C’est fou comme le temps passe et comme les choses peuvent changer. Parfois en bien, si si, parfois en mal. 2005, le Guide des meilleures boulangeries de Paris édité par Michel de Rovira et Augustin Paluel-Marmont consacre le Boulanger de Monge comme étant « la meilleure boulangerie de la capitale ».
De l’eau a coulé sous les ponts de la Seine (admirez le raccord), la boulangerie primée à l’époque n’a plus grand chose à voir avec celle de l’époque. Tout d’abord de par sa direction. Dominique Saibron, fondateur et propriétaire jusqu’alors, cède l’affaire en 2006. Ensuite, elle s’est multipliée… elle est à présent de Monge, et d’ailleurs ! On la retrouve rue de la Clef (à quelques pas de la boutique historique du 123 rue Monge) mais aussi rue Montorgueil, juste derrière les Halles.
Cela pourrait se limiter à ces changements, plutôt techniques dirons nous. Non, la mue est plus profonde. L’ensemble de la gamme a été certifiée Bio en 2009, auparavant seuls les pains à la farine bise et au levain « signature » de miel et d’épices portaient cette appellation. Comme je l’ai écrit pour Moisan, ce sigle n’a pas forcément pour conséquence d’obtenir un pain d’exceptionnelle qualité.
Ainsi, ce n’était pas le cas chez Moisan… est-ce le cas ici ? Non plus, raté. Depuis le départ de M. Saibron, la qualité n’a eu de cesse de décliner. La baguette « Monge » -sur-tarifée, bien sûr, elle est bio !- est sèche, sans grand intérêt et bien souvent peu cuite. La Boule Bio, autrefois signature de la maison, fait elle aussi grise mine. Sa cuisson est mal aboutie, elle tient mal la comparaison avec celle proposée à Alesia, alors qu’elles devraient être similaires.
Pour le reste, les viennoiseries et pâtisseries n’attirent pas particulièrement l’oeil, souvent malmenées et à la finition médiocre. L’offre salée est dans la même ligne, au moins rien ne surprend.
L’accueil est plus que passable, assez désinvolte et peu informé sur les produits proposés par les boutiques. Egalement, je trouve que le 123 rue Monge a particulièrement mal vieilli et donne une impression assez peu « nette », les vitrines sont loin de susciter l’envie. Terne, c’est le mot qui résume le mieux le lieu à mon sens.
Quant aux autres boutiques ? Pas franchement haut de gamme non plus. Rue de la Clef, la petite boulangerie d’angle n’est pas non plus attirante. Rue Montorgueil, la dernière ouverture, l’échoppe est plus moderne, ouverte sur la rue – c’est d’ailleurs un peu curieux et déroutant. Bref, l’ensemble est au diapason du très moyen.
Infos pratiques
48, rue de la Clef – 75005 Paris – Horaires d’ouverture 7h à 20h – Fermeture hebdomadaire jeudi – tel 01.47.07.28.19
123, rue Monge – 75005 Paris – Horaires d’ouverture 7h à 20h30 – Fermeture hebdomadaire lundi – tel 01.43.37.54.20
53, rue Montorgueil – 75002 Paris – Horaires d’ouverture 7h-21h – Fermeture hebdomadaire lundi – tel 01.42.33.31.05
Avis résumé
Pain ? On est très loin de l’époque Saibron. Le volume a pris le pas sur la qualité. Autant aller à Alesia, où vous retrouverez une gamme similaire (et même plus étendue), des tarifs moins élevés et des produits de meilleure qualité. Cependant, pour les « locaux », la tourne au blé noir et la boule bio restent des valeurs relativement sûres.
Accueil ? Assez désinvolte, manquant de professionnalisme. On ne sent pas d’implication dans la boulangerie, le personnel pourrait indifféremment vendre des chaussures ou accessoires de mode.
Le reste ? Les viennoiseries ne tiennent pas le haut du pavé parisien mais restent dans une bonne moyenne. Les pâtisseries sont mal finies et ne donnent pas envie. Pour l’anecdote, la buche de Noël 2010 était réalisée à base de banane… et de morille. Une association hasardeuse qui aurait tendance à laisser planer un certain doute sur le bon sens du chef pâtissier.
Faut-il y aller ? Cela n’a plus vraiment d’intérêt à présent. Bien sûr, pour les habitants du quartier, cela reste une « bonne adresse », proposant du pain biologique réalisé sur levain. Cependant, les produits restent médiocres, la baguette inintéressante. Préférez l' »original », au 77 avenue du Général Leclerc.