J’aime les lieux, les entreprises et les projets atypiques. Ils mettent de la couleur dans un monde où l’uniformité est souvent de mise, que ce soit volontaire ou non. Difficile d’en vouloir à ceux qui choisissent de reproduire un modèle déjà éprouvé : en plus de les rassurer sur leurs chances de succès, cela leur évite d’avoir à mener des réflexions approfondies sur leur façon de procéder. Certes, tout cela est un peu triste, mais il n’y a qu’à voir combien le secteur de la boulangerie-pâtisserie sait aller dans ce sens, entre concepts standardisés, prémixes, …

Illustration à l'extérieur du magasin, Au Pain du Cardinal, Rueil-Malmaison (92)

Heureusement, certains créent des boutiques à la personnalité plus marquée, qui font que l’on s’en souvient forcément. C’est le cas du Pain du Cardinal, à Rueil-Malmaison. Atypique, l’endroit l’est pour plusieurs raisons. A commencer par son implantation : cette boulangerie a pris place dans l’ancien corps de garde de sentinelles du cardinal Richelieu, d’où son nom. Dans ce lieu très simple, dépourvu de toute fioriture, c’est le fournil qui s’impose en maître et se confond avec l’espace de vente.
Jean-Paul Guillaume, le propriétaire des lieux, n’avait pourtant rien qui le prédestinait à s’installer ici : ayant fait carrière dans les assurances et la banque, il s’est reconverti « sur le tard » à la boulangerie et rejoindre ainsi la fière armée d’artisans chargés de réaliser pains et autres gourmandises…

Au Pain du Cardinal, Rueil-Malmaison (92)

Ce parcours original – quoique de plus en plus fréquent, lorsqu’on voit le succès rencontré par les stages de reconversion professionnelle pour adultes – l’a sans doute amené à vouloir développer ce projet particulier qui se déroule ici au quotidien : en effet, l’ensemble des pains sont réalisés sur base de levain naturel… et vendus au poids. Pas de prix figé à la pièce, chacun peut prendre du plus petit au grand morceau. Le pain « signature », le Pavé du Cardinal, offre une mie souple et fraiche, avec une croûte fine et des parfums de levain doux. Pas d’acidité ici, mais une bonne conservation malgré des cuissons qui mériteraient d’être mieux gérées, le résultat ayant une désagréable tendance à la pâleur. Ne cherchez pas des façonnages artistiques, les pièces sont très rectangulaires et droites.

Les déclinaisons de pains. En fond, le fournil.

Les déclinaisons de pains. En fond, le fournil.

Les farines biologiques Decollogne mises en oeuvre pour la réalisation des produits sont rejointes par de nombreux ingrédients qui déclinent ainsi la même base de pâte : céréales, olives, amandes, noix de pécan, figues, noisettes, raisins, … tout y passe, avec des prix grimpant rapidement, puisque l’on se situe à plus de 9 euros du kilogramme sur ces déclinaisons « spéciales ».

La fameuse machine Distripain, à l'extérieur de la boutique. Un dispositif original... et un peu artisanal.

La fameuse machine Distripain, à l’extérieur de la boutique. Un dispositif original… et un peu artisanal.

Une baguette de Tradition plutôt honorable est également proposée. A l’extérieur, c’est une machine « Distripain » qui prend le relais en dehors des heures d’ouverture. Pour 2,2 euros la pièce d’environ 400g, le charmant automate nous délivre au choix une baguette à l’ancienne ou du pavé du Cardinal. Original…

Les plus gourmands se tourneront vers la fameuse Mouna, cette brioche parfumée à la fleur d’oranger, ou vers la Fouace, dont les origines nous sont plus proches. Rien d’intéressant à relever côté viennoiseries, et encore moins en pâtisserie, où les entremets tapageurs et éclairs se voulant modernes tranchent nettement avec la simplicité du lieu… tout en faisant fortement douter sur leur caractère artisanal.

On finira le tour par le service, bien formé et maîtrisant agréablement le mode de fabrication du pain ainsi que ses spécificités. Il sait de plus rester efficace malgré la relative difficulté du service « au poids », qui a toujours tendance à prendre plus de temps.

Les pâtisseries tranchent nettement avec la simplicité des lieux, pour un effet discutable.

Les pâtisseries tranchent nettement avec la simplicité des lieux, pour un effet discutable.

Infos pratiques

5 place Richelieu – 92500 Rueil-Malmaison (RER A, gare de Rueil-Malmaison) / tél : 01 47 51 88 83
ouvert tous les jours sauf le jeudi de 7h15 à 13h et de 16h à 20h, le samedi après-midi de 15h30 à 19h30 et le dimanche 7h30-13h.

Avis résumé

Pain ? Décliné avec de nombreux ingrédients plus ou moins gourmands (fruits secs, céréales, olives, …), le pavé du Cardinal, véritable signature de cette boulangerie, est travaillé sur un levain très doux, sans acidité, et offre une mie souple et fraiche. Sa croûte assez fine, ayant tendance à manquer de cuisson, garde une belle consistance avec le temps et assure une bonne conservation de l’ensemble. La baguette de Tradition ne se défend pas mal non plus, même si en définitive les tarifs pratiqués ici ont du mal à se justifier : les produits sont corrects, sans pour autant être exceptionnels.
Accueil ? Sympathique et souriant, possédant une bonne connaissance des produits et de leur mode de fabrication. L’efficacité n’en est pas pour autant perdue, les clients sont servis rapidement et dans un état d’esprit en phase avec les lieux : en toute simplicité.
Le reste ? Mis à part le pain, peu d’intérêt à rendre visite à notre ami le cardinal. Seules les Mounas et Fouaces peuvent justifier la gourmandise, car il n’y a certainement pas de quoi s’arrêter pour les pâtisseries tapageuses ou les viennoiseries sans grand relief.

Faut-il y aller ? Si l’on est amateur de pain biologique, réalisé sur levain tout en restant doux et sans acidité, pourquoi pas. La vente au poids est également très appréciable, car on peut ainsi choisir de n’acheter que ce dont on a réellement besoin, limitant tout risque de perte, malgré la bonne conservation du produit. Cependant, malgré la gamme variée en apparence, on retrouve en définitive une base commune à la plupart des produits et des tarifs relativement élevés.

Une réflexion au sujet de « Détours en banlieue : Au Pain du Cardinal, Rueil-Malmaison (92), un riche-lieu du pain ? »

  1. Il faudrait réactualiser cet article qui n »est vraiment pas à jour !!!
    Cela ne change rien à la qualité des différents pains dont je suis accroc !

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