Certaines devantures nous racontent des histoires, pas seulement par leurs couleurs ou leurs dessins, mais bien par les mots que les artisans y ont apposé. Bien sûr, l’objectif premier demeure d’annoncer clairement la nature du commerce, mais cet aspect utilitaire peut tout à fait s’agrémenter de quelques notes, parfois souriantes, nous laissant paraître un peu de l’univers des lieux avant même d’avoir passé la porte. Il ne faut tout de même pas trop en faire, je pourrais bien vous citer à ce propos l’exemple d’Odette, une pâtisserie-salon de thé du 5è arrondissement qui annonce prétentieusement fabriquer « les meilleurs choux de Paris »… Oui, mais pour qui ?

P'tit père, Le Pré Saint-Gervais (93)

Rien d’aussi déplacé chez Jérôme Duchamp, propriétaire de la boulangerie P’tit Père, située au 1 rue Danton, sur la commune du Pré Saint-Gervais. Cet « artisan des petits plaisirs » met en avant la passion qu’il porte pour son métier, et il a bien raison de le faire. En effet, son parcours n’est pas celui d’un boulanger classique. Pâtissier de formation, c’est vers le pain qu’il a toujours voulu se tourner. Formé avec l’aide d’un meunier, il porte un grand attachement aux odeurs et à l’ambiance qui règnent dans les boulangeries. Cela semble lui avoir réussi, puisque sa baguette de Tradition a été couronnée du prix de la Meilleure Baguette de Seine-Saint-Denis en 2009.

Les pains, P'tit père, Le Pré Saint-Gervais (93)

Quatre ans ont passé, mais la demoiselle n’a pas pris une ride. Dotée d’une croûte fine et bien craquante, d’une mie à l’alvéolage sauvage et de parfums légèrement boisés, elle se révèle particulièrement réussie et savoureuse, en plus d’offrir une excellente conservation. Cependant, bon nombre de Gervaisiens lui préfèrent la « tournée », une baguette au façonnage torsadé, entrainant la formation d’une mie un peu plus dense. Cela demeure une affaire de goût, même si le reste des pains parviendra sans doute à mettre tout le monde d’accord.
Ici, le travail sur levain fait partie de la signature, et on le retrouve dans la plupart des pains. Qui dit levain ne dit pas nécessaire forte acidité, puisque ce « p’tit père » assurant la pousse du pain est bien maîtrisé par Jérôme Duchamp et son équipe. Ainsi, difficile de ne pas hésiter entre l’Epeautre aux céréales et Graines de Courge, le pain Canadien et ses canneberges, le Rustique, Nordlander, la tourte Auvergnate ou de Meule, les pavés garnis de fruits secs (figues, noix…) ou encore le pavé Fermier, travaillé quant à lui sur levure et associant farines de Tradition, de Seigle et complète… et j’en oublie. L’ensemble de ces produits bénéficie d’une excellente conservation, de façonnages soignés et de cuissons bien abouties.

La disposition des pâtisseries est pour le moins originale : elles sont en effet disposées dans un petit meuble à côté de la caisse !

La disposition des pâtisseries est pour le moins originale : elles sont en effet disposées dans un petit meuble à côté de la caisse !

Les gourmands ne sont pas oubliés, avec là encore de nombreuses déclinaisons aussi bien sucrées que salées. En viennoiserie, les spécialités briochées sont à l’honneur : viennoises chocolat blanc – cranberries, au praliné noisette, cramiques du nord, brioches feuilletées… La maîtrise du feuilletage n’est pas en reste, avec des croissants et pains au chocolat de caractère. L’artisan affiche dans sa boutique la signalétique développée par le site boulangerie.net « je suis artisan, je fais mes croissants ».

De belles brioches, P'tit père, Le Pré Saint-Gervais (93)

Malgré son passé de pâtissier, l’artisan a eu le bon goût de la simplicité pour ses douceurs, avec une charmante déclinaison de tartes aux fruits, clafoutis et autres moelleux au chocolat. Quelques macarons, éclairs, babas au rhum ou fraisiers les accompagnent.
Le salé évite lui aussi l’écueil des produits trop standardisés avec de sympathiques tourtes feuilletées, « toasts fermiers » ou encore des pains briochés garnis.

Les parts de tourtes sont gourmandes et généreuses.

Les parts de tourtes sont gourmandes et généreuses.

Saluons enfin le service aussi bien formé et amoureux de ses produits qu’efficace, et il faut l’être : nombreux sont les Gervaisiens habitués au petits plaisirs des lieux, avec une file d’attente qui en témoigne tout particulièrement le week-end. Cela n’empêche pas petits et grands de repartir avec le sourire, après avoir passé un peu de temps dans cette boulangerie singulière, petite mais chaleureuse et empreinte d’un caractère bien particulière.

Le fournil, visible depuis la boutique.

Le fournil, visible depuis la boutique.

Infos pratiques

1 rue Danton – 93100 Le Pré Saint-Gervais (métro Pré-Saint-Gervais, ligne 7bis ou Tramway T3b arrêt Butte du Chapeau Rouge) / tél : 01 48 45 40 25
ouvert du mardi au vendredi de 7h à 13h et de 16h à 20h, le samedi de 7h30 à 19h30, le dimanche de 7h à 13h.

Avis résumé

Pain ? Jérôme Duchamp a brillé en 2009 en raflant le titre de Meilleure Baguette Tradition de Seine-Saint-Denis, et même si la distinction a désormais quatre ans, elle reste d’actualité : sa baguette est en effet de haut niveau, craquante, sauvage, aux notes boisées et vives… une belle fraicheur en bouche, d’autant que celle-ci perdure avec une excellente conservation. Une caractéristique que l’on retrouve pour les autres pains de la gamme, et ils sont nombreux : Epeautre aux céréales et Graines de Courge, pain Canadien et ses canneberges, Rustique, Nordlander, tourte Auvergnate ou de Meule… Cuissons et façonnages sont au rendez-vous, c’est un sans faute, même si les prix sont en conséquence.
Accueil ? Le service ne se laisse pas déborder par le succès rencontré par la boulangerie P’tit père et accueille la clientèle avec le sourire, tout en maîtrisant parfaitement ses produits. Même si la circulation n’est pas aisée dans un si petit espace, on patiente en observant les ouvriers oeuvrer au sein du fournil visible depuis la boutique. Grâce à l’humain et au caractère singulier de l’endroit, il y a peu de risques de ne pas ressortir enchanté de cette boulangerie.
Le reste ? Les viennoiseries occupent une place importante ici, et à juste titre : les brioches et viennoises (chocolat, chocolat blanc-cranberries, praliné…) se déclinent en couronnes, cramiques et autres brioches feuilletées. On appréciera également les croissants et pains au chocolat de bonne facture, avec un caractère bien à eux. Malgré les « origines pâtissières » de l’artisan, la gamme sucrée sait rester simple : tartes aux fruits, au citron et à la verveine, quelques entremets simples (fraisier, roussillon aux abricots…) ou éclairs et clafoutis, le tout à des tarifs abordables (entre 2,40€ et 3€ la pièce).
Le salé n’est pas en reste, avec toujours cette identité forte : une part de tourte feuilletée, un toast fermier… de quoi satisfaire des envies gourmandes avec des produits de qualité.

Faut-il y aller ? Voilà une excellente adresse, discrète et bien tenue. Les Gervaisiens ne sont s’y pas trompés et s’y pressent nombreux, autant le week-end que la semaine. Notre « artisan des petits plaisirs » a tout compris : en permettant à chacun de s’en offrir jour après jour, il donne toutes ses lettres de noblesse à son métier de boulanger. Comme l’amour et le bonheur, le bon pain est lui aussi… dans le pré !

5 réflexions au sujet de « Détours en banlieue : P’tit Père, Le Pré Saint-Gervais (93), le bon pain est… dans le pré »

  1. Le boulanger du P’tit Père est peut être un « amoureux du pain » mais le personnel est arrogant, méprisant avec le client (malgré et surtout après que celui-ci se coltine une file d’attente digne du temps de la guerre et du rationnement).

    Gare à vous si vous émettez la moindre remarque, car ce personnel se permet même des réflexion comme « c’est comme ça », « et voilà c’est tout » à la limite du « si vous n’êtes pas contents cassez-vous et ne ramenez plus vos gueules minables ».

    Le pain est servi comme si vous étiez je ne sais quoi en le CLAQUANT sur le comptoir comme ces garçons de café désagréables qui vous claquent le café avec cette froideur française qui vous signifient que loin d’être le bienvenu, il faut payer vite fait, bien fait.

    Pour cette raison, je ne remettrais jamais les pieds dans cet établissement dénommé « P’tit Père » du Pré Saint-Gervais. On peut être un « boulanger de passion » mais cela ne suffit pas selon moi.

    Car, je préfère une boulangerie avec des gens sympas que ce ramassis de personnel que je viens d’avoir en face. et qui s’est permis devant la clientèle même de dire « adieu, je vous dis bien adieu » à un client !

    Je ne répondrais que par un « bon débarras ». J’irais ailleurs et je ne donnerai pas mon argent à ce genre de personnes, qui soit dit en passant, n’acceptent que les espèces pour cacher je ne sais quoi. Ma note est par conséquent 0 = ZERO.

  2. Les viennoiseries sont bonnes, mais celles ci sont tellement gâchées par un personnel arrogant et méprisants!
    C’est tellement dommage.
    N’ayant pas voulu rester sur l’impression hallucinante d’un service désagréable, nous y sommes retournés.
    Mais franchement, ça dépasse ce que l’on peut imaginer. Les serveuses sont si désagréables que c’en est incroyable.
    Donc boulangerie certes bonne, mais à éviter absolument si vous ne voulez pas passer un mauvais moment!

  3. Du pain excellent, des viennoiseries à tomber par terre, mais je partage cependant tout à fait les avis énoncés ci avant.
    Les produits sont beaux et bons (en particulier les patisseries qui sont soignées, origines et gourmandes).
    PAR CONTRE, je n’avais moi non plus jamais rencontré un commerce où TOUT le personnel est désagréable au possible, et pas intéressé du tout par les clients qui entrent dans la boulangerie. Aucune politesse et mépris le plus total de la part des tous les vendeurs.
    Il m’est arrivé à plusieurs reprises de partir sans rien acheter, agacé par l’attitude des vendeurs.

    Quel dommage!!! Quel gachis!!!

    I miss « Ernest et Valentin » (meilleur pain du monde, et personnel adorable), paris 3e!!

    A quand une autre boulangerie/patisserie de qualité identique au Pré St Gervais??

  4. C’est fait !!!
    L’enseigne « Ernest et Valentin » vient d’ouvrir à Pantin , place Olympe de Gouges (en lieu et place de Thierry Meunier).

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