Arriver dans un nouveau métier n’est pas une chose facile. Les reconvertis à la boulangerie peuvent sans doute en témoigner, mais c’est aussi le cas pour les entreprises qui font le choix de diversifier leurs activités. Le risque est toujours de faire des erreurs : choisir de mauvais partenaires, réaliser des produits de qualité discutable, développer une gamme mal adaptée aux attentes de la clientèle… pour un résultat douteux. C’est un peu comme une recette de cuisine, en réalité : chaque ingrédient compte, sa quantité autant que sa qualité. Il faut donc être rigoureux.

La cuisine, ça le connaît. Cyril Lignac s’est fait connaître en assumant le rôle de porte drapeau pour les émissions culinaires d’M6, puis en se multipliant un peu partout dans la capitale. Ajoutez à cela une école de cuisine, des livres et autres magazines, une star était née. Qui dit star, dit aussi une certaine propension à en vouloir toujours plus, à se répandre sur des terrains qui ne sont pas forcément les siens.

Pâtisserie Cyril Lignac, Paris 16è

Ce fût le cas avec l’ouverture de la « Pâtisserie by Cyril Lignac », il y a un peu moins de deux ans, juste en face de son Chardenoux. Le problème, c’était que la recette avait eu un peu de mal à prendre, tout du moins à mon sens : une boutique sans âme ni identité – pourtant signée par un agenceur italien, visiblement peu habitué à oeuvrer en boulangerie-pâtisserie-, un nom à l’anglicisme douteux, et des créations aux équilibres discutables.

Viennoiseries & pains, Pâtisserie Cyril Lignac, Paris 16è

Depuis, Benoît Couvrand et ses équipes ont fait du chemin et sont parvenus à se faire une place dans le paysage boulanger du 11è arrondissement. Bien sûr, difficile de refaire le lieu, ni même de changer de style : chacun appréciera ou non les entremets aux couleurs parfois tranchantes, ainsi que les textures relativement « collées ». Néanmoins, les produits affichent des finitions très soignées, que ce soit côté sucré, salé, ou en pains. J’avoue que les viennoiseries de la maison me laissent toujours autant de marbre, mais les créations boulangères n’ont pas manqué d’intérêt, comme le pain au Thym-Citron l’an passé.

Avec l’expérience acquise, le duo récidive aujourd’hui dans le 16è arrondissement. De Paul Bert à Chaillot, les compères font un peu le grand écart et passent d’une clientèle plutôt « classe moyenne aisée » à CSP++…
Pari réussi ? L’avenir nous le dira, mais en tout cas, l’identité du lieu a été soignée pour séduire et se fondre dans les couleurs locales. De longs mois de travaux auront été nécessaires pour transformer la boutique présente au 2 rue de Chaillot, une vieille affaire Banette dont les propriétaires semblaient avoir oublié de sortir de leur fournil un peu trop longtemps. Ce renouvellement de l’offre est plutôt bienvenu, dans une zone où les boulangeries de qualité se font plutôt rares. A présent, cet emplacement d’angle se décline dans un style rétro-chic plutôt élégant, bien que surprenant pour ce type de commerce.

Sur leur présentoir en marbre, les pâtisseries ne manquent pas d'allure... La maison n'a reculé devant rien !

Sur leur présentoir en marbre, les pâtisseries ne manquent pas d’allure… La maison n’a reculé devant rien !

Pour autant, il n’est pas interdit d’innover, à plus forte raison quand cela a du sens. Exit les tons grisâtres, le chaland est accueilli par des notes chaleureuses, lesquelles mettent bien en valeur les produits vendus ici. La gamme est identique, et ce à tous points de vue. Seul le quartier change, et malgré la fraicheur de l’ouverture, les locaux semblaient déjà fort à l’aise dans les lieux… à moins que ce ne soit lié à la présence nombreuse des collaboratrices du groupe.
Le chef « avé l’accent » a dit bye-bye à son « by » pour accueillir bois et marbres dans cet espace où le pain est assez bien mis en valeur. Les cases en bois expliquent sans doute l’inflation subie par la baguette de Tradition, laquelle est proposée ici à 1,20€. Globalement, les prix sont élevés voire onéreux, avec des kilogrammes dépassant allègrement les 10 voire 12€, et ont été « adaptés » au quartier. Cela n’a pas été le cas pour les pâtisseries, mais y’en avait-il besoin, avec des éclairs proposés à 5€ la pièce ? Cela me fait sourire dans je lis certains sites vanter le caractère « super-démocratique » de l’endroit… des missiles télé-guidés.

Le mur à pains... et le surprenant éclairage, une sorte de mur de roseaux.

Le mur à pains… et le surprenant éclairage, une sorte de mur de roseaux.

La production est réalisée dans le laboratoire attenant, dans sa totalité selon les annonces faites jusqu’à ce jour. Cependant, j’ai quelques doutes sur la pertinence de cette pratique, notamment pour le tourage, car cela rend le contrôle qualité difficile au quotidien, en plus de présenter un coût non négligeable. Bien sûr, les produits sont tirés à quatre épingles pour le moment : la Tradition nous offre ses belles oreilles et son levain assez présent -trop pour certains, car on ressent une certaine acidité-, les cuissons sont bien menées… et le personnel est aux petits soins. A voir sur le long terme, et si la recette prendra pour le Chef.

Coin épicerie, Pâtisserie Cyril Lignac, Paris 16è

Infos pratiques

2 rue de Chaillot – 75016 Paris (métro Iéna ou Alma-Marceau, ligne 9) / tél : 01 47 20 64 51
ouvert tous les jours sauf mardi de 7h30 à 20h

14 réflexions au sujet de « Cyril Lignac a ouvert sa seconde pâtisserie, dans le 16è arrondissement »

    • Oui, et ? Il y a des vérités qui doivent être dites. Si les artisans ne se réveillent pas, ils seront tous remplacés par des entrepreneurs comme Lignac à moyen ou long terme. Ce que je suis bien loin de souhaiter car j’aime la diversité.

    • Il y a pléthores quand même de ce genre d’affaires à Paris, où ça sent le formol éventé que le levain liquide qui vient de démarrer.

  1. J’habite à deux pas de la nouvelle boulangerie Lignac…. L’ancien boulanger était effectivement très très moyen, on sentait qu’il était en fin de carrière et ne mettait plus aucun coeur à l’ouvrage. Cependant, l’arrivée de Lignac ne me fait pas rêver… On a beau habiter un beau quartier, pour autant, mon salaire ne me permet pas de m’offrir régulièrement des pâtisseries à 5 euros, ou des chaussons aux pommes à 2,30 euros… Et oui, il y a aussi des peines chambres de bones pas chères ! Le luxe, c’est bien, mais une bonne boulangerie standard avec des prix « classiques » n’aurait pas été de refus. Dans ce quartier de la rue de Chaillot, la seule baguette tradition aux alentours est à 1,20 euros…. Dommage, cela ne fait qu’accentuer le coté « bourgeois » et inaccessible du quartier…. 🙁

  2. un seul bémol : manque de diversité … Nous étions 5 et il n’y avait que 5 différents gâteaux dont un flan, inintéressant pour nous . Et il était 11 h du matin …..
    Cela dit, nous nous sommes régalés, finesse, goût …. Tout y était .
    Pour le prix, si on y va exceptionnellement, tout va bien et on se fait plaisir.
    À refaire !

  3. Bonjour
    Petit passage a la pâtisserie de Cyril Lignac, pour faire plaisir à mon garçon qui est fan du pâtissier . 0 sur 10 pour un accueil plutôt froid c est de saison . Dégustation 0 sur 10 pour un éclair beurre salé qui elle était pas fraîche . Dommage .en espérant que l on est passé le mauvais jours.

  4. L’employée, derrière une vitrine de choix restreint de pâtisseries m’a vanté les babas au rhum comme étant, je cite: » les meilleurs de Paris » Je me laisse tenter; le chef pâtissier n’aurait -il pas oublié le rhum? 5,50 euros. Peut mieux faire!

  5. Nous sommes allés dans la pâtisserie de Chaillot , De très bon produit, prix raisonnable pour Paris. Nous avons aussi déjeuner au restaurant de Chardenoux un régal avec un personnel au top.. Nous avons fait la pâtisserie de Michalack déçus des petits gâteaux sur le présentoir Au bout d’un jour ils étaient vraiment plus très tendre !! Pour moi j’ai mieux aimer les gâteaux , Crème et sandwich de Cyril!

  6. Je souhaitais commander des bûches pour Noël (grosse commande) pas de commande par téléphone faut payer avant! Suite à mon appel on devait me recontacter pour me dire si on « pouvait » prendre ma commande part téléphone ou bien si il fallait que je me déplace. Aucun appel de leur part, pas de son pas d’image, j’attend toujours et nous sommes le 23/12. Super l’accueil, même si je suis pas l’amie de Cyril faut quand même faire attention à ses clients… Bref du coup pas de bûches Lignac cette année. C’était une première et bien ca laisse à désirer pour une enseigne comme celle-ci je préfère payer plus cher et avoir un accueil de qualité!

  7. des croissant aux beurre pas aux beurre du congelé comme la plupart des boulangerie parisienne seulement la c est hors de prix incroyable !!!!monsieur cyril lignac c est honteux !!!

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