Je t’ai souri, là, simplement. Ce sourire, tu me l’as rendu, mais au passage tu l’as enrichi, changé, transformé, tu l’as complété de toute ta singularité, de ton passé, de ton présent, peut-être même un peu de ton avenir… Cet échange n’aura duré qu’une seconde, et pourtant il pourra rester gravé dans nos mémoires, comme si ce simple mouvement avait un caractère d’exception, une force particulière.
Comme si, non, en réalité, si on y pense, c’est plus que ça : c’est effectivement le cas. Tellement anodin mais pourtant de plus en plus rare dans notre société moderne, le sourire en deviendrait presque un événement. Pourtant, nous en serions presque de plus en plus demandeurs, pris dans cette grisaille ambiante.
Je parle dans chacun de mes billets au sujet des boulangeries et lieux divers que je visite de l’accueil. C’est, à mon sens, un élément essentiel de l’expérience client dans un lieu tel que celui-ci. Au delà de la connaissance des produits, de la maîtrise des différents modes de fabrication, de toute cette technique boulangère et pâtissière, il y a le savoir-être, cette capacité à partager, à donner… à sourire. On peut passer sur beaucoup de choses dès lors que l’on nous offre cet accueil.
La boulangerie est bien plus qu’une simple boutique, c’est un lieu de vie. Un élément essentiel du lien social. Un endroit ou peuvent encore s’échanger des sourires simples et sincères : celui des enfants qui sont émerveillés devant les vitrines, celui des adultes qui redécouvrent de beaux produits ou partagent simplement avec le personnel. En effet, on ne va pas seulement chercher son pain ou quelques gourmandises, on vient chercher un contact humain. Il ne faut ni l’oublier, ni le perdre. Pour certaines personnes, cela constituera les seuls instants de communication dans une journée, c’est dire combien ils sont importants. J’aimerais parfois que les personnels de vente en aient mieux conscience et aient à coeur d’assumer leur rôle avec plus de présence et de prestance. Malheureusement, la culture du service n’est pas toujours une valeur partagée par les salariés, voire même par les entreprises.
En réalité, ce sourire va plus loin que la simple notion de service. Si c’était le cas, il serait bien trop souvent feint et n’aurait donc aucune valeur. Il n’a de sens que s’il correspond à un vrai sentiment, à une volonté de s’ouvrir à l’autre. Ce n’est pas forcément donné à tout le monde, car on peut aussi préférer ignorer le monde qui nous entoure afin de se concentrer sur sa seule personne… un peu triste, n’est-ce pas ?
Difficile de se priver de cette chaleur humaine, de ces moments de plaisir simple.
Le sourire peut également prendre d’autres formes. On peut tout à fait le retrouver dans des produits, dans une façon de concevoir les choses. Un détail, une forme, quelques mots peuvent parvenir à transmettre le sourire, à le recréer chez les autres. Vous voyez, j’essaie parfois de le faire moi-même au travers de mes articles, au travers de quelques notes un peu décalées. Pour un artisan, cela pourra passer par des façonnages originaux, par des saveurs particulières, ou encore des textures surprenantes. L’important, c’est encore et toujours de toucher le coeur des gens… Y’a-t-il vraiment une plus belle vocation que cela ?
Demain, quand vous irez dans votre boulangerie de quartier ou dans celle où vous aurez choisi de courir le pain, prenez la peine de sortir de cette grisaille habituelle, souriez… Même s’il fait gris, cela fera un peu de soleil, autant pour vous que pour les personnes en face de vous. Qui sait, ce sera peut-être l’occasion de nouvelles rencontres, de découvertes. Un sourire, rien qu’un sourire… voilà qui n’est pas un sous-rire.
Le plaisir d’échanger et partager!
Merci pour ce joli article qui me fait garder le sourire 🙂
Hiiii ! Un « tu » dans un billet, sur un blog qui parle d’échange, qui n’est qu’échange… enfin une altérité qui me *parle* ! 😉 Merci pour ce billet qui touche au sublime… et me rappelle ma jeunesse, quand je me sentais si seule que j’allais voir ma boulangère de quartier pour lui sourire trop grand et partager quelques minutes de chaleur. Et accessoirement, acheter du pain ; mais ce n’était pas l’essentiel.
Aujourd’hui, c’est un autre sourire de boulangère qui m’habite ; celui d’une jolie dame qui a des soleils au coin des yeux et un visage qui respire la tendresse. Mais malheureusement, son pain et ses gâteaux sont vraiment trop fâcheux…
Alors je me suis mise aux sucettes… pour ne pas en perdre une miette.
J’aime bien l’idée de se tourner vers les sucettes pour continuer à profiter du sourire sans parler des choses qui fâchent 😉
Alors moi, je boycott ma boulangerie, pourtant sympathique et pas mauvaise, depuis qu’ils nous ont installé une énorme machine à rendre la monnaie automatique ; la pauvre vendeuse est cachée derrière ce gros bloc métallique qui aurait pour fonction d’éviter que la dite vendeuse ne manipule en même temps de l’argent et du pain…. et probablement que les employés ne « piquent » dans la caisse (?)… en résumé un truc moche, asocial, ridicule, qui nous prive du sourire de nos petites vendeuses ! et qui crée la queue bien plus qu’avant, vu qu’il ne rend pas de billet mais que des pièces, d’où problèmes, pièces qui tombent, personnes âgées qui restent perplexes devant le truc, ect,….. vive le progrès….
Vous avez bien raison de refuser ces machines steph, c’est pareil pour moi. On y perd beaucoup plus qu’on y gagne, à mon sens, et effectivement c’est très lent et cela créé quasi-systématiquement de la queue…
He bien mon coloc’ allait voir la boulangère au coin de la rue de la Roquette avant le rachat par Landemaine; on était tous d’accord pour dire que les pâtisseries étaient vraiment pas au niveau mais il y allait juste pour son sourire, et le jour de son anniversaire évidemment c’est là qu’on est allé lui prendre son gâteau en disant à la boulangère, c’est pour l’anniversaire du jeune gars qui vient souvent vous prendre une baguette. Et là évidement sourire et petits cadeaux venant tout naturellement… et voilà la boulangère s’en est partie, et aujourd’hui c’est Landemaine et ses jeunes recrues pas vraiment sympathique mais bon… le pain est meilleur… mais bon… un sourire, une étincelle, un peu complicité ça change et c’est ce qui fait le charme des commerces de proximité.