On se demande souvent à quoi ressemblait le pain de nos ancêtres. Une chose est sûre, cet aliment accompagne l’humanité depuis fort longtemps, le blé utilisé pour la production de la farine ayant été retrouvé dans des vestiges issus de civilisations bien éloignées. Le Kamut, par exemple, était déjà présent du temps des égyptiens. Il est d’ailleurs assez amusant de voir que notre histoire consiste au final en une succession de va-et-vient entre « modernité » et passé. Dans tous les cas, on s’imagine assez bien des pains assez denses, réalisés sur levain et cuits dans des fours à bois, puisqu’il n’y avait pas tellement d’autre choix en terme d’énergie à l’époque.

Dans le 9è arrondissement, une boulangerie se réclame encore de l’époque médiévale. Ici, pas de variétés anciennes de blé, les farines sont fournies par les Grands Moulins de Paris / Ronde des Pains et les Moulins de Brasseuil / Farines de Maitre Pierre. Néanmoins, l’appellation de la boutique, « Le Pétrin Médiéval », n’est pas tout à fait usurpée puisque c’est dans un four en pierre chauffé au bois que sont cuits les produits. « Depuis 1901 » annonce fièrement la devanture. Ce n’est pas toujours un gage de qualité, mais soit.

Dès lors que l’on pénètre dans la boutique, on peut apprécier le décor soigné et l’ambiance qui se dégage de l’endroit. Présentoirs en fer forgé, vélo décoratif dans la vitrine… Rien ne manque sur le plan visuel. Qu’en est-il des produits ?
La maison a développé un certain nombre de gammes qui font le bonheur des travailleurs et habitants du quartier. Pain, gourmandises, sandwiches et en-cas variés… La clientèle se presse à l’heure du déjeuner pour remonter le temps et revenir à l’époque des preux chevaliers… Je m’égare – rien de bien romanesque là dedans, il s’agit simplement d’un repas.

La baguette de tradition ne présente pas de caractère exceptionnel, on lui préfèrera la baguette médiévale, réalisée sur levain et exprimant un parfum de noisette soutenu. Elle demeure très douce, et est dépourvue de l’acidité que l’on aurait pu craindre. On regrettera cependant le caractère un peu aléatoire de son façonnage et de ses cuissons, même s’il est toujours possible de trouver du pain bien cuit dans cette boulangerie. Les mies ont plutôt tendance à être assez compactes et peu alvéolées, même si plutôt moelleuses et bien hydratées. On fera l’impasse sur les pains de la gamme Ronde des Pains, tels que le Campaillou, pour préférer des produits tels que le Polka au levain, comparable à la baguette médiévale mais vendu au poids, ainsi que le pain de campagne ou encore les pains aux fruits secs. Le fait que plusieurs pains soient vendus à la coupe est appréciable.
La conservation est acceptable, rien de bien exceptionnel cependant. Les tarifs sont dans une moyenne plutôt haute.

Les gourmands seront servis, au travers d’un large éventail de viennoiseries : feuilleté aux pommes, aux noix de pécan, suisse, … Le Pétrin Médiéval ne manque pas de spécialités feuilletées, comme ces petits Pasteïs de Nata, spécialité portugaise constitué d’un flan reposant sur un fond de pâte feuilletée. Face à cela, les croissants ne sont pas exceptionnels, tout comme les pâtisseries (tarte au citron meringuée, millefeuilles…) et autres donuts ou muffins, dont je me permettrais de douter du caractère artisanal.

Il fallait de l’énergie pour mener des combats d’épée ou labourer des champs… et c’est sans doute pour cela que l’on retrouve de quoi se restaurer dans cette petite boulangerie, où il est d’ailleurs possible de déguster les produits sur place. Pas de sandwich médiéval, mais quelques créations savoureuses et bien réalisées, sur des bases de pains spéciaux (viennois, aux graines ou céréales…) avec des ingrédients variés (fromage de chèvre, bresaola, …). Dans cette gamme, la pâte feuilletée est encore à l’honneur avec plusieurs en-cas gourmands. Des quiches, hot-dogs et croques-monsieur répondent également à l’appel. Dans l’ensemble, les produits sont honnêtes et proposés à des tarifs raisonnables, ce qui parvient à séduire une clientèle jeune et nombreuse.

Le service n’est pas contraint de porter un uniforme que l’on imaginerait constitué d’une cuirasse et d’un casque, ce qui serait bien loin d’être pratique. L’efficacité est de rigueur ici, et même si l’on apprécierait un peu plus de chaleur humaine, la clientèle est servie avec sérieux et cordialité.

Infos pratiques

31 rue Henri Monnier – 75009 Paris (métro Pigalle, lignes 2 et 12) / tél : 01 44 53 02 02
ouvert du lundi au samedi.

Avis résumé

Pain ? Les pains sur levain sont la spécialité de la maison, comme pouvait le laisser présager son nom. Ils expriment une belle douceur, une absence d’acidité et laissent s’exprimer de belles notes de fruits secs (noisette, notamment). On regrettera cependant le fait que les mies soient assez denses, très peu alvéolées et un peu cotonneuses. Les croûtes manquent également de présence et de craquant, même si le tout se déguste agréablement. Rien de particulier du côté de la baguette de tradition, ni des pains de la gamme Ronde des Pains, auquel on préférera les produits vendus au poids.
Accueil ? Sérieux et assez efficace, même si un peu plus de chaleur et de sourire seraient appréciables. Néanmoins, la clientèle est servie rapidement et correctement, il n’y a donc rien à signaler de particulier de ce côté.
Le reste ? Quelques spécialités se dégagent du côté des viennoiseries, comme les feuilletés aux pommes, aux noix de pécan ou encore les « Suisse », fourrés à la crème pâtissière et aux pépites de chocolat. Les Pastéïs de Nata constituent aussi un choix savoureux. Les croissants, quant à eux, ne présentent pas d’intérêt particulier, tout comme les pâtisseries et autres muffins ou donuts. L’offre salée propose diversité et fraîcheur, avec un caractère plutôt original et créatif, notamment au travers de diverses déclinaisons de sandwiches.

Faut-il y aller ? Cette boulangerie constitue une adresse sympathique, même si les produits ne revêtent pas un caractère exceptionnel. Le tout demeure plutôt honnête et sérieux, servi dans un cadre agréable et par un personnel correct. Cela vaut néanmoins le détour pour l’histoire et le « folklore »…

Une réflexion au sujet de « Le Pétrin Médiéval, Paris 9è, la boulangerie sans château-fort ni chevalier »

  1. Bonjour,

    Nous organisons un évènement sur tous jours à proximité de votre boutique.

    Nous avons besoin de produit pour alimenter notre bar : Viennoiseries, sandwichs, pâtisseries …

    Pouvons- nous en discuter par téléphone ?

    J’ai besoin d’être réalimenter sur les 3 jours vendredi, samedi et dimanche.

    Bien à vous,

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