Avoir du succès, c’est bien. Le faire durer, c’est mieux. Pour cela, il faut souvent beaucoup de talent et plus qu’une « bonne idée ». Quelques hommes possèdent cette capacité et la vision nécessaire pour y parvenir, et généralement ils ne sont pas étrangers à la création de l’entreprise qu’ils dirigent : on pourrait presque parler d’esprit d’entrepreneur, une façon de penser, d’agir et de vivre assez difficile à caractériser, mais qui ne manque pas de qualités. Bon, bien sûr, il ne faut pas que cela s’accompagne d’une fâcheuse manie à trop en faire, à chercher à défendre son statut coûte que coûte… mais je m’égare.

Quand la maison perd sa tête et change de mains, on peut parfois craindre un certain… flottement. Je crois que c’est précisément le cas de la maison Moisan, qui connaît ces dernières années un lent déclin, amplifié au cours de ces derniers mois. A l’origine, Michel Moisan a donné son patronyme à ce qui est aujourd’hui une des nombreuses enseignes du groupe Bertrand. Faut-il le rappeler, mais ces derniers sont avant toute chose des restaurateurs, en charge notamment d’Angelina, Lipp, Charlie Birdy ou de Bert’s. Même si la fameuse pâtisserie-salon de thé parisienne connaît un développement soutenu ces dernières années avec de multiples ouvertures, on ne peut pas en dire autant de leurs autres marques : la brasserie Lipp est progressivement devenue une institution poussiéreuse, Bert’s a considérablement réduit la voilure et ne compte plus que quelques unités… Rien de bien glorieux.

Malheureusement, Moisan s’est engagé sur la même pente. A l’époque de sa création et de son fondateur, la puis les boulangeries (son fournil historique se situe en face du marché d’Aligre, dans le 12è arrondissement) comptaient parmi les précurseurs du développement du pain Biologique.
Entre temps, Christian Vabret, le fameux Meilleur Ouvrier de France boulanger aux multiples casquettes (autant entrepreneur qu’acteur dans les instances de la profession ou formateur), avait rejoint l’aventure, avant d’être discrètement éjecté de la structure par le groupe Bertrand.

Au niveau de la station Maubert-Mutualité, sur le boulevard Saint-Germain, le "Boulanger de Saint-Germain" est passé aux mains de la famille Carton qui continue de proposer des pains Biologiques en association avec les moulins Bourgeois.

Au niveau de la station Maubert-Mutualité, sur le boulevard Saint-Germain, le « Boulanger de Saint-Germain » est passé aux mains de la famille Carton qui continue de proposer des pains Biologiques en association avec les moulins Bourgeois.

Pourtant, tout semblait réussir au « pain au Naturel », devenu « éditeur de pains bio » : de nombreux points de vente sur des axes passants (boulevard Saint-Germain, à côté de la Gare du Nord, avenue du Général Leclerc, …), de nombreux restaurants et magasins livrés depuis leur laboratoire de Villejuif (les restaurants du Groupe Bertrand, bien sûr, mais aussi Monoprix, entre autres)… seulement voilà, à force de rester immobile, de ne rien réinventer, d’appliquer les mêmes recettes avec une qualité toujours plus moyenne, malgré des prix élevés, la clientèle a fini par se lasser… aussi bien chez les restaurateurs que les consommateurs.

Certes, il reste bien des « indéboulonnables » comme Monoprix, mais pour combien de temps ? La marque perd de sa portée au fil de son détricotage déjà bien entamé : plusieurs points de vente ont été cédés, un à un : à deux pas de l’église Saint-Médard (Paris 5è), boulevard Saint-Germain, boulevard Denain… Certains en ont profité, comme la famille Carton, mais ce n’est pas toujours le cas des clients qui ont pu voir apparaître des enseignes bien peu qualitatives comme Saines Saveurs (sic !). J’ai eu également des retours au sujet de restaurateurs bien heureux d’avoir changé de crémerie…

Quel avenir pour Moisan, à présent ? Leur image de « boulangerie Biologique » de référence est à présent sérieusement entachée, l’offre s’étant considérablement développée au fil de ces dernières années, de façon très qualitative de plus. Les meuniers ont pris le tournant et développé leurs marques : l’Artisan Bio pour les Moulins de Versailles / Brasseuil, le Boulanger Bio chez Bourgeois, … en plus des acteurs 100% Bio comme Decollogne et son très bel outil récemment inauguré à Aiserey, en Bourgogne.
L’avenir nous le dira…

9 réflexions au sujet de « Moisan, la lente agonie de l’ancien porte-drapeau du pain Bio »

  1. Ayant le moisan aligre près de chez moi,j’ai continué,mais de plus en plus, épisodiquement,à y acheter du pain.J’ai pu constater ,au fil des ans,une réelle baisse de qualité mais des augmentations de prix aussi démesurées (en particulier sur les patisseries)qu’injustifiées.
    Les galettes des rois restent de qualité(du moins l’année dernière).

  2. Ouais, le pain est moins bon, les bons produits on étés discontinués (ne sont plus produits) … ils ont aussi une politique désagréable avec leur personnel de vente: la dernière fois que je leur ai parlé, ils les faisaient tourner dans leurs diverses boutiques, ce qui complique le quotidien de ces employées, généralement des femmes, qui vivent loin des centres ou sont situés les boutiques.

  3. C’est triste mais c’est vraiment la dernière fois que j’achète mon pain chez Moisan.
    La qualité du pain n’est plus au rendez vous. la vendeuse est insupportable. Au revoir je vais aller ailleurs !!!

    • Tout à fait d’accord avec les points de vue exprimés : niveau contenu le pain est de bien piètre qualité (s’il n’est pas produit sur place, ça explique des choses… moi qui ne conçoit pas mon boulanger parisien sans plusieurs fournées, notamment pour avoir du pain tout frais le soir) et niveau contenant les vendeuses ont l’air complètement désolidarisées de la vie du point de vente. Point de vente qui reflète donc exactement ce qu’il est : un dépot de pain de chaine.
      Paraitrait que les sandwichs sont biens. Pour moi ça confirme que ces échoppes privilégient les produits à plus forte valeur ajoutée (et qui font aussi avancer le CA plus vite) et donc se coupent des riverains qui y achètent avant leur pain quotidien.

      A 1,30 la tradition (mai 2015) qui a dû sortir du four 12h plus tôt, inutile de dire que je n’y remettrai plus les pieds.

  4. Malheureusement l’accueil n’est plus le même, les vendeuses et les caissières se succèdent à une vitesse accélérée, elles sont désagréables dès que l’on se montre un peu exigeant. Les vendeuses de produits bio devraient au minimum avoir quelques connaissances du bio et des produits à éviter et ne pas proposer au client des baguettes non pas très cuites mais brûlées. Quant on leur dit que c’est nocif pour la santé le pain brûlé, elles vous invectivent de manière méprisante.
    J’ai décidé de ne plus y aller d’autant qu’il y a un nouveau boulanger bio à 2 pas.

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