera « moins bien » qu’ailleurs, pourquoi le faire ?
      Les produits sont différents, rien de comparable.

      • Arrêtes un peu Rémi avec ton argumentaire du « Les produits sont différents, rien de comparable » si justement, un peu de réflexion d’analyse, l’on compare des produits d’un même métier, tout comme l’on peut le faire pour des voitures de marques différentes d’une même gamme, les exemples sont légion, surprenant de ta part, les produits issus de la boulangerie artisanale sont tout à fait comparable, l’inverse devient à créer une sorte de discrimination de la pensée.

        • Je crois surtout que vous avez développé une obsession vis à vis de Christophe Vasseur, et que vous ramenez de fait tout à lui et à son travail. Je le regrette et je souhaitais simplement remettre les choses en perspective.

  5. Leurs choux à la chantilly, ne vallent pas les 4 euros et en plus il n’y a pas de prix indiqué. La chantilly est fade et épaisse… Je suis fortement dessus!

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